La femme en blanc
1131 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
1131 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Wilkie Collins (1824-1889)



"Ce que peut supporter la patience d’une femme, ce que peuvent accomplir le courage et la constance d’un homme, cette histoire le dira.


Si tout événement qui prête aux soupçons pouvait être éclairci par les engins compliqués de la loi, et si ces instruments réguliers pouvaient être mis en jeu pour conduire l’enquête jusqu’à son terme, grâce à l’influence lubricante de l’huile d’or, employée avec modération, les incidents racontés dans les pages qui vont suivre auraient déjà été signalés à l’attention publique, volontiers éveillée par un débat devant les tribunaux.


Mais la loi, dans certaines situations inévitables, est d’avance et demeure au service des bourses bien garnies, et voilà comment c’est ici que, pour la première fois, sera contée cette histoire. Telle que le juge l’eût entendue, telle le lecteur l’apprendra. De l’exposition au dénoûment, aucune circonstance essentielle ne sera rapportée d’après un simple ouï-dire. Lorsque celui qui écrit cette espèce d’introduction (il se nomme Walter Hartright) sera plus intimement en jeu que tout autre personnage dans les événements qu’il s’agit de faire connaître, il les relatera en son nom. Dès qu’il cessera de pouvoir parler avec cette certitude, il abandonnera son rôle de narrateur, et sa tâche sera continuée (du point où il l’aura laissée à celui où il la pourra reprendre) par d’autres personnages aussi étroitement impliqués dans les faits à rapporter, et pouvant fournir sur ces faits un témoignage aussi précis, aussi positif que le sien l’avait été jusque-là"



Walter Hartright, professeur de dessin, vient en aide à une mystérieuse jeune femme habillée de blanc. Le lendemain, il se rend à Limmeridge House, dans le Cumberland, où il a trouvé un emploi. Quelle n'est pas sa surprise : l'une de ses élèves, Laura, ressemble à la "femme en blanc"...


"La femme en blanc" est considéré comme l'un des premiers romans policiers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782384420476
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0026€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La femme en blanc


Wilkie Collins

Traduit de l'anglais par Paul-Émile Daurand-Forgues


Avril 2022
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-047-6
Couverture : pastel de STEPH'
N° 1045
Préface

écrite par l'auteur de la Woman in white
(La femme en blanc)
pour les lecteurs de la traduction française

