Flics Requiem
154 pages
Français

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Description

Michel Tourscher Flics Requiem Policier Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com ÉDITIONS PRISMA 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs – Prisma Média Tous droits réservés ISBN : 978-2-8195-03149 Composition et réalisation de l’epub : IGS-CP « Il y a six choses que hait l’Éternel : les yeux hautains, la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent, le cœur qui médite des projets iniques, les pieds qui se hâtent de courir au mal, et le faux témoin qui dit des mensonges. » Extrait du Livre des Proverbes Prologue — Félicitations, Bertrand ! Vous avez réalisé une belle affaire. Elle va faire du bien à tout le monde. À la division, à votre groupe et à vous aussi, j’espère. Le commissaire divisionnaire Philippe Cartier envoya un clin d’œil complice à son subordonné avant d’ajouter : — La commission d’avancement est dans trois mois, non ? Éric Bertrand se sentit grandir de quelques centimètres, comme un ado en pleine croissance. Les listes d’aptitude au grade de commandant n’allaient pas tarder à sortir et c’est vrai que l’interpellation de ces deux braqueurs de supermarché tombait au bon moment. Avec un grand sourire, il entrechoqua sa coupe de champagne et celle de l’homme qui dirigeait depuis bientôt deux ans la 2 e division PJ de la préfecture de police de Paris. — Exact, patron !

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Date de parution 18 avril 2013
Nombre de lectures 3
EAN13 9782819503149
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michel Tourscher
Flics Requiem
Policier
Éditions Les Nouveaux Auteurs
16, rue d’Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com
ÉDITIONS PRISMA
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.editions-prisma.com
Copyright © 2013 Editions Les Nouveaux Auteurs – Prisma Média
Tous droits réservés
ISBN : 978-2-8195-03149
Composition et réalisation de l’epub : IGS-CP
« Il y a six choses que hait l’Éternel : les yeux hautains, la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent, le cœur qui médite des projets iniques, les pieds qui se hâtent de courir au mal, et le faux témoin qui dit des mensonges. »
Extrait du Livre des Proverbes
Prologue
— Félicitations, Bertrand ! Vous avez réalisé une belle affaire. Elle va faire du bien à tout le monde. À la division, à votre groupe et à vous aussi, j’espère.
Le commissaire divisionnaire Philippe Cartier envoya un clin d’œil complice à son subordonné avant d’ajouter :
— La commission d’avancement est dans trois mois, non ?
Éric Bertrand se sentit grandir de quelques centimètres, comme un ado en pleine croissance. Les listes d’aptitude au grade de commandant n’allaient pas tarder à sortir et c’est vrai que l’interpellation de ces deux braqueurs de supermarché tombait au bon moment. Avec un grand sourire, il entrechoqua sa coupe de champagne et celle de l’homme qui dirigeait depuis bientôt deux ans la 2 e division PJ de la préfecture de police de Paris.
— Exact, patron ! Souhaitons juste que la direction n’oublie pas mon nom entre-temps.
