L Origine du sexe
129 pages
Français

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Description

Dans un Paris sombre et gris, un meurtre va rapprocher deux univers que tout sépare. Le corps de Daphné Jenken, grande bourgeoise de l’Ouest parisien et épouse modèle d’un éminent chirurgien spécialiste des greffes, est retrouvé sans vie dans un hôtel miteux du 18e arrondissement. Déterminée à découvrir la vérité sur sa mort, sa sœur s’attache les services d’un ancien policier devenu journaliste. Qui pouvait bien en vouloir à cette jeune femme bien sous tout rapport ? Qui est le mystérieux Somaly dont le nom surgit de nulle part ? Et que cache l’énigmatique professeur Cassan ?Aux côtés de la capitaine de police chargée de l’enquête, ils vont peu à peu mettre au jour une réalité effrayante. Daphné Jenken ne menait pas une vie aussi lisse qu’on pouvait le croire…Au croisement de la science-fiction et du roman policier, Laura Sadowski retrouve la veine de la littérature gothique et revisite le mythe de Frankenstein.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 avril 2009
Nombre de lectures 11
EAN13 9782738195340
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, AVRIL 2009
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9534-0
ISSN : 1952-2126
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Karine
1
L’enveloppe

La première enveloppe arriva par la poste. C’était une enveloppe grossièrement cachetée et surchargée de timbres.
Diane la tint longtemps entre ses mains avec le reste du courrier, allant çà et là dans le vaste appartement, retirant ses chaussures et ses mi-bas, ouvrant les rideaux et les volets pour laisser entrer les derniers rayons du soleil d’automne, se réchauffant un bol de lait au micro-ondes. Elle s’assit enfin dans le canapé avec son lait fumant. Puis elle décacheta l’enveloppe.
Celle-ci contenait un jeu de photographies, une quinzaine environ, accompagné d’un bristol plus gris que blanc, taché et écorné, et sur lequel étaient écrits ces mots : « Voici comme convenu la première livraison, P. P. »
Elle fronça les sourcils, but une gorgée brûlante de son lait en regardant dans le vide et dit à voix haute :
– Pépé ?… Connais pas !
Puis son visage s’éclaira brusquement :
– Mais oui, bien sûr ! Enfin les voilà ! C’est pas trop tôt.
Elle examina les photographies : elles étaient si mal prises, si mal cadrées et parfois si floues qu’elle eut du mal à reconnaître sa sœur.
Celle-ci avait été capturée à différents moments de la journée, souvent seule, quelquefois accompagnée de connaissances communes dans des endroits de Paris que Diane identifiait. Il n’y avait rien dans ces clichés de particulier, rien d’insolite ou de singulier, rien même de plaisant ou d’amusant, juste des prises de vue maladroites, sans charme et sans intérêt.
Elle fronça de nouveau les sourcils et, perdue dans ses pensées, but à petites gorgées son lait devenu tiède. « Bizarre, vraiment, se dit-elle. Pourquoi m’envoyer ce genre de photographies ? Ce n’est pas ce que j’avais demandé. »
Quand le téléphone sonna.
C’était un coup de fil qu’elle avait attendu toute la journée, de sorte que, toute à sa conversation, elle déposa sans y prêter garde l’enveloppe et les photographies dans le tiroir de son bureau qu’elle referma machinalement, et les oublia.
 
Une deuxième enveloppe lui parvint quelque temps après. Elle avait le même aspect grossier et peu soigné que la première. Cependant, les photographies étaient différentes : sa sœur avait été prise cette fois de façon plus nette et plus personnelle.
On la voyait seule au volant de sa voiture ou attablée à l’intérieur d’un grand café, des clichés nocturnes pour la plupart ; elle y avait les traits tirés, le regard fixe et fiévreux, une expression étrange que Diane ne lui connaissait pas.
Les trois dernières photographies, prises vraisemblablement au téléobjectif depuis un immeuble situé en face de l’appartement de sa sœur, à la Muette, la montraient dans sa chambre, assise en tailleur sur son lit, penchée sur un plan de la ville, une bouteille de gin largement entamée devant elle. Ce qui étonna Diane, c’était la façon dont sa sœur était habillée : ses tenues étaient pour la plupart provocantes, vulgaires même, une vulgarité accentuée par un maquillage outrancier.
« Ce n’est pas elle » fut la première pensée de Diane, ce ne peut pas être elle. C’est une mauvaise plaisanterie. Elle lut sur le bristol qui accompagnait l’envoi : « Comme convenu, voici la deuxième livraison. Cordialement, P. P. »
Le soir même, Diane décida de rendre visite à sa sœur sans s’annoncer. Elle la trouva donnant un dîner pour des relations de son mari. Celle-ci fut surprise mais néanmoins ravie.
– Diane ! Comme je suis heureuse de te voir ! Je te croyais à Amsterdam.
– Je suis rentrée tout à l’heure.
– Et tu viens m’embrasser aussitôt ? Tu es la seule à m’aimer ainsi, tu sais ça ?
Elle l’entraîna dans la grande salle de réception et l’obligea à prendre place au milieu des convives. On était à l’entrée. Elle lui fit apporter un couvert et lui servit elle-même un verre de vin. Elle était comme à son habitude aimable et souriante, mondaine et attentive à chacun.
Diane eut beau l’observer durant le repas et profiter de la moindre occasion pour lui parler, elle ne trouva rien en elle qui corresponde aux expressions singulières des mystérieux clichés. Une plus grande pâleur peut-être, des cernes plus prononcés, mais sa jeune sœur avait toujours été d’une nature délicate. Une surexcitation dans son humeur aussi, une espèce de fébrilité dans ses gestes et dans le débit de sa voix, mais la soirée était arrosée et les mets épicés.
Un détail cependant : Diane surprit un regard de sa sœur posé sur son mari qui était placé face à elle, en bout de table. On aurait dit qu’elle observait un étranger dont elle aurait cherché à démêler les sentiments qu’il lui inspirait. Puis elle eut un frisson qui lui fit relever son étole sur ses épaules et baisser les yeux.
Diane quitta la soirée plus tôt que les autres invités. Il était tard, elle était fatiguée. Elle serra sa sœur dans ses bras :
– Si tu avais des ennuis, tu me le dirais, n’est-ce pas ?
– Bien sûr, voyons !
– Tout va bien alors ?
– À part un léger mal de crâne parce que j’ai bu trop de champagne, tout va bien, je t’assure.
– Mets un gant frais sur ton front en te couchant, ça te soulagera.
Et, comme pour anticiper la sensation de bien-être qu’allait ressentir sa sœur, Diane posa une main ouverte sur son front. Il était brûlant.
– Mais tu as de la fièvre !
Sa sœur fit une moue agacée :
– Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! (Elle eut un coup de menton en direction de son époux.) J’ai déjà mon docteur Mabuse, merci !
Elles éclatèrent de rire tout en se jetant dans les bras l’une de l’autre.
Diane ne vit pas alors la nécessité de la questionner sur les photographies qu’elle avait reçues.
Revenue chez elle, elle les rangea dans la corbeille des papiers à trier sans y penser davantage.
 
