Irène fille-fauve
61 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
61 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Paul DUMVILLER, alias Doum, est gentiment harcelé par Régine Arnaud, une demoiselle désireuse de devenir journaliste et comptant sur lui pour lui mettre le pied à l’étrier.


Arguant de la difficulté du métier, du nombre de prétendants, Paul DUMVILLER finit par céder quand celle-ci parle d’amener un « beau sujet ».


Quelques jours plus tard, Régine recontacte Doum pour lui apprendre qu’elle a été témoin d’un curieux fait-divers : l’enlèvement d’une femme en voiture.


La victime ayant laissé tomber son sac à main par la vitre, elle l’a ramassé et a découvert, à l’intérieur, un message. Il atteste qu’un chantage est exercé sur une famille en vue, avec, pour objet, un enfant, héritier gênant, que l’on aurait tenté d’assassiner, mais qui serait toujours vivant.


Régine explique alors qu’elle a débuté une enquête qui l’a menée sur les traces de la commanditaire de toute l’affaire, une dénommée Irène, une Kalmouke tenant d’une main ferme une petite cité d’émigrés russes et orientaux.


Impossible, pour Paul DUMVILLER, dans le portrait tracé de ladite Irène, de ne pas reconnaître celle qu’il a déjà affrontée et vaincue dans une aventure précédente...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070037683
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DOUM REPORTER


