La minute tragique
72 pages
Français

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Description

M. Brown, banquier de son état, est menacé par lettres. Un dénommé « L’Homme Rouge » lui réclame une forte somme qu’il promet de passer chercher directement dans son bureau dans quelques jours.


Pensant d’abord à une blague, M. Brown se ravise quand sa fiancée, une célèbre starlette, réceptionne une missive portant la même signature.


Il fait alors appel aux autorités pour assurer sa protection et découvrir l’identité de son persécuteur.


C’est l’inspecteur Girard qui est chargé de l’enquête.


Celui-ci met en place un service de sécurité pour l’arrivée du mystérieux individu.


Quand « L’Homme Rouge » s’annonce au secrétaire de M. Brown, les policiers se précipitent sur lui pour l’arrêter, provoquant un raffut attirant tout le monde, aussi bien employés que clients... sauf M. Brown qui est retrouvé mort, un couteau planté dans la poitrine.

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Informations

Publié par
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EAN13 9782385010881
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR GIRARD
LA MINUTE TRAGIQUE
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
À L'HEURE DITE
 
Neuf heures sonnaient. Comme chaque matin, une conduite intérieure du modèle le plus récent stoppa le long du trottoir, en face de la banque Brown, Molokine and C°. La rue Laffitte, très passante, était particulièrement animée à cette heure où les bureaux des nombreux établissements installés dans cette artère parisienne, proche des grands boulevards, se remplissaient de leur personnel.
De la splendide auto, un homme descendit : c'était M. Brown. Le chauffeur en livrée blanche avait ouvert la portière. L'huissier de service, dans le vestibule de la banque, se précipita et, de la main, écarta quelques passants afin que rien n'entravât la marche du grand directeur. Ce dernier ne répondit même pas au salut profond du subordonné et pressa le pas vers l'ascenseur dont le groom de faction avait tiré la grille.
La banque Brown, Molokine and C° occupait tout un immeuble de cinq étages ; la direction se trouvait au deuxième. M. Brown pénétra dans son vaste cabinet de travail sans avoir prononcé un mot. À peine installé à son bureau ministre, un homme vint le saluer : son secrétaire particulier, Jack Hawerston.
— Rien de nouveau ? interrogea le banquier.
— Les affaires courantes, Monsieur.
En même temps, il déposa sur le bureau une corbeille rectangulaire contenant un monceau de lettres. Dès son arrivée, chaque jour, M. Brown prenait connaissance de la correspondance quotidienne en compagnie de Jack Hawerston.
 La banque Brown, Molokine and C° traitait peu d'affaires directement avec l'Europe ; sa mission consistait plutôt à servir d'intermédiaire entre plusieurs établissements financiers des États-Unis et de gros importateurs américains installés sur la place de Paris. Depuis une dizaine d'années, elle remplissait ce rôle d'intermédiaire à la satisfaction de sa clientèle. M. Molokine, l'associé de M. Brown, secondait celui-ci dans sa tâche. Les deux hommes étaient à peu près du même âge la quarantaine.
M. Brown, de petite taille, la face ronde, était quelque peu bedonnant. Par contre, son associé, grand et maigre, le visage allongé, semblait d'humeur plus difficile ; son bureau était situé à l'autre bout de l'étage ; les locaux du secrétariat particulier séparaient les cabinets de travail des deux banquiers.
Jack Hawerston, secrétaire méthodique, se mit en devoir de dépouiller le courrier qu'il avait déjà rapidement trié. Au fur et à mesure qu'il avait lu les lettres, il les plaçait, selon leur nature, sur l'un des trois paquets formés devant lui, à l'angle du bureau : premier paquet, les lettres de la clientèle ; deuxième paquet, les lettres privées ; troisième paquet, les lettres ne méritant pas de réponse.
La besogne s'effectuait rapidement ; M Brown, lorsque la missive ne l'intéressait pas, esquissait un geste brusque de la main droite que comprenait fort bien son secrétaire qui passait rapidement les paragraphes jugés superflus.
— Ah ! fit Jack Hawerston en souriant, voici un billet qui émane visiblement d'un pauvre fou ou tout au moins d'un homme qui travaille du chapeau, comme on dit en France.
— Très bien, travailler du chapeau ! rit franchement le financier qui ne manifestait pourtant guère ses sentiments et avait une réputation d'imperturbabilité bien établie.
Le secrétaire particulier lut rapidement :
 