D’une gorgée, il vida la moitié de son verre avant de céder la place à tous ces fayots qui ne supportaient pas de le voir baigner dans la lumière des projecteurs hiérarchiques. Il se dirigea vers le fond de l’immense salle de réunion, contournant la longue table en Formica transformée en buffet pour l’occasion. Il mit plusieurs minutes à franchir les quelques mètres le séparant de son équipe, quasiment obligé de s’arrêter à chaque pas pour trinquer et rire de plaisanteries à peine audibles en raison du brouhaha ambiant.
Il arriva enfin à destination. Ils étaient tous là, tous les cinq. Sur l’organigramme bien garni de la division, ils ne représentaient que l’un des trois groupes de répression du banditisme, mais leur véritable appellation de « groupe Bertrand » le remplissait de fierté.
— Alors ? fit Paul, son second. Qu’est-ce qu’il t’a dit, le taulier ?
— Félicitations d’usage, répondit-il, faussement blasé. Il a aussi promis de nous filer une bonne gratification… Eh ! dis-moi, il ne s’est pas foutu de nous, le père Martinez !
— T’as raison ! On n’a même pas ouvert le dernier carton de bouteilles de champ’ et il reste plein de charcutailles au frigo. Faut dire qu’on lui a enlevé une sacrée épine du pied.
Sept épines pour être précis , songea Bertrand. Le nombre exact de supermarchés Franprix attaqués ces trois derniers mois sur tout l’Est parisien. La synthèse avait été lancée dès le deuxième braquage. Signalements et mode opératoire similaires. Les auteurs arrivaient sur un scooter volé. Le conducteur se positionnait devant les portes pour empêcher la sortie des clients, menaçant à l’occasion le vigile présent. Son complice s’occupait des caissières. Pour les moins rapides, il avait tiré à deux reprises dans le tiroir-caisse, accélérant sensiblement la remise du butin.
L’affaire se présentait mal. Pas de reconnaissance à cause des casques et des écharpes masquant le bas des visages. Aucune empreinte et pas un seul prélèvement ADN. Même les projectiles récupérés n’avaient rien donné, hormis le fait que la balistique avait conclu à du 7,65 mm.
Bertrand se rembrunit en repensant à cette période. Entre les coups de fil incessants du groupe Franprix demandant une protection policière, les articles de presse sur les braquages à répétition et l’insécurité grandissante, Cartier l’avait tanné tous les matins pour obtenir des résultats.
L’embellie avait eu lieu au cours du cinquième vol. La police scientifique n’y était pour rien. C’est une jeune caissière qui avait tout déclenché. Elle avait remarqué que l’un des auteurs était atteint d’un léger strabisme. L’ordi de l’identité judiciaire avait mouliné une heure pour cracher une liste d’individus compatibles. Bertrand et son groupe avaient ensuite passé une journée à trier les clichés, alternant les phases de découragement avec les crises de fou rire en observant tous ces types au regard louche. Le soir venu, il ne demeurait que deux prétendants. Pour le premier, ce fut plié en quelques minutes. Il était incarcéré depuis plusieurs mois à Fresnes pour une affaire de stups. Restait une vieille connaissance, connue pour des vols avec violences et qui traînait plusieurs casseroles.
 
*
 
Bertrand se pencha à l’oreille de son adjoint.
— Dis aux gars qu’ils peuvent rester à la maison demain. Vu les heures qu’ils se sont tapées ces derniers jours, ils l’ont bien mérité.
— O.K. ! En plus, avec ce qu’ils picolent ce soir, je crois que ça ne leur fera pas de mal. Et moi, tu veux que je sois présent ?
L’officier secoua la tête en souriant.
— Ce n’est pas la peine. Il ne reste que le message d’information à rédiger. Je n’en aurai que pour une heure tout au plus.
C’était une estimation bien éloignée de la réalité et Bertrand le savait. Relater l’affaire à la direction de façon précise, concise, tout en faisant ressortir l’implication et le professionnalisme de son groupe, cela relevait presque d’un art. Le savoir-faire sans le faire-savoir n’est rien, lui avait appris un ancien. Ces derniers temps, l’adage revêtait un caractère plus aigu.
 
*
 
Interpeller immédiatement le gus au strabisme n’aurait pas servi à grand-chose. Ils avaient dû au contraire le surveiller durant plusieurs jours et intercepter ses communications pour tomber sur le complice.
Bertrand avait pris la décision de laisser commettre le sixième vol pour emmagasiner de nouveaux éléments. Il n’en avait pas parlé au juge. Impossible. Le magistrat n’aurait jamais donné son accord ; le risque d’une victime blessée, voire tuée, était bien trop grand.
La question s’était posée à nouveau une semaine plus tard, alors que les auteurs, sous surveillance constante, préparaient leur prochain coup. Par prudence, Paul avait plaidé pour les taper juste avant qu’ils ne pénètrent dans le supermarché, mais Bertrand avait refusé.
— Sept braquages, lui avait-il rétorqué, c’est comme les sept péchés capitaux ou les Sept Merveilles du monde. C’est un chiffre magique, le symbole de la perfection, et toi tu voudrais qu’on les arrête avant ?
— C’est toi le boss, avait juste conclu l’adjoint.
Ils les avaient interpellés au moment où ils remontaient sur leur scooter, jetés au sol et menottés en moins de quinze secondes. Quarante-huit heures de garde à vue avaient suivi. Aveux complets. Fin de l’affaire. Et maintenant ce super pot, à la hauteur de leur réussite, offert par une victime reconnaissante.
À minuit, Bertrand décida de quitter les lieux. Il n’avait pas envie de finir sa soirée avec tous les soiffards que comptait le service. Il fit la bise à l’équipe avant de littéralement s’enfuir, échappant de justesse à tous ces bras tendus qui cherchaient à le retenir. La fraîcheur de cette nuit d’avril chassa son mal de crâne, dû à l’excès de champagne. Il démarra la 207 banalisée, quittant la rue Louis Blanc pour rejoindre l’avenue de Flandres puis le boulevard Macdonald. Ce n’était pas son itinéraire, mais il savait qu’il la trouverait là.
Il ne s’était pas trompé. En souriant, il stoppa à sa hauteur, baissant la vitre passager. Elle s’approcha lentement du véhicule, inspectant d’un air inquiet l’habitacle avant de le reconnaître.
— Bonsoir, capitaine ! lança-t-elle avec un doux accent d’Europe de l’Est.
— Bonsoir, Alina ! Monte avec moi. Je voudrais te parler.
La fille tourna la tête de chaque côté avant d’ouvrir la portière avec un air résigné qu’il ne remarqua pas. Après quelques mètres, il s’engouffra dans un parking désert. Le frein à main tiré, déjà il baissait son jean jusqu’aux genoux.
— Occupe-toi de moi ! souffla-t-il d’une voix rauque.
— Trente euros !
— Que dalle ! Pour moi, c’est gratis. Allez, dépêche-toi ou je te fais ramasser tous les soirs à venir.
Elle n’était pas de taille à lutter. Mieux valait le soulager le plus rapidement possible. Elle s’activa brutalement, lui arrachant un râle en un temps record. Il remonta son pantalon, prenant à peine le temps d’essuyer son sexe avec un Kleenex pioché dans la boîte à gants. Juste avant de quitter l’endroit, Bertrand explosa de rire en découvrant dans le rétroviseur le majeur d’Alina tendu dans sa direction.
Il se brancha sur une station balançant des vieux tubes des années quatre-vingts. Putain ! Qu’est-ce que c’était bon ! Deux braqueurs au trou, le galon en ligne de mire et une petite gâterie avant de regagner le pavillon de Champigny-sur-Marne qu’il occupait avec sa femme et son gosse. Finalement, la décision de lâcher son dernier poste à la brigade de recherche et d’intervention avait été la bonne. Surtout après les événements des derniers mois.
Il souriait encore en stationnant la Peugeot devant le portail. S’il n’avait pas été flic, peut-être n’aurait-il jamais remarqué cette ombre qui venait de se glisser derrière la voiture du voisin, mais dix années de voie publique avaient aiguisé ses sens. Il comprit aussitôt : un enfoiré de roulottier.
Ce serait le clou de la soirée. Une petite interpellation avec mise à disposition aux collègues du coin. À ce train-là, il allait devenir la vedette de la préfecture de police.
Bertrand fonça vers la forme qui tentait de se dissimuler. Il était presque à sa hauteur quand elle se redressa pour lui faire face. La surprise le fit bafouiller.
— Qu’… qu’est-ce que…
Les détonations claquèrent dans la nuit. L’officier eut l’impression de recevoir deux énormes coups de poing dans la poitrine. Il fut projeté en arrière, s’affalant sur le bitume humide.
— Je… je me suis fait tirer dessus, balbutia-t-il, horrif

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