Exécusion
105 pages
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Description

Pascal MARMET


EXÉCUTION


Branle-bas de combat au 36 Quai des Orfèvres.


Un avocat renommé est assassiné dans les sous-sols du Palais de Justice. Travaillant sous les ordres de la pénible chef divisionnaire surnommée "Mademoiselle Maigret", le commandant François Chanel mène l'enquête, dans les eaux troubles des goûts pervers du ténor du barreau.


Qu’est-ce que l’homme de loi aux appétences glauques a affaire avec le sublime personnage d'un roman du XIXe siècle, Madame Bovary et une femme asociale aux tentations terroristes ? C'est ce que devra démêler Chanel de la brigade criminelle, morphopsychologue au regard acéré, avec l'aide de son équipe renforcée d'une stagiaire surdouée et d'un étrange garçon frappé par la foudre.


Jusqu'à la résolution finale où se mêlent réel et magie, le cocktail des protagonistes du Palais de Justice et du 36 Quai des Orfèvres exprime toute l'étrangeté du monde criminel.


Exécution, est la nouvelle enquête du commandant Chanel après Tiré à quatre épingles, Prix Cœur de France.



Pascal Marmet, romancier quinquagénaire, auteur de romans historiques primés, vit depuis 2016 à Cagnes sur Mer où il se consacre à l'écriture d'une série policière avec un héros récurrent, le commandant François Chanel qui officie au 36, quai des Orfèvres à Paris. Cette série est une fiction, inspirée de faits réels

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 juin 2022
Nombre de lectures 6
EAN13 9782382110737
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« EXECUTION  »
Pascal MARMET
« EXECUTION  »
M+ ÉDITIONS 5, place Puvis de Chavannes 69006 Lyon mpluseditions.fr

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
© M+ éditions Composition Marc DUTEIL ISBN 978-2-38211-073-7
Avant-propos
Le commandant Chanel existe. Bien évidemment, il ne s’appelle pas Chanel.
Je l’ai rencontré place Dauphine. Il dînait seul, à la terrasse du restaurant Chez Paul. Par le miracle du hasard, nous avons fait table commune pour rendre service au serveur qui souhaitait ajouter un couvert pour un groupe de touristes asiatiques.
En enfonçant son regard dans le mien, mon voisin malgré lui m’a demandé sans détour dans quel secteur d’activité j’œuvrais. À ma réponse, ses pupilles facétieuses se sont éclairées comme des lanternes. Le temps d’un face-à-face et d’un brouilly millésimé en garde à vue, une amitié était née.
Rencontrer un auteur l’amusait. Moi, j’espérais depuis longtemps entrer dans le polar de plain-pied. Ce fut un cadeau fortuit, un présent comme sait l’offrir dame Chance. Jusqu’à minuit passé, le crime et le bon vin furent notre affaire.
Sans façon et avec toute la gentillesse qui le caractérise, ce commandant atypique m’a ouvert les portes du quai des Orfèvres… à condition de taire son nom. Promesse tenue – il n’en attendait pas moins de moi : ses confidences resteront marquées du sceau du secret.
Une des clés de l’écrivain étant l’observation, j’ai photographié du bout des cils un monde à jamais disparu, puisque le célèbre « 36  » s’est installé depuis juillet 2017 aux Batignolles, au 36 rue du Bastion, dans un blockhaus de verre haut de cent soixante mètres, au bord du maussade périphérique nord. Seul le numéro a été conservé, en souvenir de ce lieu désormais mythique. Pour la bonne compréhension du récit, nous situerons donc l’action de ce roman en juin 2016.
Les quais de Seine, la Samaritaine, le Pont-Neuf, la place de parking Indigo numérotée 1059, la boutique des Vélos bleus, l’école Yabné, la place Mazas… Tous ces lieux sont bien réels. On pourrait presque y croiser le com
1.
Dérouiller
Quand Emma allait à confesse, elle inventait de petits péchés afin de rester là plus longtemps , à genoux dans l ’ ombre , les mains jointes, le visage à la grille sous le chuchotement du prêtre 1 .  »
 
 
Drôle de temps pour un mois de juin. Un ciel de traîne active s’alanguissait sur Paris et rassemblait un paquet de cumulus qui hésitaient entre averse et vent froid. Une sirène accompagnée d’une lumière bleue tournoyant sur le capot d’une voiture de police déchira la quiétude du quai des Orfèvres. Les touristes ne semblaient guère s’inquiéter de ce raffut, ni de l’armada de CRS stationnés le long de cette cité administrative. Même les pigeons ne s’effrayaient plus.
En cette ancienne résidence des rois de France, la visite de la Sainte-Chapelle engendrait un exécrable arrangement forcé, contre-nature. D’un côté, on fouillait les gentils voyageurs venus du bout du monde et armés d’appareils photo   ; de l’autre, on passait au crible ceux qui accédaient aux tribunaux. Curieusement, personne ne s’étonnait de cette incompatibilité et on s’insérait avec appréhension dans l’une des deux files d’attente du « musée-palais de justice  » .
Dans la ligne des visiteurs qui enflait, un rigide conférencier se lança dans une tirade destinée à son groupe d’Alsaciens en virée parisienne :
– Les sacs, manteaux et objets métalliques seront contrôlés dans le sas de sécurité. Je vous demande de ne pas vous attarder afin de respecter l’horaire d’entrée. Pour patienter utilement, quelques mots et chiffres sur le Palais de justice : situé au cœur de Paris, le Palais de l’île de la Cité occupe plus de quatre hectares au sol et se développe dans les étages sur près de deux cent mille mètres carrés. À l’intérieur, on dénombre environ vingt-quatre kilomètres de couloirs, sept mille portes et plus de trois mille cent cinquante fenêtres. Quatre mille magistrats et fonctionnaires y travaillent régulièrement. Si l’on compte l’ensemble des juristes, avocats, policiers, gendarmes, justiciables, touristes et curieux qui s’y rendent, on atteint les quinze mille personnes par jour, dans des lieux très inadaptés à une telle foule.
Un grand-père facétieux au fort accent de Colmar lança, sous les rires du groupe de retraités :
– À droite, le passé prestigieux. À gauche, les prestigieuses emmerdes. C’est bien ça  ? Au fait, pourquoi appelle-t-on les poulets… poulets  ?
Hilarité générale de sa bande.
– Un peu de respect pour cette noble profession, je vous prie. Ici, l’outrage à agent en exercice peut coûter un rappel musclé à la loi. Toutefois, voici une question qui mérite réponse, reprit le guide. Les noms d’oiseaux et autres vaches attribués à nos amis policiers viennent de la présence d’un marché aux volailles et rôtisseries aux abords de la Cité au siècle dernier. Plus sérieusement, l’institution a été affublée du sobriquet de la Tour pointue  » en raison de son clocheton, ou encore de « la Grande Maison  » , ou de « la Boîte  » , pour les gradés.
– Il y a aussi un vocabulaire spécifique à la Crim, osa une dame au regard timide.
– En effet, madame, relança l’orateur. Voici des exemples évocateurs de ce phrasé : détroncher , c’est reconnaître quelqu’un. Gratter , verbaliser, serrer , mettre derrière les barreaux. Et les « bœuf-carottes  » de l’IGPN sont ainsi appelés en raison de leur tendance à cuisiner à petit feu les personnes qu’ils interrogent. Ah  ! C’est bientôt à notre tour, je vous attends du côté du monde soupçonnable.
Un véhicule banalisé s’engagea soudainement sur la voie des bus. Une sirène éclata devant le tribunal de commerce. Ce que le conférencier ne dirait pas, c’est qu’entre ces murs chargés d’histoires et de sang, tout se mélangeait à nouveau. Un vrai casse-tête pour la surveillance. Mais la justice ne doit-elle pas demeurer un lieu ouvert à tous les regards  ?
