Judi
240 pages
Français

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Description

Au Québec, environ une personne sur sept possède un casier judiciaire.
Judi est le premier roman à suspense d’une trilogie composée de Liberté 56 et de Hook.

Julien Dion n’a jamais eu de job. Même en contexte de pénurie de main-d’œuvre, on n’embauche pas un ex-détenu schizophrène dans la trentaine sans expérience.
Participer à un week-end d’essais cliniques en échange d’une rémunération devient donc une solution intéressante, sauf si on se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment.
Plongé malgré lui au cœur d’une enquête policière et hanté par les fantômes de son passé, le jeune homme devra apprendre à faire fi de l’opinion des autres pour mieux s’accepter afin de réintégrer la société et enfin vivre la vie qu’il convoite.
Mais peut-on vraiment se libérer des étiquettes?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782981917966
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

J ud i





Roman


suspense



Stéphane Simard



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada.
Titre : Judi / Stéphane Simard.
Noms : Simard, Stéphane, 1967 septembre 2- auteur.
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 2022002815X | Canadiana (livre numérique) 20220028168 | ISBN 9782981917959 (couverture souple) | ISBN 9782981917966 (EPUB)
Classification : LCC PS8637.I43 J83 2023 | CDD C843/.6—dc23
1969 , rue Anne-Julien
Carignan (Québec) J3L 7J9
Pour bénéficier des tarifs spéciaux s’appliquant aux achats en gros, contactez-nous à ssimard@stephanesimard.com.
Judi
ISBN pour version papier : 978-2-9819179-5-9
ISBN pour version ePub : 978-2-9819179-6-6
Révision linguistique : Féminin pluriel
Conception graphique : Julie Deschênes
Photographie de l’auteur : Catherine Giroux
Impression : Diapason, gestion de production imprimée
Imprimé au Canada
Judi © Éditions Viséo, 2023
Tous droits réservés
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec 2023
Bibliothèque et Archives Canada 2023
Toute reproduction, adaptation ou traduction en tout ou en partie, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation de l’éditeur.








Before you hand me over
Before you read my sentence
I’d like to say a few words
Here in my own defence
Some people struggle daily
They struggle with their conscience
Till the end
I have no guilt to haunt me
I feel no wrong intent
Paroles d’ A Criminal Mind, de Lawrence Gowan





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Vendredi 3 avril
15 h 40
Les mots inscrits sur l’affiche fixée sur le haut de la façade en tôle grise de l’édifice avaient déjà capté mon attention il y a environ trois mois, mais j’espé- rais vraiment me trouver quelque chose de mieux. Après une autre semaine sans réussir à décrocher la moindre job, je ne peux plus me permettre d’ignorer la promesse NOUS RECRUTONS en gros caractères blancs sur fond noir.
Je zigzague donc du trottoir jusqu’à l’entrée prin- cipale afin d’éviter de mettre les pieds dans les nom- breux nids de poule remplis d’eau sale qui jonchent le stationnement en gravelle.
Dès que j’ouvre la porte en acier décorée d’un graffiti, une forte odeur d’huile à transmission me monte au nez, mais je me dépêche quand même à entrer afin de faire cesser la sonnerie stridente que j’ai déclenchée en ouvrant.



8


Vendredi 3 avril


Quelques secondes suffisent pour valider l’idée que je m’étais faite de Logistique Demers : un entre- pôt composé de rangées d’échafaudages métalliques d’une dizaine de mètres de haut remplis de palettes de bois sur lesquelles sont empilées des boîtes de carton emballées de cellophane transparent. Rien d’excitant, mais je n’ai pas le luxe de faire mon difficile.
L’absence d’activité humaine me fait douter des véritables besoins en main-d’œuvre. Le seul signe de vie provient de bottes qui claquent sur le métal des escaliers à ma gauche. Un costaud simplement vêtu de jeans et d’une chemise en coton bleue aux manches roulées s’approche tout en appuyant sur l’écran de son téléphone cellulaire. Ce n’est que rendu à quelques mètres de moi qu’il croise finalement mon regard.
— Qu’est-ce que j’peux faire pour toé, mon champion ?
— J’viens pour la job.
Pendant quelques secondes qui me paraissent interminables, l’homme dans la quarantaine semble chercher à quoi je fais référence en grattant sa pâle chevelure déjà dégarnie pour son âge.
« J’espère que j’aurai pas l’air aussi vieux dans quinze ans… »



9


15 h 40


— Ah ! L’affiche. Excuse-moé, j’me rappelais même plus qu’elle était encore accrochée sur le building .
Il rit en me scrutant des pieds à la tête, puis m’invite à le suivre jusqu’à la roulotte de chantier de la taille d’un cabanon installée dans un coin de l’entrepôt.
— C’est pas toujours tranquille de même, me lance-t-il par-dessus son épaule sans arrêter de mar- cher. Les gars finissent à trois heures, le vendredi.
Nous entrons dans ce que je devine être son bureau. Il déplace une boîte d’une des deux chaises noires en tissu usé face à son bureau beige en métal.
— Excuse le bordel.
J’observe rapidement les murs en préfini qui sont presque tous tapissés de plans des différentes sections du plancher de l’édifice.
— En avril, ne te découvre pas d’un fil, me dit-il en remarquant que mon regard est resté accroché à la photo d’une jolie brune sur un calendrier et dont les gros seins sont à peine cachés par la salopette qu’elle porte.
Puis, il ajoute avec un clin d’œil complice :



