L Emprise du Panthéon
340 pages
Français

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L'Emprise du Panthéon , livre ebook

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Description

Qui ne souffre jamais des remarques blessantes ou gratuites des autres, proches ou étrangers ? Qui ne désire pas comprendre les motivations de ces vipères en jupons ou à moustaches, et aux larges sourires ? Qui n'en vient à aucun moment à douter de soi, de l'amitié, de la famille ? Certainement pas Audrey, notre héroïne hypersensible ! Suivons-la sur un chemin hasardeux qui l'embarquera à son insu dans une enquête d'une nature inédite, semée d'embûches et de rebondissements : celle des raisons dictant les comportements humains !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342048865
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Emprise du Panthéon
Alain Pyre
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Emprise du Panthéon
 
 
 
Les gens qu’on interroge, pourvu qu’on les interroge bien, trouvent d’eux-mêmes les bonnes réponses.
Socrate
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Livre premier
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Chapitre I. Frémissements
 
 
 
1
 
 
 
Quelque chose grandissait en elle, mais quoi ?
 
Transfigurée, elle ouvre les yeux et considère l’espace alentour : des lambris diffusent une lumière ocre insufflée par les dieux, et les dieux exultent à travers chaque détail, chaque objet, tels ces meubles inspirant le travail bien fait, le souci du toucher, la plénitude du repos. Sous la caresse du regard, l’harmonie des courbes dégage une sensualité sauvage. Plus bas, des tapis de laine se démarquent du parquet lustré. À l’extrémité de la pièce, un mur de pierres dont la teinte anthracite rappelle les escarpements de la veille. Plus proche, gardée par d’imposants chenets, une cheminée de belle facture où des cendres piquées d’étoiles prolongent des moments incertains.
La mémoire lentement lui revient, qui déjà vagabonde à sa guise. L’instant, chargé d’éternité, ne lui appartient plus. En lisière de songes, une vérité éblouissante…
Soudain, un sourire frappe à ses lèvres ; aucun muscle n’y répond. Sur le lit, assise en tailleur, elle savoure le moelleux de la couette. Un parfum flotte dans l’air, mystérieux comme les secondes qui s’écoulent hors du temps, hors du monde, et de l’emprise de l’esprit. Les frises en pin qui délimitent le plafond arborent de délicates ciselures, soulignées d’arabesques turquoise ; elle en apprécie la naïveté apaisante. Derrière les rideaux irradiés, les croisillons des fenêtres agitent des fantômes endiablés.
Audrey se sent heureuse. Prodigieusement libérée. Ses mains, immobiles jusqu’alors, entament de petits mouvements circulaires. Sous ses sens avivés, les replis des draps deviennent sources d’émerveillement. Inutile de bouger, simplement être là ; un abandon sans précédent. Elle se demande si cette quiétude souveraine émane d’elle, ou d’ailleurs. L’alchimie de l’air la surprend : molécules fines et parfaites, essences d’épineux, une pointe de lavande. Sur une rive désormais accessible, le veinage du bois révèle de vastes plaines, régulières et dorées, lovées aux creux d’éminences étirées.
Elle rejoint un monde invisible où, partie intégrante d’un tout, une brise la soulève et l’emporte. « Bien sûr ! » s’exclame-t-elle, en déchirant le silence qui aussitôt s’empare de son cri. Machinalement, ses mains reprennent leurs déplacements giratoires dont l’ampleur a grandi. Tout à coup, une vibration menace l’ordre établi. Puis le calme revient, plus dense encore. Un bruissement le trouble à nouveau, juste perceptible à l’échelle de sa sensibilité. Alertée par d’insaisissables canaux, la curiosité gagne ses doigts qui sondent les abords et butent contre un obstacle à la consistance étonnante. Par jeu, elle multiplie les attouchements, afin d’en déceler la nature. Un fourmillement au bout des ongles. Ses paupières frémissantes s’inclinent vers la source de son émoi.
 
Trop tôt, pour cet extrait ! Il s’agit d’une autre histoire… Ce qu’il faut dire, d’abord, c’est que tout commença à Pontoise, le 11 août 2003, par un lundi ensoleillé.
 
Jolie et douée, elle avait tout pour être sereine…
 
Le ciel, en ruisselant des grands saules, distillait un réconfort ambigu. À deux pas d’un banc délaissé, la nappe sombre de l’Oise frissonnait sous la canicule. Comment aurait-elle pu prévoir qu’en ce lieu précis, en pleine mélancolie, son univers allait basculer ?
 
Ce qui suit n’est pas du ressort des mots ; au plus, de celui d’un aveu. Seule, elle l’était, mais si peu finalement… Comme la veille et l’avant-veille, à la même heure, profitant de ses derniers jours de congé, elle était venue chercher près des flots son lot de néant ! Sa dérive avait un nom, qu’elle évitait de prononcer. Elle jeta dans l’eau un caillou, après l’avoir longuement roulé entre le pouce et l’index. Aussitôt, le miroir de sa conscience se troubla ; le soleil se mit à osciller au rythme des ondes successives. Cette vision la subjugua ; elle préfigurait un changement dans l’ordre établi, une sédition imminente.
 
