La chaise de la mort
238 pages
Français

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La chaise de la mort , livre ebook

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Description

Edgar Wallace (1875-1932)



"Un homme venait de s’arrêter devant les hautes portes de Cainbury House, grand immeuble abritant de très nombreux bureaux. Il regarda d’un air irrésolu les plaques de cuivre qui, de chaque côté de la porte, indiquaient les raisons sociales des locataires, puis il entra et, sur la liste affichée à l’intérieur du vestibule, il trouva enfin ce qu’il cherchait. Il sortit de sa poche une coupure de journal pour vérifier l’exactitude de l’inscription qu’il venait de découvrir. C’était bien :


Rédaction du Journal : "L’INDISCRET"


Il se dirigea résolument vers l’ascenseur. Cet homme devait être un pauvre hère, ses vêtements étaient fripés, ses chaussures éculées. Il avait le teint jaune, les yeux et les cheveux noirs, le nez aquilin, la face glabre. Son chapeau melon commençait à tourner au rouge et ses gants étaient troués. Il demanda le cinquième d’un accent évidemment étranger. Arrivé à l’étage, son hésitation sembla le reprendre tandis qu’il examinait la porte que lui avait désignée le liftier et où se lisait de nouveau :


"L’INDISCRET " (Veuillez frapper.)"



Un homme, qui semble au bout du rouleau, du nom de Poltavo, se rend aux bureaux du journal "l'indiscret", suite à une annonce d'embauche. Il est reçu par le patron qui dissimule son visage sous un tissu de soie... Quoi de plus naturel !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 avril 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782384420575
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La chaise de la mort


Edgar Wallace

Traduit de l’anglais par Michel Epuy


Avril 2022
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-057-5
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 1055
Prologue

Un homme venait de s’arrêter devant les hautes portes de Cainbury House, grand immeuble abritant de très nombreux bureaux. Il regarda d’un air irrésolu les plaques de cuivre qui, de chaque côté de la porte, indiquaient les raisons sociales des locataires, puis il entra et, sur la liste affichée à l’intérieur du vestibule, il trouva enfin ce qu’il cherchait. Il sortit de sa poche une coupure de journal pour vérifier l’exactitude de l’inscription qu’il venait de découvrir. C’était bien :

Rédaction du Journal :
« L ’ INDISCRET »

Il se dirigea résolument vers l’ascenseur. Cet homme devait être un pauvre hère, ses vêtements étaient fripés, ses chaussures éculées. Il avait le teint jaune, les yeux et les cheveux noirs, le nez aquilin, la face glabre. Son chapeau melon commençait à tourner au rouge et ses gants étaient troués. Il demanda le cinquième d’un accent évidemment étranger. Arrivé à l’étage, son hésitation sembla le reprendre tandis qu’il examinait la porte que lui avait désignée le liftier et où se lisait de nouveau :

« L ’ INDISCRET »
(Veuillez frapper.)

