L’Écossaise
238 pages
Français

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Description

Décors : le Valais suisse et l'Écosse. Un montagnard rencontre inopinément une jeune touriste écossaise. Un lien amoureux les unit bien vite. La vie s'ouvre, lumineuse, devant eux. Mais le destin a semé ses embûches. Leur parcours ne sera pas « un long fleuve tranquille ». L'auteur vous emmène dans les méandres de leur existence peu banale, tantôt colorée de bonheurs, tantôt lourde d'orages.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 6
EAN13 9782332944290
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94427-6

© Edilivre, 2015
Avertissement

Avertissement :
Ce livre relève de la fiction. Toute ressemblance avec une personne réelle serait pure coïncidence
Remerciements
Toute ma reconnaissance va à Liliane Windels qui m’a chaleureusement soutenue. Merci aussi à tous mes amis de l’écriture qui m’ont encouragée dans cette entreprise.
A mes fils
I ère Partie
« … Amour ! toi qui nous charmes !
Tu nous tiens par la joie et surtout par les larmes. »
(Victor Hugo)
1
En ce troisième dimanche de mai, le carillon de l’église de La Borgne annonce le rassemblement festif du remuage. Mais pour Théophile Forclaz, encore enfoui sous la couette, cette volée de cloches résonne comme un glas. Les ballons de Dôle qu’il a bus la veille pour s’étourdir cognent les parois de son crâne. Eveillé par la douleur, il soulève les paupières, se redresse péniblement, se rend compte enfin que le tintement n’a rien de lugubre. C’est lui qui se sent plongé dans les ténèbres. Sur la paroi blanche du mur, il voit se dessiner comme un pêle-mêle géant : Sylvaine qui lui fait de l’œil au réveillon de l’An ; Sylvaine qui descend avec lui les pistes enneigées, plus légère qu’un oiseau ; Sylvaine, les cheveux blonds dénoués, qui court vers lui. Mais Sylvaine aussi au bras de Gilbert qui murmure à son oreille ; Sylvaine enfin, une lettre à la main, au milieu d’un groupe de godelureaux, qui s’esclaffent avec des rires méchants.
Son billet, son poème amoureux, maladroit mais sincère, elle l’a montré à tout le village ! Théophile voudrait mourir. Il croyait, lui, le fils tant chéri de sa mère, qui l’avait eu sur le tard, que toutes les femmes étaient bienveillantes. A vingt-deux ans, il est resté naïf, la vie ne l’a jamais écorché, même pas égratigné. Il ignore que dans le cœur de certaines femmes une bête sauvage sommeille, plus redoutable que ces loups qui viennent de réapparaître dans le Valais.
« Idiot, crédule, gogo, voilà ce que je suis », se dit Théo. Et sa prestance physique – grand, musclé, les cheveux drus et foncés, les yeux bleus comme l’eau des glaciers – ne le rassure pas sur son pouvoir de séduction.
Pourtant, il faut se lever, revêtir le costume de drap brun, la ceinture fleurie et le chapeau de fête. Il faut aller à la messe ! Mais, aujourd’hui, il s’installera au premier rang, à côté de sa mère, le plus loin possible du porche où les jeunes ont l’habitude de se regrouper pour glousser, pouffer et surtout ne pas suivre l’office. Après l’« Ite missa est », il ne fera pas la « pichte » (1). Il trouvera bien un prétexte pour que ses vieux parents ne s’inquiètent pas.
Comme d’habitude, ce troisième lundi de mai, il met son béret de travers, revêt ses vieux jeans, sa chemise à carreaux et son gilet en peau de mouton. Il part pour les mayens, parmi ses brebis à tête noire, avec ses deux chiens, Sherpa et Bigoudi. N’est-il pas lui-même un mouton noir ? Le mulet, chargé du nécessaire pour l’estivage, ferme la marche. Et dans son sac à dos, sa chère flûte de bois !
Théophile et son troupeau passent le pont du torrent. De là on voit encore le clocher et les toits serrés qui descendent, cascade de pierres plates, vers le cours d’eau. Théo se retourne. Il lui semble laisser son âme dans ce village. Monter vers les alpages lui répugne, alors qu’il l’a fait tant de fois, l’esprit léger. Cœur lourd, poitrine serrée, estomac noué, pieds de plomb : tout le corps de Théo proteste. Ses pensées hurlent dans son crâne : où vas-tu ? Reste là ! Ne fuis pas le village ! Son être entier l’enjoint de faire demi-tour. Il envie l’immobilité des rochers, les arbres enracinés solidement. Et pourtant…
Partout autour de lui, la nature s’active. Sherpa et Bigoudi jappent, contiennent le troupeau qui hume déjà la fraîcheur des sommets. Les grelots tintinnabulent. Partout, les forces engourdies de la terre se réveillent. Le vent curieux soulève une à une les branches des mélèzes. L’herbe reverdie, piquetée de campanules, de coquelicots, de marguerites, ondule, lascive. Un aigle emprunte un courant invisible pour assurer son vol. Les larves deviennent insectes. La montagne tout entière est entrée en transhumance. A cet appel du fond des temps, rien ne résiste. Alors, le corps de Théo s’ébranle. Avec difficulté, notre homme se hisse de cailloux en sentiers terreux, de rus en pâturages.
Les heures s’égrènent. Soudain le troupeau accélère l’allure : le Lac aux Tritons est là et aimante les animaux.
« Les mayens, déjà ! » Mais l’enchantement du lieu recèle des maléfices pour le jeune homme. Sur les rives la sauge des prés, la centaurée frissonnent : les reins de Sylvaine ! La cascade s’unit au lac dans un roucoulement : le rire de Sylvaine ! Un buisson d’églantines ébouriffe ses fleurs qui exhalent leur fragrance : le parfum de Sylvaine ! « Quelle obsession ! Je deviens fou », hurle Théo.
A cet instant, sur le balcon d’un des rares chalets, apparaît une Valaisanne en robe traditionnelle, une tasse de thé fumant à la main.
– Té, le Théo ! Ça fait longtemps ! Tu commences à brailler comme tes bêtes maintenant !
– Henriette !
– Viens, je te prépare une tisane de « gratte-cul »(2). Mais quelle figure de carême prenant !
– C’est la Sylvaine qui…
– La Sylvaine qui t’a fait une figure de revenant ! Mon pauvre Théo ! Tu ne vas pas passer à cause de cette poulette que tout le village lui est monté dessus ! Sauf not’ bon curé !
Ce disant, Henriette se signe.
– Viens goûter de ma tisane.
Théo obéit. Une marmite ronronne sur le fourneau en pierres ollaires (3) qui dispense une chaleur bienfaisante. Et Théo s’assied sur le banc d’arolle. Henriette qui ne voit guère de monde durant l’hiver raconte : souvenirs de famille, histoire des ancêtres, des bergers, mariages, fauchage des foins et du regain. Théo est saoul, non de vin – l’expérience l’a rendu prudent – mais de paroles pittoresques, vivantes, chaleureuses.
– Je vais rentrer les bêtes. Merci pour tout, Henriette !
– Bonne nuit mon Théo !
En ouvrant la fenêtre de sa chambre, Henriette entend dans le calme nocturne une sonorité pure et douce monter vers les étoiles. Les notes veloutées de la flûte filent un air du pays : « Ce sont les Valaisannes ».
« Il n’est pas tout à fait perdu ! » se dit Henriette en souriant.
Mais le flûtiste doit encore affronter un sommeil malfaisant : rêves troubles, cauchemars se succèdent. Soudain Théo est réveillé par un son que son cerveau parvient difficilement à classifier. Les chiens aboient. Est-ce le loup, un rapace nocturne, une oréade ?
Pressentant un danger, le jeune homme bondit hors du mazot : un énorme sac à dos gît au bord du lac, ses bretelles retiennent captif le corps frêle d’une jeune fille dont la toison rousse macule la berge d’une tache lunaire.
Théo s’approche, une lampe torche à la main. Il admire d’abord la jeune évanouie, si belle malgré sa pâleur. Avec délicatesse, il la délivre de son fardeau puis lui tapote doucement les joues.
– Mademoiselle ! Mademoiselle !
La fille ouvre les yeux :
– Oh ! My god, what happend ?
– N’ayez pas peur, je m’occupe de vous.
La jeune femme semble confiante et Théo aide la marcheuse un peu chancelante à se relever. La soutenant, il l’emmène vers le mazot et l’installe au mieux.
– Vous parlez français ? s’inquiète Théo qui ignore tout des langues étrangères.
– Bien sûr ! dit-elle avec un adorable accent anglais. Je m’appelle Audrey.
– Moi, c’est Théo. Je suis berger.
La tome de chèvre, le pain bis et un bon vin chaud ont vite fait de raviver le teint de la jeune fille.
Audrey explique son invraisemblable voyage. Arrivée par avion de Glasgow à Genève, elle a rejoint Sion par le train. Un bus l’a déposée au pied du barrage de la Grande Dixence. Et, pour ne pas perdre un jour de vacances, cette jeune téméraire a décidé de longer le lac de retenue pour escalader un versant de montagne et redescendre ensuite vers La Borgne. C’était sans compter avec l’altitude qui vous fait tourner la tête, les chemins rocailleux, le poids du sac à dos, les genoux qui souffrent dans la descente. Ses forces l’avaient abandonnée avant le but. « Voilà bien les Anglais, pense Théo : plus imprudents, tu meurs ! Le cimetière de La Borgne compte quelques-uns de ces originaux ! »
Dehors, Sherpa et Bigoudi protestent par leurs aboiements contre l’installation de la mystérieuse intruse.
Audrey dormira au mazot. Pas question à cette heure de l’accompagner au village. Théo lui cède sa couche. La visiteuse s’endort sans demander son reste.
Lui s’étend à même le sol, enroulé dans une couverture. Dans la pénombre, il observe l’inconnue et peine à trouver le sommeil. Il s’endort enfin, agité de rêves étranges où des elfes dansent une sarabande autour du lac.
Le lendemain matin, le soleil colore le sommet des Dents de Veisivi, les ombres des pics se rétrécissent et une lumière vive entre par une fenêtre du refuge éveillant Audrey. A son tour d’observer Théo : « My God, what a beautiful man ! » (4).
Mais à peine Audrey a-t-elle le temps d’admirer son sauveur, que celui-ci sort et emmène le troupeau paître.
A son retour, il décide d’accompagner la jeune fille jusqu’à La Borgne. Il portera son sac. Son absence ne sera pas longue. Henriette les voit passer, interloquée : « Et ben, y perd pas son temps notre Théo ! Mais ce n’est pas tant bon de courir après toutes les belles qui passent ! ». La vieille dame referme sa fenêtre.
Les deux jeunes dévalent en riant les sentiers des mayens : elle, aidée d’une main secourable quand la pente se fait trop raide, lui, les yeux et le cœur éblouis par une chevelure rousse qui danse.
Ils font une pause sur un plat, au pied d’une grange à foin a

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