L Œuvre
290 pages
Français

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Description

Organisation secrète recherche jeune énarque ambitieux avec des qualités de meneur d’hommes pour une tâche aussi discrète qu’enthousiasmante : tirer les fi celles ! Dans son bureau anonyme de l’Élysée, Auguste Desmereau, fondateur et seul dirigeant de L’Œuvre, va mettre à l’épreuve les trois candidats qu’il a sélectionnés pour lui succéder à la tête de l’Organisation. À eux de ne pas déraper, car il ne pourra en rester qu’un...


L’Œuvre est à la fois un redoutable plan machiavélique et une course-poursuite haletante contre la mort. Car pour manipuler la démocratie, il ne suffi t pas toujours d’influencer l’opinion et les hommes politiques par de micro-événements judicieusement télécommandés. Parfois, il est indispensable d’éliminer ceux qui se mettent en travers des projets de L’OEuvre, qu’ils en aient conscience ou pas, d’ailleurs...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mars 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748365863
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je dédie ce livre à ma femme Cathy , sans préciser davantage , car l es grandes amours, comme les grandes peines sont muettes .
 
Il n ’ aurait pas été écrit sans les encouragements de Frédérique Luiggi , qui a su aider mon épouse à me tirer de ma procrastination.
J ’ ai aussi été motivé par l ’ enthousiasme de mon fils Matthias qui , aussitôt réveillé , s ’ emparait des pages de ma production nocturne et s ’ improvisait critique littéraire.
L ’ histoire n ’ aurait pas été aussi précise sans les conseils avisés d e Hugo Lescure, chef de la patrouille de l’Aigle aux scouts d ’ Is - sur - Tille, ni ceux de Gille s Pommeret pour la voile.
 
Sur le fond, c ’ est mon mentor Jean-Pierre le Roch qui m ’ a ouvert les yeux sur un certain nombre d ’ errements affectant la vie politique dans notre pays. Je crois qu ’ il n ’ aurait pas désavoué mes propos, car depuis sa disparition , les choses ne se sont pas améliorées, bien au contraire .
 
Enfin , que tous ceux qui m ’ ont aidé à trouver un éditeur soient aussi remerciés, notamment Jean-Claude Marie, Pierre-Louis Pannequin, Frédéric Canale et Marina Salvan.

I le au C erf, le 3   décembre 2010
 
 
 

 

Il est bien sûr utile de préciser que cette œuvre est une pure fiction. Tous les personnages connus, qu ’ ils soient ou non encore de ce monde , prêtent un concours absolument involontaire au récit. Les propos ou les actions qui leur sont attribués sont totalement imaginaires.
 
 
 
Prologue
 

 

Ce bureau, j ’ y suis installé depuis soixante-deux ans.
 
Il est tapi au fond d ’ un discret couloir d ’ une aile de l ’ É lysée. Rien n ’ indique la qualité de son occupant.
 
Malgré toutes ces années, rien n ’ a changé. J ’ aime ce côté intemporel. Parquet, boiseries, tapis persans, mobilier E m pire, toiles des plus grands impressionnistes, bronzes de maîtres.
Bien que rien ne m ’ appartienne, je me suis approprié ces œuvres , sur lesquelles je laisse glisser mon regard avec no s talgie.
É trangement, je n ’ ai aucun regret de les abandonner, ces fidèles compagnes des décennies écoulées. J ’ y ai trouvé à la fois inspiration et réconfort. Aujourd ’ hui, jour de Toussaint, je viens leur faire mes adieux. Un temps de circonstance ajoute à ma morosité. Des rafales envoient violemment ci n gler des gouttes de pluie sur les immenses fenêtres du côté ouest.
Je m ’ enfonce dans mon fauteuil de cuir de la table de r é union autour de laquelle tant de batailles ont été victorieusement menées. Inclinant la tête, j ’ allume goul û ment un Montecristo numéro un . Je suis saisi d ’ une nostalgie ce r taine et d ’ une quinte de toux.
 
