Deux petites tours et puis s en vont
340 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Deux petites tours et puis s'en vont , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
340 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

En 2001, Raymond, comptable de 54 ans, regarde l'attaque des tours du World Trade Center, assis à la terrasse d'un café à côté d'une femme blonde à l'allure de déesse. Elle disparaît, mais l'instant lie pour toujours en lui l'amour et la mort. Il recherche en vain l'inconnue à Paris puis en Égypte, perd tout ce qui composait son univers de veuf rangé, tue par accident. Pour fuir son passé, il change de vie et de personnalité, aidé par deux amis et rencontre deux femmes, images de caractères opposés de celle qui l'a marqué. Elles lui révèlent deux formes complémentaires de sentiment et d'érotisme. Son existence progresse dans une atmosphère irréelle vers la lucidité, l'amour et la mort finale, reflet du drame initial.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414060009
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-05998-0

© Edilivre, 2017
Exergue

« Chaque jour est un don précieux et chaque jour, il nous faut nous préparer au voyage de l’Au-delà. »
Le basalte bleu – John KNITTEL
Prologue La chute des tours
Raymond revenait d’un rendez-vous extérieur. Il aurait du descendre à la station de métro Montparnasse, la plus proche de son bureau. Mais la rame était restée immobilisée à Saint Sulpice :
« Par suite d’un accident grave de voyageur, le trafic est perturbé sur la ligne 4. Merci de votre compréhension »
Remonté du monde souterrain, il parcourait à pied la rue de Rennes en flânant. En cet après-midi de fin d’été, le ciel était d’un bleu parfait. A l’exception d’un nuage blanc et gris en forme de quenouille dont l’extrémité effilée menaçait la Tour Montparnasse au-dessus des toits. Raymond aimait observer les nuages et interpréter leurs formes ambiguës au gré de ses états d’âme. Il était serein mais celui-là le mettait mal à l’aise, il avait un pouvoir de nuisance, peut-être aussi de changement. Il sourit intérieurement à cette pensée bizarre :
– Je vais pouvoir m’installer comme voyante.
Sur la place Montparnasse, devant la terrasse d’une brasserie où il lui arrivait de déjeuner, une dizaine de badauds s’étaient rassemblés, immobiles. Tous avaient le regard fixé sur un écran de télévision scellé en hauteur sur un mur de la salle intérieure. Il aperçut un avion argenté percuter le sommet d’une tour inconnue qui s’embrasait dans les tourbillons d’une épaisse fumée noire à reflets rouges.
– Encore un de ces films catastrophe. Un de ces jours, ils vont nous montrer un justicier surfer sur les flammes d’une explosion pour aller décapiter avec le tranchant de sa planche un méchant dans une décapotable, deux kilomètres plus loin.
La vidéo montrait une deuxième tour identique frappée, elle, en son milieu. Les spectateurs muets, debout ou assis dans la brasserie, semblaient fascinés. Il eut envie d’un café pour se remettre d’aplomb. Une table restait libre sur la terrasse à coté d’une femme aux cheveux blonds dorés coiffés courts dont le visage ovale, marqué de quelques rides, était tourné vers l’intérieur. De l’extérieur, il voyait parfaitement les images mais entendait à peine les sons. Il distingua quelques mots : attentats, World Trade Center, centaine de morts etc. Cela le laissa indifférent, une fiction de plus ou de moins, bof ! Les jambes de sa voisine, parfaites dans leurs chaussures à talons gris perle, plus foncées d’un ton que son tailleur Channel, l’intéressaient davantage. Elle, par contre, ne regardait que l’écran qu’elle dévorait des yeux avec l’avidité d’un chat observant une souris. Elle sortit brusquement un téléphone portable rouge de son sac à main de cuir noir souple. Raymond, qui n’en possédait pas, le fixa avec curiosité et remarqua, sur la main longue et fine qui le tenait, un scarabée égyptien en jade sculpté. Sa voix rauque à l’accent anglo-saxon le ravit :
– Oui, c’est moi. Je ne peux pas venir, je t’expliquerai. Je te rappelle ou tu viens me voir à l’ambassade. Demande Wendy à l’accueil, ils me connaissent par mon prénom.
Quand elle se leva, l’harmonie de ses vêtements mit en valeur sa silhouette de taille moyenne, fine mais pleine. Elle l’effleura de deux yeux en amandes dont la couleur lui sembla passer d’un gris vert félin à un vert tendre menthe à l’eau puis à un turquoise mer profonde. L’éclairage changeant ou son imagination ? De façon inattendue, elle se retourna vers lui avant de disparaître et un sourire complice illumina son visage et ses lèvres pulpeuses rouge corail. Il aimait les femmes mures restées séduisantes malgré l’âge, à cause de l’âge : la fragilité de leur charme l’émouvait. Il avait envie de leur offrir un dernier amour avant de disparaître avec elles dans un accident pour éviter la vraie vieillesse, odieuse et impotente. Il resta assis, se maudissant de ne pas s’être précipité pour la suivre. Mais il était trop timide et respectueux pour aborder une femme dans la rue.
Déjà le garçon se penchait vers lui :
– Pour Monsieur, ce sera ?
– Un café allongé.
Il ajouta machinalement :
– Qu’est-ce que c’est ce film ?
– Vous plaisantez, Monsieur, ils parlent déjà de plus de mille morts.
Et devant son air ahuri :
– Un attentat, deux avions suicides dans des tours de New-york, ce matin.
