La chance de l inspecteur Masson
136 pages
Français

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La chance de l'inspecteur Masson , livre ebook

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Description

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’inspecteur Masson, un jeune homme timide et manquant de confiance, est envoyé en Normandie pour enquêter sur la mort d’un commis voyageur après qu’il ait percuté un arbre au volant de sa voiture.


Quand il apprend la nouvelle à Jean-Claude Rondel, son ami journaliste, avec lequel il a rendez-vous avant son départ, ce dernier décide de l’accompagner, car il connaît le médecin ayant pratiqué l’examen du cadavre...


Il profite du voyage en train pour encourager le policier et le convaincre que se présente enfin à lui la chance de démontrer son talent.


Et du talent, il va en falloir à l’inspecteur Masson pour démêler toute cette histoire...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 avril 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782385011468
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA CHANCE DE L'INSPECTEUR MASSON
Roman policier

par Miriam DOU
PROLOGUE

Le jour tombait rapidement en cette fin d'après-midi de novembre. Une petite bise aigrelette soufflait, secouant les rameaux des arbres de la rue Sarrette. Cette paisible voie parisienne en est bordée d'un bout à l'autre. De rares passants se hâtaient en relevant le col de leur pardessus. Seul, un homme de taille moyenne, au visage franc, ne semblait aucunement incommodé par le vent. Il s'arrêta devant une maison de bonne apparence et appuya sur le bouton de sonnette. Le déclic joua et l'homme pénétra dans l'immeuble où il fut accueilli par la concierge qui s'avança sur le seuil de sa loge.
— Ah ! bonsoir, monsieur Sellier : il ne fait pas chaud !
— Non, peut-être. Je vous avoue que je n'ai pas fait grande attention à la température tant je suis satisfait, ma bonne madame Machut. Je l'ai, mon autorisation, je l'ai et je cours annoncer la nouvelle à ma femme ; vous pensez si elle va être contente de retourner enfin dans son pays !
— Vous avez de la chance, dit la concierge avec admiration, car ce n'est pas si facile d'avoir un permis pour passer en zone libre.
— Non, évidemment, répondit son locataire. Il est vrai que j'avais d'excellentes raisons à faire valoir pour quitter Paris : mon état de santé, la propriété de ma femme à faire remettre en culture. On a compris que je n'avais plus aucun motif de rester ici. Nous vous enverrons des légumes, madame Machut !
— Ce ne sera pas de refus, soupira la concierge, et je vous envie de vous en aller à la campagne. Tout de même, on vous regrettera, monsieur Sellier. Quand c'est-il que vous comptez partir ?
— Je ne sais pas au juste. Il faut que nous décidions la chose, ma femme et moi.
Et il se dirigea vers l'escalier.
Le ménage Sellier habitait, au premier étage, un confortable appartement de quatre pièces. Au bruit que fit son mari en ouvrant la porte, M me Sellier, qui cousait dans la salle à manger, se leva et vint à sa rencontre. Il l'accueillit à peu près par la même phrase que celle qu'il avait prononcée en parlant à la concierge : « Je l'ai, mon autorisation, Marthe, je l'ai. ».
— Vraiment ? répondit-elle vivement.
Et un éclair de joie s'alluma dans ses yeux noirs.
M me Sellier était une grande femme mince qui, à quarante-cinq ans, était encore fort belle. Ses épais cheveux, plus sombres encore que ses yeux, n'étaient striés d'aucun fil blanc et son teint mat avait toujours la pureté qui avait séduit Sellier quinze ans auparavant.
Fille d'un petit propriétaire des environs d'Avignon, Marthe Faugère s'était, vers vingt-cinq ans, trouvée dans une situation embarrassée, à la mort de son père, tué inopinément par la chute d'une branche d'arbre brisée par le mistral. Ne se sentant pas le courage d'exploiter elle-même ses terres et ayant, d'ailleurs, depuis longtemps, le désir de vivre à Paris, elle avait affermé, pour une somme modique, sa propriété et cherché un emploi. Marthe était libre et seule ; fille unique, elle avait perdu sa mère quelques années auparavant.