Il y a quelques années, je me trouvai faire partie de l’auditoire assemblé pour assister aux débats d’une affaire criminelle qui se jugeait à Londres.
Pendant que j’écoutais la procédure, laquelle n’avait aucune importance en elle-même, et ne m’a fourni aucun des personnages ou des incidents qu’on trouvera dans les pages ci-après, je fus frappé de la manière dramatique dont se déroulait l’histoire du crime alors soumis aux investigations de la magistrature, grâce aux dépositions successives des témoins entendus tour à tour. À mesure que chacun d’eux se levait pour fournir son fragment de relation personnelle, à mesure que, d’un bout à l’autre de l’instruction, chaque anneau séparé venait former avec les autres une chaîne continue d’irréfragable évidence, je sentais que mon attention était de plus en plus captivée ; je voyais qu’il en était de même chez les personnes qui m’entouraient ; et ce phénomène prenait une intensité toujours croissante, à mesure que la chaîne s’allongeait, à mesure qu’elle se tendait, à mesure qu’elle se rapprochait de ce qui, dans tout récit, est le point culminant. – Certainement, pensai-je, une série d’événements romanesques se prêterait fort bien à une exposition comme celle-ci ; certainement, par les mêmes moyens que je vois employer ici, on ferait passer dans l’esprit du lecteur cette conviction, cette foi que je vois se produire grâce à la succession des témoignages individuels, si variés de forme, et pourtant si strictement « unifiés » par leur marche constante vers le même but. Plus j’y pensais, et plus un essai de ce genre m’apparaissait comme devant réussir. Aussi, quand le procès fut terminé, je rentrai chez moi bien déterminé à tenter l’aventure.
Mais quand il fallut donner une forme définie à la pensée qui m’avait préoccupé, je m’aperçus que la chose n’était point aussi facile que je l’avais crue. Elle offrait de sérieuses difficultés littéraires avec lesquelles, alors, mon expérience de romancier ne m’avait pas encore mis à même de lutter victorieusement. Je résolus d’attendre que j’eusse acquis, à un degré supérieur, la pratique de mon art ; d’attendre que le temps et le hasard vinssent m’offrir une chance nouvelle.
Voici comment cette chance m’arriva.
Dans le cours de l’année 1859, M. Charles Dickens lança le journal hebdomadaire qu’il a baptisé « All the year round (1) » , et qu’il inaugura par un roman de lui (« A Tale of two Cities »). Lorsque la publication de cette œuvre (par livraisons hebdomadaires) eut été complétée, je fus invité à écrire le roman qui devait immédiatement lui succéder dans les colonnes du nouveau « périodique. »
Lorsque j’eus accepté la responsabilité de m’adresser à un des plus nombreux auditoires que l’Angleterre puisse offrir, après que le plus grand romancier de notre pays venait de le tenir sous le charme de son talent, je ressentis une anxiété assez naturelle en me demandant si je me montrerais digne d’une telle marque de confiance. Et, à ce moment critique, l’idée que j’avais ajournée quelques années auparavant m’étant revenue en tête, je résolus, cette fois, de m’en débarrasser en la réalisant. Toutes les facilités désirables m’étaient offertes ; on me laissait maître de la longueur à donner à mon œuvre ; on ne limitait en rien le choix du sujet à traiter : la plus entière indépendance, quant à la forme que je voudrais lui donner, m’était garantie contre toute intervention quelconque. Ce fut sous ces favorables auspices que, pour la seconde fois, je me mis à ce travail déjà tenté vainement. En d’autres termes, je me donnai pour tâche de faire raconter mon roman par les personnages du roman eux-mêmes (comme les témoins que j’avais entendus au tribunal), c’est-à-dire successivement par chacun d’eux, et en les plaçant dans les situations diverses que la suite des événements leur aurait faites, de manière à ce que tous prissent, tour à tour, la suite du récit, et progressivement le conduisissent à son terme.
Si le résultat de ce travail, ainsi modifié par les circonstances, ne m’avait fait aboutir à rien de plus qu’à une certaine nouveauté de pur agencement, je n’aurais pas imaginé d’en parler ici. Pour un si mince résultat, la moindre attention eût été de trop. Mais, à mesure que j’avançais dans mon travail, je découvris que la substance même du roman, aussi bien que sa forme littéraire, tirait profit des nécessités nouvelles auxquelles je m’étais astreint de gaieté de cœur. L’exécution de mon plan me forçait à faire progresser sans relâche, simultanément et constamment, le récit pris en bloc ; elle m’obligeait à établir dans mon esprit une conception parfaitement nette des personnages avant de me hasarder à les placer dans la situation que, d’avance, je leur avais assignée ; et quand ils entraient en scène, elle leur fournissait une nouvelle occasion de se manifester, par l’intermédiaire de ce témoignage écrit qu’ils étaient censés fournir à une sorte d’enquête, et qui, en même temps, constituait la progression naturelle du récit. Tels étaient les avantages réels de l’expérience que je tentais dans ce roman ; elle me plaçait sous le joug le plus rigoureux de la discipline littéraire. Mon livre et moi ne pouvions qu’y gagner.
