Intrados
194 pages
Français

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Description

L’intrados est la surface que l’on contemple en passant sous une voûte.

Mélody a souvent courbé l’échine face aux affres de sa propre existence. Son parcours s’apparente à cette construction architecturale séculaire. Une semaine unique dans son existence de petite fille perdue pour dresser les bases de ce qui a scellé son vécu et ses émotions, dérouler patiemment le récit qui se bâtit pierre après pierre, jusqu’à remonter le noyau dur de l’indicible dans son cœur devenu sec et meurtri.

Le destin d’une femme en sept jours. Et dans ces sept journées, sa vie tout entière... Un espoir à travers la noirceur de nos épopées crasses. Un humour salvateur pour désamorcer la folie des heures grises...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 août 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332988218
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-98819-5

© Edilivre, 2015
Dédicace


À mes parents,
À Ambroise.
Citation


On voudrait tant pouvoir maîtriser et mépriser le temps,
Tantôt voir accélérer, tantôt voir ralentir le présent,
Alors sans vaine et inutile peur,
Autant laisser passer et s’égrener les heures…
De la légèreté et du repentir.
Provins, septembre 2014.
Air
Le destin est étrange. Soit tu t’écrases, soit tu t’envoles. Je vois ce volatile figé là devant moi, sur le bord de la fenêtre de l’autre côté de la vitre, snobant le précipice et cherchant compagnie. Ce pigeon est bonhomme. Il quémande quelque miette et sa petite tête gracile embrasse mon horizon d’un air docile et désintéressé.
C’est l’impression qu’il me donne en tout cas. Peut-être est-ce tout autre ? Peut-être a-t-il des soucis bien réels dans son monde des oiseaux. Du genre : comment finir le mois avec trois tronçons de baguette rassie et nourrir sa famille recomposée issue d’un remariage honteux avec une colombe belle comme le jour, comment ne pas succomber ? Chacun sa life , diraient les jeunes…
Je porte à ce petit être gris des intentions chagrines qui s’accordent à merveille avec mon état du moment. Et voilà qu’il s’envole, prêt pour d’autres récits loin de mon humeur flasque. A nouveau seule. De nouveau seule ! Mon vide s’étire. Depuis combien de temps suis-je là à roussir au soleil radieux après cette grasse matinée qui n’avait pour seul but que de devoir repousser encore un peu l’assaut d’une nouvelle journée de ma nouvelle vie… d’orpheline. Envolées mes racines, le décor est posé. Je suffoque.
J’ose me mettre debout et décaniller enfin de ce fauteuil élimé qui accueille trop souvent mon postérieur dernièrement. Collant mon nez sur le feuilletage en plexi, j’appréhende tout en bas, depuis mon salon du beau cinquième de cette tour immonde, la gentille mécanique qui joue à la vie simple : un ramassis d’enfants s’égaye sur ce bout de nature présenté et préservé au milieu de notre Babel du XXI ième siècle. Un peu de vert en signe d’espoir, dans tout ce béton empilé sèchement à l’heure où les constructions se voulaient juste utiles. Mais nous sommes toujours là à remplir nos cages à oiseaux, j’y reviens,… Les toboggans ont la cote. Les mères surveillent leurs progénitures tels des soufflés au fromage en pleine cuisson. Le soleil racornit nos vies, assèche nos pores, réduit nos âmes à notre égocentrisme et nos futiles préoccupations.
Il est dix heures déjà. La mésange bleue me l’indique plantée là sur le mur avec ses congénères qui réussissent chaque fois à m’arracher un coup au cœur devant la stridence exagérée imaginée par quelque cerveau sadique avec cette invention : ma pendule à oiseaux. Encore et toujours… Ce cadeau d’une amie écologiste en herbe. Et moi bien piètre victime de son parti pris. Les piles s’useront d’elles-mêmes, mais Duracell est dur à cuire. Je prends mon mal en patience lorsqu’elle s’extasie chaque fois où j’ose encore ouvrir ma porte, balançant son « Ces chants rythment tes jours ma chérie !… ». J’enrage en silence.
Juin est élégant. Chaud, vitreux, mais sincère dans ses émotions retranscrites : la magnificence des feuillages remplis de chlorophylle, le bonheur de journées rendues au maximum à nos occupations éclairées tôt le matin, adoucies jusqu’au soir. Les gens reprennent vie à cette époque, la musique sera fêtée ce samedi, des guitares dans les rues, des sonorités flanquées d’aspirations ethniques par des chanteurs amateurs croyant vainement ouvrir leur ambition à nos oreilles incultes…
La bouilloire siffle à l’autre bout, et je traverse sans un regard pour ces photos d’autres instants qui m’ancrent moi et mon entourage sur la jolie petite frise que nous tracions d’antan avec application aux heures des cours d’histoire. 1515 : Marignan ! 1789 : coupage de têtes !
2014 : L’année de mes malheurs. La page blanche de l’écrivain. Le burn out . Renaissance. Âge de pierre. Pierrot. Mon frérot éteint. Quel intérêt de ressasser mes rengaines, l’écho des murs résonne de mes plaintes en sourdine, sans interlocuteur pour apprécier ma peine. Ma cuisine jaune poussin – l’ornithophilie me poursuivant sinistrement –, éclaire mon devenir. Mais surtout, là maintenant, irradie ses rayons façon Boris Vian et je m’acclimate difficilement à sa vue. Cônes et bâtonnets s’enguirlandent joyeusement à une autre échelle…
Evaporer la morosité par quelque artifice : la caféine. Ce café noir brûlant dissipe mes derniers remparts de pessimisme… pour combien de temps ?
Un soupçon de réalité reprend vie en moi et mon regard se pose sur mon pyjama marron affichant deux oursons souriants et sur mes antiques savates Isotoner noires avec un joli nœud-nœud pied gauche et un fil malingre pour seul ornement pied droit. Il était temps de changer bien des choses, le laisser-aller en prémices au renfermement puis à la solitude, promesse d’un état schizophrénique affiché, enfin adopté. Quelques restes de mes études scientifiques. Au moins m’auraient-elles servi à cette mise en lumière salvatrice.
Direction la salle de mise en beauté, avec douche rapide, brossage des crocs et des implants dentaires – en effet passé la quarantaine les chicots commençaient à déserter le front inévitablement –, et maquillage soigné pour une fois. Les rides autour des mirettes creusaient désormais des sillons dignes des tranchées engageant les hommes les plus valeureux des batailles les plus mémorables de nos chères années de guerre passées. Loin de moi l’idée de vouloir recourir aux méthodes futiles de comblement divers. L’esprit s’accommode de l’âge année après année, serinait-on. J’étais encore en plein entraînement pour parvenir à croire ce que j’énonçais pour les autres. Ces vérités crues qu’on attribuait volontiers à autrui, difficilement pour soi-même.
Sortir de ma léthargie. Sortir tout court !
L’interphone sonne alors… et mon aversion pour toute espèce d’alarme s’avère criante en cet instant. L’idée d’un monde de douceur, de coton et de ouate. Le rêve.
Drrrrrrr !! Drrrrrrr !!! Ok. « Oui ? » fige bêtement en préambule à n’importe quelle conversation normale et empreinte de politesse… feinte dans mon cas présent.
Personne à l’autre bout. Encore un plaisantin. Monsieur et madame ont une fille. Je m’appelle Mélody Neth. En tout cas c’est le patronyme dont m’a affublé mon père, ma génitrice étant responsable du prénom m’occasionnant des « Tu remets le couvert ! », « Pas fini de jouer à la marchande ? », « Les assiettes en plastique c’est fantastique ». Cherchez, vous comprendrez le jeu de mots minable cause de mes « petits » malheurs. Véridique. C’est pas grand-chose, c’est bien peu de choses, mais soyons honnêtes : c’est chiant. Ça permet d’afficher un tutoiement immédiat histoire d’entamer un rapprochement me direz-vous… No comment .
Du coup tout le monde m’appelle Mélo. Comme mélodieux, comme mélopée, comme mélomane… comme mélodrame. La musique et l’image, le film d’une existence qui se veut dans le récit de quelqu’un d’autre que soi-même. Une vérité jouée, des actes sans conséquence puisqu’inhabités. Faire semblant. Jouer à être triste. Jouer à être gaie. Ne jamais être là vraiment. Se raconter des histoires, comme ça nous arrange.
Mon frère est mort. Mes parents avant ça. Mais moi je suis là, non ? Besoin d’air…
Ma petite robe noire camouflée sous un gilet des plus stricts, chaussée de mes talons réservés aux grandes occasions, je déboule dans le couloir, prête à en découdre avec le premier venu.
Et je tombe… sur un os. Sur un os musical. « Poupette », la chienne de ma voisine anorexique, mais dont les 20 kg bien tassés pour un petit Westie mettent clairement à mal la devise « tel maître, tel chien », accourt dans ma direction, brûlant au passage quelques calories dans l’effort consenti. Renvoi d’ascenseur. L’animal m’avait par une fois sauvée la mise en aboyant inopinément sur un passant des plus louches en bas de notre HLM. Je shoote donc joyeusement dans le joujou, l’envoyant valdinguer dans la direction opposée. Je jette au passage un coup d’œil par la porte entrouverte de ma locataire d’étage. Une voix au téléphone… « Non évidemment, tu ne comprends rien à tout ça. Les choses peuvent changer ! Et puis c’est pas comme si ça faisait que deux mois qu’on était ensemble ? Tu parles… C’est ça… Attends je vois plus le chien… »
Je file. Ces histoires ne me regardent pas. La boulimie d’un quadrupède non plus. J’ai assez à faire avec mes propres considérations existentielles…
Ma main droite interfère avec force sur la porte du hall de ces huit étages dressés en banlieue brestoise. Je sors avec fracas, avec la même énergie que si je remontais avidement les paliers pour goûter une bonne brassée d’air pur après cinq minutes d’apnée en mer déchaînée. Je ne sais pas ce qui m’a pris ce matin. J’ai envie de revivre après tout ça.
Ce n’est pas faute d’avoir fait ce qu’il faut pour rassurer papa maman et m’assurer un bel avenir dans la vie. Des études de médecine. Pour être exacte, trois années. De concessions, d’acharnement, d’engagement. La volonté d’arriver au bout d’un cursus de talent. Peu importe lequel. Et puis ce jeune homme qui m’avait fait tourner la tête. Interne en cardio. Mon cœur avait battu plus fort, il était très bien placé pour me réanimer… J’ai arrêté de penser à mes notes, j’ai déménagé. On s’est mis ensemble. J’ai réalisé en l’écoutant me vanter sa branche que je n’étais pas du tout faite pour ce métier là. Qu’on ne pouvait pas s’apercevoir au bout de onze années qu’on aurait tôt fait de se rabattre sur le concours d’entrée de La Poste. Qu’il serait trop tard, et que le temps se comptait… en décennie

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