Elle avait trouvé assez facilement une situation de vendeuse dans un grand magasin, mais, ambitieuse, intelligente et énergique, elle avait aspiré à mieux. Marthe Faugère, sans être très cultivée, possédait une certaine instruction, ayant été élevée dans une pension, à Avignon. Elle s'était courageusement mise au travail, le soir, avait suivi des cours de comptabilité et, au bout d'un an, avait pu entrer comme caissière, dans la maison Sellier, fournitures pour modes, où elle n'avait pas tardé à prendre une place prépondérante.
Octave Sellier, à son retour de la Grande Guerre, avait acheté ce fonds de commerce, son état de santé, gravement éprouvé par les fatigues de la campagne l'empêchant d'exercer une profession plus active qu'il eut, cependant, préférée. Un peu timide, surtout avec les femmes, mais fort sérieux, Sellier avait fait fructifier une affaire déjà excellente et songeait à se marier lorsque Marthe Faugère était entrée chez lui. Il avait été à la fois subjugué par la réelle beauté de sa caissière et séduit par ses qualités, car la jeune fille avait une tenue irréprochable qui contrastait souvent avec la légèreté des autres employées. Bref, Sellier n'avait pas tardé à en devenir amoureux et ce fut, en rougissant comme un collégien, qu'il demanda à la belle Marthe de l'épouser. Elle l'avait prié de lui donner huit jours pour réfléchir, puis avait accepté. Depuis quinze ans, les Sellier formaient, au dire de tous ceux qui étaient appelés à les connaître, un ménage parfait.
Devenue la collaboratrice constante de son mari, Marthe avait encore vu croître la fortune de celui-ci. Malheureusement, la santé d'Octave Sellier demeurait fragile et, lorsqu'au milieu de 1939, une occasion favorable s'était présentée, le mari et la femme avaient d'un commun accord décidé de vendre la maison de fournitures pour modes.
Sellier eut souhaité partir tout de suite pour la campagne, mais Marthe avait résisté à cette idée. Elle avait proposé à son mari d'attendre que le bail de son fermier fût arrivé à expiration, après quoi elle renoncerait définitivement à Paris et redeviendrait campagnarde. D'ailleurs, l'ouverture des hostilités avait retardé la passation du contrat de vente qui ne put être signé qu'en octobre 1940, après la démobilisation de l'acheteur.
Maintenant, Marthe elle-même aspirait au départ, l'existence à Paris devenant difficile.
Octale Sellier avait enlevé son chapeau et son pardessus et les avait accrochés au portemanteau. Suivi de sa femme, il pénétra dans la salle à manger, se laissa tomber sur un siège et murmura :
— Ouf ! je ne suis pas fâché d'en avoir fini avec mes démarches et mes courses.
— Quand penses-tu pouvoir partir ? interrogea sa femme. Moi aussi, j'en ai assez de faire la queue devant les boutiques. Demain matin, encore, il faudra que je me lève de très bonne heure.
— Ma pauvre Marthe, tu te donnes toujours bien trop de peine. Pourquoi n'envoies-tu pas la femme de ménage ?
— Parce que, répondit Marthe, j'aime encore mieux faire la queue que frotter le plancher ou laver la vaisselle.
— J'espère que tu te reposeras davantage à la campagne, car la vie y sera plus facile. D'après ce que tu m'as dit, nous trouverons aisément à nous faire servir... Quand je pense que je ne connais même pas encore notre future maison et, qu'en quinze ans, a part nos cures à Royat, nous n'avons jamais pris de vacances ! Nous allons nous rattraper, maintenant, n'est-ce pas ma petite Marthon ?
M me Sellier sourit :
— Ah ! sûrement, notre existence va beaucoup changer, affirma-t-elle. Mais tu n'as pas répondu à ma question : quand pourrons-nous partir ?
— J'ai acheté un indicateur des chemins de fer, répliqua Sellier qui fouilla dans sa poche et en retira la brochure qu'il étala sur la table.
Après quoi, les deux époux se plongèrent dans leurs projets de voyage.
CHAPITRE PREMIER
UNE PARTIE INTERROMPUE

Pour un sale temps, c'est un sale temps ! Pas vrai, brigadier ? dit le gendarme Lobrec en battant les cartes.
« J'aurais même jamais cru qu'il pouvait tant venter si loin de la mer.
Ça arrive souvent par ici, répondit son chef hiérarchique. En somme, le pays est accidenté et, quand le vent s'engouffre dans les arbres de la forêt, il les secoue ! Quand il ne pleut pas, ça va encore, mais les nuits où l'eau s'en mêle, les rondes ne sont pas drôles. Coupez, Sourdis.
Le gendarme interpellé obéit et le brigadier donna les cartes. Lobrec reprit :
Si ça n'avait pas été rapport à ma femme et au gosse qui allait naître, j'aurais préféré être muté dans le Midi, histoire de voir plus souvent le soleil. Vrai de vrai, la Normandie ou la Bretagne, c'est du pareil au même pour le crachin et la bise... sauf qu'ici, on n'a pas la mer, ajouta-t-il en soupirant.
Vous vous y ferez, dit philosophiquement le brigadier. Puis le pays n'est pas mauvais et l'uniforme y est considéré. À vous d'annoncer, Sourdis.
Pendant les dix minutes qui suivirent, les trois hommes ne prononcèrent pas d'autres paroles que celles ayant trait à leur jeu.
En cette aigre soirée de novembre, la grande pièce rustique qui servait de bureau à la gendarmerie de Bellême offrait un aspect assez confortable ; un feu clair flambait dans la cheminée et la grosse horloge faisait entendre son tic-tac monotone.
Belote ! déclara Sourdis.
Au même instant, un bruit éclata au-dehors. Les pavés de la rue furent martelés par des sabots qui couraient, puis on frappa à la porte.
Entrez ! cria le brigadier.
Déjà, le battant s'ouvrait et livrait passage à un gamin d'une douzaine d'années qui cria, tout essoufflé :
M'sieu le brigadier, y a quéque chose qui flambe sur la route.
Où ça, sur la route ?
Sur celle de Nogent. J'crois bien que c'est une auto !
Les gendarmes s'étaient levés et avaient jeté leurs cartes. Tout en rebouclant son ceinturon, le brigadier interrogea :
D'où as-tu vu le feu ? Tu étais donc dehors ?
Oui, m'sieu. Maman m'avait envoyé chercher M'sieu l'Docteur pace que ma petite sœur est malade. Il était pas chez lui, mais sa dame elle m'a dit comme ça que j'le trouverais sûrement chez le père Thomas où c'est qu'on l'avait appelé. J'y suis allé et c'est en revenant que j'ai vu le feu. Alors, dame, j'ai couru vous prévenir.
Tu as bien fait. Venez Lobrec.
Prenez vos vélos, conseilla le gamin en sortant, c'est assez loin. J'vais retourner dire à maman que m'sieu le Docteur va venir.
Envoie-le-nous, cria le brigadier, car si c'est une auto, il y aura peut-être des blessés. Donnez-moi deux extincteurs, Sourdis.
Puis, enfourchant sa bicyclette que Lobrec était allé chercher ainsi que la sienne, il partit, suivi de son subordonné.
La nuit était très noire et il pleuvait assez fortement ; cette pluie avait abattu le vent qui soufflait avec beaucoup moins de force.
Qui est ce gamin ? demanda le gendarme. Il n'a pas l'air bête.
Et il ne l'est pas ! C'est vrai, vous ne connaissez pas encore tous les gens du pays. Moi qui suis ici

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