L Oiseau tyran...
236 pages
Français

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Description

Cet ouvrage réunit huit enquêtes surréalistes, poétiques et même loufoques. Ce sont aussi des contes psychologiques. « Les contes du soleil », « les contes de la lune » et « les contes rebelles »... Masculin et féminin se séparent, se réunissent, se complètent... Au-delà des déceptions. Ils se séparent sans doute en raison du mode de vie réifiant les personnes... Celui des échanges. Touche masculine, touche féminine, touche rebelle pour des détectives qui décidément aimeraient vivre une autre vie. Mais est-ce possible ? Oui. Si on y croit très fort. Mais surtout, parce que quelque part, tout est déjà écrit...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414255108
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-25511-5

© Edilivre, 2018
Dedicace

À Touzik
Les lettres de mon phare
Quelque part, sur la côte maritime d’un pays européen imaginaire, peut-être dans les années soixante-dix… en tout cas, bien avant la généralisation d’Internet et l’invention du téléphone mobile.
Un mystérieux courrier
Décidément, l’inspiration me faisait défaut. Alors, je chiffonnai le beau papier lisse sur lequel ma plume avait glissé laissant derrière elle le début d’une histoire dont je percevais le filet d’un grand cru. À l’encre noire. Mais la chose sembla brusquement m’échapper. Insaisissable. Narquois, je grimaçai. Critiquant mon talent d’écrivain. En réalité, la pointe dorée de mon stylo avait surtout eu la grâce d’une charrue forçant, sautant sur un champ au sol pierreux. C’était ici l’expression de mon impasse du moment. Les écritures sacrées ne disent-elles pas que l’on ne peut rien recevoir si cela n’a été donné d’en haut ? Alors, plutôt que de chercher l’inspiration en regardant par la fenêtre le paysage monotone qui m’entourait ou me faisait face, je choisis de grimper sur l’échelle de bois foncé et aux barreaux onduleux. Près de la lampe éteinte, je trouverais sûrement la flamme créatrice… Peut-être. Ma lampe intérieure était agonisante. Ces derniers mois, j’avais trop écrit. Quand je redescendis, je saisis le papier froissé et le jetai dans la corbeille d’osier pleine à ras bord…
Puis, je me décidai à ouvrir l’enveloppe de la mystérieuse lettre que j’avais reçue, la veille au matin. C’était un mardi 13 avril… Qui pouvait bien m’écrire de la sorte ? Le graphisme me rappelait quelque chose. Mon esprit espérait quelqu’un. Mais aucun nom ni signature n’apportaient une réponse à mon intrigue ou à mon attente… Les seules choses que je pouvais dire, c’était que le facteur M. Roger avait déposé ce courrier dans la boîte aux lettres un peu branlante. Soit l’unique objet que je n’avais pas encore songé à retaper en emménageant dans cette demeure… Il y a six mois déjà. Peu de gens en réalité connaissaient ma nouvelle adresse. Mon éditeur, mon ancienne collaboratrice — Katy B. —, ma tante Léa et puis les services administratifs. C’est tout. C’était suffisant et même presque trop.
Je dépliai la feuille dont j’avais souhaité l’émanation d’un parfum de lilas ou même plus exotique. Il était inscrit :
« Dans les ateliers d’écriture, les professeurs disent aux élèves : “Tout a déjà été écrit. Mais pas par vous…” Cependant, n’avez-vous pas oublié de raconter une chose particulière et dérangeante ? »
La forme des caractères me rappelait quelqu’un. Mais pas tellement par son style grammatical, surtout l’auteur de ces simples lignes me vouvoyait… Je décidai de renverser la phrase dans l’esprit. Qu’est-ce que je n’avais pas encore écrit jusqu’à présent ? J’avais raconté, je pense, en changeant bien sûr les noms de lieux et de personnes, toutes mes aventures policières. L’affaire Charles Édouard, celle du voleur de rêves, le mystère du pavillon bleu, le secret du cerf-volant, celui du toboggan, la disparition de Kristin Hague… Enfin, toutes les enquêtes réussies.
Je regardai à nouveau l’adresse au dos du courrier. C’était une boîte postale. Alors, je décidai deux choses :
D’abord, d’écrire les enquêtes que je n’avais pas encore couchées sur papier, toutefois sous forme de lettres pas trop longues que j’enverrais à mon tour à ce curieux auteur. Ensuite, de mener une investigation pour le retrouver. Ou la revoir, car le tracé arrondi sur le courrier était celui d’une femme. Je songeai à une concurrente dans le métier. Sans le dire à personne, je la redoutais. Au moins, à l’époque… puisque là, je l’espérais.
Mon phare