Alors c’était réel. Il ne pouvait plus détourner les yeux des images passant en boucle. L’éclat métallique des fuselages allait et venait comme celui du pendule d’un hypnotiseur. Brutalement il se retrouva dans des vagues de poussière grise, opaque, suffocante jaillies d’un mur noir qui ondulait lentement derrière elles, presque vivant. Le visage de sa voisine inconnue flottait dans les débris, son sourire devenu enjôleur pour l’appeler. Dans la mort, il le savait. Pourtant il avançait vers elle, envoûté, quand le visage énorme, odieux et jacassant d’un présentateur le rejeta sur la terrasse, le sauvant de l’asphyxie. Autour de lui, les curieux s’étaient dispersés, tout était banal, rassurant, lumineux. Un petit carnet de moleskine noire gisait sur le sol, abandonné ou plutôt perdu, au pied de la chaise voisine. Il le ramassa, le mit dans sa poche, paya et rentra au bureau reposer sa serviette.
1 Du marécage aux enfers
Un matin au bureau
Raymond était assis devant son bureau en simili acajou plastique, buvant à petites gorgées un des cafés lavasse qu’il allait chercher plusieurs fois par jour à la machine du couloir. Pendant une partie de la matinée, il avait vérifié les écritures d’un listing informatique à la recherche d’une erreur que personne ne trouvait. Le responsable comptable d’une société de fabrication de matériel électrique de taille moyenne devait faire tous les métiers, même si elle était le point d’être cotée au second marché. Il entoura de rouge l’écriture fausse et s’accorda quelques minutes de repos pour se récompenser. L’immeuble d’en face était tout proche et son regard fixait une de ses fenêtres qui reflétait le soleil. Au hasard du déplacement des nuages un éclair bref et aveuglant l’éblouit. Les vitres brillantes s’éloignèrent pour devenir celles d’une tour. Un instant, le profil d’une femme blonde assise à une terrasse de café s’y superposa. Il s’effaça presque immédiatement, mais il l’avait reconnue. Pourquoi ce souvenir si précis ? Bien sur, il avait souvent pensé aux attentats, vu et revu les vidéos toujours les mêmes, entendu et réentendu les commentaires toujours les mêmes, Presse et télévision en avaient gavé les Français jusqu’à l’écœurement. Mais malgré ses efforts pour se rappeler son visage, il ne lui était jamais réapparu aussi net que maintenant. Le soir des évènements, il avait feuilleté le carnet noir qui ne contenait aucune indication, pas même une date, seulement deux pages en vis-à-vis couvertes de hiéroglyphes. Peut-être une inscription égyptienne copiée dans un musée, n’importe qui pouvait l’avoir perdu, ce carnet. Après, son travail l’avait empêché d’y repenser.
Sa ligne directe sonna un coup bref puis un coup plus long, puis un coup encore plus long. Le signal convenu avec sa mère pour qu’il la rappelle sans décrocher. Une fois sa pension dans une modeste maison de retraite du Cher payée, sa retraite de l’administration et la pension de réversion de son mari lui laissaient beaucoup d’argent. D’autant plus qu’à quatre-vingt ans passés, elle n’avait plus beaucoup de besoins ni de désirs. Mais elle économisait sur tout, pour lui son fils unique, disait-elle, en lui faisant un chèque qu’il acceptait avec un peu de honte pour ne pas la fâcher. Il composa le numéro lui-même, puisque sa secrétaire personnelle était devenue celle de la nouvelle Direction financière depuis la réorganisation. Il venait de dire bonjour à sa mère quand la porte s’ouvrit brutalement. Le Directeur qui le coiffait, arrivé peu avant les vacances d’été, entra en trombe. Il était plus petit que Raymond qui pourtant ne mesurait qu’un mètre soixante-quatorze, le visage vaguement porcin, le corps replet sans être musclé, toujours en mouvement. Comme à son habitude il n’avait ni prévenu, ni frappé. Sans attendre que Raymond ait fini de dire :
– Excuse-moi, je te rappelle.
et raccroché, il jeta un dossier sur le bureau d’un air réprobateur :
– Très urgent, une étude que j’ai demandée pour l’entrée en bourse. Parlez-m’en le plus vite possible.
Le poste de Directeur, crée pour cette introduction, aurait dû revenir à Raymond qui n’avait jamais démérité. Mais le fondateur de la société, M. Leblanc, âgé de soixante seize ans, venait de transmettre la direction à son fils de trente-six ans, ancien élève de l’école H.E.C. Ce dernier voulait rajeunir l’équipe financière et avait préféré recruter à l’extérieur en faisant appel à un chasseur de têtes. Raymond peu ambitieux et bien payé n’avait pas été frustré, mais le nouveau venu croyait le contraire et se méfiait de lui. Raymond, lui, regardait avec ironie ce Directeur toujours surchargé de travail et de responsabilités qui s’occupait de tout, dirigeait tout, vérifiait tout. Sans rien connaître à la comptabilité et peu à la finance. Mais il n’exprima pas sa pensée insolente :
– C’est ça, nous en parlerons d’urgence le mois prochain. De toute façon, ça n’a aucun sens tant qu’on n’a pas les prévisions de résultats pour 2001. Et avec le passage à l’euro au premier janvier de l’année prochaine, c’est le bordel.
L’autre partit, jouant l’hyper pressé, comme toujours :
– Je voudrais avoir plus de temps à vous accorder pour vous expliquer, mais j’ai rendez-vous avec le Président.
Raymond refit le numéro de sa mère :
– Mais non, maman, ça ne me dérange pas, tu as bie

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents