L ombre du funambule - Coup de coeur du jury du Prix du suspense psychologique 2021
178 pages
Français

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L'ombre du funambule - Coup de coeur du jury du Prix du suspense psychologique 2021 , livre ebook

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178 pages
Français

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Description

Stéphane Schmucker L’Ombre du funambule Thriller Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com   Copyright © PRISMA MÉDIA / 2021 Tous droits réservés ISBN : 978-2-8195-06584 LE FUNAMBULE Je te vois sans vie, morte. J’ai commis l’irréparable, l’impardonnable. Ton visage, si jeune, tes yeux bleus me hantent. Je t’ai tuée. Il faut que tout se finisse. Aucune dignité possible. La suite inéluctable. Je suis une âme morte depuis des années, mon geste sera juste une continuité. Chapitre 1 8 juin 2018, quelque part en Alsace C’était en ressortant du grenier ce matin-là qu’elle avait pris la décision d’appeler tout de suite, de composer les dix chiffres inscrits sur ce carnet pour enfin avouer la vérité. La vérité sur ce qui était arrivé à la petite fille, huit ans plus tôt. La vérité sur son crime aussi. La vérité sur le sang qu’elle avait sur les mains. Un aveu qui lui permettrait de se libérer du poids de toutes ces années de silence.   Elle fut éblouie par les quelques rayons de soleil qui pénétraient dans la pièce au travers des stores à moitié tirés, signe qu’elle était restée un peu trop longtemps à l’étage. Une sonnerie, puis une deuxième. Quelqu’un, à l’autre bout du fil, décrocha. — Oui, allô ? — Pourrais-je parler à Justine Streiner, s’il vous plaît ?

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Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782819506584
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Stéphane Schmucker
L’Ombre du funambule
Thriller
Éditions Les Nouveaux Auteurs
16, rue d’Orchampt 75018 Paris
www.lesnouveauxauteurs.com
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex
www.editions-prisma.com
 
Copyright © PRISMA MÉDIA / 2021 Tous droits réservés
ISBN : 978-2-8195-06584
LE FUNAMBULE

Je te vois sans vie, morte. J’ai commis l’irréparable, l’impardonnable.
Ton visage, si jeune, tes yeux bleus me hantent. Je t’ai tuée.
Il faut que tout se finisse. Aucune dignité possible. La suite inéluctable.
Je suis une âme morte depuis des années, mon geste sera juste une continuité.
Chapitre 1
8 juin 2018, quelque part en Alsace

C’était en ressortant du grenier ce matin-là qu’elle avait pris la décision d’appeler tout de suite, de composer les dix chiffres inscrits sur ce carnet pour enfin avouer la vérité. La vérité sur ce qui était arrivé à la petite fille, huit ans plus tôt. La vérité sur son crime aussi. La vérité sur le sang qu’elle avait sur les mains. Un aveu qui lui permettrait de se libérer du poids de toutes ces années de silence.
 
Elle fut éblouie par les quelques rayons de soleil qui pénétraient dans la pièce au travers des stores à moitié tirés, signe qu’elle était restée un peu trop longtemps à l’étage.
Une sonnerie, puis une deuxième. Quelqu’un, à l’autre bout du fil, décrocha.
— Oui, allô ?
— Pourrais-je parler à Justine Streiner, s’il vous plaît ?
— C’est… moi-même…
— … 
 
Puis des sanglots…
Chapitre 2
17 juin 2018, La Madeleine / Joachim (35 ans)

— Comment t’as pu faire ça ? T’es irresponsable, tout est de ta faute ! T’es qu’une merde ! Jo, c’est à cause de toi qu’elle est morte !
Dring, Driiiiing .
Ce furent plusieurs coups de sonnette au milieu de l’après-midi qui me firent reprendre mes esprits et sortir de mes divagations. Cela faisait presque sept heures maintenant que j’étais allongé sur mon clic-clac face à ma télévision à broyer des idées noires. J’avais mis quelques secondes à réaliser que l’on avait sonné. Je n’essayai, cependant, même pas de me lever et de parcourir les deux mètres qui me séparaient de l’interphone pour questionner mon visiteur. Mon tee-shirt légèrement moite me fit m’interroger sur l’utilité d’ouvrir l’unique fenêtre de la pièce afin de diminuer la chaleur étouffante qui régnait dans cet espace confiné de douze mètres carrés.
Mon appartement, ou plutôt ma chambre de bonne, était situé sous les toits, au cinquième étage sans ascenseur, d’un immeuble en briques longeant le grand boulevard qui rejoignait la métropole lilloise. À cette heure de l’après-midi, le trafic y était très dense, mais mon logement donnait sur l’arrière, avec une vue imprenable sur un immense mur délimitant la cour intérieure réservée aux habitants de la copropriété. Bien que d’une surface très limitée, l’appartement disposait d’une douche, dans un coin, et d’un petit bureau surmonté d’une étagère dans laquelle s’alignaient quelques-uns de mes livres de biologie humaine et de biochimie calés entre des piles d’articles scientifiques.
 
J’avais trouvé ce pied-à-terre six ans plus tôt, fin 2012, en recherchant un logement situé à La Madeleine, à moins de 400 euros tout compris sur leboncoin . Loyer modique qui s’expliquait surtout parce que les toilettes siégeaient au bout du couloir et qu’il fallait partager le trône avec les deux autres locataires du cinquième. À l’époque, je vivais dans l’est de la France et ma vie venait de s’écrouler. Bien qu’en dépression chronique, j’avais décroché un nouveau poste à la faculté de Lille 2. C’était la raison pour laquelle j’avais pris contact avec Béatrice et Gérard, les propriétaires, afin de signer le contrat de location sans même avoir visité l’appartement. Les deux quinquagénaires avaient plutôt l’habitude de louer à des étudiants infirmiers ou en BTS du lycée au coin de l’avenue de la République. Ils furent donc surpris de voir arriver un homme à l’air un peu trop fatigué pour ses 29 ans. La discussion avait été cordiale et intéressante. En effet, nous nous étions découvert quelques passions communes pour le football, la pétanque et les grandes découvertes scientifiques. Ce fut après une conversation autour de la révolution CRISPR-Cas9 et de ses perspectives pour les nouvelles thérapies par modifications génétiques que nous avions signé le bail. Un bail renouvelé depuis bientôt six ans.
 
Des pas résonnèrent dans le vieil escalier principal, suivis du grincement caractéristique des marches au niveau du quatrième étage. Le nombre de pas indiquait la présence d’au moins trois personnes en train de gravir les étages. Le son s’amplifiait. Je compris que les visiteurs avançaient dans le couloir reculé qui menait jusqu’à ma chambre. On tambourina à la porte. Celle-ci menaça presque de se dégonder sous les impacts. Je tentai de ne pas faire le moindre bruit afin de feindre mon absence.
La voix de l’un de ces visiteurs s’éleva, d’un ton autoritaire. Les mots que j’entendis alors ne me laissèrent d’autre choix que celui d’ouvrir ma porte :
— Monsieur Streiner ? Je suis le lieutenant Breuil. Police judiciaire de Strasbourg. J’aurais des questions à vous poser… C’est très important, il s’agit… d’une affaire d’homicide.
LE FUNAMBULE

Je ne perçois plus le vide, je n’ai plus la notion du temps.
De cette existence insipide, je retiens qu’elle fut belle un instant.
Je regrette le temps d’avant, le temps perdu et ce temps qui passe.
Il est trop tard et chaque jour, il file davantage entre mes doigts.
Chapitre 3
8 juin 2018, Illkirch-Graffenstaden / Justine (36 ans)

Elle venait à peine de raccrocher. L’appel qu’elle avait reçu ce matin-là aurait pu la terrasser et lui faire perdre pied, mais il n’en fut rien. Ses yeux étaient maintenant emplis d’une détermination et d’un éclat qui n’avaient plus lui depuis tant d’années. Un goût de vengeance semblait parfumer ses lèvres. Une saveur presque réconfortante, qu’elle se sentit coupable d’éprouver.
Brusquement, elle eut l’impression que le plancher se dérobait sous elle. Elle se rattrapa au buffet et comprit qu’elle avait fait une petite chute de tension. Un tel flot d’émotions était difficile à gérer. Elle se hâta vers la cuisine et se remplit un verre d’eau au robinet. Quelques assiettes sales et verres à vin non rincés remplissaient l’évier. Cela lui paraissait bien futile à présent. Elle s’en était irritée quelques minutes plus tôt, après un réveil difficile. Elle n’aurait pas dû en faire une scène, se mettre hors d’elle et proférer tant de reproches pour si peu. Maintenant ce problème pouvait largement attendre et devenait complètement secondaire. Presque tout devenait secondaire. Ses priorités étaient redéfinies, depuis ce coup de téléphone.
Elle avala son verre d’eau d’une traite, puis se laissa glisser sur le sol carrelé de sa cuisine, adossée à son frigo, faisant tomber au passage quelques aimants ternis par la lumière, souvenirs de vacances passées en famille en Espagne, en Russie ou en Italie. Elle se surprit à penser à son mari. Un souvenir heureux pour la première fois depuis longtemps. Elle prit une minute pour réfléchir à ce qu’elle devait faire maintenant.
 
Auparavant, en début de matinée, elle avait sorti son tas de copies et avait entamé leur correction. À une époque où étaient mis en avant le développement de la pédagogie inversée et l’utilisation du tout numérique, elle restait une enseignante relativement conservatrice, à l’ancienne, qui préférait l’échange direct avec les élèves et la proximité. Dans une matière qui traitait du monde vivant et de la nature, il lui semblait que tout ne pouvait pas se ressentir au travers d’un écran. Ainsi, la fastidieuse corvée d’évaluation des compétences et de relecture des devoirs des élèves demeurait toujours d’actualité. Elle en recensait régulièrement les coquilles qui la faisaient sourire. Un peu plus tôt, elle avait noté dans son recueil de perles d’élèves : le système nerveux hôtonome , ou encore Selon Lindsay . Cet étudiant avait sans doute plus de chances de mettre un jour les pieds chez Lindsay des Princes de l’amour ou de la Villa des cœurs brisés qu’à l’INSEE. Elle avait fait diminuer sa pile de copies de moitié, laissant un reste d’environ dix-huit interrogations à barioler d’encre rouge, quand la sonnerie du téléphone, version électro d’une symphonie de Beethoven, avait retenti. Enfin, grâce à cet appel, elle savait.
Elle avait obtenu des informations sur la disparition de sa fille, sur son enlèvement huit ans plus tôt. Elle savait surtout qui l’avait enlevée. Les pièces d’un puzzle morbide commençaient à se mettre en place. Elle avait appris que du sang avait coulé et qu’il faudrait vivre avec cette mort ancrée dans son esprit. S’habituer à l’image d’un cadavre que l’on voit même lorsqu’on ferme les yeux. Comme un tatouage indélébile sous les paupières. Il était temps de réparer cette injustice et de soulager sa peine. On lui avait volé une vie, il était normal que le coupable en perde la sienne.
C’était le bruit de verre brisé qui la sortit de ses pensées macabres. Dans sa rage contenue, le verre qu’elle tenait encore dans sa main s’était brisé en cognant sur le sol. Un mince filet de sang s’était dessiné à l’intérieur de sa paume droite et quelques gouttes rougeâtres imprégnaient déjà les bris de verre qui jonchaient le carrelage blanc de sa cuisine. Après avoir superficiellement désinfecté sa plaie, et l’avoir recouverte d’une compresse de gaze, elle ramassa rapidement les plus gros morceaux de verre. Elle était plus résolue et déterminée que jamais.
 
À la hâte, elle vida une partie de sa garde-robe dans une valise à roulettes puis y déposa un nécessaire de toilette, son passeport et son portefeuille. Après ce qui allait se passer, la meilleure décision à prendre était probablement de disparaître, peut-être même à l’étranger. En fonction de la tournure que prendraient les événements, il faudrait songer à cette éventualité. Cependant, son esprit était trop perturbé pour

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