Maintenant que j’ai brièvement indiqué les circonstances auxquelles la « Femme en blanc » doit d’avoir vu le jour, il serait, je pense, inutile d’arrêter le lecteur par des remarques préliminaires sur le but dramatique vers lequel je tendais en l’écrivant, ou sur les problèmes du caractère humain que, soit dans la conception primitive du livre, soit dans ses développements, je me suis proposé de résoudre. À ce double point de vue, le livre lui-même, – nonobstant ses défauts et ses lacunes – est assez intelligible pour n’avoir pas besoin de commentaires. Le peu de mots qui me restent à dire n’aura donc trait qu’à la manière dont ce roman a été reçu déjà, soit en Angleterre, soit en Amérique.
Avant que la publication périodique de la « Woman in White » (à Londres et à New-York, simultanément) se fût encore étendue à un grand nombre de semaines, la nouveauté du plan sur lequel je travaillais s’était fait reconnaître et avait fixé l’attention. Après l’apparition de chaque numéro du journal, il m’arrivait de tous côtés des témoignages écrits de la curiosité, de l’intérêt que mes lecteurs voulaient bien m’accorder, soit en Angleterre, soit au Canada, et jusque dans ces « Backwood-settlements, » ces germes de villages futurs, déposés sur l’extrême limite de la civilisation américaine ; à plus forte raison dans les grandes cités de ce qui était, hier encore, la République des « États-Unis… » Les personnages, – quels que soient les défauts que la critique leur puisse d’ailleurs reprocher, – avaient la bonne fortune de produire, sur le grand nombre des lecteurs, la même impression que de vivantes réalités. Les deux, « rôles de femmes, » par exemple « (Laura et miss Halcombe), » s’étaient fait de si chauds amis que, lorsqu’une crise du roman parut les menacer l’une et l’autre de quelque sinistre aventure, je reçus plusieurs lettres écrites sur le ton le plus sérieux, pour me supplier de « leur sauver la vie ! »
Miss Halcombe, en particulier, fut tellement prise en faveur qu’on me mit en demeure, – ceci plus d’une fois, – de déclarer si ce caractère était peint d’après nature ; le cas échéant, on voulait savoir si le modèle vivant d’après lequel j’avais travaillé, consentirait à écouter les sollicitations de différents célibataires qui, parfaitement convaincus d’avoir en elle une femme excellente, se proposaient de lui demander sa main !
Pour une autre catégorie de lecteurs, « le Secret » qui, dans ce récit, se rattache à l’existence de « sir Percival Glyde » devint, à la fin, l’objet d’une curiosité exaspérée, qui donna lieu à divers paris dont on me constituait l’arbitre. Mais pas un des parieurs – et en dehors d’eux, pas un de mes lecteurs – n’arriva, que je sache, à deviner ce que pouvait être ce secret, – avant que le moment fût arrivé où j’avais arrêté d’avance que la découverte pourrait en être pressentie.
En ce qui concerne le « comte Fosco », d’innocents gentlemen, par douzaines, qui avaient le malheur d’être gras à l’excès, furent dénoncés tout à coup comme m’ayant fourni les éléments de ce portrait ; et, dans les rares occasions où ma voix essaya de dominer le tumulte des hypothèses dont je parle, j’eus beau déclarer « qu’aucun romancier, se limitant à un seul modèle, ne saurait espérer de faire vivre un personnage de sa création » ; j’eus beau affirmer « que des centaines d’individus, dont pas un ne s’en doute, avaient tour à tour posé pour le comte Fosco, comme, au reste, pour les autres personnages du livre » ; personne ne m’en voulut croire. Les « scélérats maigres » (on me donnait ce renseignement) sont sans doute assez communs ; mais un « scélérat gras » était, dans le roman pris en général, une si frappante exception aux règles de la poétique établie, que je n’avais absolument pas pu rencontrer, dans la vie réelle, plus d’un type de cette espèce. Libre à moi sans doute, de nier le fait ; mais le comte avait été reconnu, bien vivant et bien portant, par des témoins dignes de foi, soit à Londres, soit à Paris, et il était inutile de pousser le débat plus loin.
En supposant réellement qu’il existe, je le prie d’accepter toutes mes excuses, avec la formelle assurance que si je l’ai fait ressemblant, c’est bien par hasard.
Vint un moment où le bruit courut que je m’étais perdu moi-même dans le labyrinthe de mon roman ; que je ne savais comment l’achever ; et que j’avais offert une récompense honnête à quiconque, pour ceci, voudrait me prêter assistance. L’achèvement du réc

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents