L Houkami
53 pages
Français

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Description

Raoul Feuillor, bijoutier, était pourtant heureux et fier d’avoir acquis l’Houkami, un diamant encore plus prestigieux que le célèbre Régent.


Quelle publicité c’était pour lui que de pouvoir exposer le joyau !


Mais il était loin d’imaginer l’enchaînement de malheurs que l’Houkami allait engendrer dont le cambriolage de sa boutique serait le premier et le moins douloureux...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mars 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385011284
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'HOUKAMI
Récit policier

par Fernand PEYRE
*1*
L'HOUKAMI
 
Chacun se souvient de l'émotion que provoqua dans le monde entier la découverte de l'Houkami, le plus gros diamant brut trouvé jusqu'à ce jour.
C'était un ingénieur français, nommé Paul Chassel – pauvre diable ignoré la veille – qui l'avait rencontrée sous sa pioche, alors qu'il prospectait au flanc d'une montagne de l'Hindoustan, dans l'une de ces provinces qui jouissent encore, sous le protectorat anglais, d'un semblant d'indépendance.
Il l'avait baptisée « Houkami » pour honorer la fille du radjah, auquel appartenait le précieux diamant, par droit de territoire.
Jusque-là, rien d'extraordinaire ; mais soudain, les événements prirent une tournure bizarre, romanesque, qui eut le don d'intéresser l'Europe tout entière :
Chassel sauvait la vie du radjah au cours d'une battue qui dérangea une famille de tigres.
Reconnaissant, le radjah lui octroya en toute propriété le diamant qui excitait déjà une convoitise mondiale. Puis ce furent les démêlés de Chassel, nouveau millionnaire, avec les autorités anglaises, peu soucieuses d'imiter cet exemple de générosité fastueuse et bien orientale.
Le monarque hindou s'insurgea.
N'avait-il pas le droit de faire un cadeau à son ami ?...
La révolte commençait à gronder lorsque les Anglais, craignant un désordre qui leur coûterait plus que ne pouvait leur rapporter la possession du diamant, l'abandonnèrent au pauvre prospecteur.
C'est à ce moment exact que l'Houkami attira l'attention de la France, et plus spécialement, encore celle de Paris.
À Chandernagor, Paul Chassel venait d'entrer en pourparlers avec le représentant de la maison Raoul Feuillor, la bijouterie bien connue du quartier de la Paix.
On apprit bientôt que Raoul Feuillor avait acheté l'Houkami pour la bagatelle de cinq millions de francs – un million de plus que n'avait coûté le Régent.
On allait donc voir, à Paris, cette huitième merveille du monde !...
Dès lors les revues, les journaux, ne remplirent leurs colonnes que de l'Houkami. La valeur de plusieurs volumes in-octavo lui fut consacrée.
Il pesait un peu plus de cent quatre-vingt-douze carats, ce qui équivaut à trente-huit grammes, alors que le Régent n'atteint que cent trente-six carats, soit vingt-sept grammes… On racontait au jour le jour son voyage à travers l'océan Indien et la Méditerranée.
Une escorte de policiers, gaillards vigoureux et armés jusqu'aux dents, le gardait jalousement, ne le quittant jamais des yeux, ne fut-ce qu'une seconde.
Enfin, dans un fourgon blindé, le diamant arriva à Paris. Raoul Feuillor le fit transporter dans ses ateliers de taille ; et... l'on ne sut plus rien...
Habile homme, s'il en fut, très amoureux de la réclame, le bijoutier se plaisait, à exacerber, par son silence la curiosité publique, sachant bien qu'un mutisme absolu était la seule manière de faire parler de lui.
L'effervescence monta alors à son comble.
Dans la haute société, dans les milieux fréquentés par les orfèvres, les joailliers, les snobs, les amateurs d'objets d'art et de curiosités, l'Houkami faisait tous les frais des conversations...
Un jour vint, cependant, où l'exposition du diamant fut annoncée à grand fracas pour le lendemain.
Dès le matin, la foule envahit la rue de la Paix. Bientôt, on se battait pour approcher des vitrines de la maison Feuillor et tâcher d'apercevoir la gemme.
Quarante-huit heures durant, l'enthousiasme se soutint, et vraiment l'Houkami en valait la peine.
Isolé des autres joyaux de l'étalage, il avait été placé sur un support de métal au milieu d'un jeu de glaces qui le réfléchissait de toutes parts ; sous la lumière crue du jour, il rutilait comme une goutte de soleil.
On l'avait travaillé avec un soin infini. Ses facettes étaient si minuscules qu'il semblait parfaitement sphérique. Sa couleur était blanche ; sa transparence et sa pureté telles qu'on prétendait voir au travers aussi nettement qu'au travers d'une vitre.
Une grille de fer formidable, capable de résister aux plus violentes pressions, protégeait la vitrine mieux que ne le pouvait faire le mince cordon d'agents, qui, tant bien que mal, assurait le service d'ordre.
La nuit venue, Raoul Feuillor retirait, de ses propres mains, le joyau de la châsse magnifique qu'il lui avait aménagée...
Où l'enfermait-il jusqu'au lendemain ? À quel coffre imperforable, à quelle cachette mystérieuse, confiait-il cette fortune ?
Lui seul le savait...
Dans la journée, quatre hommes sûrs, fournis par des compagnies d'assurance contre le vol, se tenaient proches de la pierre précieuse, prêts à intervenir dans le cas, bien improbable, où un audacieux eût tenté de se l'approprier.
Avec un tel luxe de précautions comment aurait-on pu s'emparer de l'Houkami ?
C'était évidemment impossible.
Le Tout-Paris parla de ces choses une semaine. Puis, comme la versatilité est sa principale caractéristique, il tourna son attention vers d'autres nouveautés... et n'y pensa plus...
Un, puis deux événements stupéfiants devaient se charger de réveiller cet intérêt assoupi.
Le 25 mars – douzième jour de l'exposition publique de l'Houkami –, des ouvriers se rendant à leur usine, vers cinq heures du matin, furent très étonnés de voir grande ouverte la porte principale de la bijouterie Feuillor. Intrigués par la bizarrerie du cas, ils avertirent le commissaire de police, qui, soucieux de dégager sa responsabilité, demanda des instructions à la Préfecture.
À sept heures, M. Feuillor, prévenu téléphoniquement, arrivait en limousine de la villa qu'il habitait aux environs de Paris. M. Antonio, juge d'instruction, le substitut du Procureur de la République et deux ou trois des inspecteurs les plus habiles de la Sûreté générale attendaient déjà sa venue pour procéder à une enquête.
Car le vol n'était pas douteux : la bijouterie était soigneusement verrouillée chaque soir ; une négligence du gardien n'était pas admissible. Il fallait donc, de toute nécessité, que des inconnus se fussent introduits par effraction.
Cette supposition très fondée se transforma aussitôt en...

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