Deux lieux, quatre hommes, deux femmes : destins croisés
112 pages
Français

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Description

Le sort de tous obéit peut-être à une nécessité. Mais celle-ci nous reste obscure. Nous n'avons jamais les moyens de connaître à l'avance nos destinées. S'il nous semble parfois avoir le choix, la plupart du temps, nous savons qu'il n'en est rien. Ainsi, il ne nous reste plus qu'à essayer de recomposer le puzzle qui nous a menés à un certain instant, et à un état certain. Pour la plupart des causes, il restera incomplet, peut-être tout simplement parce que la vie n'a pas été créée pour la comprendre, mais pour la vivre. Pour un auteur, ce jeu de puzzles offre, avec le maniement de la langue, un plaisir peu concurrencé. Ce plaisir, il espère le partager avec son lecteur. Dans ce quatrième roman, l'auteur excelle à mettre en place les rouages complexes inhérents à toute condition humaine. En ménageant suspense et surprises, elle révèle, avec finesse, vraisemblance et empathie, les tragiques soubresauts des consciences confrontées au pire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342053517
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Deux lieux, quatre hommes, deux femmes : destins croisés
Gladys Leroy-Villeneuve
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Deux lieux, quatre hommes, deux femmes : destins croisés
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Chapitre I.
 
 
 
1. Un homme
 
 
 
Elle aurait dû être là depuis longtemps.
 
Il regarda à nouveau l’heure sans l’enregistrer, si bien qu’il recommença trois secondes plus tard. Il imagina un autre drame à la faveur de ces trois secondes. Ce nouveau scénario était le pire : elle ne venait pas parce qu’elle était morte ! Il n’aurait jamais imaginé être dans un tel état pour une femme qui de toute façon lui échapperait. Ce mal qui lui taraudait l’estomac, c’était de la jalousie, il le savait.
 
Et dans l’aube naissante de la grande ville, alors que le monde autour de lui s’éveillait et que lui-même l’était depuis plus de deux heures, cet homme entrait dans la plus noire période de son existence.
 
Qui était-il ce moment-là ? Rien de plus qu’une silhouette de notre époque : homme de cinquante ans, pas très grand, mince et donc en paraissant dix de moins, mais d’une laideur attirante avec un beau regard sombre. Travesti en randonneur chic, équipement complet, choisi avec l’aide éclairée d’un conseiller technique de l’enseigne « Au campeur pyrénéen », il attirait les regards.
 
Il attendait quelqu’un, son pied droit commençait à battre la mesure d’une impatience qui peu à peu remontait jusqu’aux épaules. Qu’est-ce qui pouvait bien le trahir ? pensait-il en constatant le regard de biais et vite détourné des passants.
 
Il n’allait pas tarder à se sentir incongru et vaguement coupable de sa crispation, alors que tout le monde courait à son travail ou à ses rendez-vous. Il s’interdisait de jurer, mais qui l’observait aurait pu juger des quelques mots qui lui échappèrent à mi-voix.
 
 
 
2. Un autre homme
 
 
 
Il s’étira avec plaisir en constatant une fois de plus l’usure des ans sur les cartilages des articulations. Avec un peu de sport, un petit régime et une cure d’harpagophytum, conseillée par son pharmacien, ce serait suffisant peut-être encore quelques années. Il faudrait aussi qu’il rencontre son généraliste pour vérifier tension, dosages sanguins et autres paramètres… il allait se remettre à la marche, en montagne, plaisir abandonné en raison de l’usure de ses ménisques. Il s’équiperait de genouillères… et ce serait « à ménisques et périls », avait-il dit un soir récent. Elle avait ri.
 
De l’avoir pensé lui en donna l’envie. Il allait organiser une petite randonnée. Peut-être dans ces espaces superbes des canyons du haut Aragon, ou bien dans le Parc naturel d’Ayguestortes, du côté des Pyrénées espagnoles. Il n’y était pas revenu depuis…
 
Le plaisir de retrouver les images de ces lieux durait : l’eau des canyons, émeraude, aussi transparente que celle d’un lagon polynésien, le parcours tortueux des eaux fraîches, les lacs mystérieux, les sommets convoités, et aussi les étapes dans les villages, les tapas dans les albergas…
 
Mû par son imagination, il se leva et alla déjeuner de quelques rondelles de saucisson sur du pain beurré, le tout suivi d’une tranche de fromage de Bethmale accompagnée d’une cuillerée de confiture de griottes. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre de la cuisine aux volets jamais fermés : le jour se levait, le ciel était clair, il ferait beau dans la journée.
 
Un verre d’eau et un café qu’il apporta sur son bureau, lui permettraient de travailler jusqu’à quatorze heures, au moins. Il traduisait une thèse de biologie moléculaire, ce n’était pas passionnant.
 
Avant de retrouver son texte sur l’ordinateur, il avait envie d’un moment de tendresse. Il était un peu tôt pour la réveiller. Mais peut-être était-elle déjà debout ? De temps à autre, elle allait courir et revenait affamée. Ils déjeunaient alors somptueusement : table mise, œuf mollet et jambon, fromage avec un demi-verre de vin. Il était arrivé ainsi qu’il déjeune deux fois, au détriment de son tour de taille.
 
Au bout du couloir, il entrouvrit tout doucement la porte de la chambre de la jeune fille. Elle était très jolie et diablement intelligente. Ils s’entendaient bien. Dans la pénombre, il distingua une masse recouverte de la couette, bien immobile, et sourit.
 
