Il était une fois... le Quénada
112 pages
Français

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Description

Dans Il était une fois... le Quénada, l’auteur nous invite à faire une promenade calmement ethnologique, sociologique et socio-historique dans un Canada et un Québec inattendus et incongrus, qui sont ceux se reflétant, sans trop le savoir, dans l’orbite oculaire monde. On a ici un ouvrage l’un dans l’autre étonnant. Il est touchant par sa simplicité, son sens du prosaïque et cette façon tout ordinaire qu'il a de retourner les tables et de soudain faire de l'observateur extérieur un observateur intérieur, c'est-à-dire un personnage dont le regard nous saisit par sa candeur et en même temps par la profondeur intense de la radicalité douce qu'il avance et promeut. Sans concession.


Après une carrière de professeur d’université et de scientifique dans le domaine de la reconnaissance des formes, Jean-Pierre Asselin de Beauville s’est converti à l’écriture littéraire et a notamment publié deux romans C.Q.F.D. ou la diagonale de l’exil (Echo-éditions, 2020) et Le rêve et l’engagement (Le Lys bleu éditions, 2021). Il était une fois... le Quenada est une fable moderne qui constitue sa troisième incursion dans le genre.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782924550724
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Il était une fois le... Quénada
Jean-Pierre Asselin de Beauville
 
© ÉLP éditeur, 2022 www.elpediteur.com ecrirelirepenser@gmail.com
ISBN : 978-2-924550-72-4
Conception graphique : Allan E. Berger
Image de la couverture : A general map of the northern British colonies in America / Thomas Pownall, 1776. Library of Congress. Wikipedia Commons.
À Roselyne
















