La Main du diable
228 pages
Français

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Description

New-York 1970. Alan Stabritt, désormais seul à la tête de l’agence de détectives privés après l'assassinat de son ami et associé, va travailler en étroite collaboration avec la police et le capitaine Jordan, devenu un ami intime. Ils vont mener ensemble cette enquête périlleuse à la recherche de la main assassine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332727084
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-72706-0

© Edilivre, 2014
La main du diable
 
 
Œuvre de fiction.
Toute ressemblance avec des événements ou des personnes existants ou ayant existés serait fortuite.
Tous droits réservés.
Copyright by Géraud de Murat.
 
 
Debout, immobile dans le grand bureau donnant sur Broadway à la hauteur de Greeley Square, Kitty Dollen regardait fixement le tableau que je plaçais entre deux fenêtres avec l’aide de l’homme qui l’avait peint et elle pleurait silencieusement.
Qui était donc l’homme qui m’aidait ?
Tout d’abord, sous une casquette bouffante en soie d’un bleu électrique parcouru de lisérés blancs dessinant des losanges, un visage surprenant de sérénité. Pourtant, allongé par une barbe en pointe parsemée de fils d’argent rejoignant une toison pectorale qui s’échappait du col ouvert d’une chemise, ce visage présentait un anachronisme beaucoup plus attachant : souligné de rides hercyniennes, un regard étonnamment limpide, à la fois rêveur et perçant. Pour le reste, un long corps mince affublé de la vêture et de la nonchalance de qualité supérieure généralement affichées par ceux qui se recommandent de la palette et du pinceau.
Ainsi était Hundert Wasser. Avec, en plus, un double don des fées : le génie et le talent que je lui connaissais déjà. Ceci, grâce à Gregory Shelton qui me l’avait fait découvrir, comprendre et aimer. Au point que nous avions ensemble décoré les murs de notre bureau avec une quinzaine de ses œuvres marquant, chacune, un succès exceptionnel dans notre activité de Détectives Privés Associés.
Le choix était donc tout indiqué pour que Greg soit toujours présent en image dans le cadre portant son empreinte ineffaçable.
J’avais cherché Hundert Wasser. Je l’avais trouvé. Le convaincre de faire un portrait en partant d’une photographie fut le plus difficile. Il ne me l’a pas dit mais j’ai compris, un peu honteux, que ce génie de la création se voyait mal dans un rôle de copieur. Je crois qu’il l’avait deviné et que c’est pour cela qu’il a accepté.
En entrant dans le bureau, un cadre encombrant et un carton à dessin sous le bras gauche, il s’était arrêté si brusquement que je faillis le bousculer.
– De la Galerie Goldmeister, n’est-ce pas ?
Inutile de répondre, il n’eût point entendu. S’avançant à petits pas, il fit le tour de la pièce en regardant tous ses tableaux comme s’il les passait en revue. Avec une telle concentration que je réalisai que chacun d’eux devait lui rappeler un état d’âme.
– Je n’en ai jamais vu autant chez un même collectionneur.
Je n’aurais pas cru que cela fut possible.
Son inspection lui avait sans doute permis de s’accoutumer à sa surprise. Son regard me vrilla d’un humble merci cependant qu’il précisait :
– Mr Stabritt, j’avais accepté de peindre votre ami parce que je devinais combien vous l’aimiez. Si j’avais connu ce que je viens de voir, je ne me serais pas fait prier.
Quand il pensa enfin à se débarrasser de ce qu’il portait, la perfection de son œuvre m’atteignit avec la force d’un choc et j’enviai presque Kitty de pouvoir pleurer son émotion.
La façon dont l’artiste avait su donner la vie à la reproduction d’une simple photographie d’un être qu’il n’avait jamais vu tenait du miracle. La vérité du sujet était si extraordinaire que, désormais accroché face à la grande table, il donnait l’impression de surgir de la toile pour nous sourire.
Les paroles que je lui adressai pour le remercier de ce chef-d’œuvre étaient-elles vraiment si exceptionnelles ? Je n’en ai pas eu conscience et je m’étonnai fort devant son refus, aimable mais ferme, de recevoir l’enveloppe préparée à son intention.
– Je me satisfais des meilleurs compliments que j’ai jamais reçus.
Ma main toujours tendue accompagnant une insistance muette, je le fixai intensément. Prenant alors l’enveloppe, il l’a glissa dans son carton à dessin qu’il posa ouvert sur ses genoux en s’asseyant. Kitty et moi ne quittant guère le portrait des yeux, il me parut chercher parmi les feuilles, écrire des notes. Il ne trouva sans doute pas ce qu’il cherchait :
– Désolé. Je vous rapporterai la photographie dans quelques jours.
Quelques jours après, en effet, il rapporta la photographie. Juste le temps de laisser s’emboire la peinture de l’émouvant tableau qu’il y avait joint : Kitty, Greg et moi. Trois visages heureux que son talent avait éclairés d’une touche de joie peut-être destinée à nous faire oublier en partie les circonstances de la mort tragique de Greg 1 .
Voilà qui était cet homme.
