Et tu ne tueras point
266 pages
Français

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Et tu ne tueras point , livre ebook

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Description

Adrien croit n’avoir jamais approché le bonheur, ou ce que chacun appelle l’amour, sauf peut-être à la fin. Mais il est déjà trop tard pour lui qui a perdu, comme dévoré par sa propre création, tout ce qui faisait son talent et son don... Détruire ce qui le blesse, en ne laissant plus personne pour témoin de l’humiliation ou de l’échec. Car effacer la mémoire des autres et la faire retourner au néant reste du grand art. Pour le reste, à savoir s’il y a une destinée ou un karma, il n’en sait rien. Et au fond cela lui est égal. Voici l’histoire de cet homme étrange et borderline, faite d’ombres et de lourds secrets... À la fois roman ésotérique et thriller fantastique, on se demandera jusqu’à la fin s’il est bien celui qu’il prétend être ou juste un cas psychiatrique hors norme.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 janvier 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334237345
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-23732-1

© Edilivre, 2017
Avertissement
Ce roman est une œuvre de fiction. Bien que certaines situations décrites dans les évènements exposés, ainsi que le cadre psychiatrique, soient tirés d’expériences réelles ou racontées par des tiers, tous les personnages et les noms utilisés dans ce roman sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou appartenant au passé, n’est donc qu’une simple coïncidence.
Tu ne tueras point…
(Exode 20 : loi VI   verset 13)
“Vous ne devez rien à personne, si ce n’est
de vous aimer les uns les autres ; car celui
qui aime les autres a accompli la loi. 
En effet, les commandements :
… Tu ne tueras point ,
tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point,
et tous les autres, se résument dans cette parole :
Tu aimeras ton prochain comme toi même…
L’amour ne fait point de mal au prochain,
l’amour est l’accomplissement de la loi…”
(Romains 13 : 8 – 10)
Prologue
“L’absolu exerce sur les hommes un pouvoir
de fascination, non seulement par le contraste
avec leur existence livrée au hasard, mais aussi
par le sentiment qu’il les immunise
contre la fragilité humaine.”
Charles Langbridge Morgan
* * *
Un jour, je ne serai plus. Cette évidence ne m’effraie pas, car je suis né par fatalité, et je disparaitrai de la même manière, ou bien par hasard. Je souhaite ressentir pleinement mon état de mortel, bien que je sois un peu plus, ou un peu moins dans la norme que tous les autres. Question de point de vue…  C’est ce qui me fait tant bien que mal tenir et me maintenir encore dans cette vie.
Je n’ai presque pas connu les autres, tous ceux qui sont bien vivants et qui se pensent éternels par erreur. Mais cela m’importe peu car ceux-là ne m’intéressent pas. Je suis à part. Très loin de leurs considérations. Bien sûr, je m’en suis forgé une petite idée quand je me suis approché de l’absolu et du néant pour m’arracher de la banalité et de la torpeur du médiocre. Je déplore parfois, mais rarement au fond, ce que j’ai été obligé de faire pour me protéger, mais pas plus que ça. Puisque c’est ma nature et que je ne l’ai pas cherché. Cela a toujours été une question de survie et d’équilibre à conserver. Coûte que coûte. La disparition des autres, de par ma volonté ou par hasard, appelez cela comme vous voulez, me force à songer à l’inéluctable venue de la mort. Mais l’anéantissement de mes semblables, surtout des plus médiocres, et la certitude de ma propre fin, n’ont pas le même sens… Curieusement, j’envisage cet aspect comme s’il s’agissait de deux problèmes complètement différents. Et n’ayant pas la même valeur d’après les Guides qui me parlent.
En lisant Épicure, j’ai tout de même fini par me rassurer en y trouvant quelques réponses. Bien que cela soit difficile à accepter et comprendre, la mort n’est rien pour moi car “aucun malheur ne peut atteindre celui qui n’est plus ; il ne diffère en rien de ce qu’il serait s’il n’était jamais né, puisque sa vie mortelle lui a été ravie par une mort immortelle” (Lucrèce, De la nature de choses).
Je crois en définitive n’avoir jamais approché le bonheur terrestre, ou ce que tout un chacun appelle l’amour, ou la bienveillance, sauf peut être tout à la fin. Mais il était déjà trop tard pour moi, et j’avais perdu peu à peu, comme dévoré par ma propre création, tout ce qui faisait mon talent et mon don ou ma véritable force… Détruire ce qui me blesse, en ne laissant plus personne pour témoin de l’humiliation ou de l’échec avéré. Une chose est sûre : effacer la mémoire des autres et la faire retourner au néant reste du grand art. Pour le reste, à savoir s’il existe une destinée ou un karma de l’âme, je me tais. Car je n’en sais rien. Et au fond cela m’est égal.
Voici mon histoire…
Le dernier client
Les évènements les plus marquants ont certainement commencé bien avant, mais nous ne savons pas vraiment à partir de quel moment, alors contentons-nous pour l’instant de débuter le récit de cette histoire ce soir là, quand la dernière patiente est sortie du cabinet. La femme est repartie contrariée, frustrée sans doute, car le message n’est pas vraiment passé, et d’ailleurs ce soir il fait trop chaud pour réfléchir, trop lourd pour arriver à prendre vraiment à bras le corps tous les doutes et les interrogations des gens qui consultent Fabienne, parfois depuis des mois ou des années. Avec en prime ce soir comme une lassitude dans l’air, un imperceptible “ras le bol” qui s’infiltre, une sorte de fatigue bien connue qu’elle domine sans cesse pour véhiculer cette sagesse et cette écoute indispensable à sa profession de psychanalyste…  et Fabienne se dit qu’elle a besoin de vacances.
Le rendez-vous suivant est le dernier de la journée. Elle l’imagine attendre dans la pièce à côté, assis tranquillement, feuilletant probablement une revue de psychologie grand public ou un magazine “mieux-vivre” comme il y en a plein, posés sur la petite table basse de la salle d’attente à l’éclairage discrètement tamisé. Fabienne Dargères ne le connait pas encore, ce nouveau venu dans son cabinet.
Toujours la même curiosité devant cette nouvelle problématique à découvrir… et sortir de cette routine enfermante, de ce va-et-vient constant de gens décalés, en souffrance ou bien contrits par la vie. Fabienne ne peut pas tout pour eux,  juste les aider à émerger, à voir clair en eux, parfois cela prend beaucoup de temps et d’énergie, d’écoute en silence, de regards posés sur l’autre, pour les comprendre et les aider.
L’homme vient d’entrer. Il est grand, le visage fermé, dans la retenue de ses gestes, une quarantaine indéfinissable et sombre, un vaste front blême à peine dégarni de cheveux noirs striés de fils gris et strictement tirés en arrière, la silhouette massive et impressionnante, silencieux et grave. Fabienne l’a invité à s’asseoir en face d’elle. Elle est grande aussi, imposante par sa taille et son maintien, et même assise, elle dégage en général une assurance distante qui souvent en intimide plus d’un…  Elle n’a pas réussi à vraiment capter tout de suite le regard de cet homme, ses yeux ont à peine croisé les siens au moment où il lui a dit son nom… mais là, quelque chose d’étrange s’est passé, une glaciation immédiate, une impression de force brutale qui rend soudain Fabienne presque vulnérable et fragile. Elle ne reconnait pas cette sensation de faiblesse en face de l’autre, très peu habituée à ce type de malaise devant un nouveau venu.
Car cet homme dégage quelque chose d’à la fois étrange et dramatique, un improbable mélange de fatalisme, d’indifférence, de détresse et d’émotions bloquées, verrouillées sans doute depuis assez longtemps.
Un être en dynamique de rupture, une structure perverse peut être ?  Dans tous les cas, un homme que la personnalité et l’expérience de Fabienne, devenue presque médiumnique et instinctive à force d’écoute et d’attentions portées aux autres, ressent comme un irrépressible danger en sommeil ou une force à la limite du toxique. Le mal… soudain, ce mot, en elle, que son inconscient vient de capter et de ressentir. Le mal, malaise… mal être…  malheur, malade… ?
Tout se met très vite en route dans son esprit analytique, déjà en éveil devant l’urgence de l’inconnu.
– Bonsoir, monsieur Scherrer… c’est bien ça ?
– Oui, Adrien Scherrer. Quarante sept ans.
– Asseyez-vous, je vous prie. 
L’homme la regarde fixement, elle croit déceler une lueur goguenarde et arrogante dans ses yeux. Elle ne le trouve pas attirant. Il ne donne d’ailleurs pas l’impression de l’avoir été un jour, tant son visage reste fermé et neutre, sans charme ni chaleur. Fabienne vient seulement de s’apercevoir que ses prunelles sont d’un gris clair si délavé que leur couleur tranche à peine sur le blanc de ses yeux…  drôle de regard, pense-t-elle. Etonnant, transparent mais glacé. Elle se sent immédiatement saisie d’une incompréhensible angoisse, de celles que l’on peut éprouver devant l’horreur absolue, quand on pense la croiser…   Pourtant, rien dans l’aspect soigné ou l’accoutrement élégant de son client n’est franchement rédhibitoire, c’est juste une sensation furtive, primale. Se ressaisir, vite.
Elle reprend presque péniblement, la gorge nouée :
– Que faites-vous dans la vie, monsieur Scherrer ? Vous exercez une activité professionnelle, n’est-ce pas ?
Un silence avant de répondre :
– Je fais un métier peu commun vous savez. Dois-je vous le dire vraiment ? En général les thérapeutes n’y croient pas ou n’aiment pas parler de ce genre d’activité. 
La voix de l’homme est sourde, distante, mesurée, empreinte d’une lenteur étranglée.
– Je peux tout entendre, vous savez, je suis là pour ça.
– Eh bien… en fait, pour faire simple, j’exerce le métier de médium, madame. Plus exactement guérisseur quand mes clients me demandent d’effectuer disons… certains soins ou travaux…  pour leur rendre service. On me paye pour ça, souvent assez cher, et les résultats que j’obtiens me procurent une certaine notoriété dans le milieu et un confort financier appréciable. Je me plains pas. Mais je possède un don qui me permet de donner aux gens qui me payent exactement ce qu’ils veulent…  Voilà tout.
Il a détaché les syllabes du mot “guérisseur” avec une sorte de prudence un peu méprisante, comme un animal méfiant qui se demande où il va poser sa patte avant de se permettre d’avancer en terrain inconnu.
Un autre silence, plus lourd celui là.
Fabienne est surprise, intriguée… ne veut rien laisser paraître de son trouble qui augmente :
– Vous appréciez votre métier, monsieur Scherrer ?
L’homme semble réfléchir un temps.
– En fait, non ! Il m’épuise réellement. Mais

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