La Corrida chez le faux prêtre
244 pages
Français

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La Corrida chez le faux prêtre , livre ebook

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Description

Un jeune dur au cœur tendre, deux très belles femmes, un flic de la vieille école et ses trois agents de choc, une secte criminelle et son inquiétant gourou, une organisation souterraine aux pouvoirs étendus... Ce ne sont là que quelques éléments de ce polar délibérément irrespectueux des valeurs traditionnelles : de l'avocat véreux et de sa très distinguée épouse, de l'insoupçonnable trafiquant de drogues à l'implacable redresseur de torts en marge des lois, le lecteur vogue de surprises en rebondissements jusqu'au coup de théâtre final.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 septembre 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342163193
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Corrida chez le faux prêtre
Lucien Sérandour
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Corrida chez le faux prêtre
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
À Yves et Élisa.
Avant-propos
La Corrida chez le faux prêtre est un ouvrage dont le ton tranche délibérément sur celui des précédentes publications d’un éditeur universellement reconnu pour sa rigueur stylistique. La raison en est évidemment une confiance absolue dans l’intérêt intrinsèque du récit, mais aussi une profonde affection envers son auteur. Eh oui, j’éprouve de l’affection pour Alain Kermadeur, en dépit de ses critiques des intellectuels en général et de mon propre modus vivendi . Car Alain est un être simple et vrai, et son honnêteté foncière, sa gentillesse innée, son humour décapant, son robuste bon sens et sa loyauté indéfectible en font un personnage attachant à plus d’un titre.
Comme bon nombre d’auteurs connus voire célèbres, Alain Kermadeur n’est pas un écrivain au strict sens du terme, mais contrairement à certains des précédents, il sait raconter avec une verve irrésistible et une indéniable justesse de ton. Pour ces raisons, et quoi qu’ait pu en penser notre regretté rewriter, dont j’ai à dessein laissé subsister dans le texte quelques commentaires pour donner la pleine mesure de nos divergences sur ce point, il me paraît souhaitable que le premier ouvrage d’Alain Kermadeur demeure un document vérité à l’image même de son auteur.
Et qu’importe si la grammaire et la syntaxe n’en sortent pas toujours indemnes et si les termes argotiques et les tournures «  joualisantes » prennent parfois le pas sur l’académique « bon parler français ».
G.-É. Débouquain, éditeur
Chapitre 1
Pendant un bon bout de temps, j’ai été l’un des plus sérieux piliers de Chez Loulou-les-Bacchantes, Seul bistro 1937 , rue de la Montagne à Montréal, et c’est là que j’ai rencontré Artie Shaw-Effroy, un ancien prof de philosophie, un mec instruit, distingué, cultivé et tout. C’est Artie qui, entre bien d’autres choses insoupçonnées, m’a pour la première fois expliqué les très simples stratégies de manipulation de masses qui permettent aux dirigeants à travers le monde de couillonner avec succès les administrés que nous sommes. Artie avait le don de t’intéresser avec des mots simples, sans chercher à te faire passer pour un crétin si tu n’étais pas d’accord avec ses idées. Ce qui était mon cas à propos de sa théorie voulant que tous les êtres humains soient conditionnés à la naissance pour un genre de vie particulier et qu’il leur est impossible de changer d’aiguillage en cours de route. Autrement dit, que tout ce qui va arriver par la suite aux bipèdes créés par Le Seigneur à Son Image, le bon comme le mauvais et le catastrophique comme le merveilleux, est codifié au départ par le fatum (pour tous ceux qui, comme moi, n’ont jamais étudié le latin, c’est du français et ça veut dire « le destin ») et qu’on n’y peut rien, c’est comme ça, point barre.
Alcoolo de grande classe – il a d’ailleurs fini par claquer d’une cirrhose –, Artie restait toujours brillant et passionnant. Même bourré à zéro et même tombé dans la débine après s’être fait virer de l’université Mc Gill pour comportement asocial, ce qui pouvait signifier bien des choses, des choses peut-être assez éloignées des raisons officielles. Quoi qu’il en soit, c’était un type bien, et certainement pas un mauvais enseignant ou un mauvais philosophe, mais bien sûr, tout ça ne prouve pas que sa théorie soit valable. Même si des tas d’autres gens, et pas forcément des crétins, sont tout aussi convaincus qu’il l’était que cette conception représente une autre indéniable Vraie-Vérité-du-Bon-Dieu-Garantie-Sur-Facture.
 