Cette fiction repose sur des réalités et des faits imaginaires. Elle se termine, comme une fable, par une morale.
Chapitre 1
Àpresque quarante ans et en ce mois d’août 2040, Dori seretrouvait seul dans un avion d’Air France sur le volParis-Montréal. Il avait le moral en berne, devant luis’ouvrait un avenir incertain. Il quittait une vieprofessionnelle plutôt réussie dans laquelle il occupaitles fonctions enviables de professeur d’université, unebelle villa qu’il avait fait construire avec son ex-épouse.Il regrettait en outre d’abandonner sa fille qui résidaitet travaillait à Paris. Il venait de se séparer de sonépouse au terme d’une procédure judiciairepénible et de dizaines d’années difficiles de viecommune. Ils s’étaient pourtant aimés, mais desincompatibilités de caractère les avaient trop souventpoussés à l’affrontement. Désirant fuirces souvenirs d’une vie trop compliquée il avaitpostulé, un peu au hasard, à un emploi de direction àl’ Internationale francophone universitaire  (IFU), une agence internationalede promotion de la coopération scientifique et universitaireen langue française entre les établissementsd’enseignement supérieur dans le monde. Au terme de laprocédure de recrutement, il avait été choisi,bien qu’il n’imaginait pas l’être. Ils’était, en effet, emporté au cours de sonaudition et avait claqué la porte à la suite d’uneremarque désobligeante émise par un membre du jury. Lesiège de cet organisme étant basé àMontréal, il quittait la France pour gagner son nouvel emploiau Canada, dans un pays qu’il ne connaissait que de façontrès superficielle.
Assisà une place inconfortable en classe économique, ilsomnolait à-demi, en regardant défiler sur le petitécran placé devant lui, les images d’un filmd’action. Il avait l’habitude de visionner ce genre defilm, surtout américain c’est-à-dire desÉtats-Unis d’Amérique, en n’utilisant pasles écouteurs, car les dialogues étaient généralementinutiles à la compréhension du scénario. Ledéfilement muet des images finissait souvent par le conduiredans un état d’assoupissement lui permettant de sereposer un peu. Le passager à ses côtés, un hommecorpulent, s’était mis à ronfler aussitôtaprès le décollage. Pas très loin de son siège,un groupe de voyageurs français se faisait remarquer par leurcomportement bruyant. Presque aussitôt après l’envolde l’aéroport de Roissy, ils s’étaient misà critiquer la France :
— Rienne fonctionne dans ce pays ! Le chômage se développe,la Sécurité sociale est en déficit croissant…
— Etles impôts augmentent sans arrêt... les Services publicssont dégradés…
— Oui,j’ai dû faire une heure de queue à la postel’autre jour pour acheter un timbre ! Il n’y avaitqu’un guichet d’ouvert et plein de robots dont les gensne veulent pas ou ne savent pas se servir…
— Ily a partout de la délinquance… La police n’intervientpas contre les bandes de voyous qui sévissent dans lesquartiers…
— Oui…La France est envahie par la racaille des pays pauvres !
— Laconsommation de drogue augmente chez les jeunes et on laisse faire…
— Çane sert plus à rien de voter… Les politiciens sont touscorrompus… Ils promettent monts et merveilles pour obtenir laplace et ensuite ils ne font rien…
— Mêmela musique est insipide. Les jeunes chantent tous en anglais…on ne comprend plus rien !
Bref,c’était tout un concert de critiques qui s’abattaitsur la France… Dori était au fait des comportementscritiques des Français et ces propos le faisaient sourire sansl’étonner outre mesure, car il les avait entendus quasiquotidiennement.
Aubout d’une période assez longue, le calme finit pars’installer dans la cabine. Cette situation dura jusqu’aumoment du déjeuner. Le personnel navigant commençaalors à servir l’apéritif. Le groupe de Françaisse manifesta aussitôt par une consommation relativementimportante de boissons alcoolisées. Champagne, vin, cognac…et l’ambiance générale s’en ressentait. Leton monta progressivement jusqu’au moment où l’und’entre eux lança un coussin sur un autre membre dugroupe. Ce fut le signal de déclenchement d’une bataillede coussins. Les oreillers voltigeaient en tous sens, tombant parfoissur des voyageurs voisins interloqués. Il fallutl’intervention des membres de l’équipage pourfaire cesser ce charivari. Ensuite, une certaine accalmie se mit enplace, au moment du service des repas. Le calme se prolongealonguement ensuite, sans doute sous les effets lénifiants dela digestion et de l’alcool. On pouvait d’ailleursentendre et voir certains voyageurs endormis et par instant desronflements sonores résonnaient dans la cabine. Dori, comme laplupart des passagers, somnolait. De façon plus ou moinsconsciente, il récitait mentalement quelques strophes d’unpoème qu’il avait écrit, suite au décèsde la fille d’un ami proche :
… Petitefille aux joues rondes Et à la chevelureblonde. Te voici sur les pas de parents pleinsd’espérance Ballottée sur les routesde France. Tes beaux yeux en amande illuminant tonvisage Ton petit nez curieux et tes lèvres peusages, Témoignent merveilleusement de tonmétissage.
Plustard, tu es une belle jeune fille Au port altier, auregard sensible, mais qui parfois fusille. Passionnéede danse, douée pour le dessin Lectrice insatiablede la destinée des humains.
Jeunefemme, déjà injustement blessée par la vie Tucultives inlassablement l’amour des plus démunis. …
Soudain,une annonce retentit dans les haut-parleurs « Nouscommençons notre descente vers Montréal… ».Immédiatement, on put percevoir l’agitation qui gagnaitles passagers. Au sein du groupe de Français, l’und’entre eux dit à haute voix :
— Çay est, ils vont nous bassiner avec leur Céline Dion…
Cefut le signal de départ d’une salve de critiques àl’égard du Québec et du Canada :
— Qu’est-cequ’ils sont fatigants avec leur accent !
— Préparez-vousà avaler du sirop d’érable et à bouffer dela « queue de castor » …
— N’oubliezpas que vous êtes des « maudits Français » !
— Etleur poutine… il paraît que c’est unétouffe-chrétien…
— Neleur dites surtout pas qu’ils sont Canadiens ! Ils sontQuébécois ! même avec un passeport canadien…
— Ilparaît que les femmes sont féroces…

Enl’espace de la durée d’un vol Paris-Montréal,les opinions de ces Français étaient passées dela condamnation de la France à celle du Québec. Doripensa que cet aspect hyper critique de ses compatriotes, cettearrogance permanente et le mépris des autres cultures, souventcultivés chez certains d’entre eux, ne lui manqueraientpas. Il avait souffert de cette attitude, tant dans sa vieprofessionnelle que privée, et se retrouver plongé dansune atmosphère qu’il pensait a priori plus accueillantelui paraissait une perspective agréable.
L’avionvenait d’atterrir sur l’aéroport de Montréalet les passagers quittaient la cabine en descendant sur le tarmac oùun autobus les attendait pour les conduire dans l’aérogare.Il était environ 17 heures en cette fin du mois d’août2040 et le soleil brillait dans le ciel. Il fut surpris par lachaleur qui régnait à cette heure de la journée.Il ne s’attendait pas à retrouver ici une atmosphèreaussi oppressante que celle qui pouvait parfois régner enMartinique, où il avait passé son adolescence et unepartie de son enfance. La température devait êtresupérieure à trente degrés.
Parvenudans le hall aéroportuaire, il récupéra sesvalises, les plaça sur un chariot et se dirigea vers leservice de l’immigration afin d’y accomplir lesformalités administratives qui lui permettraient de travaillerau Canada. Le bureau était situé dans une grande piècevitrée et il s’apprêtait à y pénétreravec ses bagages lorsqu’un garde en uniforme lui indiqua qu’ilne devait pas entrer avec son caddy. Dori ne comprit pas tout desuite comment procéder et il s’adressa à soninterlocuteur afin de savoir ce qu’il devait faire de sesbagages ? Il lui fut répondu de laisser le chariot devantla porte.
— Maismonsieur on va me voler mes affaires !
— Pasdu tout ! Laissez vos valises à l’extérieuret personne ne vous volera. Vous pouvez en être sûr…
Doripénétra donc dans le bureau sans ses valises, maisfréquemment il jetait un regard vers l’extérieurafin de vérifier que son caddy était toujours en place.Une fois les formalités administratives terminées, ilressortit du bureau et récupéra ses bagages. Le gardes’approcha de lui et lui souffla :
— Vousvoyez… personne n’a touché à vos affaires…
Ilse dit qu’il venait de recevoir une preuve concrète deson changement de pays ! En effet, s’il avait procédéde cette façon dans un aéroport parisien, il aurait eude fortes chances de se faire voler…
Àsa sortie de la zone des douanes, il fut accueilli par un certainmonsieur Darré, chef de cabinet du Directeur de l’Agence.C’était un Français installé au Québecdepuis plusieurs années. Il était sensiblement du mêmeâge que Dori et avait l’allure d’un Françaismoyen. La calvitie qui l’affectait lui donnait un air viril quicadrait mal avec le ton fluet de sa voix. On sentait qu’en cedimanche après-midi, il se serait passé de venir àl’aéroport, mais il s’acquittait de sa missionavec application. Une fois embarqués dans la voiture louéepour l’occasion, ils prirent la route vers Montréal oùune chambre d’hôtel lui avait été réservée.En chemin, il perçut l’immensité du pays. Eneffet, de l’aéroport jusqu’à Montréalil fallait parcourir environ quarante kilomètres, mais sur cetrajet, ils n’aperçurent que de rares habitations et desagglomérations surtout commerciales et industrielles. Il étaitclair que la densité de population était beaucoup plusfaible ici que dans la région parisienne. Darréconduisait prudemment bien que la circulation sur cette autoroutesoit réduite. Il

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