« Et si moi aussi, je changeais ? »
 
La journée se réveilla, attisée par le crépuscule pointant à l’horizon. Quelque chose d’infime, mais d’impérieux, était en marche ; une éventualité informulable qui titillait ses principes. Dans les décombres du passé, allait-elle enfin se mouvoir la tête haute, déjouant les obstacles du quotidien ? Par bribes, des souvenirs lui parvenaient, sans liens apparents. Puis des phrases entières, dénuées de sens et néanmoins riches de signification… Cette aisance subite, cette aptitude insoupçonnée, lui rappela l’école primaire. Les rédactions imposées, après les sorties collectives à la fête foraine, à la Société protectrice des animaux, ou en forêt. Ces occasions bénies de s’exprimer sans retenue. Fillette, elle aimait décrire, composer, raconter. Une liberté démesurée occultait ses frustrations dès qu’un crayon s’agitait au bout de ses doigts graciles. Mais, venant de franchir le cap de la quarantaine, tout cela lui paraissait si lointain…
 
 
 
2
 
 
 
« Et si moi aussi, je changeais ? »
 
Cela faisait plusieurs jours que les eaux souillées de l’Oise avaient oublié ces paroles, pourtant leurs mots enjolivés cheminaient encore dans l’esprit d’Audrey. Depuis qu’elle répétait ce défi insensé à chaque embuscade de l’ennui, elle ne connaissait plus de détresse véritable. Toutefois, elle s’interrogeait : quand le prodige allait-il s’essouffler ? Et quelle en était l’origine ? Le banc où elle s’était reposée, les échos du silence, ou cette pulsion absurde qui l’avait conduite à se débarrasser d’un caillou ? Elle n’était pas dupe : rien de tout cela ! Juste un pied de nez dans le dos du monde ! Aurait-elle pu, alors, en prévoir les conséquences ?
 
Elle pouffa. Dans le brouhaha du réfectoire, ses collègues ne se retournèrent pas. Écarlate, elle les épia discrètement du revers d’une mèche de cheveux : aucune réaction ! Ils continuaient de mastiquer en opinant régulièrement, comme si son relâchement n’avait pas eu lieu, ou qu’il était identique à elle, c’est-à-dire sans retentissement ! Elle se demandait comment un éclat d’une telle ampleur avait pu passer inaperçu.
Quelques minutes plus tard, à la cafétéria, elle parvint à extraire Michaël de ses compagnons de table, et à se retrouver seule avec lui. Elle le questionna : il avait forcément remarqué son faux pas ! (Il était en effet à proximité durant le repas.) Malgré leur attachement légendaire, il lui affirma qu’il n’avait rien perçu. Dubitative, elle songea à leur rencontre, en 1982, à l’anniversaire d’une jeune fille de leur âge qu’ils fêtaient en bande joyeuse dans le Quartier latin. Il s’agissait de Séverine, la sœur jumelle de Georges Dufour, le prétendant d’Audrey. Georges et Michaël formaient, avec deux autres compères mal rasés, un groupe de musiciens amateurs dont Georges était le chanteur vedette. Leur passion pour le rock’n’roll, née au lycée deux années auparavant, les avait poussés à se produire une fois par mois dans un modeste restaurant de la rive gauche, ou pour de rares occasions privées. Ce soir-là, Audrey n’avait d’yeux que pour Georges qui reprenait les succès du King. En retrait, Michaël et ses camarades assuraient l’accompagnement, à grands coups de batteries et de guitares électriques. Depuis, mille choses avaient changé, mais l’amitié entre Georges et Michaël était restée intacte et forçait encore l’admiration d’Audrey. Mariée au premier à l’âge de 23 ans, elle avait toujours apprécié le second, en particulier pour sa discrétion ; sur ce point, il lui ressemblait. Michaël était le parrain de Manon, la fille aînée de Georges et Audrey Dufour ; il ne manquait aucune de leurs réunions familiales.
« Es-tu certain que tu n’as pas entendu ? insista-t-elle.
— Entendu quoi ?
— Mon rire !
— Non ! vraiment pas ! Qu’ai-je manqué de si amusant ? »
Le regard d’Audrey balaya l’espace : « Rien du tout ! Michaël se rapprocha et chuchota :
— Dis-moi ce qui ne va pas.
— Ça va pour le mieux ! C’est peut-être d’ailleurs cela le problème !
— Si je comprends, tu t’inquiètes de trop bien aller !
— Oui, c’est une sensation bizarre ! Ce rire m’a échappé, comme le caillou, l’autre jour… »
À l’air égaré de son vis-à-vis, Audrey comprit qu’elle devait en dire davantage. Aussi, lui confia-t-elle sa lassitude, quelques semaines plus tôt, dans la chaleur moite de l’Oise, et ce geste irréfléchi qui ne lui ressemblait pas. Puis le monde entier qui lui souriait, tout en conspirant à la tenir à l’écart ! Et partout, des réactions par milliers, anodines pour le commun des mortels, qui soudain la surprenaient ; elle n’obéissait plus aux habitudes de ses semblables. Elle lui avoua que derrière sa mine affable et ses propos policés, elle était fréquemment démoralisée. Un mot jusqu’alors tabou s’imposa : celui de dépression. Étonnée de sa propre verve, elle lui dit qu’elle ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait, y compris en ce moment même ! En temps normal, elle ne se serait jamais livrée si librement à lui, affranchie de retenue comme si une tierce personne s’était immiscée en elle. Elle s’appesantit sur sa crainte que cet état de grâce ne tarisse aussi rapidement qu’il était apparu.
 
Mi

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