La fille du gangster , livre ebook

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Palais Borghesini à Venise. M. Gardner rentre de Paris accompagné par Théodore ROUMA qu’il a engagé pour le protéger, lui et sa fille.


Mais à son arrivée, miss Diana Gardner a disparu !


Théodore ROUMA va remonter la piste des kidnappers et très vite se retrouver dans une situation à laquelle il ne s’attendait pas...

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Nombre de lectures

4

EAN13

9791070033821

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

LA FILLE DU GANGSTER

Par
Jean d’AUFFARGIS
CHAPITRE PREMIER
ON A ENLEVÉ MISS DIANA !
 
Son embarcation amarrée au « pali » le gondolier aida le trio à atteindre sans dommage les degrés du perron.
— Ce qu'ils ont dû vider de flasques de Chianti ! dit-il à part soi.
Encore les deux hommes se tenaient-ils à peu près d'aplomb. Mais la femme, si ses compagnons ne l'eussent étroitement soutenue, se fut très certainement laissée glisser dans le canal. Sa tête dodelinait sur ses épaules, comme ces vieilles poupées de son qui ont longtemps dormi dans un grenier.
La nuit était splendide et le palais Borghesini paraissait naître de l'eau. Au niveau des reflets, la pierre était rongée et poreuse, puis elle montait, lisse et patinée, vers un ciel d'un bleu de turquoise où se suspendaient les premières étoiles. Mais les trois personnages n'étaient pas en état d'apprécier ni le travail des hommes ni celui de la nature. Ils attendaient seulement que l'huis auquel l'un d'eux avait heurté voulût bien s'ouvrir.
Du Grand Canal parvenait le monotone froissement des rames et parfois le cri chantant et rituel des gondoliers qui se croisent. Enfin, un bruit de pas se fit entendre et la porte s'entrebâilla sur une mine surprise.
— Nous venons chercher miss Diana pour l'emmener au bal ! déclara l'un des trois personnages.
Le domestique avait une petite figure, toute chiffonnée de cockney irlandais. Muet d'étonnement, il considéra le trio qui venait de pénétrer dans le vestibule.
C'était deux jours après Carnaval, mais tout de même !
D'abord, Paddy n'avait guère vu de masque durant la Grande Semaine. Il s'était même laissé conter que les masques à Venise, il y avait beau temps qu'ils avaient rejoint dans l'oubli les pourpoints, les formes de satin, les billets passionnés tombés des balcons, les torches et les poignards des anciens âges. Charme rompu… Venise n'était plus Venise… Et cependant ces visiteurs, dont les yeux brillaient sous le loup à dentelles, tous trois enveloppés dans de longs manteaux noirs et qui parlaient d'emmener miss Diana au bal ?
Et d'abord de quel bal pouvait-il s'agir ? Miss Diana était rentrée de Rome par l'express de vingt heures, recommandant à ses domestiques qu'on la laissât reposer jusqu'au retour de son père qui arrivait le lendemain matin, venant de Paris, via Milan, par le train de dix heures. En l'occurrence, miss Diana Gardner accueillerait plutôt fraîchement ces fêtards importuns.
— Ma parole, mes amis, ce joyeux Paddy m'a l'air de somnoler !
— À moins qu'il ne nous prenne pour des diables ?
La jeune femme, qui avait vraiment du mal à garder l'équilibre, répondit d'un rire bizarre aux réflexions de ses compagnons.
Ce rire ne plut pas à Paddy, mais tout de suite sa physionomie se détendit. Il venait seulement de remarquer que les inconnus l'avaient appelé par son nom et s'étaient exprimés non en italien, mais avec un pur accent yankee. Il savait que la colonie américaine était assez nombreuse à Venise, en ce moment, et que miss Diana y comptait beaucoup d'amis, tous plus ou moins fanatiques des surprises-parties et des escapades nocturnes sur le Grand Canal. La méfiance du brave garçon s'évanouit comme par enchantement. Ne s'agissait-il point là de familiers de miss Diana et n'était-on pas accoutumé à leur passer toutes leurs fantaisies ?
— Je dois prévenir ces gentlemen et leur compagne que miss Diana est un peu fatiguée ce soir et qu'elle a bien recommandé qu'on ne la dérange pas.
— Ça va, Paddy. Vous êtes le modèle des serviteurs. Nous allons dire cela immédiatement à votre maîtresse.
Et maintenant toujours sous les bras leur amie qui, sans cette assistance, n'aurait su faire seule trois pas, les joyeux gaillards masqués se dirigèrent en habitués du palais vers l'escalier conduisant à la chambre de miss Diana Gardner.
Paddy marqua encore une légère hésitation, puis, se disant qu'au point où en étaient les choses, mieux valait encore laisser agir les inconnus, il haussa les épaules et prit le parti de demeurer sagement dans le vestibule.
Quinze minutes se passèrent ainsi dans l'attente. Enfin, une porte claqua et le trio réapparut en haut de l'escalier. La femme, Paddy jugeait que c'en était une à sa silhouette et aux quelques mèches blondes qui se laissaient voir sous la capuche de son manteau noir, car pour le reste… la femme allait encore plus difficilement qu'auparavant.
— Elle ne supporte pas le champagne et encore moins l'asti, fit en riant le plus grand des deux hommes.
Sans la connaître, Paddy faisait sien ce diagnostic. Mais l'autre poursuivait déjà :
— Vous aviez raison, Paddy. Miss Diana a refusé de nous suivre. Décidément, les voyages à Rome ne lui valent rien. À ce propos, ajouta-t-il, votre maîtresse confirme ses instructions quant à l'heure de son réveil. Qu'on ne l'importune plus.
Ils avaient gagné la porte.
— Allons tout de même à ce bal, entendit encore Paddy qui vit le gondolier larguer son amarre et empoigner sa godille.
Paddy eut un dernier haussement d'épaules, verrouilla l'huis, éteignit dans le vestibule et monta l'escalier. Parvenu devant la porte de miss Diana, il tendit l'oreille…
 
* * *
 
Martel Gardner était un homme de cinquante ans environ, solidement charpenté, les cheveux roux plantés drus sur un front têtu, la tête et le visage massifs vissés d'un bloc sur des épaules larges, au-dessus d'un cou de taureau d'un pouce de haut.
Le regard, que distillaient de petits yeux gris-bleu, était fixe presque jusqu'à l'insolence.
Lorsqu'il descendit du train, il écarta d'un geste sans réplique, de sa main énorme, aux doigts spatulés, le porteur qui voulait s'emparer de sa valise.
— Je vous ouvre le chemin, lança-t-il, par-dessus son épaule, au personnage qui le suivait.
De celui-ci, seul un observateur averti eût pu démêler la nationalité française. Trente-cinq ou trente-sept ans, il était grand, brun, svelte et de haute mine. Les traits délicats dans un visage mince, mais où se décelait à plus d'un signe une énergie peu commune, eût pu le faire prendre pour quelque anglo-saxon. Mais les yeux noisette et même presque noirs parfois, dardaient sur les êtres et les choses le regard aigu et à la fois teinté d'ironie de l'homme prompt à retenir ce qui seul l'intéresse. L'élégance stricte du vêtement et de l'allure était incontestablement d'un Français.
Martel Gardner entraînait déjà son compagnon de voyage vers un quai au bas duquel, dans le jour bleuté de mars finissant, frémissaient les gondoles.
L'embarcation prit par des ruelles étroites pour glisser bientôt sur les eaux verdâtres du Grand Canal et venir...

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