Le troisième paquet ne lui fut pas envoyé par la poste, mais déposé à son domicile. En effet, un soir que Diane rentrait d’un de ses voyages d’affaires, le coin de sa porte buta contre un objet qui se trouvait derrière. Elle découvrit une enveloppe identique aux précédentes, moins épaisse cependant et mieux cachetée.
Elle demeura un long moment perplexe : comment avait-on fait pour pénétrer chez elle ? Comment était-on parvenu à ouvrir la porte blindée sans l’endommager ou sans déclencher l’alarme ?
Elle vérifia les serrures. Rien, pas une fracture, pas une bosse, pas même une éraflure… Mais pourquoi s’était-on introduit dans l’appartement alors que les boîtes aux lettres de l’immeuble sont bien visibles dans le grand hall ? Et qu’il y a la loge de la concierge ?…
– La concierge ! s’écria Diane. Elle doit savoir quelque chose.
Elle jeta sa valise et son attaché-case à l’intérieur de l’appartement, tira la porte et dévala le grand escalier haussmannien.
Diane ne se rendit compte de l’heure tardive que lorsque Mme Mercier écarta le rideau à carreaux de la porte vitrée de sa loge : c’était sa manière à elle de signifier aux résidents que contrairement aux siècles passés une gardienne n’a pas à se tenir à la disposition de tous 24 heures sur 24, qu’elle a, elle aussi, le droit d’avoir une vie privée.
Elle ouvrit pourtant avec un visage avenant : Mlle Jenken était celle qui lui donnait le plus d’étrennes en fin d’année.
Diane la salua brièvement, omit de s’excuser et la questionna brusquement.
– Madame Jenken, j’ai rien déposé chez vous. Pas de paquet, pas d’enveloppe. Non, non, le facteur ne m’a rien donné de spécial pour vous cette semaine… Non, j’ai ouvert à personne pendant votre absence et personne ne m’a demandé d’ouvrir votre porte… J’ai vu personne de bizarre dans l’immeuble et aucun résident ne m’a signalé quelque chose d’anormal… Non, madame Jenken…
Il y avait un arrière-fond par-dessus les épaules de la concierge que Diane prit soin d’ignorer : elle et sa famille étaient à table et leur télévision criait à tue-tête la météo du soir.
– Non madame, c’est lundi que je fais le ménage chez vous. Le jeudi, c’est chez Mme Gauthier… Oui, c’est sûr que vos clés sont ici, si vous voulez je vais vérifier au tableau…
– Ce serait aimable à vous, madame Mercier, c’est que j’ai découvert dans mon couloir une enveloppe et j’ignore comment on a pu l’y déposer.
La gardienne se raidit et fronça les sourcils : non, le regard de Mlle Jenken n’était pas soupçonneux à son égard. Avec un large sourire obligeant, elle rentra dans sa loge en laissant la porte entrebâillée.
Devant la télévision braillarde, M. Mercier épluchait placidement une poire tandis que ses deux fils se tortillaient sur leurs chaises en se chamaillant. Un gros chat gris tigré accroupi sur le coin de la table tentait de lécher ce qui était vraisemblablement l’assiette de Mme Mercier. De temps à autre, la voix forte de M. Mercier grognait quelques mots entre ses dents, ce qui provoquait une timide retraite du matou et une interruption momentanée des cris de ses fils.
Tout autour d’eux s’éparpillait un bric-à-brac clinquant composé de vases, de napperons, de cadres ; une Vierge de la rue du Bac, surmontait l’écharpe du PSG ; à droite, au-dessus du tableau de bord de la minuterie et des sonnettes de l’immeuble, s’étalait une collection de cartes postales envoyées par les résidents en voyage à leur concierge vigilante.
Diane reconnut celle qu’elle lui avait adressée d

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