La CACHE
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Description

José Lamothe Nunes, agent infiltré au sein des Devil One sous la tutelle du SD Réjean Ducharme, apprend à la suite de nombreuses péripéties l’existence d’une banque où le club de motards, trafiquants de drogue avec les Dominicains, cache ses millions de dollars. À la suite de plusieurs bévues du chef des motards décédé mystérieusement, José décide avec sa blonde Caroline, lors d’un voyage en République dominicaine, de convaincre un couple d’amis de voler cet argent. Bien que José ait réussi de justesse à échapper à la mort, le projet est un succès et il retrouve ses amis qui se sont enfuis en Europe. Il s’ensuit une poursuite des quatre voleurs par Léo Trentadue, membre des Devil One, qui se culminera par une fin tragique et le retour du groupe trois ans plus tard à Montréal. José recycle son argent dans une boite de nuit de renommée internationale qui fera l’objet de convoitise par le chef de la mafia dont la conséquence sera dramatique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782898310447
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sentence de l’homme fort :
Ne demande jamais !
À quoi bon gémir !
Prends, je t’en prie, prends toujours !
Le gai savoir P.30 Friedrich Nietzsche (1849-1900) Traduction Die Frolich Wissenshaft (La Goya Scienza) (édition 1887) par Henri Albert (1869-1921) É dition électronique (e-pub) V. : 1,0 : Les Échos du Maquis, 2011.