Pour les affaires strictement criminelles, une entrée séparée avait été préservée du grand public. C’est dans cette « maison  » à problèmes que, depuis trente-huit ans, François Chanel gravissait chaque jour les cent quarante-huit marches au lino usé de la célèbre volée circulaire menant à la Crim. La première fois, c’était en 1978, il avait vingt-deux ans. Il effectuait un stage de six mois pour valider une maîtrise en psychologie, grâce à l’appui d’un ami de sa mère. Sa confrontation avec ces explorateurs du mal, ces incorruptibles increvables de la Crim, avait dévié sa trajectoire professionnelle vers cette atmosphère irrespirable, très loin de la psychanalyse de sofa.
À cette époque, on déconsidérait cette science humaine. Pour négocier avec un forcené, seul le préfet avait autorité. La mode des psys et autres profileurs ne s’infiltrerait au 36 qu’à partir des années 2000. La célèbre affaire « Human Bomb  » de 1992, négociée avec brio par Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly-sur-Seine, démontre le peu d’estime d’alors pour les psys, sur le terrain judiciaire.
Parce que ses pairs auraient souri, voire raillé cette attirance pour une science basée sur l’observation et le langage corporel, Chanel tut ses processus de raisonnement pour comprendre les tiraillements de ses congénères. De ses humanités, il ne retint qu’une évidence : l’être humain n’était que pulsions, désirs, domination et sexualité, au service de la survie de l’espèce. Voilà la véritable loi de l’inconscient qui commandait au P-DG comme au prolétaire.
Un jeune lieutenant grimpait les marches à vive allure. Sans le vouloir, il percuta Chanel d’un coup d’épaule et lâcha un bref « Désolé, mes respects, commandant  » . Ici, les collègues se tutoyaient, à deux exceptions près : le divisionnaire et le taiseux M. Chanel  » . C’était l’une des choses à savoir, comme le mot dérouiller signalant que les nouvelles affaires allaient d’office pour une semaine complète à l’une des douze équipes de la Crim.
Comme cette recrue, le grand François avait été fougueux, avide d’engager une journée dont il ignorait encore tout.
Le lundi 23 janvier 1978, il avait débarqué à la Brigade en costume-cravate. « Tiré à Quatre Épingles  » fut son premier surnom. Se présenter avec des chaussures Weston et des chemises griffées était plutôt rare en ces lieux. Le bureau, niché sous les toits et doté d’un vasistas calamiteux placé à un mètre quatre-vingts du sol, ne l’effraya pas. Son mètre quatre-vingt-cinq se contenta de courber l’échine et de stationner là où sa stature pouvait se garer sans se cogner ni encombrer. C’était le deuxième jour de dérouillage de l’équipe où il avait été affecté, pile-poil sur l’enlèvement du riche héritier Édouard-Jean Empain, le fameux baron belge et P-DG des entreprises Empain-Schneider séquestré durant soixante-trois jours. La presse s’était déchaînée et la Une s’était éternisée sur ce kidnapping, jusqu’à la délivrance. Il connut une enquête tirée au cordeau avec des hommes impliqués corps et âme.
François filtrera ensuite les communications dans le splendide appartement du 33 avenue Foch et sera au cœur de la cellule de crise. Stress et adrénaline seront son quotidien. Il assistera aussi les enquêteurs sur l’attentat des magasins BHV. La victoire de Bernard Hinault au Tour de France, la disparition de Claude François le 11 mars et de Jacques Brel le 9 octobre seront les grands événements de cette année-là.
En six mois, il en apprit autant sur l’humanité et sur lui-même que dans ses livres théoriques devenus vides de sens. Sa maîtrise se transforma en méprise. À compter de cette expérie

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