J’avais donc emménagé dans cet endroit idéal pour une retraite paisible. Une retraite anticipée à seulement trente-neuf ans et des poussières. Justement, il y en avait des poussières dans mon phare chéri. Mais pas uniquement. Il y avait un nid d’oiseau abandonné, des toiles d’araignée, d’une variété particulièrement repoussante, je ne sais pas laquelle, mais j’avais estimé qu’elle était sûrement la plus vilaine de toutes les espèces européennes. Si tant est qu’elle le fût… européenne. N’était-elle pas venue par bateau d’une contrée lointaine, amazonienne, exprès pour me décourager à m’installer dans cette tour aux portes et fenêtres grinçantes ? Poussée par une main obscure ou un vent divin défavorable ? J’avoue que l’idée m’avait traversé l’esprit. Mais je n’en avais eu aucun frisson. Seule une grimace discrète marqua mon profond dégoût. Il s’ensuivit de nombreux coups de bâton — de baguette en réalité — pour chasser le mal en ruinant les toiles si joliment brodées. La vilaine et ses sœurs maîtrisaient une technique de tissage longuement éprouvée… Je l’anéantis donc en quelques minutes. Comme il était aisé de détruire ! Comme il fut cependant facile de retaper cette nouvelle habitation. Ce ne fut pas un dur labeur. Je ne travaillais pas à l’usine ou dans un bureau pour un patron caractériel, pour un commerce m’imposant une cadence infernale à vendre un produit inutile ou dégueulasse… C’était comme lorsqu’on construit sa maison de campagne. Ici, c’était plutôt la maison de la mer. Enfin, plutôt du bord de l’océan atlantique. Étant bricoleur, j’y avais pris plaisir. Quand ce fut terminé, cinq mois plus tard, je me fis la remarque que cette tour était la plus belle habitation qu’il me fut permis d’occuper. Quelques images me revinrent en mémoire. La maison d’enfance, l’appartement dans la Capitale , les nuits passées sur le canapé au bureau ou encore la cellule de moine au mont Aramis. Inutile d’insister sur la liste. En ce lieu, je me sentais enfin chez moi.
Tout blanc, mon phare avait une forme de jupe un peu comme un plomb de type diabolo pour carabine à air comprimé. En plus gai, cependant. Il comportait quatre parties. Le rez-de-chaussée, là où je cuisinais depuis une cuisinière à charbon — si tant est que le verbe « cuisiner » convienne aux plats que j’avalais goulûment — le premier étage comme salle de séjour — sans télé ni radio. Des instruments du démon que je rejetais en bloc. Pour connaître les prévisions météo, je faisais confiance à mon intuition et surtout au baromètre cerclé de cuivre brillant et de bois d’acajou. Plus tard, j’essaierais de synchroniser appareil de mesure et précognition de limier. Ou d’homme de lettres. Puisque j’avais porté les deux casquettes. J’écrivais toujours, mais à mon rythme. Encore que là, je fusse en panne d’inspiration. Mais je ne menais plus d’enquêtes, hormis dans les histoires que je composais depuis quelque temps de façon assez technique… trop même.
La troisième pièce habitable, la plus petite, contenait mon lit — un matelas confortable que je laissais à même le sol, comme ça, sans sommier — et une modeste table pour écrire. Mon bureau ! Il portait un large sous-main en carton agréable au toucher, vert clair avec un cadre bordeaux imitant le cuir. Une lampe aussi. Indispensable. Elle était en cuivre doré comme les longues-vues de marine du temps jadis. Le socle lourd épais et stable était comme un disque couché. Il soutenait un bras assez fin et léger en forme de point d’interrogation, qui s’interrompait avant son extrémité pour porter comme un abat-jour de verre blanc et mat. En forme de cuvette retournée. Cette sorte d’entonnoir renversé protégeait une ampoule assez pointue et torsadée. Tout un symbole ! Nous avions donc comme un disque inébranlable qui répétait la même chose à l’infini, un point d’interrogation qui exprimait mes doutes et qui rythmait les enquêtes romancées de ma vie. Un entonnoir retourné comme le chapeau d’un fou, à défaut de chapeau de Sherlock Holmes. Un personnage lui-même un peu secoué… Et une ampoule cachée, tortueuse… mais qui, à l’ordre de l’interrupteur — objet symbolisant peut-être mon éditeur ? — éclairait ma feuille de route, mon carnet de bord. Au pied de cette table, l’inévitable corbeille en osier. Pleine à craquer. De mes essais manqués. À cette époque, j’écrivais encore à la main rejetant la machine à écrire que je laissais volontiers aux services concernés de la maison d’édition.
Enfin, le dernier étage. Le phare en lui-même. Avec une lampe fixe, toujours éteinte. Il était comme une petite tour de verre parfait, encerclée d’un balcon de bois que j’avais restauré, poncé et vernis. L’ensemble du merveilleux habitat se trouvait posé sur un sol de sable roux à la pointe du joli village du Piémont. Ni trop près du centre de la bourgade, ni trop à l’écart. Ni trop à terre, ni trop avancé vers l’océan. Courageux, mais pas téméraire. C’était MON phare. Depuis ce lieu chéri, j’écrivis ma première lettre…
Ma première lettre
Ça tombait bien ! Si on pouvait le dire. En effet, ce jour-là, il pleuvait des cordes. Alors, ça tombait ! J’étais revenu trempé du bureau de poste. Là, on m’avait expliqué que la boîte postale sur le mystérieux courrier que j’avais reçu et qui m’encourageait de nouveau à écrire était une boîte de la Capitale .
— Regardez, les deux premiers numéros correspondent au département. Les suivants au bureau-distributeur. Et puis le cachet sur le timbre en témoigne aussi ! Après consultation d’un registre, l’employée, au décolleté charmant et au sourire qui l’était tout autant, ajouta :
— La boîte se situe à proximité de la Gare de l’Ouest. Ça vous dit quelque chose ?
Cette curieuse question me troubla assez. Justement pour son indiscrétion. Puisque cette gare ne me rappelait rien de particulier. Les transports en commun n’étaient pas ma tasse de thé. J’étais arrivé au village en voiture. En Thunderbolt Turbo 416 ! Sportive rétro, bleu métallisé. Son moteur éme

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