L Affaire Clémence Lange
127 pages
Français

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L'Affaire Clémence Lange , livre ebook

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Description

Maître Nicolas Kléber appartient à cette catégorie de jeunes gens à qui tout sourit : il est beau, brillant et promène à son bras une ravissante créature. Il doit justement la rejoindre dans quelques heures sur les cimes enneigées de Chamonix pour fêter le Nouvel An. Mais, avant cela, il lui faut se rendre à Fleury-Mérogis, où l’une de ses clientes comparaît devant le conseil de discipline. Simple formalité… qui va virer au cauchemar. Car Clémence Lange compte bien faire payer à son avocat la légèreté dont il a fait preuve lors de son procès : elle lui a valu quinze ans de réclusion pour le meurtre de son amant dont elle se dit innocente. Séquestré dans une cellule prototype de la prison, notre fringant avocat va vivre une véritable descente aux enfers… Un huis clos angoissant, où Laura Sadowski réinvente le thriller judiciaire.Laura Sadowski est avocate. L’Affaire Clémence Lange est son premier roman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2008
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738192851
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, 2008, JUIN 2009 15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9285-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
L’Origine du sexe , 2009.
À Aurélia
Avertissement

Cette histoire relate des événements qui se sont réellement déroulés. Il a donc paru utile, pour une légitime protection de la vie privée, de préserver l’anonymat des acteurs qui les ont vécus.
Une partie de la narration a pour décor la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (département de l’Essonne, près de Paris), réputée pour être la plus grande prison d’Europe. Elle y accueille des prévenus et des condamnés des deux sexes.
Il y est question de la rénovation de cette prison. Elle a effectivement été entamée en 2002 et devrait s’étaler jusqu’en 2015. Treize ans de travaux seront nécessaires pour réhabiliter des bâtiments carcéraux élevés en 1968 et aujourd’hui dans un état de vétusté tel qu’ils révoltent la conscience humaine.
En attendant, des cellules prototypes ont été construites et sont proposées à la visite des ministres et des observateurs extérieurs afin qu’ils se fassent l’écho d’une réhabilitation qui assurera la dignité des personnes enfermées. L’auteur a pu visiter l’une de ces cellules ; il tient ici à exprimer sa profonde gratitude au ministère de la Justice ainsi qu’à M. Fauconnier, alors directeur de la prison de Fleury-Mérogis, pour l’y avoir autorisé.
Enfin, le lecteur rencontrera dans ces pages un procès d’assises. L’auteur a tenté autant que faire se peut de concilier l’exacte procédure d’un procès criminel avec les lois du récit. L’auteur prie d’avance les spécialistes de l’en excuser, mais la narration était à ce prix…
Première partie
Le week-end de la Saint-Sylvestre
Chapitre 1

Debout devant la fenêtre de son bureau, Nicolas Kléber, l’œil brillant et la dent humide, mordait avec voracité dans son sandwich.
Il n’avait pas faim, il mangeait, pour ainsi dire, de bonheur. Il était heureux. Il était même en ce moment l’avocat le plus heureux de Paris.
 
C’était jour de la Saint-Sylvestre, vendredi 31 décembre, et le greffe du tribunal de grand instance de Paris venait de lui apprendre qu’il avait gagné l’affaire du siècle contre l’AMF, l’Autorité des marchés financiers. Contre cette institution qui contrôle les opérations boursières, il avait représenté et défendu les intérêts d’une importante société américaine de fonds d’investissements, la Western West Fund, accusée de délits d’initié et de recel de délit d’initié :

