La maison des innocents
167 pages
Français

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Description


Martine CHIFFLOT



La Maison des Innocents



Une ténébreuse affaire...



Des disparitions inexpliquées déjouent le flair de l’inspectrice Hartmann tandis que le comté semble sombrer sous l’emprise d’une force polymorphe aux mystérieux tentacules.


Qu’est devenu Richard Elton, brutalement arraché à ses études et à Julia, son amour d’enfance ? Quelle menace pèse sur les quartiers septentrionaux de New Town ?


Le lecteur frémit au récit des innommables épreuves endurées, au gré d’un suspens qui convoque toutes les puissances du monde et de l’au-delà.


Un roman captivant, qui déploie les facettes bigarrées d’une histoire vertigineuse, portée par des personnages énigmatiques ou attachants.


Un thriller somptueux, dans l’ambiance gothique d’un beau quartier, qui renoue avec la tradition du réalisme fantastique aux multiples sens.



A lire...passionnément !


Martine Chifflot, écrivaine, auteure et réalisatrice de documentaires et de fictions, signe ici un roman percutant, dans le prolongement de son exploration du fantastique et de la criminalité.


Docteure en philosophie hdr et professeure agrégée honoraire de l’Université, elle investit toutes les potentialités de l’écriture littéraire ou cinématographique. Spécialiste de l’œuvre de Lovecraft, elle lui a consacré de nombreux travaux, théoriques et filmiques.


Elle envisage de donner une suite à ce premier volume, qui met en scène un trio policier dont on se souviendra certainement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2022
Nombre de lectures 11
EAN13 9782382110799
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Martine CHIFFLOT
La Maison des Innocents
Un quartier si tranquille…
M+ ÉDITIONS 5, place Puvis de Chavannes 69006 Lyon mpluseditions.fr
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
© M+ éditions
Composition Marc DUTEIL
ISBN 978-2-38211-079-9
 
Où est la Nouvelle-Angleterre,
Celle que connaissaient nos pères,
Où les hommes pieux
En rudes vertus grandissaient   ?
 
Howard Phillips Lovecraft
 
 
La plus ancienne et la plus puissante émotion de l’humanité est la peur.
 
Howard Phillips Lovecraft
 
Les personnages, leurs noms et les faits évoqués dans ce roman sont les fruits de l’imagination de l’auteur.
Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.
 
Lecture déconseillée aux enfants de moins de 15 ans.
 