Elle n’était pas dans la chambre, il s’étonna et fit le tour des lieux. D’habitude, elle lui glissait un petit bonjour en tenue sportive et en trottinant pour s’échauffer. En regardant au dehors, il vit le vent d’est soufflait assez fortement, un autan capricieux de terre Lauraguaise. Perplexe, il retourna à son bureau, ses pensées en plein feed-back.
 
 
 
3.
 
 
 
Elles étaient arrivées un soir du mois de mai, cela faisait déjà presque trois mois, s’aperçut-il, étonné. Il s’en souvenait parfaitement parce que c’était son mois anniversaire. Comme si elles rentraient chez elles, poussant le portail sans sonner, elles avaient attendu sur le palier. Il était allé leur ouvrir la porte, à peine intrigué.
 
Il avait découvert une femme encore jeune et jolie, au sourire sympathique et communicatif. Elle lâcha le bras d’une belle jeune femme blonde et menue, qui lui ressemblait par le même sourire avenant. C’est lui qui tendit la main. Il remarqua sans s’y attacher que qu’une des femmes traînait un de ces petits chariots alimentaires qui libèrent du poids des courses.
 
Il ne se souvenait pas les avoir fait entrer ni même de ses premières paroles exactement. Il avait retenu la voiture immobilisée, le jour qui finissait, et l’impossibilité d’un contact, téléphone oublié. Récit tellement banal qu’il n’avait jamais vérifié par la suite malgré de mystérieux moments où il en sentait vaguement une nécessité.
 
Et puis elles étaient restées, comme à leur place habituelle, occupant, peu à peu mais avec discrétion, toute la maison. Il n’avait eu ni geste, ni parole pour endiguer leur installation : tout était redevenu si simple. Les courses, les repas, les petits soins, les lits faits, les vêtements propres et rangés, le ménage assuré, et même le jardin enfin entretenu. Après cela, il était trop tard et grossier de leur demander de justifier leur présence. Il n’avait même pas vérifié la présence de la voiture, à moins d’un kilomètre, avait-elle précisé, en attente d’une réparation… dont personne, encore aujourd’hui, ne se souciait !
 
Enfin, dix jours plus tard, il l’avait trouvée dans son lit. Ce n’est pas qu’il n’y pensait pas, mais la surprise l’avait rendu inopérant, et là encore, elle avait mené le jeu, tout en finesse et douceur, et il avait retrouvé, comblé, des gestes et des états qui lui manquaient terriblement. À soixante ans et quelques mois qu’il refusait d’enregistrer, il avait appris à se contenter de virtualités. Avec elle, il renouait avec des jouissances réelles et une formidable sensation de jeunesse.
 
Tout en se rendant compte de l’étrangeté de leur arrivée et de la prise en main de sa maison et de sa vie, il n’avait émis aucune objection ni remarque négative, trop heureux de cette vie de famille dont il avait la nostalgie. Il avait plaisir à répéter le geste paternel laissant toujours quelques billets d’euros destinés à la maintenance, sous un chandelier bicentenaire, sans jamais en demander des comptes… ou le profit. C’était juste rétribution après tout.
 
Était-ce le sens du geste paternel dans cette famille taiseuse et d’âge avancé qui l’avait élevé comme on nourrit un animal de compagnie, sans lui donner les clés du plaisir de vivre ? Il pensait que c’était là l’explication de sa boulimie, de sa gourmandise et donc de son embonpoint. On lui dispensait quelques caresses distraites, le gîte à discrétion. Ses parents disparus à sa majorité, il n’avait pas tenté de savoir. À quoi bon aller fouiller dans le passé, surtout quand il ne vous appartient pas, et qu’il risque de vous faire mal ?
 
Mais il sentait dans des souvenirs plus lointains, il devait avoir quatre ou cinq ans, un temps familial plus heureux. Il n’avait jamais pu aller au-delà.
 
Le jour était bien installé maintenant, elle aurait dû être là.
 
 
 
 
4. Le premier homme
 
 
 
Encore un coup d’œil à sa montre, et il pesta contre son passéisme qui lui faisait négliger les avantages des nouveaux portables. Celui qu’il avait, un vieux modèle, il le réservait aux contingences professionnelles et il le sortit à regret du fond de son sac. Il sonna dans le vide. Il renonça à laisser un message oral ou un texto, et se mit en marche d’un bon pas rageur sans trop savoir où se diriger.
 
Soudain, il éprouva une brusque montée d’adrénaline en songeant que ce retard, plus qu’inquiétant ne l’avait pas alerté à temps. Il alla, d’un pas de plus en plus rapide, récupérer sa voiture qu’il avait réussi à garer sur un emplacement autorisé et non payant : une victoire qui lui semblait dérisoire maintenant.
 
Mais pourquoi n’était-elle pas là ? Elle n’avait pu entrer dans un magasin, ils étaient encore fermés et peu de chances, si tôt, d’avoir rencontré une amie avec qui elle aurait bavardé de manière inconséquente. Quant à entrer dans un café, s’y attarder, à cette heure-là, certainement pas !
 
Ce n’était pas non plus un incident ou accident de voiture, elle devait venir à pied dans des rues éclairées… ou en métro, à peu près pour le même temps. Il aurait été prévenu, par fixe, hier, si elle avait été malade. Il arrêta sa voiture pour récupérer son mobile et se fit klaxonner puis copieusement

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