LA CAGE - Elles n en sortiront pas indemnes - Lauréat du concours du 1er roman Auzou
243 pages
Français

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LA CAGE - Elles n'en sortiront pas indemnes - Lauréat du concours du 1er roman Auzou , livre ebook

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243 pages
Français

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Description

Eléa ouvre les yeux : ce lit n'est pas le sien. Autour d'elle, cinq autres femmes se réveillent. Une sixième ne se relèvera jamais. Avec horreur, elles réalisent qu'on les retient prisonnières dans cet appartement sans fenêtres. Les armoires sont pleines d'affaires qui viennent de chez elles. Deux trappes leur délivrent nourriture et boissons, ainsi que d'étranges cadeaux... À qui peuvent-elles se fier ? Elles savent qu'on les regarde. Le danger se fait plus présent. Car chacune le sent : il y a quelque chose en elles qui n'est pas normal... Quelque chose qui a changé

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 septembre 2022
Nombre de lectures 241
EAN13 9791039526807
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ici , la chanson chantée par Théo est Mr Cellophane , de la comédie musicale Chicago , 1975, Fred Ebb et John Kander. Ici , la chanson dont se rappelle Éléa est 1 000 moi-même , 2004, Déportivo.
© 2022, éditions Auzou 24-32, rue des Amandiers, 75020 Paris – France
Correction : Camille Lazare, Catherine Rigal Couverture : crédit photo © Josep Suria/Shutterstock, 2013 Maquette de la couverture © Berries & Paper
Tous droits réservés pour tous pays. Loi n o 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n o 2011-525 du 17 mai 2011.
EAN 9791039526807
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
T ABLE DES MATIÈRES
Page de titre
Page de copyright
Partie I
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Partie II
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Le Concours du Premier Roman Auzou
À propos de l'autrice
Remerciements
Ce roman est le lauréat 2022
du Concours du Premier Roman Auzou.
PARTIE I
CHAPITRE 1

J’ouvre les yeux.
Un plafond blanc, immaculé, lisse, sans la moindre imperfection. Neuf. D’ailleurs, l’odeur que je respire est celle du neuf. Ce n’est pas le plafond de ma chambre. Ce n’est pas l’odeur de ma chambre.
Ce n’est pas… ma chambre.
Je veux me lever. Un larsen me vrille aussitôt le crâne, m’immobilisant net. Je dois me contenter de tourner la tête : elle est lourde, comme lestée de plomb. Le fait de bouger active le reste de mon corps qui se trouve, tout à coup, parcouru de dizaines de picotements, comme autant de décharges électriques. Mes mains, mes bras, mes jambes se mettent à bouger tout seuls. Je tremble, la douleur s’intensifie. Je veux crier, je veux hurler, j’ai si mal, je ne peux pas, ma bouche est paralysée.
J’ai à peine le temps de comprendre que je vais mourir qu’une sirène retentit, puissante, assourdissante, inquiète. J’ai mal, Dieu que j’ai mal, aidez…
CHAPITRE 2