Kitty ? Il y a six ans qu’elle connaît tous nos secrets. Kitty est plus qu’une secrétaire. Kitty, c’est l’amie qui a toujours participé entièrement. Kitty, c’est celle qui s’est blottie sur mon épaule en recevant du Peintre ce délicat présent. Kitty, c’est aussi celle que, depuis, j’ai souvent surprise, une larme sur la joue, devant le portrait du grand bureau… Une larme dont l’artiste aurait pu faire une goutte de rosée sur un pétale.
Pour moi, parce que j’avais perdu l’ami le plus cher, celui avec lequel, dès notre jeunesse, l’accord spirituel et d’identiques aspirations donnaient à l’intimité sa véritable valeur, le vide créé par la disparition de Greg ne pouvait se mesurer.
* *       *
Pourtant, il y avait Jim, il y avait Dick.
Jim, une intelligence et une astuce lui permettant d’exploiter en même temps, avec un égal succès, un Bar-Siège Social et une étonnante invention personnelle. L’un, fréquenté par une forte et fidèle clientèle tranquille, porte fièrement l’énigmatique enseigne de « Cursed Jim ». 2
L’autre, consistant en un énorme fichier où il a réuni, toutes origines confondues, les notables de la petite, de la moyenne et la grande truanderie, représente une source d’information nettement plus profitable que la lecture du Bottin Mondain.
Dick, les mêmes qualités liées à l’ambition d’obtenir une promotion exemplaire là où l’exercice de la profession s’assortit précisément du plus astreignant respect de la Légalité. Résultat rapidement acquis puisque, à 32 ans, Richard Jordan était déjà Capitaine à la Criminelle.
Deux hommes maintenant amis qui, autrefois, avaient été sérieusement opposés dans leurs rôles. Alors Lieutenant, Dick avait eu en effet pour mission d’empêcher Jim de continuer à suivre la voie hérissée d’embûches dans laquelle l’avaient attiré des relations douteuses.
Heureusement que, pour Jim et pour la morale de l’histoire, l’Affaire sur laquelle Greg et moi étions branchés à l’époque nous a permis d’arbitrer ce conflit à notre manière. Certains de la bonne foi de Jim, nous l’avons soustrait à une punition sans doute sévère en tressant un paravent opaque sur lequel, faute de preuves, les efforts de Dick se sont effrités.
Un Dick assez furieux de son échec pour extérioriser sa déception par un vigoureux « Cursed Jim » immédiatement utilisé à l’intention de la postérité comme enseigne de ce fameux Bar-Siège Social.
Malgré la forte amitié que chacun me témoigne, cette sorte d’amitié qui comprend la faiblesse sans cesser de la combattre, j’ai mis longtemps à émerger puisque ce n’est qu’aujourd’hui que je réalise que le moment est venu de me secouer.
* *       *
Je reconnais loyalement la part primordiale de Kitty dans ma décision. Si la feuille blanche qu’elle déposait chaque matin à mon intention sur l’immense table de notre bureau avait été semblable à celles des jours passés, j’aurais certainement encore repoussé à un lendemain indéterminé la reprise de mon activité.
Depuis la mort de Greg, cette feuille blanche était devenue pour moi le symbole du deuil. Pourquoi ? C’est simple : auparavant, Kitty avait instauré le système parfaitement efficace des trois feuilles différentes pour nous informer en gros et en détail de tout ce qui passait par elle.
Pour être plus précis, de tout ce qui touchait de près ou de loin à la bonne marche de notre Agence et même de celle de nos affaires personnelles. La feuille jonquille destinée à Greg pour ce qui le concernait directement, la feuille lilas pour moi dans le même dessein, et enfin la blanche pour tout ce dont nous devions avoir tous deux connaissance dans le même moment.
Elle ne m’a pas expliqué la raison qui lui a fait conserver la couleur blanche et je ne le lui ai point demandé. Aujourd’hui, je constate que son texte ne traite plus des seules banalités inhérentes à la vie d’une entreprise en léthargie. Il est impératif, visiblement composé dans le but de me réveiller, de me pousser à agir :
« Il s’agit d’un assassinat.
Pas de motif apparent.
Un nommé Svela, le fils de la victime,
juge la Justice trop molle.
Sans s’expliquer sur ses mobiles, il désire vous engager
pour retrouver le coupable.
Ai fixé Rendez-vous pour dix heures ».
 
 
Il est 9 heures. Contrairement à des habitudes relativement récentes, je ne m’interroge plus sur l’utilisation de cette nouvelle journée car, comme par magie, l’ennui qui était la cause principale de mes hésitations vient de disparaître.
Conscient de la difficulté d’élucider un tel mystère et surtout soucieux d’exaucer le désir si nettement exprimé de Kitty, j’ai soudain ressenti un énorme besoin d’activité.
Ma réaction se traduit aussitôt par quelques enjambées vers l’une des fenêtres d’où, cigarette aidant, j’observe l’incessante agitation de Broadway. Je médite. Aurais-je machinalement souhaité m’inspirer de ce spectacle pour me mettre en condition ? Après tout, pourquoi pas ? Ne suis-je pas en sommeil depuis plus de six semaines ? J’ai dû rester un assez long temps absorbé… par l’absence de pensée précise ! Je m’en aperçois quand je me découvre l’intention de compter le nombre de voitures passant devant moi durant un

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