1
LA PERQUISITION
5 h. Il fait encore nuit. En file indienne, d’un mouvement lent et silencieux, dix policiers armés de fusils d’assaut et d’une masse pour défoncer la porte empruntent le corridor d’un immeuble de la rue Ontario pour se diriger vers le troisième étage. Ils portent gilets pare-balles, genouillères, casques et masques protecteurs. De vrais gladiateurs. Aucun bruit ne leur parvient de l’appartement 5 devant lequel ils se sont arrêtés. Le silence est palpable. La caméra miniature glissée sous la porte ne détecte pas le moindre mouvement. Le sergent-détective Ducharme, qui dirige l’opération, opte pour le crochetage de la porte, plus discret que le défoncement. Il glisse son couteau de chasse entre la porte et le cadre et réussit à soulever la lourde barre de sécurité qui bloque la porte de l’intérieur. Tels des chats, les policiers pénètrent dans l’appartement et se placent devant chacune des trois portes. La concentration est maximale, la tension extrême. Au signal, avec la rapidité de l’éclair, ils pénètrent dans les trois pièces. Jean Latendresse et Léo Trentadue sont brutalement réveillés par les armes à feu braquées sur leurs têtes et placés en état d’arrestation. Motifs et droits donnés. Tandis que des policiers les menottent aux chaises de la cuisine, les faisant sortir sans ménagement de l’épais brouillard de leur courte nuit, d’autres fouillent l’appartement. Avec un tel attirail, il est rare qu’une perquisition se déroule de façon aussi ouatée. Aucun locataire n’a été réveillé par le coup de filet à l’appartement 5 de l’immeuble de la rue Ontario. La même paix règne sur le quartier tant au départ des policiers qu’à leur arrivée. Les voisins, bandits comme bonnes gens, dorment du sommeil du juste. C’est à partir de ce jour que le sergent-détective hérite du surnom de Minou de la part de ses collègues.
Après l’arrestation des deux membres des Devil One, une enquête relative à leur remise en liberté provisoire se tient devant un juge au palais de justice de Montréal. La preuve de Me Biko, du bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), repose sur le témoignage du sergent-détective Réjean Ducharme selon lequel une taupe infiltrée dans le groupe de motards a transmis à la police des informations grâce auxquelles un mandat de perquisition a pu être obtenu. Le sergent-détective dépose devant la cour une pile de documents attestant que les deux détenus sont des membres en règle des Devil One. En contre-interrogatoire, les deux avocats de la défense, Mes Leblanc et Lenoir, s’échinent à identifier la source anonyme. Sans succès. La poursuite veille au grain.
La salle d’audience est pratiquement vide : quelques curieux assis là par hasard, des vieillards venus se désennuyer, des journalistes judiciaires affectés au dossier des motards. Dominant la salle de sa hauteur, le juge semble ennuyé par le débat, les dossiers auraient pu être négociés entre les parties se dit-il, contrarié de perdre une belle journée de golf. Mais il n’en est rien, l’affaire est âprement contestée.
L’interrogatoire du sergent-détective par Me Biko terminé, le juge autorise la défense à entamer son contre-interrogatoire. Me Leblanc, la cinquantaine bedonnante, la bouche humide, oscillant en un léger déséquilibre, se lance :
— Vous affirmez dans votre rapport, sergent-détective Ducharme, qu’une taupe a infiltré le groupe des Devil One. Pourriez-vous préciser son identité ? Me Biko s’objecte à l’illégalité de la question :
— OOOBJECCCTTIOOON !!!
Le juge, foudroyé par le hurlement de Me Biko, maintient l’objection dans un réflexe de protection personnelle contre le niveau élevé de décibels. Tout en replaçant ses lunettes, que la puissance sonore de l’objection a soufflées en oblique sur son front, il se dit que Me Biko a dû avoir raison de crier aussi fort.
— Objection maintenue ! Me Leblanc, votre question est illégale.
Écarlate, Me Leblanc, que les vibrations du cri ont aussi déstabilisé, se ressaisit péniblement pour tenter de poser une deuxième question.
— D’accord, Monsieur le Juge, je repose ma question. Sans la nommer… n’est-il pas exact que cette personne était connue des services policiers avant le début de l’enquête ?
Me Biko, sur un ton condescendant, s’objecte à cette deuxième question :
— Comme vous le savez certainement, Monsieur le Juge, ainsi que devrait le savoir mon éminent confrère, bien que la question ne porte pas directement sur l’identification de la source, l’information demandée pourrait y conduire.
— Bon d’accord, Monsieur le juge, rétorque Me Leblanc. Sans identifier formellement la source, pourriez-vous au moins nous dire, SD Ducharme, si cette personne est un policier ou un civil ?
Me Biko, prêt à bondir du bout de son siège, hurle une nouvelle objection :
— Ooooon ne peut pas faire indirectement ce qui est interdiiiiit directemeeeeent.
Le juge, encore une fois assommé par l’objection, voit son porte-plume propulsé sur son rabat et y imprimer une grosse tache d’encre noire. Furieux, la joue tressaillant, la peau du cou ondulant comme une vague, le juge jette un regard mauvais vers la défense.
— Pas très subtil ! Objection maintenue ! Me Leblanc, vous vous tortillez comme une anguille autour d’une question que vous savez illégale. Je vous recommande de modifier votre ligne de question ou de mettre fin à votre contre-interrogatoire.
Les deux avocats de la défense constatent leur échec à obtenir l’identification de la taupe, mais tentent un ultime effort de convaincre le magistrat de remettre leurs clients en liberté. Après avoir entendu les parties, celui-ci rend sa décision séance tenante :
— Jean Latendresse, vendeur de motocyclettes chez Harley-Davidson, est remis en liberté parce qu’il est père de famille, a un emploi stable et est sans dossier judiciaire. Quant à Léo Trentadue, technicien en électronique spécialisé dans les coffres-forts dans un commerce de serrurerie, il demeure détenu malgré son emploi stable en raison de ses nombreux antécédents judiciaires et parce qu’une arme à feu a été trouvée près du lit qu’il occupait lors de la perquisition.
Le chef des Devil One est frustré, enragé, humilié. Il ne décolère plus depuis la perquisition. L’organisation est en danger, son image est ternie, il a l’air d’un faible. Son autorité peut être remise en question à tout moment. Bien qu’il soit respecté de tous, son pouvoir n’est pas éternel. On ne rétrograde pas un chef, on l’élimine.
Un rendez-vous est fixé au bureau de Me Leblanc avec Me Lenoir et le chef des Devil One. Comme d’habitude, la rencontre est cordiale. Les trois hommes se serrent la main, se tapotent l’épaule puis se carrent dans de grands fauteuils en cuir. Le chef des Devil One prend la parole. Il se plaint, s’épanche dans un laisser-aller proche de l’effondrement.
— L’esprit de corps a disparu, y’a plus de valeur, tabarnak, c’est du chacun pour soi ! Il faudrait une police en arrière de chaque ostie d’membre pour être certain de pas être trahi.
Il est outré par les méthodes malhonnêtes de la police qui infiltre son milieu.
— J’infiltre-tu la police, moé ?
Des valeurs, il en a encore, lui. Il respecte les règles du jeu. Son effusion dévoile toute la douleur que peut engendrer la violence de l’injustice. Les deux avocats se lancent dans un discours réconfortant, lui rappellent ses bons coups, son leadership mesuré, la façon dont il a su asseoir son autorité sur le groupe avec un minimum de violence. Jamais il n’y a eu de morts gratuites depuis qu’il est chef. Dans sa grande sagesse et son esprit de justice, les morts sont toujours justifiées et, surtout, l’argent entre à pleine porte.
Suit la question à cent mille dollars :
— Avez-vous réussi à trouver l’identité de l’informateur ?
Blanc comme un drap, les yeux exorbités, Me Leblanc se terre dans le silence. Le regard tourné vers l’extérieur, il attend la réponse de son confrère. Me Lenoir se lance dans une explication d’une extrême complexité juridique et d’une durée infinie. S’échappe de sa bouche un vomi de phrases incompréhensibles, truffées de latinismes et de contradictions servies dans une logique circulaire incrustée de quelques phrases de rap. Malgré l’extraordinaire emballage, la réponse est négative et le chef réagit violemment.
— Ben tabarnak ! Avec toute l’argent que j’vous donne, vous êtes même pas capables de poser la bonne question ! Êtes-vous des diplômés de l’UQAM en droit social, ostie ? Cé pas compliqué c’te question-là, cé qui le criss d’informateur ? Ducharme a témoigné. Pourquoi vous lui avez pas demandé, câlisse ?
Manifestement, le chef n’a rien compris de la réponse qu’on lui a servie. Bien que l’on doive porter à son crédit que la réponse était incompréhensible pour un esprit normalement constitué. La perversité de l’esprit n’est pas une barrière à la rationalité. Me Lenoir reprend de plus belle son discours, en insistant cette fois sur les tentatives répétées de son confrère de découvrir l’identité de la taupe et du rôle du juge qui, à plusieurs reprises, a rejeté la question. Déçu, mais calmé, le chef tire de la poche intérieure de son veston une enveloppe qu’il dépose sur la table basse devant les avocats. Les trois hommes se lèvent, se serrent la main et retournent à leurs activités.
Me Lenoir prend immédiatement la direction des archives du palais de justice. Il veut consulter le dossier de son client Latendresse et celui de la demande du mandat de perquisition. Mais il a beau en faire une lecture exhaustive, retourner, analyser et croiser dans to

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