« Monsieur,
Je viens vous prier de bien vouloir mettre à ma disposition la somme de cinquante mille dollars.
Je compte venir chercher cet argent qui m'est indispensable dans une semaine très exactement, c'est-à-dire le mercredi 15 juin, à quatre heures de l'après-midi.
Vous voudrez bien me recevoir à l'heure dite. Il y va de votre intérêt bien compris. Si, par malheur, vous refusiez de vous exécuter et commettiez la faute de prévenir la police, les risques encourus par vous seraient graves, très graves.
Ne croyez pas qu'il s'agît là d'une vaine menace. C'est sérieux et je vous invite, durant les sept jours qui viennent, à méditer ma proposition. Cinquante mille dollars, c'est peu, convenez-en, puisque c'est votre vie qui est en jeu.
L'HOMME ROUGE »
 
Jack Hawerston regarda son directeur. Ce dernier fit une moue et prononça :
— Je n'aime pas les plaisanteries de ce genre.
Il désigna le paquet des lettres ne méritant pas de réponse ; le secrétaire comprit et jeta l'étrange missive sur le troisième tas.
— Poursuivez, dit flegmatiquement M. Brown, en se renversant dans son fauteuil.
Durant trois quarts d'heure, ce travail se poursuivit ; le secrétaire notait parfois quelques mots sur l'angle d'une lettre, suivant les indications que lui donnait son patron pour la réponse.
Enfin, la dernière enveloppe fut ouverte.
Jack Hawerston se leva pour réintégrer son bureau proche, emportant dans la corbeille les trois paquets de lettres.
—  All right ! émit le banquier en congédiant le jeune homme.
À ce moment, M. Molokine, traversant le bureau des secrétaires, s'avança vers son associé qu'il n'avait pas encore vu :
—  Good morning, très chef, fit-il en lui serrant la main. Quoi de neuf ?
— Néant, répondit M. Brown.
Puis tout de suite, se rappelant la lettre de menaces, il reprit en souriant :
— Ah ! j'oubliais, on vient de fixer le prix de mon existence : cinquante mille dollars !
M. Molokine fronça les sourcils de l'air d'un homme qui ne saisit pas et déclara :
— Que me dites-vous là ?
M. Brown arrêta d'un geste son secrétaire particulier qui se disposait à passer le seuil du cabinet de travail :
— Montrez donc à M. Molokine le billet doux que j'ai reçu.
— La lettre du fou ?
— Oui, et je suis sûr que cela le déridera.
Jack Hawerston prit le mot en question et le présenta à l'associé. Celui-ci le lut, mais contrairement à l'attente de M. Brown, arbora immédiatement un visage effaré.
— Prendriez-vous cette farce au sérieux ? s'enquit M. Molokine.
M. Molokine hésita à répondre tout de suite, puis le pli creusé à son front s'accentua. Enfin, il articula :
— Une farce ? C'est vite dit. On a vu...
— Ah ! oui, vous allez évoquer les histoires terribles de Chicago, les assassinats mystérieux perpétrés par les gangsters. Nous sommes en France, mon cher associé, et même à Paris, si je ne me trompe, et dans cette ville, ces mœurs de grand banditisme ne sont guère de pratique courante. Les criminels européens n'ont pas la même allure que les nôtres.
M. Molokine esquissa une moue en tournant et retournant l'énigmatique missive :
— Ce correspondant est prudent pour un homme que l'on dit privé de raison, remarqua-t-il ; aucun mot manuscrit, tout est dactylographié jusqu'à la suscription de l'enveloppe et la signature.
—  L'Homme Rouge ! s'exclama M. Brown. Nous voilà en plein roman-feuilleton, ne pensez-vous pas, très cher ?
— Hum, murmura l'associé, je ne partage pas votre optimisme.
— Vous allez finir par me faire peur ; mais j'ai passé l'âge où les contes du loup-garou font frémir et les forfaits des kidnappeurs ne sont plus pour moi, hélas ! il s'en faut de plus de trente ans ! Ils ne m'enlèveront pas plus qu'ils ne me détrousseront.
Il semblait rassuré et n'entendait pas s'émouvoir à l'instar de M. Molokine qui gardait son visage inquiet
— Après tout, agissez comme bon vous semble, dit ce dernier.
Jack Hawerston tendit la main pour reprendre la lettre ; M. Molokine hésita, puis la lui rendit en disant :
— Gardez-la encore quelques jours
—...

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