Emersion
188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

188 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

À la mémoire de mon père « Imbaabaa » Georges (1935-2019) Parce qu’il n’y a pas de mots en Ojibwé pour exprimer les adieux, simplement un je te reverrai… « Gigawabamin Menawah ». S OMMAIRE Titre Dédicace NEW YORK DEUX ANS PLUS TÔT Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 L'ÉVASION DEUX ANS PLUS TARD Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 PIÉGÉS Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 LES ENFANTS DE LA FEUILLE D'ÉRABLE ROUGE Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 HOPE FALLS. LÀ OÙ TOUT FINIT… Chapitre 1 Copyright Collection NEW YORK DEUX ANS PLUS TÔT CHAPITRE 1 L’automne… Moi, Jedediah Lafkin, ingénieur forestier, j’avais toujours détesté l’automne et la chute des feuilles, ce qui n’était pas le moindre des paradoxes compte tenu de mon métier. Cette détestation avait connu son apogée deux ans plus tôt, alors que je vivais à Hope Falls, une petite ville perdue au milieu de la forêt. On y vivait par et pour l’exploitation du bois, sous le joug de Vernon Krueger, une sorte de tyran local dont le seul intérêt était le profit, peu importaient les moyens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9782819506669
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À la mémoire de mon père « Imbaabaa » Georges (1935-2019) Parce qu’il n’y a pas de mots en Ojibwé pour exprimer les adieux, simplement un je te reverrai… « Gigawabamin Menawah ».
S OMMAIRE
Titre
Dédicace
NEW YORK DEUX ANS PLUS TÔT
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
L'ÉVASION DEUX ANS PLUS TARD
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
PIÉGÉS
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
LES ENFANTS DE LA FEUILLE D'ÉRABLE ROUGE
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
HOPE FALLS. LÀ OÙ TOUT FINIT…
Chapitre 1
Copyright
Collection
NEW YORK DEUX ANS PLUS TÔT
CHAPITRE 1

L’automne…
Moi, Jedediah Lafkin, ingénieur forestier, j’avais toujours détesté l’automne et la chute des feuilles, ce qui n’était pas le moindre des paradoxes compte tenu de mon métier. Cette détestation avait connu son apogée deux ans plus tôt, alors que je vivais à Hope Falls, une petite ville perdue au milieu de la forêt. On y vivait par et pour l’exploitation du bois, sous le joug de Vernon Krueger, une sorte de tyran local dont le seul intérêt était le profit, peu importaient les moyens. Un jour, Krueger avait dévasté la forêt appartenant aux indiens Ojibwés, entraînant leur colère, et celle de la nature. Je sais bien que c’est difficile à croire, mais c’est la vérité. Tout avait commencé par la mort d’un de ses acolytes, un type brutal du nom de Milton Hoggs, un ex-vétéran de la guerre du Viêtnam, dont le corps avait été retrouvé avec six kilos de feuilles mortes en lui. Personne n’avait compris comment cela avait pu se produire, s’il s’agissait d’une vengeance des Indiens. Avant même de réaliser ce qui se passait, tout s’était achevé dans un cataclysme. Nous n’étions que quelques survivants, parmi lesquels Barbara Maccallan, un agent de l’Agence de Protection de l’Environnement qui deviendrait ma compagne. Ne cherchez pas Hope Falls : elle n’existe plus. Personne ne connaissait cette bourgade à l’époque, personne n’aurait été capable de la situer sur une carte. Désormais, tout le monde en avait entendu parler. J’espère que tout est fini.
 
Je suis seul dans l’appartement. Barbara est partie travailler comme à son habitude, sauf qu’il y a quelque chose de changé. Je sais que c’est bientôt mon anniversaire, qu’elle me prépare une surprise, même si elle fait mine de ne pas y penser. Je sais aussi qu’il est prévu un repas chez ses parents, et je lui ai promis que je sortirais. Les Maccallan ont une propriété du côté de Sag Harbor, et ils y passent leurs week-ends à faire du bateau. Il faudra que je prenne la voiture, que je traverse Manhattan pour aller jusqu’à Suffolk. Si les routes sont dégagées, ça devrait prendre deux heures et demie. Deux heures et demie dehors, puis un grand jardin, et des arbres. En automne. Des feuilles qui tombent. J’essaie de ne pas y penser, de me dire que je serai fort. Je dois le faire pour elle. Et pour notre futur bébé. Car oui, c’est cela son secret : je crois qu’elle est enceinte. Je lui trouve un air guilleret depuis quelques temps. Elle s’est empressée de vider les poubelles de la salle de bain l’autre jour, mais je crois avoir aperçu quelque chose ressemblant à un test de grossesse. Et elle a noté un rendez-vous chez son gynécologue. Va-t-elle me faire la surprise en arrivant chez ses parents, bousculant un peu les vieilles traditions catholiques de la famille ? De mon côté, une pensée m’obsède : avons-nous fait le bon choix ? Quel avenir allons-nous offrir à cet enfant, si ça devait se reproduire ? Nous sommes à New York, une mégapole industrialisée, pas à Hope Falls, une minuscule bourgade entourée d’arbres. De millions d’arbres…
Mais même toute cette forêt n’aurait pas suffi à recouvrir la ville entière sur dix mètres de hauteur. Difficile d’évaluer la quantité de feuilles sur un grand arbre, n’est-ce pas ? J’ai longtemps cherché sur internet, je me suis livré à des centaines de calculs par extrapolation, épaisseur et surface d’une feuille, rapportées à l’épaisseur moyenne de la marée verte et de sa surface. Je suis arrivé systématiquement à des milliards et des milliards de feuilles, et autant d’arbres… Et puis, où sont passées toutes ces feuilles ensuite ? Il n’y en avait aucune sur le sol quand les secours sont arrivés. Et à peine dans la forêt. En cherchant des réponses, je suis tombé sur un article. Une petite ville dans le nord du Brésil, en pleine zone de surexploitation forestière. La population a totalement disparu, de même que les employés d’une scierie installée à proximité. Tout le matériel a été détruit. Il n’y a eu que deux survivants, une femme et son enfant de six ans, qui répètent sans arrêt que la forêt s’est vengée et a mangé tout le monde. J’ai peur. Je voudrais tant que le vieil Indien soit là pour me guider.
Nous sommes vendredi, il est dix heures du matin. Ce week-end c’est mon anniversaire, et pour la première fois depuis dix mois je vais aller dehors, prendre la voiture, quitter la protection de mon appartement. Je suis nerveux, mais confiant en mes capacités. Nous sommes à New York, il n’y a pas d’arbres, du moins pas assez pour recouvrir toute la ville jusqu’au quinzième étage. Et au cours de ces derniers mois j’ai témoigné en faveur de la nature plus que je ne l’aurais jamais fait au cours de ma carrière. Sur la chaîne, Miles et sa trompette jouent Autumn Leaves, pas très fort, mais suffisamment pour que dans un premier temps je n’entende pas le bruit contre la baie vitrée. Les quelques secondes de silence entre deux pistes me le font percevoir. Je m’approche de la baie. C’est une journée banale comme les autres. J’ai à peine le temps de me détourner que le bruit retentit de nouveau, un peu plus fort, même si ce n’est qu’un chuchotement. Après une seconde d’hésitation, je sors sur le balcon. La circulation est dense à cette heure et son bruit me parvient légèrement étouffé, et je frissonne dans l’air vif. C’est peut-être un oiseau, ou un insecte. Je rentre avant de prendre définitivement froid, et en me retournant je suis cloué sur place. Incapable de bouger. Elle est là. Elle n’a pas oublié. Le cauchemar recommence. C’est elle qui a frappé à la vitre de la baie, elle est entrée au moment où j’ouvrais, et maintenant elle heurte ma vue en s’étalant sur le canapé immaculé.
Elle.
Cette superbe, cette magnifique, cette terrible feuille d’érable rouge.
Dans un léger crissement de ses nervures, je l’entends.
Tu m’as manqué…
 
Je demeurai immobile, paralysé par la panique. Plus aucun muscle de mon corps ne pouvait bouger. La feuille d’érable rouge ressemblait à un animal prêt à mordre, ses nervures s’animaient de légères vibrations qui crissaient sur le cuir du canapé comme les griffes d’un fauve. Nous étions au quinzième étage, j’avais à peine entrouvert la baie vitrée ! Comment avait-elle pu grimper aussi haut ? Je fermai brièvement les yeux, très fort, persuadé que tout cela n’était qu’un cauchemar, que lorsque je les rouvrirais, elle aurait disparu. Je comptai jusqu’à dix, murmurant entre chaque chiffre : « Tu n’es pas réelle. » Elle était toujours là, il me semblait qu’elle avait bougé et s’était rapprochée de moi. Je reculai en secouant la tête, ma hanche gauche heurta l’angle la table et je retins à grand-peine un gémissement de douleur. La feuille glissa d’un seul coup sur le rebord du canapé et se retrouva sur le tapis. Droit dans ma direction. Je ne pensai plus à Barbara ni à notre futur enfant, je n’avais plus qu’un objectif : fuir. Tout ce que j’avais pu accomplir pour remonter la pente au cours de ces derniers mois venait de voler en éclats. Je me précipitai dans la salle de bains, je verrouillai la serrure, et je glissai une serviette sous la porte pour bloquer le passage. Je me recroquevillai sous le lavabo, en proie à la plus sévère des paniques, suffoquant à m’en étouffer. Et si elle n’était pas seule, si d’autres feuilles se manifestaient et envahissaient l’appartement ? Je les avais vues à Hope Falls, j’avais vu ce dont elles étaient capables. Il ne leur faudrait que quelques minutes pour recouvrir la totalité des pièces et me submerger. Allaient-elles réussir à enfoncer le panneau de bois pour se ruer dans mon refuge ? Dans un cauchemar, j’entendis un bruit contre la porte. La panique me fit pleurer.
– Foutez le camp ! Laissez-moi ! Vous n’êtes pas réelles !
Dans un dernier effort, je me jetai sur l’armoire de toilette, en reversant son contenu. La porte d’entrée se mit à vibrer sous les coups. Je m’appuyai contre le panneau, ressentant physiquement la violence des chocs dans mon dos. J’étais de retour à Hope Falls. J’imaginais une seconde la ville de New York submergée de feuilles, jusqu’au quinzième étage, soit sur plus de quarante mètres… non, c’était impossible à envisager. Les coups se firent de plus en plus violents.
– Laissez-moi, je vous en supplie !
Soudain, ce fut le silence. Noyé dans mes sanglots bruyants, je n’y prêtai pas immédiatement attention, jusqu’à ce que j’entende le claquement métallique d’une clé dans la serrure. Éperdu, je cherchai à comprendre qui pouvait entrer dans l’appartement. Je jetai un œil à ma montre, il était treize heures. Je venais de passer trois heures enfermé dans la salle de bains sans même me rendre compte du temps qui s’était écoulé.
– Jed ? Tu es là ?
La voix inquiète de Barbara me parvint depuis l’entrée. Je me redressai et m’appuyai contre la porte.
– Barbara ! Ne reste pas là, sauve-toi ! Elles sont ici !
– Jed ? Mais de quoi parles-tu ?
– Les feuilles ! Sauve-toi, je t’en supplie !
La poignée de porte s’abaissa et se releva.
– Jed, ouvre-moi ! Qu’est-ce que tu fais enfermé dans cette pièce ? Laisse-moi entrer s’il te plaît, tu me

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents