L homme aux cent visages
53 pages
Français

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L'homme aux cent visages , livre ebook

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Description

Soir de fiançailles, à l’Hôtel Ferney, entre Suzanne Ferney, la fille du grand raffineur, et Raymond de Rigny, un attaché d’ambassade.


Pour l’occasion, un bal costumé est organisé.


Durant les festivités, Suzanne s’étant esseulée, est abordée par le prince d’Arrighéra, un soupirant dont elle avait repoussé les avances. Il menace de la tuer si, dans la semaine, elle ne rompt pas avec Raymond de Rigny.


Affolée, celle-ci raconte tout à son futur mari qui, pour la protéger, décide de faire appel à un de ses amis, Luc HARDY, le détective millionnaire.


Mais le prince d’Arrighéra est un adversaire bien plus redoutable que Luc HARDY ne le pense et la lutte va être farouche et dangereuse...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791070037409
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'HOMME AUX CENT VISAGES


D'après le fascicule « L'homme aux cent visages » publié en 1921 dans la collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi.
CHAPITRE I
 
L' Hôtel Ferney est, certes, l'un des plus beaux du quartier des Champs-Élysées ; sa façade monumentale, digne d'un palais, se dresse à l'angle de la voie triomphale et de l'avenue de l'Alma.
Par une froide soirée d'octobre, alors que, dans les rues, les passants attardés hâtaient le pas, courbant le dos sous les rafales d'une bise aigre soufflant du nord, une fête splendide se déroulait dans les vastes salons de réception situés au rez-de-chaussée de la splendide demeure.
C'est que, ce soir-là, Jacques Ferney, le grand raffineur, offrait à ses amis et connaissances un bal en l'honneur des fiançailles de sa fille Suzanne avec Raymond de Rigny, un jeune attaché d'ambassade, fils d'un de ses vieux amis.
Tout ce que Paris compte de personnalités à la mode avait répondu à l'invitation du grand industriel ; un légitime sentiment de curiosité animait chacun, car, depuis une quinzaine, dans tous les salons, les chroniques mondaines, il n'était question que des magnificences que comptait déployer Ferney à cette occasion.
Tout d'abord, et ceci était une innovation due à la fiancée, ce bal était costumé et le masque de rigueur.
L'époque choisie par M lle  Ferney était le milieu du dix-huitième siècle.
Aussi, depuis neuf heures du soir, les autos ne cessaient-elles de déverser au pied du grand perron à double révolution, dont un énorme tapis rouge couvrait les degrés, un flot ininterrompu de marquises en paniers, de fringants gardes-françaises, de pages ironiques et moqueurs, d'abbés en petit collet, de chevau-légers, de mousquetaires.
À présent, il allait être minuit et la fête battait son plein.
Suzanne Ferney, une blonde exquise, aux grands yeux verts, à la bouche mignonne et rose souriant sur des dans de perle, circulait de salon en salon au bras de son fiancé, Raymond de Rigny, un beau garçon de vingt-cinq ans, très à son avantage en son pimpant uniforme d'officier des gardes du corps.
Quant à la jeune fille, elle était tout simplement ravissante en sa toilette de bergère qui la faisait ressembler à quelque personnage échappé d'une fable du bon Florian.
— Ma foi, c'est tout à fait réussi, ne trouvez-vous point ? fit un gros fermier général qui, appuyé au chambranle de la porte d'un petit salon ouvrant sur le grand hall, s'éventait avec son loup de velours noir, tout en contemplant l'ensemble de l'immense galerie.
— Certes, mon cher Durtac, répliqua un élégant marquis en habit de soie mauve qui n'était autre que le compte de Fleury, le grand propriétaire d'écuries de course.
— Cette petite Suzanne est tout à fait délicieuse, observa le baron d'Autiche, et cet excellent Raymond sera, je crois, un heureux mortel.
Durtac, l'agent de change, eut un sourire pointu qui plissa sa face large et apoplectique.
— Je suis sûr que voilà un garde-française qui regrette presque de ne pas être dans la diplomatie, riposta-t-il en enveloppant le petit d'Autiche d'un regard ironique.
— Vous vous trompez, ce n'est pas à moi qu'il faut dire cela, mais à ce pauvre prince d'Arrighéra, répliqua l'interpellé.
— Il a raison, approuva M. de Fleury, car, cet été, à Deauville, le prince ne quittait guère la jolie Suzanne, et ce n'est là un secret pour personne ; il en tenait fortement. Au reste, voyez, il n'est pas ici ce soir.
— Le Figaro annonçait hier qu'il s'était installé à Nice, au Royal-Hôtel, fit d'Autiche d'un air entendu. Dommage, car le prince d'Arrighéra est un homme charmant et parfait en tous points. On m'a dit qu'il comptait passer l'hiver loin de Paris. Il nous boude et ce sera tant pis pour nous tous.
— Non, quelle chaleur ! plaisanta Durtac, vraiment, mon cher, si M lle  Ferney vous entendait, il est probable qu'elle redemanderait sa parole à de Rigny pour courir après le prince.
Tandis que ces propos s'échangeaient sur leur compte, Suzanne et Raymond gagnaient, non sans peine, un petit salon en rotonde, situé à l'extrémité de l'aile gauche de l'hôtel. Grâce à son isolement, cette pièce, un délicieux boudoir Louis XVI aux tentures de soie gris de lin, aux meubles clairs, était déserte.
La lourde portière en masquant l'entrée arrêtait, dès le seuil, les accords de l'orchestre, le murmure de la foule.
— On est bien ici, murmura la jeune fille en se laissant tomber au creux d'une bergère.
— Seriez-vous lasse ? s'enquit Raymond en se penchant vers elle, une tendre inquiétude dans le regard.
— Non, seulement un peu grise ; la tête me tourne. Vous comprenez, je suis si contente et puis cette musique, ces lumières !...
Elle ferma les yeux, abaissant ses paupières, longuement frangées de cils dorés sur ses larges prunelles d'émeraude ; un instant, Raymond la contempla, puis prenant les petites mains de la jeune fille, il les porta à ses lèvres, demandant en un baiser :
— Suzanne, chère Suzanne, m'aimez-vous un peu ?...
Elle eut un joli sourire, d'une grâce exquise, pour répondre.
— L'ignorez-vous donc, mon bel officier ? je vous aime tant que si vous ne m'aimiez point, il me serait indifférent de devenir laide !
— Chère Suzanne !...
Il y eut un instant de silence ; tous deux se taisaient, n'ayant plus besoin de mots pour se comprendre. C'est que la minute qu'ils suivaient actuellement était de celles qui se rencontrent rarement deux fois en une existence.
Ils s'aimaient, tout à l'envi leur souriait, dans quinze jours, leur mariage serait célébré ; ils étaient jeunes, beaux, riches ; qu'avaient-ils à désirer de plus ?...
À ce moment, un bruit léger retentissant vers l'entrée du boudoir les fit se retourner tous deux ; un valet de pied était là, arrêté discrètement au seuil de la petite pièce.
— Monsieur, fit-il en s'approchant de Raymond, M. Ferney vous demande.
— C'est bien, j'y vais, répliqua le jeune homme réprimant mal un mouvement de contrariété.
...

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