IRÈNE
FILLE-FAUVE

Par
NEVERS-SÉVERIN
CHAPITRE PREMIER
LA PASSION DU REPORTAGE

— Allô ! Paris-Monde ! Je voudrais parler à monsieur Paul Dumviller !
— De la part de qui ?
— De mademoiselle Régine Arnaud ! Je l'ai déjà demandé plusieurs fois. C'est très important.
— Un instant, s'il vous plaît !
La standardiste du grand quotidien du soir abaissa un levier de garde, puis sonna la « rédaction ».
— Allô ! m'sieur « Doum » est-il là ? C'est sa fameuse demoiselle, qui le demande... oui, Régine Arnaud !
— Doum, c'est ton admiratrice ! cria un reporter, tout en agitant le récepteur téléphonique. Faut-il répondre que tu es sorti ?
— Mais pas du tout ! protesta l'interpellé.
Et Paul Dumviller, saisissant l'appareil, s'épancha en amabilités :
— C'est vous, mademoiselle Arnaud ? Quelle charmante surprise ! À quoi dois-je le plaisir d'entendre votre voix ?
— Ça y est, cette fois, je tiens la grosse affaire ! expliqua l'interlocutrice, avec émotion. Il faut que je vous voie tout de suite !
— Vraiment ?
— Ne prenez pas ce ton sceptique ! Je suis absolument sûre de mon fait.
— Eh bien, bravo ! Pouvez-vous passer au journal ? Où vous trouvez-vous en ce moment ?
— À deux pas de Paris-Monde, dans une cabine publique des Champs-Élysées. Mais je ne veux pas monter dans votre salle de rédaction.
— Pourquoi ?
— J'ai l'impression que vos collègues se moquent de moi !
— Quelle idée !
— Par moments, je ne sais pas trop si, vous-même, me prenez au sérieux !
— Je vous prends très au sérieux !
— Alors, venez me retrouver tout de suite. Je vais vous attendre... au Madras, par exemple !
— D'accord ! Dans dix minutes, je vous aurai rejointe.
Le journaliste raccrocha l'appareil et devint la cible des anodines plaisanteries de son entourage.
— Doum, cette jeune personne te trouble les idées !
— N'oublie pas d'acheter des fleurs !
Souriant avec indulgence, Doum sortit. Passant dans le hall du journal, il vérifia sa tenue d'un coup d'œil, rectifia le nœud de sa cravate et s'en fut d'un pas allègre, qui faisait valoir sa silhouette d'homme élégant et sportif.
Il était sincèrement très heureux à l'idée de revoir Régine Arnaud. Un mois auparavant, cette jeune fille s'était présentée à lui et avait déclaré avec une adorable et candide résolution :
— Je désire faire du reportage. Vous qui êtes déjà célèbre, monsieur Dumviller, aidez-moi à « mettre le pied à l'étrier ».
Doum avait dû objecter à la postulante que le journalisme était un métier comme un autre, qui nécessitait des études, un apprentissage ; mais Régine se sentait une vocation irrésistible, elle exhibait un diplôme de bachelière, elle s'offrait à subir toutes les épreuves. Dumviller avait parlé d'elle à M. Plailly, son rédacteur en chef, et, ainsi qu'il le craignait, son supérieur avait opposé une fin de non-recevoir à la requête de la jeune personne.
— Nous avons déjà trop de collaborateurs ! Toutes nos rubriques sont surchargées.
Régine avait appris ce refus avec contrariété, mais non avec découragement.
— Si j'apportais un beau sujet de reportage, dit-elle à Doum, n'aurais-je pas de meilleures chances d'être agréée ?
— Sans doute, l'idée n'est pas mauvaise ! répondit le journaliste. Mais un « beau sujet » n'est pas chose tellement facile à trouver. Et puis, les sujets palpitants, ceux qui empoignent le public, comportent parfois certains risques, un peu gros pour un débutant, et à plus forte raison pour une débutante.
— Eh bien, reprit l'entêtée jeune fille, si je dénichais ce beau sujet, consentiriez-vous à prendre l'enquête en main, en me réservant une petite part ?
— Vous me proposez, en somme, une collaboration ? L'idée est assez nouvelle en matière de reportage ! s'exclama Doum, sur le ton plaisant.
Et il ajouta aussitôt :
— Soit ! j'accepte. Apportez-moi l'idée rare, le drame secret, le mystère insoupçonné dont les directeurs de journaux raffolent pour leur première page. Et, aussitôt, nous nous mettrons en campagne...
Régine Arnaud, à qui sa famille aisée accordait beaucoup de loisirs et de liberté, « battit les buissons » tout autour d'elle, dans l'espoir de découvrir une affaire sensationnelle. Successivement, elle proposa à Doum un vol de fourrures, la disparition d'un singe au Zoo de Vincennes et un scandale sur un yacht à Suresnes. À chaque fois, le reporter fut obligé de se récuser, en raison de l'insignifiance de ces sujets ; mais Régine demeurait inlassable ; elle avait foi en son étoile.
— Je finirai par mettre la main sur une grande « machine ».
Doum, tout en se demandant quelle allait être la dernière trouvaille de sa jeune zélatrice, arpentait les Champs-Élysées, se hâtant vers le Madras, bar ultramoderne situé dans le sous-sol d'un des plus majestueux immeubles de l'avenue. Il remarqua soudain un individu brun, basané, et d'une tenue assez débraillée, qui paraissait l'observer.
— Cela fait bien une dizaine de fois que je retrouve ce gaillard, en moins d'une semaine ! monologua le journaliste. C'est à croire qu'il m'épie, ma parole !
Cet inconnu se sentit probablement repéré, car il s'écarta d'un air détaché et se perdit dans la foule. Doum hocha la tête et réfléchit ; il se demanda pendant un instant si l'homme ne mûrissait pas des intentions hostiles. Les journalistes sont souvent amenés à faire — bien malgré eux — des mécontents qui se transforment vite en ennemis : mais la physionomie de ce promeneur était décidément tout à fait inconnue du reporter.
Doum s'engouffra dans le Madras et aperçut aussitôt Régine Arnaud qui l'attendait, attablée devant un jus de fruits. La vue de la jeune personne eût contribué à expliquer, aux yeux du témoin le plus innocent, la persistante bienveillance dont faisait preuve Paul Dumviller. Régine était adorablement jolie : blonde et rose, avec de grands yeux clairs qui reflétaient ses moindres émotions, elle alliait à une savante et discrète élégance le charme primesautier, un peu exubérant, de certaines jeunes filles modernes. Doum avait été conquis par cette grâce et peut-être cédait-il au plaisir irraisonné de se rendre agréable à la charmante quémandeuse, plutôt qu'à un véritable souci professionnel, en acceptant d'examiner les « serpents de mer » plus ou moins inconsistants qu'elle lui apportait.
Régine Arnaud se trouvait, à ce moment, fort surexcitée par la certitude de tenir enfin sa « grande affaire ». Et, pleine d'une ardeur volubile, elle eut peine à attendre que le garçon eût servi Doum pour commencer son exposé. Elle avait tiré de son sac une feuille de papier couverte d'une mince et fine écriture.
— Ceci, dit-elle, peut être le point de départ d'une prodigieuse enquête !
— Je vous écoute ! répliqua Dumviller.
CHAPITRE II
UNE ANCIENNE CONNAISSANCE
 