J’ouvre les yeux.
Le même plafond blanc, immaculé, lisse, sans la moindre imperfection. Le même plafond neuf.
La même odeur.
Alors je ne suis pas morte.
Je n’ose pas bouger. Je déglutis, j’humecte mes lèvres. Jusque-là, tout va bien.
J’essaye de ressentir le poids de mon corps, le contact de chacun de mes membres, de mes fesses, de mon dos avec le lit sur lequel je suis étendue. Je tente de bouger mes doigts, mes orteils ; j’y parviens sans difficulté.
J’avale encore un peu de salive et me risque à tourner la tête. Un léger étourdissement, cette fois. Je ferme les paupières quelques secondes, les rouvre. La sensation s’est estompée.
Mes yeux tombent sur une table de nuit épurée en bois blanc, sur laquelle repose une lampe de chevet allumée qui dispense une faible clarté. Juste derrière elle, un mur tout aussi immaculé que le plafond.
Une certitude enfle en moi, grandit, devient énorme et avec elle, quelque chose de plus grand encore, quelque chose de sauvage, affolé, incontrôlable : la panique. Ce n’est pas ma chambre.
Ce.
Ma poitrine se soulève de manière frénétique…
N’est.
… comme si la mécanique de mes poumons déraillait…
Pas.
… s’emballait au rythme de mon cœur…
Ma.
… qui cogne, qui cogne…
Chambre.
… à en faire mal.
Ce n’est pas ma chambre.
Hier, je me suis endormie chez moi, dans mon lit, en regardant comme chaque nuit les étoiles phosphorescentes que Nanou a collées au plafond, il y a de ça des années. Lorsque j’ai fermé les yeux, j’ai remonté comme d’habitude ma couette ornée de petites fleurs sur mes oreilles. À mes côtés dormait encore ma peluche, mon teddy-bear, vestige d’une enfance que je n’ai jamais pu me résoudre à remiser au placard. J’ai dormi d’un trait, d’un de ces sommeils pleins et opaques qui ne laissent aucune place aux songes.
Et je me réveille dans une chambre qui n’est pas la mienne, dans un lit qui n’est pas le mien, dans des draps qui ne sont pas les miens.
Je déglutis. Et remarque que mes doigts ont disparu dans mes poings, ces poings qui serrent le tissu sous lequel je suis encore à demi enfouie.
Lentement, je les ouvre. Lentement, je souffle. Lentement, je tente de calmer ma tempête intérieure. Et observe les lieux qui m’entourent : la salle dans laquelle je me trouve doit mesurer une soixantaine de mètres carrés. La superficie laisse la place à trois armoires, six autres lits et autant de tables de nuit éclairées de lampes de chevet. Au-dessus de l’unique porte de la pièce, une pendule numérique affiche quatorze heures quinze. Des murs blancs, un plafond lumineux diffusant un éclairage tamisé, un parquet flottant blond, des tableaux au mur représentant des formes abstraites dans des tons pastel, tout ici évoque un cadre apaisant, presque chaleureux.
Mais les apparences sont de toute évidence trompeuses : lorsque je parviens à concentrer mon attention sur un point fixe, je m’aperçois que les lits sont occupés.
Nouveau sursaut dans mon cœur.
Immobiles, six autres personnes sont étendues sous leur couette. Dorment-elles ? Sont-elles… mortes ?
— Hé, oh ! Réveillez-vous !
J’ai crié. Je me suis entendue dire ces mots. Pourtant, ma voix a sonné comme celle d’une étrangère à mes oreilles, à la fois trop aiguë et pas assez stable.
Les corps n’ont pas bougé. Ils n’ont même pas frémi.
— Hé ! Vous m’entendez ?
Aucun mouvement.
Je clos mes paupières, j’ai la tête qui tourne à nouveau, mes tempes pulsent comme si mon cœur avait quitté sa cage thoracique pour venir se loger dans mon crâne et le marteler à coups de burin.
Il faut que je me lève.
Je repousse les couvertures et m’assieds sur le bord du lit. Je porte une chemise de nuit longue, à bretelles. Blanche, elle aussi. Mes pieds sont nus. Je les pose par terre : la sensation de fraîcheur qui me gagne instantanément me fait du bien, m’ancre au sol, me raccroche au réel, au tangible.
Vais-je réussir à me mettre debout ?
Je me redresse, vacille, tente de me rattraper au matelas derrière moi. Trop tard : je chute à terre.
Surprise, j’essaye à nouveau de me remettre sur pied en m’agrippant au lit. Ce simple geste me demande un effort immense, impression que mes os sont écrasés par une gravité décuplée, mais je parviens à me relever.
Je fais un pas. Puis un autre. C’est curieux, cette sensation d’étrangeté ; comme si mon corps redécouvrait l’usage de la marche ; comme s’il avait oublié la faculté de se maintenir debout, en équilibre, et de se déplacer. Que… Que m’est-il arrivé ?
Les yeux braqués sur le lit le plus proche, je réussis à avancer malgré les tremblements dans mes jambes. En atteignant le couchage, je pose mes mains sur le drap et, incapable de lutter plus longtemps, m’effondre à genoux au niveau de la tête de lit.
Mes yeux se trouvent à la hauteur du visage d’une jeune fille qui, étendue sur le dos, semble dormir d’un sommeil apaisé. Ses cheveux blonds et courts s’étalent autour de sa figure pâle, évoquant une couronne d’épis balayés par le vent, tandis que sa poitrine se soulève imperceptiblement au rythme de sa respiration régulière.
Je ne sais pas quoi faire. Je jette un coup d’œil autour de moi, mais ne perçois toujours aucun mouvement en provenance des autres lits.
Je reporte mon attention sur la jeune femme devant moi :
— Je… Euh… Vous m’entendez ?
Aucune réaction.
Je répète ma question, un peu plus fort cette fois. Toujours aucun effet. Je pose une main sur son épaule et secoue, doucement d’abord, puis avec un peu plus d’énergie.
— Réveillez-vous… On est… On est… Je sais pas où on est…
Je secoue toujours, mais rien n’y fait. Ce n’est pas possible. Je dois être en train de rêver. Ce lieu que je ne connais pas, ces personnes que je n’ai jamais vues, qui sont… inanimées, ce ne peut être la réalité. Un cauchemar, je suis dans un horrible cauchemar.
Et je secoue, toujours, comme si je ne savais faire que ça, comme si ma vie en dépendait, comme s’il s’agissait de l’unique chose à faire, la seule envisageable. Sa tête est ballottée de droite à gauche, molle et comme désossée, mais ses paupières demeurent inertes.
— Hey ! Réveille-toi ! je crie.
Je m’appuie sur le rebord du matelas et, poussant sur mes bras, me remets debout. J’observe les lits alentour et les personnes allongées, et crie à nouveau :
— Réveillez-vous, tous ! S’il… S’il vous plaît… réveillez-vous…
Mon ton devient suppliant. Je ne veux pas être toute seule. Je ne peux pas. Qu’elles se réveillent, elles aussi, qu’elles partagent ma panique, mon angoisse. Et mon désespoir. Pourquoi suis-je la seule à avoir ouvert les yeux ?
Puis tout se passe très vite. J’aperçois un mouvement. Un geste vif et précis.
Soudain, je me retrouve la gorge entravée et le corps plaqué au mur. J’en ai le soufflé coupé. Cette main, qui s’enroule autour de ma trachée et qui serre, et ces pupilles noires et haineuses qui me fixent.
— T’es qui, toi ? Tu fous quoi ?
Elle a parlé en anglais, avec un fort accent américain.
Et sa voix est une lame. Froide et tranchante. Son regard me cisaille tout autant. Ils appartiennent à la jeune fille blonde qui reposait sur le lit, les paupières closes, quelques secondes plus tôt.
La main serre un peu plus.
— Alors ? T’attends quoi pour répondre, bordel ? T’es qui ? On est où ? Un foyer de merde, c’est ça ? Tu pensais pouvoir me dépouiller pendant que je dors ?
Elle ricane avant d’ajouter :
— 

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