«  Attendu que le ministère public et l’AMF ne rapportent pas la preuve que les dirigeants sociaux de la Western West Fund ont réalisé ou permis de réaliser, soit directement, soit par personne interposée, les opérations financières sus-incriminées avant que le public ait eu connaissance des informations privilégiées, conformément à l’article L 465-1, ali. 1 du code monétaire et financier, les déboute de l’ensemble de leurs demandes . »
L’action en justice passionnait la presse économique spécialisée depuis l’été et tenait en haleine les avocats d’affaires de la place parisienne, et l’on guettait si l’audacieux avocat allait encore une fois faire jurisprudence. Car cette fois, ne reculant devant rien, Nicolas Kléber avait attaqué l’impartialité du rapport rédigé par l’AMF et transmis au procureur – chose qui ne s’était jamais faite auparavant. Il fallait oser !
Et tandis qu’il mordait à belles dents dans son pain doré garni de saumon fumé, il laissait errer ses yeux sur la place des Victoires qui s’étendait sous ses fenêtres.
Elle était ensevelie sous une épaisse couche de neige qui étincelait sous le soleil de midi. Les vitrines des boutiques qui la bordaient semblaient vouloir rivaliser avec l’astre et scintillaient des mille feux de leurs décorations de Noël. C’était une féerie de couleurs et de lumières.
Mais lorsque ses yeux se posaient sur la statue équestre de Louis XIV qui se dresse fièrement au milieu de la place, un imperceptible sourire tirait le coin de ses lèvres. Alors il prenait une longue inspiration, bombant le torse, et se laissait envahir par un délicieux sentiment d’orgueil.
Il n’était pas seulement heureux, il avait aussi la sensation d’être le maître du monde. C’était l’univers tout entier qu’il aurait voulu mordre, dévorer, avaler !
Il se dégrisa brusquement. On frappait à sa porte. Il cria « Entrez ! », avec l’irritation de quelqu’un dont on trouble le plaisir.
C’était Françoise, sa secrétaire. Cheveux cendrés, la cinquantaine, sans artifices et encore belle. Il se radoucit. Il l’appréciait beaucoup. Presque dix ans de collaboration. Quand il avait racheté les parts de l’avocat de la société qui partait à la retraite, il l’avait gardée sur les conseils de son prédécesseur. Bien lui en avait pris : elle connaissait par cœur les dossiers et les clients. Sans elle, il ne s’en serait jamais sorti. Elle sentait d’ailleurs sa gratitude, du coup elle teintait ses rapports avec lui d’une sollicitude toute maternelle.
Elle avança vers lui avec un large sourire tout en agitant une feuille de papier devant elle :
– Un fax vient d’arriver, maître. On vous félicite pour votre victoire de ce matin.
– Venant de qui ?
Alors le grand sourire de sa secrétaire se transforma en un gloussement de joie :
– Du bâtonnier lui-même ! Il vous adresse ses vœux au nom de l’ordre des avocats de Paris.
Il fit semblant d’ignorer le fax flatteur et détourna la tête, mais il rougissait d’émotion.
De nouveau son regard s’attacha sur le Roi-Soleil représenté en empereur romain monté sur un cheval cabré. Non qu’il s’identifiât à lui, son amour-propre flatté n’allait pas jusque-là, mais pour caresser en esprit celui qu’il avait pris pour porte-bonheur.
Car depuis son arrivée dans les locaux de la société, alors tout jeune avocat associé, il avait fait de cette statue son fétiche, son gri-gri, un objet magique auquel il rendait confusément hommage chaque fois qu’il gravissait une nouvelle marche de l’escalier démesuré de son ambition.
Et la sculpture lui avait, ô combien, porté chance ! À trente-huit ans l’été prochain, il pouvait se dire presque au faîte de la réussite sociale. Il était l’associé à parts égales d’un des plus gros cabinets d’affaires de la capitale, Aston Strasberg et Associés, cabinet dont il était le plus brillant élément. Il avait sa Porsche, sa Ducati, sa Rolex, ses costumes de stylistes italiens et son appartement à Neuilly. Il était le vice-président de l’Association des avocats d’affaires de France, il était membre du Jockey Club ; il était inscrit sur la liste de tous les rallyes mondains et de toutes les manifestations branchées, et bien qu’il fût issu d’une famille aisée des Hauts-de-Seine, il pouvait s’enorgueillir d’avoir fait fortune. Il appartenait à cette nouvelle classe sociale postindustrielle de gens riches qui ambitionnent de devenir plus riches encore et glorieux.
De son côté, Dame Nature s’était montrée généreuse et l’avait doté d’un physique avantageux. Son regard et son sourire surtout avaient un charme fou.
 
Tout à coup, la lumière rayonnante de la place disparut. Un nuage passait devant le soleil. La neige devint grise, les feux des décorations s’éteignirent dans les vitrines, et la statue équestre de Louis XIV devint une silhouette sombre et inquiétante.
Il fut parcouru par une sorte de frisson désagréable, une de ces crispations pénibles du cœur qui fait redouter l’approche d’un grand malheur. C’est étrange, se dit-il, je ne suis pourtant pas d’un tempérament mélancolique. Alors il préféra chasser la sensation déplaisante en s’éloignant de la fenêtre.
Françoise, elle, resta. Elle ne se lassait pas d’admirer la vue que son patron avait sur la place, que celle-ci soit grise ou ensoleillée. La fenêtre de son bureau à elle, orienté au nord, donnait sur la cour intérieure, terne et lugubre, de l’hôtel particulier.
Soudain le soleil reparut, et elle s’extasia tout à fait :
– C’est beau ! C’est comme la promesse d’un passage joyeux à la nouvelle année.
Ces mots firent revenir près d’elle Nicolas Kléber. Il retrouva son sourire de conquérant. Car il songea que dans quelques heures, lorsque les douze coups de minuit retentiraient, il serait loin d’ici, il serait fêté, il serait aimé.
– À quelle heure décolle votre hélicoptère ?, demanda sa secrétaire, comme faisant écho aux pensées de son patron.
– À 20 heures piles, s’exclama-t-il. (Il froissa le papier de son sandwich qu’il lança, avec un geste ample de basketteur, dans sa corbeille à papier. Il réussit son shoot :) Pile aussi !
L’euphorie l’avait de nouveau gagné. Il déploya ses bras comme les deux ailes d’un avion et se mit à tourner autour de son bureau en mimant le bruit d’un hélicoptère. Françoise riait et hochait la tête : « Vous êtes un grand enfant, maître ! »
Encore quelques affaires à expédier au téléphone cet après-midi, ensuite son long week-end de la Saint-Sylvestre pourrait commencer.
Il passerait d’abord à son appartement pour se changer et prendre ses bagages, puis filerait à l’aéroport du Bourget. De là, il s’envolerait pour Chamonix. Des amis y étaient déjà. Anouk aussi.
Anouk. Il l’avait rencontrée voici deux ans à l’occasion d’un vernissage dans une galerie d’art réputée de la rue de Seine. C’était elle qui organisait l’exposition au profit d’une fondation caritat

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