J’aurai l’occasion de reparler de tout ça en détail et même avec exemples à l’appui, mais pour le moment, ce serait un peu hors de propos. Disons simplement que pour moi, ces histoires de vie toutes tracées d’avance, c’est du pipeau à cent quatre-vingt-quinze pour cent. Cela dit, je dois tout de même reconnaître que si un destin quelconque avait tracé ma future ligne de vie, il aurait fait preuve d’un sens de l’humour assez particulier en établissant mon programme des réjouissances. À moins que, compte tenu de géniteurs aussi peu courants que les miens, il n’ait jugé que mon départ dans la vie devait fatalement sortir de l’ordinaire et que le reste ne pourrait que suivre. Par exemple, je bénéficiais déjà à la naissance de trois nationalités différentes, toutes parfaitement légitimes. Dont l’Américaine. Gildas, mon Breton de père (un mètre quatre-vingt-treize et quatre-vingt-sept kilos de viande maigre) avait émigré au Québec après son service militaire et s’était fait naturaliser Canadien quelques années plus tard sans pour autant perdre sa citoyenneté d’origine, ce qui est légal aussi. Maureen, ma mère (un mètre soixante-sept, des yeux bleus et soixante-deux kilos très harmonieusement répartis), est native de Montréal et l’avait connu en 1970 à San Francisco, dans le restaurant où elle était serveuse et lui barman. Quand ils ont compris que j’étais en chantier, ils ont régularisé la situation comme dans le bon vieux temps, au nom des bonnes vieilles traditions, et Marie, Diane, Maureen Mc Allardress est devenue, à dix-neuf ans et trois quarts, Madame Gildas, Tanguy, Pierre-Marie Kermadeur, citoyenne française à part entière à l’expiration du délai légal de six mois…
 
Au début des années 1970, le retour à la terre façon hippie était encore d’actualité en Californie. Mes parents en devenir ne suivaient absolument pas les modes, mais la perspective d’élever leur futur héritier au grand air en même temps qu’une chèvre, des poules et des lapins, de faire pousser ses légumes sans les empoisonner, d’avoir son bout de vigne pour le pinard maison et un carré d’herbe magique pour la relaxe après le boulot leur chatouillait l’imagination. Gildas a remplacé par un pick-up Dodge de deux ans la vieille Porsche qui, entre contraventions et séjours au garage, engloutissait tous ses pourboires, et les écolos sans le savoir ont abandonné San Francisco et l’industrie de la limonade pour louer près de Santa Rosa une espèce de ranch déglingué. Comme il fallait encore et toujours boucler les fins de mois, mon futur père s’est improvisé handyman, bricoleur professionnel au noir. Sérieux, bosseur et pas cher, il n’a pas tardé à établir un noyau de clients satisfaits et tout le monde était heureux. Tout le monde, sauf en une occasion une grande gueule de délégué syndical qui avait menacé de le dénoncer au bureau de la main-d’œuvre s’il insistait pour obtenir le paiement intégral de ses deux jours de boulot consciencieux. Même avec tous les diplômes requis, Gildas n’aurait jamais pu devenir un avocat efficace : d’une part, il détestait les effets de manche, de l’autre, il estimait que les plaidoiries ne servent qu’à embrouiller les choses, et surtout, il disposait de réflexes rapides. Le différend a été réglé en toute simplicité, le syndicaliste s’est retrouvé le cul par terre et la gueule en sang, aux toutes premières loges pour apprécier les avantages, d’une manière radicale et très courante dans sa sphère d’activité, de régler certains conflits de travail. Mon paternel, qui ne l’était pas encore tout à fait, a obtenu sa juste rétribution en espèces et son ex-client a compris que porter plainte était une solution comportant parfois bien plus d’inconvénients que d’avantages.
 
Il faut dire que les vertus dominantes de l’auteur de mes jours n’étaient ni la patience ni l’égalité d’humeur, et comme sa douce moitié, à cinquante pour cent Irlandaise, avait un caractère de la même trempe, les dîners causeries animés n’étaient pas rares au ranch. Je peux dire que j’ai connu la fameuse violence verbale dont on parle tellement aujourd’hui, mais ça ne m’a pas traumatisé. Je n’aimais pas, bien sûr, mais dès qu’ils m’entendaient pleurnicher, les dialoguistes arrêtaient tout de suite leur démonstration pour venir me minoucher. D’ailleurs, ce n’était jamais contre moi les coups de gueule, ils faisaient preuve d’une patience incroyable envers leur rejeton, mes parents terribles, et je devais déjà sentir que pour eux, la prise de bec constituait une forme de détente. Ils ne se prenaient jamais au sérieux, ils se marraient avant, après et même souvent au plus fort de leurs concours d’échanges verbaux musclés. Gildas n’aurait d’ailleurs jamais levé le petit doigt sur sa femme, ni sur aucune autre, il avait trop le respect des convenances, le pater. Ils s’éclataient comme ça, la petite Québécoise et le grand Maho, souvent à la débile, mais comme le Gigi l’amoroso de Dalida, jamais sans tendresse.
 
Ce n’est pas non plus leurs potes habituels que l’ambiance folklorique du ranch aurait pu surprendre. Des farfelus toute la bande, des farfelus sympas : Johnny Three Fingers, un vieux pue-la-sueur australien, ancien marin, ancien cow-boy, ancien deputy-sheriff qui n’arrivait pas à finir de crever de son cancer même en activant le mouvement au Jack Daniels ; l’éternellement blonde et presque centenaire Gloria qui nous brisait les joyeuses avec ses histoires de théâtre et de cinéma et de comment il s’en était fallu d’un poil qu’elle ne devienne une superstar à Hollywood ; Sarah, une Black de Harlem, danseuse nue au corps de statue antique, aux perruques démentes et au cœur sur l

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