Idylle à Venise
55 pages
Français

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Description

Mister NOBODY, le gentleman-cambrioleur, décidé à retrouver sa vie de farniente, a vendu son agence de détectives privés « Pipps & C° » et, en compagnie de Jonas Cobb, alias Froggy, s’est envolé pour Venise.


Dans la cité des Doges si propice à l’amour, Mister NOBODY croise une jolie comtesse dont il s’éprend immédiatement, au grand dam de son ami et serviteur.


Ce dernier a beau le mettre en garde contre la fougue de ses sentiments, Mister NOBODY va apprendre à ses dépens que la somptueuse ville recèle bien des chimères...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070038024
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

IDYLLE À VENISE

Par
Edward BROOKER
CHAPITRE PREMIER
LA CONTESSA DI MON FALCONE
 
— Vous plaît-elle, Froggy ?
— Oh ! moi, vous savez, Monsieur, répondit Jonas Cobb, je les trouve toutes belles, dans cette ville enchanteresse.
— Oui, mais celle-là, fit Mister Nobody, avec un fin sourire, n'est point comme les autres, elle ne semble pas une femme, mais un ange, un ange descendu du ciel pour...
— Pour vous procurer les délices du paradis. Oui, oui, je connais la rengaine. Attention à ce que votre divinité ne se transforme point brusquement en démon... Je vous en supplie, Monsieur, soyez prudent. N'oubliez pas que nous sommes loin de Londres et, ma foi, fort bien, à Venise. Toutefois, nous demeurons des étrangers, ici, et...
— Bah ! mon cher, on aime sous tous les degrés et sous toutes les latitudes ! Il est une seule chose vraiment internationale : l'amour ! Or, cette merveilleuse Vénitienne aux cheveux blonds a, déjà, enflammé mon cœur. Je ne saurais résister à la passion ardente qu'elle fait naître en moi, mon vieux Froggy.
Jonas lança vers le ciel un regard suppliant et infiniment comique, avant de soupirer :
— Encore la vieille histoire qui va recommencer. À peine installé dans la cité des Doges, vous vous lancez dans un de ces flirts qui tournent toujours mal. Enfin...
Il y avait deux jours, exactement, qu'ils étaient arrivés, en touristes, à Venise. Descendus au « ROYAL PLAZZA », ils consacrèrent, tout d'abord, la majeure partie de leur temps à la visite de la ville, sous la conduite d'un cicerone attitré, un nommé Maratta. Celui-ci leur fit voir la plupart des curiosités : la place Saint-Marc, l'église du même nom, l'Académie, le Lido, et nombre de monuments splendides et de sites magnifiques. Littéralement assommés par tant de beautés, ils décidèrent de se reposer un peu avant d'entreprendre de nouvelles visites. Et voilà que, par cet après-midi ensoleillé, confortablement assis dans de larges fauteuils, en sirotant un whisky de très médiocre qualité, du reste — suivant le jugement porté par le fin connaisseur qu'était Cobb —, alors qu'ils se trouvaient dans une heureuse béatitude, Mister Nobody découvrait subitement la femme de ses rêves, une femme plus ravissante que toutes celles rencontrées auparavant.
Certes, on comprenait la mauvaise humeur de son compagnon, la leçon de morale qu'il lui donnait, l'avertissant du danger d'une nouvelle connaissance. Mais, insouciant de ses propos, l'aventurier ne quittait pas des yeux la belle étrangère, installée à une table, non loin d'eux, et suçotant avec une satisfaction évidente, la paille trempant dans son orangeade glacée. Aussi, le pauvre Jonas pouvait-il continuer de discourir sur la perfidie féminine et sur la légèreté des hommes, ses paroles ne parvenaient qu'à une oreille distraite et il se rendait compte qu'il prêchait dans un désert, car son maître ne cessait de contempler la charmante créature qui ravissait son cœur et son regard.
L'inconnue rappelait à Mister Nobody, quoique fort vaguement, Évelyne (1) , de funeste mémoire, mais une comparaison entre celle qui l'avait si traîtreusement abandonnée et la délicieuse blonde se trouvant dans le hall de l'hôtel s'avérait à l'avantage de cette dernière.
L'Italienne possédait un profil romain, des yeux sombres comme au plus profond d'une forêt, une ligne souple et ne manquait pas d'un grand chic. Très élégamment vêtue, elle représentait bien l'idéal féminin que recherchait et appréciait l'aventurier, cet idéal après lequel il courait toujours sans l'atteindre dans sa plénitude, comme un pauvre recherche la fortune qui, de temps à autre, lui dispense quelques dons, sans lui accorder la richesse convoitée.
Évidemment, Froggy avait raison, jusqu'ici toutes les conquêtes du jeune homme ne lui avaient causé que déceptions, mais, quand on se sent jeune, plein d'allant et de vigueur, et possédant, par surcroît, un bel optimisme, les désillusions ne vous font point renoncer à courtiser le beau sexe, en gardant l'espoir de rencontrer celle qui se montrera plus parfaite que les précédentes. C'était, du moins, le point de vue de Mister Nobody, et toutes les remontrances et jérémiades de Jonas n'y changeraient rien.
Agacé par le bavardage incessant de son vis-à-vis, l'aventurier lui fit signe de se taire :
— Ça suffit, old fellow, ma parole, vous avez raté votre vocation.
— Ma vocation, que voulez-vous dire, Monsieur ?
— Que vous auriez fait un excellent prédicateur. Oh ! quels arguments vous utilisez pour reprocher leur faiblesse à de pauvres pécheurs tel que moi, alors que vous fermez les yeux sur vos propres fautes. C'est la vieille histoire de la paille et de la poutre, vous me comprenez ?
— Oui, mais j'agis ainsi dans votre intérêt, Monsieur, afin de vous préserver d'un amer désenchantement.
— Bah ! je ne suis plus un gosse, mon vieux, et sais encore ce qu'il me reste à faire. Cette femme, dont j'ignore tout, me rend fou, na ! alors, vous êtes édifié, maintenant.
— Par malheur, toutes les femmes que vous remarquez vous font perdre la raison, voilà le hic.
— Et puis après ? Qu'y puis-je, si j'ai du tempérament et un cœur si large qu'elles y trouvent toutes une place ?
— Raisonnement un peu, hum...
— Baste, Froggy, ma décision est prise, de ce pas, je me lève et vais essayer de lier connaissance avec la belle...
— Mais vous ne parlez point un traître mot d'italien, comment parviendrez-vous à vous comprendre tous les deux ?
— Diable ! je n'y songeais pas... Qu'à cela ne tienne, je réussirai bien à ce qu'elle m'entende, quand même. Vous allez voir ça...
— Allons, allons, attendez un peu, lorsque Maratta viendra, il pourra vous conseiller et, à la rigueur...
— Ouais...

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