À Théophile.
Aux disparus.
I.
Des allées majestueuses dessinaient un entrelacs somptueux de rues et d’avenues qui rappelait les admirables cités victoriennes de la Nouvelle-Albion. Un peu à l’est, au-delà d’un square accueillant, où les enfants aimaient aller jouer, quelques boutiques luxueuses et chatoyantes attiraient des chalands distingués et bien vêtus. C’était assurément un très beau quartier dont le tapage urbain semblait s’être retiré. Les imposantes demeures, construites en retrait des voies de circulation, formaient un décor de rêve, quasi fantastique, voire effrayant à maints endroits, mais l’ensemble architectural offrait aux promeneurs des perspectives magnifiques que rien ne déparait.
Franck se réjouissait à l’idée d’annoncer la nouvelle à Gina. Oui, cette maison qu’ils avaient repérée lors de leurs balades exploratrices, se trouvait bel et bien mise en vente, et l’agence avait confirmé ce fait remarquable tant il était rare d’enregistrer des cessions dans un quartier aussi prisé. Les propriétaires conservaient indéfiniment ces joyaux victoriens. Il fallait des successions dépourvues d’héritiers, des situations extraordinaires, pour qu’un bien émergeât à la disposition des acheteurs.
La négociatrice avait insisté. Il fallait immédiatement faire une offre d’achat car pareille bâtisse ne saurait rester sans acquéreur longtemps. Elle avait déjà reçu quelques appels et il était le premier à visiter les lieux. «   Nous ne savons même pas qui est le vendeur   » avait-elle précisé «   mais le notaire qui nous a confié le bien est formel. Tout est parfaitement réglé. La succession a eu lieu depuis plusieurs années et les héritiers se sont finalement décidé à vendre cette perle. Le prix est très modique eu égard au quartier. N’hésitez pas. Nos banquiers partenaires pourront vous aider. Personne ne rechignera à prendre hypothèque sur ce bien. C’est le placement du siècle   !   »
Franck n’en doutait pas mais tel n’était pas son objectif. Lui et Gina cherchaient depuis longtemps une maison qui comportât aussi un local suffisamment aéré et spacieux car elle aspirait à disposer d’un véritable atelier, susceptible d’accueillir ses sculptures, qui s’entassaient dans les recoins du garage, et surtout de dégagements propices à la mise en valeur et en perspective des travaux en cours. À la mémoire de Dorin, elle imaginait un projet grandiose que plusieurs villes étaient prêtes à financer et cela subviendrait largement à cette nouvelle dépense immobilière.
De son côté, le brillant juriste ne manquait pas de clients et sa réputation de probité lui valait maints soutiens politiques en cette période agitée, qui propulsait sur la scène des personnalités contrastées et souvent douteuses. Le cabinet d’avocats pour lequel il travaillait comptait sur les enquêtes qu’il menait et sur les conseils avisés qu’il pouvait prodiguer. Les dossiers qu’il traitait actuellement mêlaient inextricablement des intérêts éloignés et la corruption dévastait les relations sociales. Toutes les institutions étaient infiltrées et les partis politiques se livraient une guerre absurde et compliquée, qui nuisait à l’intérêt général.
Les citoyens n’avaient guère idée de ce qui se tramait en haut ou moyen lieu, et Franck frémissait à l’idée que leur cabinet restait à la merci d’une machination perverse mais efficace, qui donnerait gain de cause à des malfrats déguisés en philanthropes. Il fallait néanmoins poursuivre ce travail rigoureux car le droit formait désormais le seul rempart contre la rapine et la compromission. À maintes reprises, ils avaient dû refuser de défendre des clients abjects dont les manigances avaient causé des pertes ou des faillites irrémédiables. Ces escrocs avaient parfois gain de cause dans les procès car la vertu se défend souvent mal. Les cabinets concurrents étaient moins scrupuleux et le pays souffrait de cet amoralisme contagieux. Une minorité active et ingénieuse continuait toutefois de défendre le droit public et privé. Franck en faisait partie et il tirait de ce choix une fierté légitime. Sa famille avait servi les principes et la constitution depuis des siècles, il aurait éprouvé une mortelle honte à la moindre transgression des plus infimes règles du droit naturel dont son maître, le professeur Davidson, affirmait constamment la prééminence sur le droit positif. «   La raison pratique doit inspirer nos lois   » aimait à répéter cet éminent universitaire dans ses cours magistraux, qui sidéraient les jeunes ambitieux et suscitaient de vifs débats parmi les ouailles.
Franck continuait d’aller visiter le professeur, qui, désormais presque retraité, rédigeait une Philosophie du Droit, laquelle promettait de faire son effet car la mode était plutôt d’une sorte de réalisme cynique et sophistique. D’aucuns niaient la famille et la personne, n’agréant que des processus matériels et transhumains. Entrions-nous dans une ère nouvelle où tout se verrait dépersonnalisé   ? Ces questions agitaient la société et les télévisions mais la vie de ce beau quartier semblait avoir ménagé une enclave de première modernité. Le dix-neuvième siècle, qui y exhalait ses fragrances, avait été un siècle ambigu, d’ombres et de lumières. Le pire et le meilleur cohabitaient : la littérature d’épouvante et les derniers grands saints, les révélations contrastées des Murmons et de Crawley. Un monde de sectes et de cérémonies secrètes, tandis que les lumières de Tirner teintaient encore le paysage…
Il jeta un regard admiratif sur la perspective que l’avenue offrait. Gina serait certainement ravie d’apprendre qu’il avait signé cette offre d’achat. Il avait pris la décision sans même lui téléphoner car le temps pressait. Encore fallait-il que les vendeurs acceptassent. Il n’avait pas discuté le prix, qui lui semblait dérisoire. Évidemment, il faudrait faire quelques travaux, notamment dans la dépendance qui servirait d’atelier à Gina mais l’aubaine était manifeste et cela ne se discutait pas. Les vendeurs demeuraient de l’autre côté du pays et leur notaire se chargeait de la vente. On aurait dit qu’ils voulaient vendre vite et comme en secret. L’affaire était pourtant saine et parfaitement claire eu égard au bien.
*
«   Nous sommes sur une sale affaire   » tonitrua William en entrant dans le bureau. L’inspectrice haussa les épaules avec résignation : «   Oui, nous piétinons et je sens un obstacle de taille…   »
Elle n’était pas médium mais elle éprouvait des intuitions révélatrices et ne manquait pas de ce flair qui caractérise les vrais policiers. Les disparitions s’étaient produites à intervalles irréguliers et rien ne semblait les relier, elle avait pourtant le sentiment d’un rapport étroit entre ces faits éloignés mais la dernière disparition n’offrait aucune nouvelle piste.
Madame Elton était arrivée en larmes et s’était effondrée dans le bureau. Elle avait sans doute trop attendu avant de signaler le fait. Mais sait-on jamais si quelqu’un reviendra et à quel moment   ? C’est là le problème. Les gens attendent des heures, quelquefois plusieurs jours et quand l’enquête commence, certains indices précieux ont, eux aussi, disparu. La pluie, le vent, les balayeurs effacent les traces. Le temps recouvre le drame d’une sorte de manteau silencieux. Tout s’estompe et le crime se referme sur son nœud gordien. Les visages se fondent dans la foule, le mal court et se répand sans mot dire. Des assassins nous frôlent dans les villes et leurs complices sont parfois nos voisins. Cette idée la révulsait. Les villes, grandes ou petites, hébergent des monstres criminels qui jouissent parfois de notre naïve considération.
Sur la photographie que montrait sa mère, le jeune homme était souriant. Sa beauté étonnait. La splendide chevelure blonde qui encadrait son harmonieux visage attirait certainement des regards amoureux. Il avait pu fuguer, rejoindre une jeune fille pour filer quelque parfait amour loin de la sollicitude maternelle mais madame Elton était affirmative : «   Non, Richard ne peut avoir voulu quitter la maison. Il est très studieux et son amie se désespère. Elle redoute un accident, un acte terroriste, un sordide guet-apens. Convoquez-la, elle en sait peut-être davantage sur les ennemis de mon fils, les rivalités sportives et les comptes à régler car les succès de Richard devaient faire des jaloux. Tant de qualités attirent parfois des haines. Oh   ! S’il vous plaît, faites quelque chose, retrouvez Richard, c’est horrible, nous sommes très inquiets.   »
La secrétaire saisissait sans sourciller cette déposition affolée. Elle en avait entendu bien d’autres. Depuis quelques années, les disparitions se succédaient sans que l’on ne pût rien découvrir, ni les corps ni les membres des victimes supposées. Des enfants, des jeunes gens se volatilisa

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