La tâche que j ’ ai accomplie est immense, mais nul n ’ en saura rien. C ’ est le prix à payer pour que l ’ Œuvre vive. J ’ ai entendu un jour un brillant chercheur parler de «   stratégie Dracula » pour qualifier une entité qui ne peut survivre qu ’ à l ’ ombre. L ’ exposition en plein jour lui serait fatale.
 
Rien ne saurait mieux décrire l ’ Œuvre.
 
Malgré mes quatre-vingt - cinq ans, je me sens capable de continuer à bâtir l ’ Œuvre. Jamais mes sens n ’ ont été aussi aigus, ma vision aussi claire , ni mon réseau aussi puissant.
 
Il a suffi en janvier dernier d ’ un banal contrôle de routine pour déceler un cancer des poumons. Au mieux, selon mon ami le p rofesseur Legendre de l ’ hôpital de Villejuif, je n ’ a i que quelques mois à vivre. Je suis curieusement assez dét a ché de ma mort. Les molécules de mon traitement sont-elles à l ’ origine de ce détachement ? Certes, mon corps est défai l lant, victime de cette tumeur qui me ronge. Mais l ’ Œuvre va me survivre , et pour longtemps.
 
Les volutes du Montecristo atteignent langoureusement les poutres déjà noircies par les fumées qui les ont précédées.
Au diable la loi É vin et le décret numéro   2006-1388 du 15   novembre 2006. Ils ne s ’ appliquent pas à moi.
J ’ ai pourtant ressenti une rare jouissance à imposer cette interdiction de fumer au travail et même dans les lieux de rencontre les plus conviviaux. Il a fallu trente ans de manœ u vres pour arriver à ce résultat. Personne n ’ aurait parié sur un tel aboutissement . Et qui peut encore prétendre nous résister après ça ?
 
Me trouver un successeur n ’ est pas une tâche aisée.
Trois.
J ’ hésite encore entre trois garçons.
Un seul pourra dignement perpétuer l ’ Œuvre, quant aux deux autres, ils sa ve nt trop de choses.
Je vais désormais passer le relai s à un jeune très prome t teur. É narque bien sûr, mais brillant de surcroît, ce qui n ’ est pas si fréquent.
 
Mon choix final est presque fait, mais les enjeux sont trop importants pour que je me précipite.
Demain, je prends le chemin du mouroir. Soins à l ’ Institut Gustave Roussy : dernière alcôve avant le cercueil.
 
J ’ ai une alternative , bien sûr. Dans mon coffre se trouve le pistolet Mauser que mon grand-père avait récupéré sur le cadavre d ’ un officier allemand , en 1918. Ma main est encore assez ferme , et je ne tremblerai s pas en introduisant le canon dans m a bouche. Seulement, c ’ est encore un peu trop tôt. Il me faut encore quelques jours pour valider mon choix, act i ver la succession et faire le ménage. Alors , seulement , je partirai en paix, avec le sentiment du devoir accompli.
Je me verse un verre de c ognac VSOP et m ’ enfonce dans mon fauteuil club. Je hume le précieux alcool, fais réchauffer lentement le verre entre mes doigts décharnés et le déguste avec toujours autant de plaisir. Même les médicaments de Legendre n ’ ont pas anesthésié mes papilles. La somnolence m ’ envahit doucement et, dans la semi-torpeur provoquée par le spiritueux, j ’ analyse de nouveau toutes les données.
 
Trois noms : Pierre, Olivier et François - Xavier.
 
Il faut qu ’ il n ’ en reste qu ’ un.
 
J ’ ai leur biographie détaillée. Je sais tout d ’ eux, même ce qu ’ ils ignorent. Mes meilleurs agents se sont acharnés à tout exhumer de leur passé, rien ne devant être laissé au hasard. L ’ âge de leur première branlette, leurs copains d ’ enfance, leurs souvenirs, leur première cuite, les manifestations est u diantines auxquelles ils ont pris part, leurs discours à l ’ ENA, rien ne m ’ a échappé.
Je les ai formés pendant neuf mois, les trois ensemble. Cette formation m ’ a permis de peaufiner leurs capacités, mais surtout de terminer de les jauger. Je dois visionner le film des derniers mois et prendre enfin une décision. La décision. La bonne.
 