Obéissant à l’invite, l’homme frappa et, aussitôt, à sa grande surprise, il vit la porte s’ouvrir toute seule. Il réfléchit qu’il n’y avait là en somme qu’un simple appareil électrique permettant d’actionner la porte depuis l’intérieur. Il se trouva dans une pièce sommairement meublée d’une chaise et d’une table sur laquelle se trouvaient quelques journaux. Sur les parois et se faisant vis-à-vis, une carte de l’Angleterre et une lithographie de paysage. À l’autre bout, une autre porte. Il alla y frapper.
– Entrez ! entendit-il crier.
Il poussa lentement la porte.
Cette nouvelle pièce était plus grande et plus confortable. Il y avait deux petites lampes électriques de table, pourvues de jolis abat-jour sur le grand bureau de chêne massif qui en occupait le centre. Une bibliothèque recouvrait tout une paroi, et de nombreuses épreuves d’imprimerie étaient éparses sur le bureau.
Mais, le plus remarquable de tout était l’homme qui était assis à ce bureau : un homme solidement bâti et d’âge moyen, autant qu’on en pouvait juger par sa voix, car il avait la tête tout enveloppée d’un tissu de soie, forte voilette, en somme, qui dissimulait complètement sa chevelure, ses oreilles, tous ses traits.
Il se mit à rire en voyant la surprise du nouveau venu.
– Asseyez-vous, dit-il, et n’ayez pas peur.
– Monsieur, fit l’autre avec désinvolture, je suis bien tranquille, soyez en sûr. Dans ce bas monde, je n’ai jamais eu peur de rien que de la misère... Oui, j’ai toujours redouté de mourir en état de pauvreté, Monsieur !
L’homme voilé garda un moment le silence, puis :
– Vous venez au sujet de mon annonce ?
– Oui, Monsieur, j’ai vu que vous désiriez un assistant discret, possédant les langues étrangères et pauvre. Je remplis toutes ces conditions, et j’ose ajouter que si vous aviez demandé un caractère aventureux et l’absence de scrupules, je vous aurais également satisfait.
Après un long silence durant lequel le candidat se sentit minutieusement observé par l’homme dont il ne pouvait voir les traits, l’employeur déclara :
– Je crois que vous ferez l’affaire.
– J’en suis sûr, fit le candidat. Et maintenant, Monsieur, à mon tour de vous faire quelques demandes, si vous le voulez bien, car toute entente est bilatérale, n’est-ce pas ? Et d’abord, quel sera le travail que vous songez à me confier ?
L’homme voilé se redressa et mit les mains dans ses poches.
– Je dirige, dit-il, un petit journal qui est surtout répandu parmi les domestiques de bonnes maisons. Ces gens-là sont aussi mes collaborateurs les plus assidus ; je reçois de la part de gentilles femmes de chambre françaises ou de sombres valets italiens de nombreuses lettres concernant les faits et gestes de leurs maîtres de la haute aristocratie anglaise. Or, je ne suis pas très doué pour les langues étrangères, et je regrette de ne pas être en mesure de saisir toutes les nuances de pensée des auteurs de ces lettres... J’ai donc besoin d’un homme discret qui lise ma correspondance étrangère, la traduise en anglais et me résume les plaintes de ces braves gens. Vous savez, continua-t-il en haussant les épaules, que l’homme n’est pas parfait, la femme un peu moins, et les personnes qui ont des domestiques, moins encore. Ces serviteurs ont donc très souvent d’intéressantes choses à conter sur leurs maîtres, et ce n’est pas toujours à l’honneur de ces derniers, ni bien beau... mais vous me comprenez, n’est-ce pas, mon ami... À propos, comment vous appelez-vous ?
L’étranger hésita.
– Poltavo, répondit-il enfin.
– Vous êtes... italien ou polonais ?
– Polonais.
– Eh bien, comme je vous le disais, mon journal tient à être au courant de tout ce qui se passe dans la haute société. Si les informations reçues peuvent être publiées, nous les imprimons, sinon... non. Mais, conclut-il en levant la main, dans ce dernier cas, il ne faudrait pas croire que ces informations ne sont bonnes qu’à être jetées au panier. Nous les conservons au contraire... pour notre propre divertissement.
Ces derniers mots, malgré la façon dégagée dont ils furent dits, ne trompèrent pas le nommé Poltavo.
Il y eut de nouveau un long silence.
– Où habitez-vous ? demanda enfin l’homme voilé.
– Au quatrième d’une petite maison à Bloomsbury.
– Bien ; depuis quand êtes-vous en Angleterre ?
– Depuis six mois.
– Pourquoi y êtes-vous venu ?
Poltavo haussa les épaules.
– Pourquoi ? insista l’homme voilé.
– Oh, à cause d’un léger désaccord survenu entre le chef de police de Saint-Sébastien et moi.
– Parfait. Si vous m’aviez dit autre chose, je ne vous aurais pas engagé.
– Pourquoi ?
– Parce que c’est la vérité. Votre désaccord avec ce policier était dû à une certaine somme d’argent qui avait disparu d’une chambre contiguë à la vôtre à votre hôtel. Et puis, l’impossibilité où vous étiez de payer votre note a aussi hâté votre départ.
– Voilà ce que j’appelle un directeur de journal bien renseigné ! s’écria Poltavo sans le moindre embarras.
– C’est mon métier, fit l’autre modestement. Appelez-moi M. Brown, s’il vous plaît, et s’il m’arrive de faire le sourd quand vous me donnerez ce nom, vous n’aurez qu’à vous souvenir que ce n’est pas le mien. Vous êtes bien l’homme qu’il me faut.
– Ce qui est surprenant, c’est que vous m’ayez découvert, dit Poltavo. La coupure de journal contenant l’annonce m’a été adressée par quelque ami inconnu...
– Cet ami inconnu, c’est moi. Vous voyez bien la situation ?
– Oui, je vois tout cela très bien... excepté peut-être le chiffre de mes mensualités.
... L’homme voilé indiqua une somme – assez généreuse – et parut satisfait de la voir acceptée sans surprise ni trop d’empressement.
– Vous me verrez très peu au bureau, dit-il encore. Si votre travail me satisfait et si je puis me fier à vous, je doublerai votre salaire ; mais si ça ne va pas, vous aurez à le regretter.
Il se leva.
– Je ne vous retiens plus. Venez demain matin. Voici les clefs du bureau et du coffre où je dépose toute la correspondance. Vous y découvrirez beaucoup de motifs de maudire la société et quelques-uns de me haïr moi-même. J’espère que vous vous adonnerez de tout cœur à ce travail.
– Vous pouvez être certain...
– Attendez, je n’ai pas fini. Je veux dire par là que vous n’aurez pas de temps à perdre en recherches sur ma véritable identité. Au moyen de quelques dispositions simples, mais que je ne prétends pas vous expliquer, je peux quitter ce bureau et l’immeuble sans être aperçu de personne. Quand vous aurez lu les lettres, veuillez traduire celles qui vous paraîtront de quelque intérêt et les remettre à un messager qui viendra tous les soirs à cinq heures. Votre salaire vous sera payé régulièrement et vous n’aurez rien d’autre à faire pour le journal.
Maintenant, ayez la bonté de passer dans l’autre pièce et d’y attendre un moment. Ensuite vous pourrez revenir et commencer tout de suite à dépouiller le dernier courrier.
Poltavo obéit et referma soigneusement la porte de communication. Il entendit presque aussitôt un léger clic... comme celui d’un commutateur électrique. Au bout de cinq minutes, il estima qu’il pouvait revenir au bureau directorial ; il y entra et vit du premier coup d’œil que son employeur avait disparu. Il y avait bien dans cette pièce une autre porte donnant accès direct au corridor, mais quelque chose disait à Poltavo que ce n’était pas par là que le directeur s’était éclipsé. Il examina soigneusement toute la pièce : il n’y avait pas d’autre issue. Derrière le fauteuil du maître du logis se trouvait une grande armoire pleine de livres et de fournitures de bureau. Tous les tiroirs étaient ouverts et, d’ailleurs, Poltavo pensait qu’un homme du genre de son chef n’avait pas coutume de laisser traîner des papiers compromettants. Il s’assit, roula une cigarette et attaqua la pile de lettres du dernier courrier.

-oOo-

Depuis six semaines M. Poltavo se livrait avec ardeur à ses nouvelles fonctions. Chaque vendredi matin, il trouvait sur la table une enveloppe contenant ses honoraires. Chaque jour, à cinq heures, un homme d’aspect rébarbatif venait prendre les traductions de la journée.
Le Polonais lisait attentivement chaque semaine le numéro de l ’Indiscret, mais il n’y avait encore pas trouvé grand’chose qui provînt de ses propres travaux. Évidemment, M. Brown se servait de son journal à d’autres fins que la publication de petits scandales plus ou moins inoffensifs, et Poltavo en apprit quelque chose lors d’une visite qu’il reçut inopinément une après-midi. Au coup frappé à la porte extérieure, il pressa le bouton électrique, placé sous sa table... Bientôt, on frappa à la porte du bureau même...
Ce fut une jeune femme qui parut sur le seuil. Elle paraiss

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