— Voici, expliqua Régine, comment la chose a commencé...
« Je regagnais, hier soir, le domicile de mes parents, boulevard Malesherbes ; j'étais à pied et je suivais le trottoir lorsqu'une grande auto fermée me dépassa. De l'intérieur de cette auto jaillirent des cris de femme ; je vis une main blanche passer la portière dont la vitre était brisée et se crisper en un effort désespéré pour se cramponner au rebord. Dans son mouvement, cette main avait lâché un petit objet noir qui chut sur la chaussée.
« La voiture disparut à une vitesse record, sans que j'eusse eu le temps de découvrir, à l'intérieur, autre chose qu'un mouvement d'ombres vagues. La nuit était tombée et, autour de moi, le boulevard paraissait complètement désert. Intriguée, j'allai ramasser l'objet, un sac à main de très petites dimensions et portant une unique initiale : N.
« Perplexe, je songeai à alerter un agent, à raconter ce que je venais de voir et d'entendre. Il était probable que l'on avait usé de violence envers une femme et que cette dernière avait tenté de se libérer, peut-être aussi de se débarrasser de ce sac afin qu'il ne tombât pas aux mains de ses agresseurs. Mais l'auto avait foncé si promptement et devait se trouver déjà si loin que tout espoir d'intervention immédiate s'avérait chimérique. La police ne pourrait qu'enregistrer mon récit et, si elle le jugeait utile, entreprendre des recherches à l'aide du sac. Une curiosité assez naturelle me vint alors et je désirai être la première à connaître le contenu de ce réticule.
« Cher monsieur Dumviller, j'ai trouvé dans ce sac un poudrier très banal, un petit mouchoir plus banal encore, et quelques coupures de dix francs. Pas le moindre papier d'identité, mais, par contre, ce billet dont je vais vous donner lecture !
Régine, à mi-voix, déchiffra le texte suivant :
 
Mon cher Popoff, il est absolument essentiel que nous rentrions en possession de ces preuves. Monsieur le comte y tient. Il m'a dit que la famille de S. E. ne pouvait demeurer à la merci des chantages de la terrible Irène. Le jeune Roger est très officiellement mort, bien mort et doit le rester, sans qu'aucune aventurière n'ait les moyens de le faire reparaître à sa guise. Monsieur le comte désire s'entendre personnellement avec toi. Il n'envisage évidemment pas de te faire une visite à Gennevilliers où sa présence à la cité Nitchevo ne saurait passer inaperçue. Mais va le trouver rue de Phalsbourg, ou, si ta santé te l'interdit, envoie ta fille Nadine. Monsieur le comte donnera ses instructions et... des subsides rondelets. Il y a là de l'argent à gagner pour toi.
Pascaline.
 
— Qu'en pensez-vous ? demanda la jeune fille, après avoir achevé.
— Voulez-vous avoir la bonté de me passer cette lettre ? Je désire la relire en pesant ses termes.
La jeune fille, tout en accédant au désir du journaliste, reprit :
— Après quelques instants de...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents