Elle ne dormait pas
148 pages
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Elle ne dormait pas , livre ebook

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Description

La vie s'écoule calme, paisible et sereine, dans ce petit village au pied des Pyrénées, à quelques kilomètres de Luchon et dont l'originalité est le nom du département : Haute-Garonne. Les soirs d'été, les habitants papotent, installés sur un banc ou une chaise, sur le pas de leur porte et passent leurs veillées hivernales autour d'une grande cheminée devant un convivial feu de bois, à griller des châtaignes et à échanger des contes et des récits légendaires.... Mais, en ce jour d'été 1938, un étrange événement va venir troubler cette quiétude...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 juin 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332489159
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-72029-0

© Edilivre, 2014
L’illustration de la première de couverture est la reproduction d’un tableau à l’huile du peintre PAT’LS alias Draïna de Montalban
Chapitre I La fête bat son plein
Ce mois de juin 1938, alors que grondent à l’horizon les menaces de la deuxième guerre mondiale…
Le village étire ses volets sur les murs encore frais de la nuit. De chacune des fenêtres fusent des « bonjours » retentissants et cordiaux. En effet c’est dimanche et les montagnards saluent toujours joyeuse-ment le jour du seigneur. En outre, « aujourd’hui » se présente comme un jour particulièrement attendu. Les surprises succèdent aux surprises. La fête paroissiale s’annonce exceptionnellement réussie. Les cloches de l’église s’agitent en dansant et chantant comme des jeunes filles en fleurs. Le vent caressant d’Espagne porte leurs voix sur ses ailes légères par-delà les montagnes pyrénéennes.
Il est douze heures quarante-cinq. La foule bavarde quitte l’église. Les enfants en tête sautent et rient. Tout ce petit monde se dirige vers le hangar de Marius Cazalta où la grande table se dresse prête à recevoir les convives villageois. Au fur et à mesure de leur arrivée, ils prennent place. Le brouhaha s’intensifie, les verres s’entrechoquent, on s’interpelle, on se plaisante, les rires fusent. L’animation parvenue à son comble, tout à coup, une grosse voix, celle de Marius Cazalta émerge de la masse houleuse.
– Attention ! Silence ! Regardez ce qui vient, et reniflez !
Trois femmes entrent, les mains chargées de plats savamment présentés, plus savoureux les uns que les autres, desquels émanent des parfums prometteurs. Un tonnerre d’applaudissements et d’exclamations gour-mandes les accueille. Les délices une fois posés sur la table, on n’entend plus que les mouches voler, les bruits des fourchettes et des assiettes, parfois des claquements de langues connaisseurs. Nombreux sont ceux qui se lèchent les doigts. Progressivement, le murmure des voix s’amplifie. Les plats repartent aussi vides que les grains de raisin sucés par les frelons. La bonne piquette de couleur ambre transparent, fraîche, gargouille dans les gosiers en pente. Les cruches se tarissent au même rythme qu’elles se remplissent. Pourtant le clou de la fête surgit à l’instant où personne ne s’y attend. Suivie de la fanfare, une monstrueuse pièce montée dresse sa tête altière, portée sur un plan de bois dressé sur quatre roues. Les sourires illuminent les visages des petits et des grands.
Un immense « Hip ! Hip ! Hip ! Hourra » emplit l’espace. Puis, d’un seul coup, d’un seul ! Plus rien ! La voilà superbement engloutie. La place libre, le café peut s’avancer maintenant encadré des pousse-café. Les langues vont bon train, les grosses histoires piquantes de Marius aussi, ponctuées par les rires gras des hommes traversés par ceux plus aigus des femmes. Pour une fois pépé et mémé Sacan ont déserté leur maisonnette située à la sortie du village si l’on vient de Toulouse, à l’entrée si l’on vient de Luchon. Leurs rires de soixante-quinze et soixante-dix ans respectifs éclatent aussi clairs que ceux des plus jeunes. La châtelaine, hôtesse de talent, habituée à des réceptions nombreuses dans son château, a accepté avec enthousiasme l’invitation. Elle s’amuse sans la moindre retenue. Manuel Tarcle, l’épicier du coin, placé à la droite de la châtelaine, friand des blagues salées rit sans quitter des yeux toutefois Marion, son employée de magasin. Quant à monsieur François, l’innocent du village, il se lève chaque dix minutes pour visiter les rues, marchant d’un grand pas, yeux baissés, mains derrière le dos, agile pour se baisser et saisir au passage, subrepticement les bouses de vache parsemées tout le long de la route de cette bonne campagne. Ses mains expertes ramassent et portent immédiatement à sa bouche cette succulente friandise. Les Abron comme on les appelle ici, aux nez étincelants comme des lumignons, propriétaires du petit bistrot du coin de la rue face à la place, dégustent petits verres sur petits verres tout en parlant avec Mimi et Mario les deux amoureux du village. Dans la soirée après le repas, en l’honneur de la fête, sur l’estrade érigée dans le hangar à cet effet, ils joueront et chanteront « Mireille ». Ce poème de Frédéric Mistral mis en musique par Charles Gounod et retraçant l’épopée sentimentale de deux jeunes gens Mireille et Vincent, les Roméo et Juliette de Camargue, représente le clou de cette journée. Marion regarde amoureusement Mario, Madame Joséphine Cazalta ne quitte pas une seule seconde son mari du regard. Ce dernier rive ses pupilles avides sur Marion.
Marion, comme on dit à la campagne, faute d’être une fille belle, est une belle fille disons riche de la beauté du diable, à savoir la jeunesse. Grande, plantureuse, les pommettes rondes et roses, de petits yeux verts pétillants de malice, des cheveux roux et frisés, des taches de rousseur sur un petit nez retroussé, elle va l’allure quelque peu dévergondée mais la moralité intègre, le parler franc, vaillante, serviable, aimable avec tout le monde. Dans l’épicerie, nombreux sont les hommes même mariés qui lui tournent autour et surtout ceux d’âge mûr. Elle sait sur un ton badin, les remettre à leur place et les renvoyer à leurs épouses. Et puis, il y a longtemps qu’elle a donné son cœur à ce ravissant jeune homme au grain de beauté sur le coin de la bouche, ce Mario, le Don Juan du village ! Elle l’aime en silence et en vain car lui, est profondément épris de Mimi qui le lui rend bien.
Café et pousse-café ont été généreusement distribués. L’orchestre monte sur le podium de fortune dressé sur la place « à l’abreuvoir » pour le bal de l’après-midi. Les danseurs commencent à arriver. Les enfants bondissent comme des cabris. Les hommes discutent entre eux. Marius et Jean le chevrier s’avancent lentement :
– Alors Jean, elles donnent beaucoup de lait tes chevrettes ?
– Oui. Elles sont bien mignonnes. Rosinette va devenir mère.
– Déjà ! La dernière que tu as eue ?
– Et oui ! Le temps passe tu sais, même pour les chèvres !
– Les animaux et les humains sont soumis aux mêmes lois, ça c’est la nature !
Les femmes papotent entre elles. La Gilberte, voisine de la châtelaine glisse à l’oreille de la Julienne, sœur de Mimi :
– La châtelaine a un nouvel amant.
– C’est pas possible ! Que me dis-tu là ?
– La vérité. Même qu’il s’appelle Basile. C’est le masseur de son mari.
– Hé ben, il a pas beaucoup de kilomètres à faire celui-là pour voir sa maîtresse ! Comment le sais-tu ?
– C’est sa soubrette qui me l’a dit.
– Elle dit n’importe quoi peut-être !
– Non. Elle les a surpris dans la serre alors qu’elle allait chercher le plumeau qu’elle y avait oublié. Ils s’embrassaient !
– Ben alors ? Quoi de mal ?
– Ben alors il lui disait qu’il ne pouvait plus se passer d’elle et qu’il fallait qu’elle se décide.
– Qu’elle se décide à quoi ?
– A vivre, avec lui.
– Ah bon ! C’est donc sérieux cette fois ?
– Je sais pas. Il semblerait que oui.
Elles poursuivent leur route et leurs confidences suivies de Francette la coiffeuse et de Philomène, la serveuse du bistrot Abron.
– Vous avez vu ? S’approche la Francette. Le Marius n’a pas quitté Marion des yeux !
– J’ai vu, oui, acquiesce la Gilberte. Quand il la regarde on dirait qu’il veut la déshabiller.
– C’est peut-être ce qu’il voudrait ce gros cochon, enchérit Philomène !
Elles éclatent toutes de rire.
– Manuel s’en est aperçu, ajoute Julienne. Il a jeté à Marius un de ces regards !
– On dit que Marion est sa maîtresse.
– De son patron ? De Manuel Tarcle ?
– Oui.
– C’est impossible, il l’a recueillie bébé. C’est sa fille adoptive, rétorque Julienne.
– On en a vu d’autres ! Il y a des pères qui profitent de leur fille ! Or Marion n’est pas sa fille ! Donc ! Soutient Gilberte.
– Donc, donc, je dis non. Sa femme est tellement jalouse qu’elle serait capable d’assassiner la petite, poursuit Julienne.
– Ne dis pas des choses pareilles ! Angoisse la Philomène.
– Mais que oui ! Approuve la Francette. Un jour alors qu’ils se disputaient, on l’a entendue lui crier que si elle apprenait qu’il retroussait les jupons d’une gourgandine, elle lui ôterait la respiration.
– A qui ? A Manuel ?
– Mais non bêtasse ! A la fille.
– Elle est bizarre cette Clothilde Tarcle quand même ! Heureusement que ses paroles dépassent ses actes.
– On ne sait jamais avec une femme jalouse !
– Pourquoi tu serais capable toi, de tuer une femme par jalousie ?
– Non ! Ni une femme, ni un homme.
– Et si c’est ton homme qui te trompe ?
– J’aime trop ma liberté. Je n’aurais pas envie d’aller en prison pour lui. Il gagnerait sur toute la ligne. S’il en préfère une autre, bon vent ! Qu’elle se le prenne, je le lui laisse.
– Je t’approuve, répond Francette.
Leur conversation est interrompue par l’arrivée de l’institutrice et de son mari qui ont préparé le spectacle. Ils cherchent Mario et Mimi.
– Ils sont restés dans le hangar pour répéter je crois, les renseigne Philomène.
– Exact, décrètent Gilberte et Julienne qui, revenant sur leurs pas se joignent au groupe.
Le couple s’éloigne afin de retrouver les deux amoureux.
Les quatre amies, les suivent de près, et parcourent le court espace qui les sépare de la piste de danse. Un marchand ambulant de barbe à papa et de noisettes grillées au caramel répand son odeur alléchante dans toute l’atmosphère de fête. Un paso doble endiablé pousse les danseurs sur l’esplanade prévue à cet effet. Chacun y va de sa démonstration de passes à l’andalouse plus ou moins bien réussies, accompa-gnées de claquements de talons et de sonores Olé ! La valse succède au paso

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