La Carte des anges
162 pages
Français

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Description

La Carte des anges est le troisième volet des aventures de Janet Danton. Après Avec ou sans toi et Yama, la voici plongée au cœur d'une enquête à la poursuite d'un tueur laissant derrière lui une carte de visite, celle d'un ange pas comme les autres... Janet va mettre toute son énergie à résoudre ce mystère, n'hésitant pas à mettre son équilibre personnel en danger...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 décembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342059090
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Carte des anges
Olivier Thérond
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Carte des anges
 
 
 
Ballotté, manipulé, automatisé, l’homme perd peu à peu la notion de son être.
Vaclav Havel
 
 
La colère est une courte folie.
Horace
 
1. Respectabilité
Ross-On-Wye, 1994
Comme souvent dans cette région d’Angleterre, le Herefordshire, le temps était venteux. Pas encore de pluie, juste de gros nuages sombres qui filaient dans le ciel. On aurait dit qu’ils cherchaient, chacun leur tour, à échapper à un danger invisible. Il habitait au nord de la ville de Ross-On-Wye, du nom de la rivière qui traversait la ville au cœur de la forêt de Dean, à l’écart du centre-ville parfois si bruyant. Aujourd’hui, Il n’avait pas le cœur à jouer. La maison était tristement vide. Il n’avait que douze ans mais s’était déjà forgé un moral à toute épreuve, il le fallait… pour survivre.
La maison était en fait un petit manoir au cœur d’un vaste parc entouré d’un bois immense source de bien des fantasmes pour le petit garçon qu’Il était. L’été, Il pouvait partir à l’aventure, jamais très loin de la maison et construire quelques cabanes dont Il se servait pour faire revivre les héros de ses romans préférés. Il avait lu Robin des Bois (et surtout vu tous les films le concernant) et se rêvait à ressembler à son héros. Il s’imaginait des adversaires à terrasser, une princesse à sauver. Il s’inventait une vie, Il s’inventait des sentiments. Parfois, en plein milieu d’un jeu, Il s’arrêtait net. Il avait du mal à reprendre son souffle. Il savait que ses combats qu’Il menait intrépidement contre ses ennemis invisibles n’étaient rien à côté de ceux qu’Il se sentait incapable d’affronter. En automne, période de forts coups de vents, comme ce jour-là, Il regardait les arbres se tordre sous la violence des rafales, Il observait les feuilles virevolter dans le ciel et tourbillonner, Il les perdait de vue se demandant où elles allaient atterrir. Le soir venu, Il se forçait à regarder par la fenêtre. La forêt n’était plus qu’une ombre fantomatique que le bruit sourd du vent dans les branches rendait véritablement effrayant pour le petit bonhomme qu’Il était. Il refermait les lourds rideaux en prenant soin de les attacher, seule manière pour lui de se protéger d’un quelconque danger. Il se glissait ensuite dans un grand lit, bien trop grand pour lui. Il remontait l’épaisse couverture et attendait d’être emporté par le sommeil. En attendant, Il frissonnait, le vent faisait l’effet d’un fantôme, le sol craquelait, Il avait peur, vraiment.
Son père, Aris, était journaliste. Il travaillait pour plusieurs journaux nationaux et partait très souvent en mission. Le petit garçon imaginait son père un peu comme un Robin des Bois moderne, affrontant mille dangers, se conduisant en héros. Il l’avait entendu parler de l’Afghanistan, de l’Inde, du Rwanda, des noms qu’Il associait volontiers au danger et au courage. Il avait besoin de s’imaginer son père en héros, il le connaissait finalement si peu…
Sa mère, Lucia, était pour lui une énigme. Il avait bien sûr remarqué la différence d’âge entre ses parents. Comment aurait – il put faire autrement d’ailleurs ? À l’école, Il devait subir les quolibets des autres enfants quand ses parents, les rares fois où ils participaient à une festivité, arrivaient toujours à distance respectable l’un de l’autre. Lui avait près de soixante-dix ans et elle, une petite quarantaine. Sa mère donc, avait toujours été très distante avec son fils. Le pauvre petit bonhomme ne pouvait en comprendre la raison, il ne le comprendrait que plus tard.
Son père donc, avait toujours été un baroudeur. Il connaissait quasiment toutes les parties du globe. Il avait couvert les conflits majeurs de la planète, ramenant, grâce à sa science de la photographie et son art du récit, des reportages qui faisaient très souvent la une des journaux de tous les bords politiques de Grande-Bretagne et du monde entier. Avec l’âge, il s’était peu à peu retiré des zones de combat pour se consacrer à une activité autrement plus lucrative : il donnait des conférences aux quatre coins du monde et ses interventions étaient toujours scrutées avec intérêt par tous ceux qui s’intéressaient à la chose journalistique. Il avait vite compris que cette activité lui permettrait à la fois de s’enrichir toujours plus et peut-être surtout de quitter ce manoir où il s’ennuyait à mourir.
Au cours d’un cocktail donné en son honneur, en 1980, il avait rencontré celle qui allait devenir sa femme. Plutôt que de parler de rencontre, il aurait peut-être plutôt fallu parler d’arrangement. En effet, un de ses amis qui dirigeait un journal local lui fit part de ses soucis. Son journal battait de l’aile et il ne donnait pas cher de ses chances de survie dans ce monde de requins tel qu’il le définissait lui-même. Il aurait donc vu d’un très bon œil l’union de sa fille, âgée de vingt-six ans avec cet homme respectable de cinquante-six ans. On ne plaisantait pas avec la respectabilité dans ce milieu. Elle se mesurait surtout par l’épaisseur du portefeuille et les bénéfices dont on pouvait s’attendre à empocher en cas de relation « réussie ».
Elle n’avait aucune envie de se marier pourtant elle n’en dit mot. Elle avait été éduquée ainsi, dans le respect des traditions. Quand le père parlait, on l’écoutait, quand il vous corrigeait, on l’acceptait, quand il décidait de vous marier, on s’inclinait. Toute sa vie, elle n’avait été considérée que comme une « chose ». Elle n’était pas vraiment belle : elle était grande, de beaux yeux marron pourtant et un nez proéminent qui serait son fardeau durant toute son adolescence. Elle n’avait jamais été autorisée à donner son avis. Elle se souvenait des repas pris avec son père et sa mère, aujourd’hui décédée, dans cette grande salle à manger où l’on entendait que les lapements des bouches aspirant la soupe que l’on servait immuablement chaque soir. Durant ces moments de véritable torture, elle se contentait de regarder son assiette. Parfois, elle osait un regard à chacun de ses parents assis à chaque bout de table. Ils ne se regardaient pas, ne se parlaient pas et tous attendaient que la servante débarrasse. Le repas était terminé quand le père, sans se soucier des désirs de sa femme ou de sa fille en intimait l’ordre en repliant méticuleusement sa serviette et envidant le fond de vin grand cru qui restait au fond dans son grand verre en cristal. Il se levait en faisant crisser les pieds de sa chaise sur le parquet fraîchement ciré.
Son futur mari, lui, ne connaissait pas ce genre de problème. Il était né de parents pauvres de l’East-End londonien. Son père était boucher, il passait son temps entre son échoppe et le bistrot du quartier minable où il exerçait. Il rentrait souvent saoul à la maison. Sa mère était couturière. Elle trimait toute la journée pour quelques pence de misère. Le soir venu, elle redoutait le retour de son époux car elle savait qu’à la moindre parole de travers, elle prendrait une raclée dont elle se souviendrait. Aris avait vite décidé de fuir cette ambiance bien glauque. Dès qu’il le put, il trouva des petits boulots et commença par vendre des journaux à la criée. Ainsi, il gravit un à un les échelons à force de travail et d’opportunisme pour devenir ce qu’il était maintenant : quelqu’un dont on écoutait un avis qui se voulait éclairé. La perspective d’un mariage le laissait insensible. Il n’y voyait cependant aucun inconvénient majeur ; en fait, avant cette proposition, il ne s’était vraiment jamais posé la question. Il estimait sa vie sexuelle bien remplie, d’ailleurs il n’était pas certain de ne pas avoir laissé sur le bord de la route quelques progénitures lors de ses périples à travers le monde. Il aimait aussi s’encanailler dans un club du coin, où, à coups de livres sterling, il pouvait s’offrir, à chaque fois qu’il le souhaitait, l’objet de ses fantasmes. En regardant Lucia, il se força pour ne pas réprimer une grimace mais se ressaisit très vite. En effet, elle pourrait lui servir pour maintenir le manoir dans un état acceptable, lui donner un éventuel héritier (sait-on jamais, il aurait peut-être un jour envie de l’approcher de plus près…) et surtout il acquerrait enfin une respectabilité qui lui faisait aujourd’hui un peu défaut.
Leur union fut scellée en grande pompe dans la plus belle église du coin. Il y avait plus de cinq cents invités, tous triés sur le volet. Ce fut, aux dires des invités présents ce jour-là, un mariage somptueux. En effet, chacun s’était empiffré de plats préparés par les meilleurs traiteurs et enivré de grands crus tous plus célèbres les uns que les autres.
Lucia comprit très vite que le mariage n’était en fait qu’une couverture pour Aris. Dès le lendemain du mariage, il s’envolait pour le Sénégal et ne revint qu’un mois plus tard. Elle s’ennuyait ferme dans cette grande demeure et ce n’est pas la présence du glacial Martin, le majordome qui pouvait l’occuper ; elle passait des journées entières à lire, à se promener dans le vaste jardin. Elle avait fini par connaître les moindres recoins du bois. Son mari ne lui donnait des nouvelles qu’en de rares occasions par téléphone. Lors d’un de ses retours, il fut pris d’un retour d’affection, prit sa femme dans les bras, commença à la caresser et c’est ainsi que leur fils fut conçu. Elle devait en garder un souvenir à la fois douloureux et honteux. Douloureux car il lui avait fallu, du moins au début se forcer. Honteux, car, pour la pre

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