J ’ ai un délai : je les reçois à 14   heures.

 
Auguste Desmereau le 1 er   n ovembre 2009 à 9   heures
 
 
 

Chapitre  1 : L a sélection
 

 

D ’ un mauvais cep ne prends pas de bouture .

Proverbe corse

 

Je suis donc sur le point de choisir un élu parmi trois ca n didats, mais la toute première étape a été de constituer ce vivier de candidats.

Pour le poste proposé, le plus atypique de France, il fallait un profil tout aussi atypique que je vais tenter de résumer. Je recherchais un candidat qui soit tout d’abord i ntelligent, c a pable simultanément de penser à long terme et de consoli der le quotidien. Ç a, c ’ est dur. Ma longue vie m ’ a montré qu ’ on trouvait une foule d ’ individus brillants pour animer une stru c ture déjà en place , mais qu’o n trouvait beaucoup plus rarement des stratèges capables de se projeter à dix ans , voire au-delà. I l était donc exceptionnel de trouver ces deux qual i tés réunies dans le même individu. Discret , ensuite. L a discrétion, on le verra, est une vertu cardinale. L ’ Œuvre ne peut exister sans. Elle suppose une abnégation totale : le tr a vail accompli ne sera connu de personne, donc jamais reconnu. Enfin, m eneur d ’ hommes   : n ’ ayant pas de structure officielle, notre O rganisation ne peut fonctionner que si celui qui la dirige fait preuve d ’ un charisme exceptionnel.

 
Je les voulais en outre célibataires et peu ou pas impliqués en politique.
Célibataires, car le travail immense à accomplir exige que le candidat soit totalement disponible pour la tâche qui va lui échoir.
Non engagés politiquement , parce que notre O rganisation doit fonctionner efficacement , quel que soit le parti au po u voir. Elle doit aussi favoriser l ’ alternance pour minimiser le poids du politique par rapport à celui de la b ureaucratie.
 
Enfin, je les préférais jeunes et é narques.
J ’ ai moi-même commencé très jeune à développer l ’ Œuvre, puisque j ’ ai réellement jeté les principes de l ’ O rganisation en 1960. Et notre action doit s ’ inscrire dans la durée. Il est préférable que le même leader imprime sa ma r que sur plusieurs décennies.
 
É narques enfin, car je suis sûr que le candidat a été déjà configuré pour admettre les principes de l ’ Œuvre. Cette de r nière condition n ’ est cependant pas impérative, tant sont nombreuses désormais les formations conduisant à admettre la b ureaucratie comme un modèle idéal.
 
En mobilisant mon réseau, j ’ ai fini par trouver quand même trois cibles. Pas encore des candidats : ils ignoraient tout du poste qu ’ on allait leur proposer.
 
J ’ ai leur fiche sous les yeux. Quand je dis leur fiche, n ’ imaginez pas qu ’ il s ’ agisse d ’ un simple bristol. Chacun d ’ entre eux a fait l ’ objet d ’ une enquête des plus approfondies remontant jusqu ’ à son enfance. Des dizaines de proches ont été questionnés, des fiches dites «   de synthèse » rédigées , et j ’ ai entre l es mains des documents qui m ’ en apprennent plus qu ’ ils n ’ en savent sur eux-mêmes. Il faut dire que la synthèse, avec les annexes , représente plusieurs centaines de pages.
 
Je vais faire apparaître les traits les plus saillants de ch a cun d ’ entre eux. Cette présentation n ’ aura rien d ’ exhaustif. Je ne ferai qu ’ extraire pour le lecteur les passages qui m ’ ont frappé en consultant les centaines de pages de données br u tes. Je procéderai par ordre alphabétique , puisqu ’ il est universellement admis comme un gage d ’ impartialité.
 

D ’ Ars François-Xavier

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