10


Vendredi 3 avril


— En mai, fais ce qu’il te plaît... J’pense qu’on s’est pas présentés. Éric Demers, dit-il en écrasant la main que je lui tends.
— Julien Dion.
Il passe derrière son bureau et s’assoit dans une chaise grise à roulettes qui grince sous son poids, puis se tourne pour emplir une tasse au refroidisseur d’eau pendant que je prends place dans la chaise libérée plus tôt.
— Quelque chose à boire ?
— Non, c’est beau.
Il prend une gorgée et dépose sa tasse I’M THE BOSS en tendant l’autre main vers moi.
— Montre-moi ton CV.
— Je l’ai pas avec moi. J’ai vu l’affiche, pis j’ai pris la chance d’arrêter.
— C’est pas grave. Sais-tu chauffer un lift ?
Je fais non de la tête.
— Sais-tu écrire pis compter ?
— Ben là ! Faut pas me prendre pour un cave !
C’est sorti un peu plus fort que je l’aurais voulu.
— Fâche-toé pas, l’ kid . J’suis sérieux. Y a une per- sonne sur trois au Québec qui a de la misère à lire pis à écrire, pis on dirait qu’ils vivent tous dans l’est de



11


15 h 40


la ville. Vu que la job icitte, c’est de compter des boîtes pis des palettes…
Je l’interromps en me penchant au-dessus du bureau.
— J’ai compris. J’suis pas fou !
Ma réaction le fait légèrement reculer.
« Calme-toé, ostie, t’es en train de lui faire peur. »
— J’m’excuse. Des fois, j’réagis un peu… fortement.
« T’aurais dû prendre tes médicaments à matin, Julien… »
Il fait un signe de tête comme s’il me comprenait, mais je vois dans ses yeux gris le même regard de rejet que les autres employeurs n’ont pas arrêté de me ser- vir depuis trois mois.
— J’suis disponible de jour ou de soir, pis j’reste pas loin, sur Hochelaga.
« Pourquoi tu dis ça ? Tu vois bien qu’il se crisse de toé. »
Le patron recule sa chaise et se prépare déjà à se lever.
— Laisse-moé une chance, man ! Ça fait cinq ans que j’ai pas travaillé. C’est pas parce que j’ai une mala- die au cerveau que j’suis pas un gars travaillant.
Je suis maintenant debout, les deux mains appuyées sur son bureau.



Vendredi 3 avril


— Écoute, Julien, j’ai pas l’temps de jouer à la garde-malade, dit-il fermement en se levant pour se retrouver à ma hauteur.
— Faut juste me faire faire une tâche à la fois dans un endroit le plus calme possible pis me laisser prendre des petites pauses de temps en temps.
— Bon. T’as l’air ben correct pis toute, mais j’pense pas que ça va marcher. Tsé, icitte, ça roule vite, pis j’suis pas mal tout seul pour faire marcher la shop . On est mieux d’arrêter ça là.
Ne sachant plus trop comment réagir, je le fixe en silence, les poings serrés et les yeux mouillés par la rage.
Il contourne doucement son bureau en direction de la porte, mais je le devance et sors brusquement de la roulotte. Je marche presque en courant jusqu’à la porte d’acier que j’ouvre avec fracas, puis les derniers mots que je lui adresse sont étouffés par la même sonnerie stridente qui m’avait accueilli il y a à peine quelques minutes.
— Un jour, c’est toé qui va se mettre à genoux devant moé, vieux crisse !



13


Vendredi 3 avril
16 h 25
La petite demi-heure de marche m’a permis de décolérer un peu de mon entrevue, mais l’intérieur de mon minable studio ne soigne en rien ma déprime. Pour ne rien arranger, la caissière au dépanneur m’a dévisagé avec son air de mépris d’adolescente blasée pendant que je fouillais toutes mes poches pour trouver assez d’argent pour payer le six-pack de Budweiser.
— Cheers ! dis-je en levant une première canette tout en regardant à la ronde comme si la pièce qui me sert à la fois de cuisine, de salle à manger et de salon était remplie de gens.
« Cinq minutes. J’pense que c’est mon record pour une entrevue. »
Un cognement à la porte me sort de mes pensées.
— Julien ? C’est Audrey !



14


Vendredi 3 avril


La travailleuse sociale ouvre la porte sans attendre. C’est jamais barré.
« Qui voudrait venir icitte. C’est petit, c’est laid, pis ça pue… »
— Ouf ! Faudrait penser à faire un peu de ménage, mon Julien.
Elle a dit ça sans reproche, avec un sourire en coin.
Je lui rends la pareille, mais ça ressemble plus à une grimace. Si on revenait trois mois en arrière, je me serais senti jugé par sa remarque, mais elle a réussi à m’apprivoiser assez rapidement malgré mes sautes d’humeur occasionnelles.
Elle retire son court manteau molletonné noir et le dépose sur le dossier de la chaise libre à côté de moi.
— C’est déjà le happy hour ?
Elle s’assoit face à moi, et je lui tends une canette.
— Non, merci. Tu fêtes une bonne nouv

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