L Inaccessible E
218 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Inaccessible E , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
218 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Esther doit venir. Nine a trop insisté.


Ce soir, à l’Atelier de sculpture, se tient une nouvelle fête. Christophe, Blaise et les élèves du mercredi trépignent d'impatience. Nine aussi. Elle en parle à Esther depuis des jours et elle veut lui « montrer » comme elle dit. Tout. Le lieu, les gens, Christophe surtout. Et puis, Nine répète qu’il faut absolument que son amie rencontre Maéraut, le sculpteur solaire et intrigant, le maître des lieux. Il est génial. Pour Esther, cette soirée tombe très bien. Elle va pouvoir faire écouter à son amie le message qu’András a laissé sur son répondeur et qu’elle se passe et repasse en boucle. Depuis qu’elle a croisé cet étrange Hongrois deux mois plus tôt au fin fond de la Suisse, elle ne pense qu’à le revoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414116812
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-11679-9

© Edilivre, 2017
Première Partie
Chapitre 1
20h45, elle y était.
La ville. La ville hivernale, épuisée d’avoir péniblement cherché la pâle lueur du jour pendant les quelques heures claires, et qui peinait à la rendre par de maigres lumignons brouillés d’humidité. Assez inhospitalière.
Le Tertre St Sébastien, immuable, toujours accueillant, éternel brasier que ne pouvait approcher la froide tristesse nocturne.
A l’heure et si surprise de l’être… Encore dans l’anniversaire qu’elle avait organisé l’après-midi, un peu bousculée. Reprendre la voiture, se débrouiller pour être là, y être pourtant, comme un point d’honneur. Honorer cette invitation, être introduite dans ce lieu, ce fameux Atelier avec un grand A dont depuis quelques semaines, on lui avait conté par épisodes, comme pour un feuilleton, les aventures exaltées. L’Atelier… Repaire d’une peuplade apparemment désinhibée, qui devenait « tribu », un lieu hors normes, bouillonnant, brûlant plus encore que chaleureux, extrême, subversif, anarchique où elle percevait déjà cette liberté particulière qui pour elle méritait seule le nom de liberté.
On devait se rejoindre devant le Saligia, un restaurant à deux pas du Fearghus O’Leary’s, le pub irlandais où elles avaient pris l’habitude de se retrouver régulièrement ensemble. Elles y passaient depuis plusieurs mois de longues soirées, noyées dans une foule masculine, joyeuse, réchauffée et bruyante, au milieu de laquelle elles avaient trouvé leur abri pour parler, dans une complicité de plus en plus fraternelle qu’elles entretenaient avec soin et ferveur.
Nine avait affirmé avoir trouvé sa « tribu ». Et ce n’était pas rien.
Ayant depuis trois ans suivi avec tendresse et curiosité les pérégrinations tous azimuts d’une femme trompée qui croquait sauvagement et autant qu’elle le pouvait une toute jeune liberté à peine apprivoisée, Esther était aujourd’hui quasiment convoquée à « venir voir » l’Eldorado de son amie, sa terre Promise dans laquelle elle était rentrée après bien des errances. Et entre elles, c’était bien cela… Venir voir… Venir le voir, déjà, ce Christophe extravagant avec lequel Nine, par l’intermédiaire de Maéraut, avait noué une fraîche amitié, entre un colin-maillard et deux chants de marins. Un personnage haut en couleur et en verbe, quasiment un comédien. Nine était attirée. Elle, Esther, savait ; elle était dans la confidence. A cette place privilégiée de celle qui connait les secrets et les garde. Et de là, elle devait observer et jauger gentiment le camarade. Elle sentait bien qu’elle le devait à son amie.
Une fête avait lieu ce soir là à l’Atelier.
Cet atelier n’avait jamais eu d’autre nom que « l’Atelier », ce qui suffisait bien à évoquer un monde qui surpassait largement sa fonction de lieu dispensateur de cours de sculpture modelage depuis nombre d’années. Ce rendez-vous lui permettrait de goûter l’ambiance des fêtes tant contées en s’immergeant dans l’atmosphère baroque et insolite de l’endroit tout en croisant par la même occasion, Christophe.
Ce jour là, c’était un mercredi, le jeune Arthur avait eu huit ans. Elle avait tout l’après-midi aidé sa sœur dans l’organisation d’un de ces fameux anniversaires qui réunissent autour du traditionnel gâteau garni de bougies une petite troupe d’enfants ravis et vite excités. Elle s’était sentie heureuse d’y fêter son neveu qui, entouré de ses copains, avait pu se goinfrer avec bonheur des sucreries de la chasse au trésor. Elle s’appliquait toujours lorsqu’il s’agissait d’organiser des fêtes pour les enfants tant elle avait rêvé d’en avoir de pareilles gamine. Les débauches de friandises, surtout, ravivaient un des plus grands fantasmes de son enfance. C’est ainsi qu’elle remplissait sa fonction de jeune tante gâteau avec bonheur et délectation. Pour Arthur et ses petits camarades, elle avait joué les cheftaines accomplies. L’invitation de Nine le soir venait se rajouter au programme d’une journée festive déjà bien remplie.
Ne pas partir trop tôt pour ne pas avoir l’air de s’enfuir… Non, pas aujourd’hui.
Aujourd’hui 20 février, c’était le jour du petit Arthur à la bouille de Tom Sawyer. Elle avait d’ailleurs mis tout son cœur et ses forces dans l’élaboration d’un jeu de piste sur le thème du petit héros populaire américain affranchi et anti conformiste. Les copains avaient été rebaptisés Huck, Becky, Ben, Joe et le voisin adolescent avait accepté de jouer le rôle de l’énigmatique Joe l’Indien. On ne savait pas dire lesquels du grand ou des petits s’étaient le plus amusés… De son côté la maman d’Arthur portant le masque de l’austère Tante Polly avait théâtralement grondé son garçon comme il est de mise dans l’histoire, et provoqué l’hilarité des copains invités. Dans une histoire rocambolesque où chacun avait eu le sentiment merveilleux de vivre et de partager une véritable aventure à la recherche d’un trésor caché, le quartier, pendant quelques heures, s’était changé le temps d’un jeu et dans un effort d’imagination collectif en petite communauté américaine du Mississippi et la joyeuse bande avait terminé l’histoire couverte de peintures de guerre, brandissant de fausses hachettes fabriquées dans le bois d’à-côté et hurlant victorieuse le cri de guerre de sa tribu aux oreilles des pauvres parents venus les rechercher à l’heure convenue.
Après ce franc succès, Esther finissait l’après-midi fourbue. Pour son amie cependant, elle consentait à étirer encore la journée car l’invitation avait été pressante. Il faut dire que Nine avait parlé d’elle à l’Atelier. En réalité, Nine avait parlé d’Esther à Maéraut et Nine voulait qu’ils se rencontrent. Absolument.
Esther avait beau lui dire qu’un homme marié elle n’irait jamais, que c’était l’assurance d’ennuis considérables, Esther avait beau lui parler d’András, qui avait nourri le récit de son dernier périple seule et libre, cette fois-ci en Suisse Alémanique, Nine insistait.
Et pourtant, Dieu sait combien Esther s’employait avec une ardeur particulière à le faire vivre ce récit… Elle y laissait se déployer son imagination où s’épanouissait son désir d’espace infini dans l’exotisme de contrées étrangères loin des clichés, dans des petits coins où l’on parlait des langues rugueuses quasi dialectales qu’elle ne comprenait pas. Elle avait décrit à sa confidente ce bonheur d’être totalement hermétique aux échanges des gens qui l’entourent, l’accueillent, l’invitent à partager ce qu’ils sont et ce qu’ils vivent dans un court laps de temps au hasard des routes qui se croisent. Simplement souriants, chaleureux, sans langage ou un anglais de circonstance, des regards, des sourires, une chaleur instinctive.
Là pour la musique, comme d’habitude.
En effet, six semaines avant, Esther avait été invitée par Oliver qui ne doutait de rien.
Les gens qui ne doutent de rien l’amusaient beaucoup, ils sentaient le défi.
Esther avait été invitée par Oliver rencontré trois ans plus tôt à Lausanne. Elle l’avait retrouvé en toute simplicité dans la région de Zurich, au terme d’un interminable voyage à travers la France et la Suisse. Elle avait avec lui bu le champagne sur Mjölnir, l’un des groupes qui se produisaient sur scène ce soir-là. La bière lui aurait parfaitement convenu mais Oliver avait tenu à honorer ses origines françaises et le raffinement qui sans doute, sonnait avec l’accent. Il est vrai qu’Oliver était plutôt raffiné et sage pour un manager de groupe de métal.
Boire du champagne sur Mjölnir, voilà qui était raffiné !
Elle, elle s’en moquait, elle était venue libre et sans âge, sans besoin si ce n’était d’être toute à la gratuité de ces moments qu’elle s’offrait enfin, avec l’assurance inébranlable que ces épisodes hors du réel, ces histoires qui jalonnaient son existence comme d’immenses respirations, la rempliraient de toute leur énergie colorée. Elle était venue se régénérer, contenue dans une foule au langage curieux, à deux pas de l’Allemagne, sûre absolument sûre de faire des rencontres aussi joyeuses que festives et de communier au delà des barrières linguistiques à cette si curieuse musique qu’elle savait décrypter et apprécier avec un plaisir d’autant plus fort que le son en était inaudible pour la majorité des mortels. Elle se retrouvait dans une caste d’initiés parfaitement convertis qui libéraient une ferveur sans commune mesure dans un gigantesque lieu de culte saturé de puissance sonore.
Oliver, en bon manager, lui avait offert sa place. Le groupe pour lequel elle était venu, tête d’affiche, allait passer. Ils se préparaient. Esther voyait apparaitre les musiciens dans la foule, saluant Oliver sans un regard pour elle, concentrés à quelques minutes de leur concert. Oliver devait les rejoindre et la laisser. Il n’avait pas beaucoup de temps à lui consacrer mais avait tenu à honorer sa visite. Elle l’avait peut être même retardé qui sait ? Il avait eu la courtoisie de n’en rien laisser paraître. A moins qu’il regrettât de partir si vite. Elle le ravissait. Il avait été immédiatement séduit par elle à Lausanne, lui avait offert à boire, plusieurs fois, s’était laissé aller à l’émotion, à tel point que Dave le chanteur s’en était étonné, faisant remarquer à qui voulait bien l’entendre que d’habitude il ne faisait jamais cela.
Il regrettait en réalité que cette nouvelle rencontre fût si fugace, entraîné par le magnétisme solaire de cette jolie fille pour qui il sentait une attirance hors du commun, intrigué et touché qu’elle ait parcouru la Suisse seule et désintéressée, simplement pour répondre à une invitation. Mais il avait décidé de garder les pieds sur terre. Sentant le danger, il lui avait présenté son garço

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents