Janine
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
180 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Charles rencontre Janine. En la raccompagnant chez elle, ils rejoignent un attroupement de personnes près du canal. Ils viennent de repêcher le corps de la mère de Janine. Elle vient de se suicider car elle ne supportait plus les infidélités de son mari.
Charles perd Janine de vue, mais la retrouve un an après à Paris.
Charles est un homme un peu usé, alcoolique et ne fait pas trop la différence entre ses rêves et la réalité. Son amie Paulette qui tient le bar où il se rend tous les jours lui annonce qu'un viol suivi d'un meurtre a été commis dans le quartier. Mais Charles ne sait pas trop ce qu'il a fait. Qui est-il vraiment ? Aurait-il commis ce crime ? A vous de le découvrir...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332709110
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-70909-7

© Edilivre, 2014
Dédicace


Pour Janine qui a certainement dû exister…
Janine
 
 
Janine n’a vraiment rien à voir avec ses copines de bureau. Bien sûr elle est un peu vulgaire dans son langage, mais pour son maintien et sa tenue vestimentaire, c’est vraiment de première classe. D’ailleurs, c’est ce côté distingué et soigné qui m’a intimidé lors de notre première rencontre. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle bénéficie d’un chic de « femme du monde », car elle est encore trop jeune pour pouvoir acquérir les ruses artificielles et la malice des dames d’expérience qui font croire aux hommes que leur délicatesse sophistiquée est l’apogée de leur raffinement.
Non, les goûts de Janine sont simples : ils vont du sandwich au saucisson à l’ail, à la promenade dans un parc, ou d’un baiser profond dans un wagon du métro en pleine lumière et en pleine affluence.
Elle n’a pas l’air complexée, mais moi je pense qu’elle me parle trop souvent de son nez qu’elle trouve un peu trop long. Son organe nasal lui procure, c’est certain, un petit embarras esthétique, et c’est tant mieux, car si elle n’avait pas ce petit handicap, il est possible que son caractère lui aurait donné une dose de vanité trop importante.
Enfin bref, je ne suis pas là pour la juger mais pour l’aimer, puisqu’il paraît que chaque être humain rencontre au moins une fois la personne de sa vie, je ne peux que m’incliner devant la décision de mon destin qui me la « propulsa » sans que je m’y attende, en plein mois d’août et entre mes bras, c’est à dire en pleine poitrine.
Nous nous sommes rencontrés un soir de fête foraine où cet anniversaire était dû à la célébration de la énième année de la libération du village.
Dans ce tohu-bohu de musique de fanfare, de rengaine de manège, d’éclatements de ballons crevés par les plombs de carabine, par le fracas des vieilles boîtes de conserve renversées par des boules de chiffon, par la sonorité lointaine d’un bal de campagne, par le tapage des cris trop aigus des enfants, par toute cette cacophonie qui nous rend sans qu’on le veuille, heureux et énervés en même temps.
C’est la cohue avec ses bousculades qui nous poussa l’un sur l’autre. Le choc, un peu violent, ne nous apporta pas à l’un comme à l’autre l’envie de nous enlacer longuement, chacun en voulant à l’autre de ne pas avoir su éviter ce fâcheux corps à corps.
Mais il faut avouer que quelques secondes après avoir subi cette déplaisante rencontre, le regard de cette jeune fille me fit oublier toute mauvaise humeur.
Dans ses yeux je vis un instant briller une lueur de haine et ensuite ses pupilles incendiaires se transformèrent en un joyeux brasero. Je compris très vite que cette jeune personne aimait rire, mais ne devait pas aimer pour rire.
Évidemment, pas un mot ne fut prononcé, chacun repartit avec sa parenté, dans la direction inverse de cette campagnarde festivité. La musique, les stands et les manèges ne m’intéressaient plus du tout, j’essayai de revoir dans la foule celle qui en quelques instants m’avait troublé.
Je me bornais à regarder les têtes chapeautées d’une casquette d’officier de marine en papier crépon, puisque cette demoiselle portait sur son crâne ce couvre-chef ridicule dont on s’affuble pour faire voir que l’on s’amuse dans ce genre de soirée. Le temps passait, et malgré l’été, la nuit se faisait de plus en plus profonde.
J’avais perdu l’espoir de la revoir, et j’avais également perdu (volontairement) mes parents (au cas où…). Je déambulais seul comme une âme en peine à la recherche de cette jeune fille.
Ma vision de cette rencontre récente me paraissait un peu comme une illusion, un rêve. Pourtant ce désir de la revoir n’avait rien d’hallucinant, mon imagination n’avait pas débordé ma pensée, il n’y avait pas de mirage, pas de chimère, cette personne existait, ce n’était pas une ombre, mais une image réelle, donc j’allais la revoir dans cette nuit chaude et noire.
Elle se trouvait debout à l’entrée du chapiteau où se tenait la piste de danse. Un orchestre composé d’un batteur, d’un guitariste et d’un accordéoniste, s’efforçait de jouer le plus fidèlement possible les rengaines diffusées sur les radios pendant tout l’été.
Lorsque la musique avait besoin d’une voix pour exprimer la joie ou la tristesse, une corde vocale poussée au maximum voulait faire comprendre à l’aide d’un microphone, un texte que la mauvaise sonorisation nous empêchait de comprendre. En regardant bien, je vis qu’elle n’était plus accompagnée. Elle avait peut-être fait comme moi ? En se procurant plus ou moins honnêtement une liberté d’un soir, une douce folie de l’interdit, un rejet de soumission, elle avait refusé pour me revoir, la censure qu’on lui imposait au nom d’une bonne éthique.
Toujours est-il qu’elle ne portait plus son absurde couvre-chef sur la tête. De gamine elle venait de se transformer en femme, et moi, planté juste derrière elle, je regardais les bretelles de son soutien-gorge, qui, à travers son léger corsage, ressemblait à l’harnachement d’un cheval attelé pour tirer le carrosse.
J’étais si près d’elle, que je sentais son parfum. Plutôt ses parfums, puisqu’un mélange de chewing-gum mentholé et l’odeur d’un shampooing capillaire s’unissaient très bien avec l’eau de toilette à la lavande qui complétait la senteur de cette Cendrillon sans « citrouille ».
Je me mentirais si mes souvenirs me faisaient dire que les premières paroles que je lui adressai furent spirituelles. Je lui demandai tout bêtement si elle voulait danser avec moi ! Elle ne me répondit pas, mais en s’avançant vers la piste de danse, j’en conclus qu’elle acceptait. Après avoir fait trois pas, le tango se termina par un profond soupir d’accordéon. Nous étions tous les deux face-à-face, droits comme des asperges, et en attendant que les premières mesures de musique recommencent, ma cavalière regardait la pointe de ses souliers et moi, le plafond en toile du chapiteau.
J’avais beau me creuser la tête, pas la moindre phrase originale ne me venait à l’esprit. Comme l’orchestre tardait à nous faire entendre sa prochaine rengaine, la jeune fille mit de l’ordre dans ses cheveux, et moi dans mes idées. Juste au moment où je voulais lui dire que « la nuit avait apporté un peu de fraîcheur », le son d’un saxophone (car le guitariste soufflait aussi à l’occasion dans cet instrument) se fit entendre pour nous faire comprendre que cette danse était un paso-doble.
Évidemment, je déteste ce genre de « marche » (bien spécifique dans tous les bals de campagne). La plupart des gens ne savent pas le danser (cela consiste à traîner sa cavalière en marche arrière jusqu’au bout de la piste et de revenir en marche avant à l’endroit du départ jusqu’à la fin de la dernière mesure de musique).
Je me sentais ridicule et en plus ce genre de marathon me donne, comme à tous les autres danseurs, des perles de sueur au front et dans les paumes des mains. J’avais très peur d’indisposer ma « Cendrillon ».
Heureusement, cette « course » se termina rapidement et sans la moindre seconde d’entracte, un slow nous fit nous rapprocher doucement. Mon corps par moments touchait le sien, ma main qui tenait la sienne se referma sur elle, sa tête vint se poser dans le creux de mon épaule, et là, je compris qu’elle deviendrait la mère de nos enfants, qu’elle serait l’autre moitié de ma chair, mon complément, mon double, mes joies et mes ennuis.
Quand les dernières notes de musique s’arrêtèrent, nous ne nous étions pas séparés d’un centimètre. Nous étions passé de la samba à la valse par un grand nombre d’autres danses sans nous en rendre compte.
L’éternel paso-doble qui signifiait que la fête venait de se terminer, nous réveilla en sursaut. J’eus la sensation bizarre d’avoir vécu la réalité d’un rêve.
En sortant, je tenais le bras de Janine, nous n’avions toujours pas prononcé un mot. Le ciel était très clair et je me demandais si c’était dû au clair de lune ou au lever du soleil.
Cette clarté nous donnait un teint blafard et la fraîcheur du petit jour devait y être aussi pour quelque chose. J’avais froid, mais comme « un homme est un homme », je passai mon bras sur les épaules de la jeune fille et en m’efforçant de ne pas trembler je lui demandai de quel côté nous devions aller pour la raccompagner.
Elle ne prononça que deux mots « à droite » sa voix était claire mais un peu frémissante, je sentais qu’elle aussi faisait des efforts pour ne pas grelotter, comme si la présence du froid qui nous enveloppait malgré nous, était un déshonneur, une impureté.
Les lumières des stands s’éteignaient et les gens un peu endormis se dispersaient pour regagner leur lit en espérant rattraper le retard de leur sommeil.
Plus aucun bruit de fête foraine, plus le moindre son d’orgue de barbarie ne venaient à nos oreilles. Seule la nature commençait à faire piailler quelques oiseaux matinaux. Des grillons se frottaient encore un peu les ailes et se taisaient (comme toujours) quand nous étions à quelques pas de leurs sérénades.
Arrivés en haut de la descente qui mène aux petites maisons qui se tassent les unes contre les autres près de l’écluse du canal, un attroupement d’une dizaine de personnes gesticulait.
Malgré un brouillard dû au contraste entre la température de l’air et celle de l’eau, nous vîmes près du chemin de halage, des silhouettes d’hommes et de femmes qui avaient des réactions de panique. Janine se dégagea de mon bras et courut vers le groupe de gens qui me paraissait affolé.
Je descendis beaucoup plus doucement que la jeune fille la petite route qui menait vers ce que je pressentais être un malheur.
Personne ne remarqua ma prése

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents