Déroute , livre ebook

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2021

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On pouvait déjà entendre les sirènes au loin. Quand t'es habitué, t'es capable de faire la différence entre la sirène d'une ambulance pis celle d'un patrouilleur de la police.
Ciboire, y avait pas de place pour une fille dans mon histoire! J'aurais dû la laisser planter là. J'aurais dû partir sur ma Warrior pis jamais regarder en arrière.
Le jour ou Vincent rencontre Cassandre au dépanneur, il a l'impression de la connaître depuis toujours. Mais cette fille n'aurait jamais dû croiser sa route. En l'embarquant sur sa moto, Vincent enclenche une série d'événements impossible à freiner. Et maintenant que le destin de Cassandre est lié au sien, il ne peut plus faire marche arrière.
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Date de parution

30 septembre 2021

Nombre de lectures

7

EAN13

9782897626297

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Les données de catalogage sont disponibles auprès de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et de Bibliothèque et Archives Canada.
Adaptation numérique : Studio C1C4

La publication de cet ouvrage a été réalisée grâce au soutien financier du Conseil des arts du Canada et de la SODEC.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC
Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre, par procédé mécanique ou électronique, y compris la microreproduction, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
ISBN 978-2-89762-629-7 (ePub)
ISBN 978-2-89762-599-3 (papier)
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2021
Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2021
© 2021, Éditions Michel Quintin inc.
Éditions Michel Quintin
Montréal (Québec) Canada
editionsmichelquintin.ca
info@editionsmichelquintin.ca
Pour avoir le courage de lire tout ce que j’écris et surtout pour votre honnêteté parfois brutale mais toujours constructive, un gros merci à Marcel Levasseur et Sylvain Guérette. Pour ma muse, Annabelle.
LUNDI
Là, t’essaies de comprendre ce que je fais ici, debout devant la Banque Nationale de la rue Saint-Joseph, avec une trentaine de policiers, more or less , qui pointent tous leurs armes dans ma direction alors que le canon de mon Glock est enfoncé derrière la nuque de mon otage…
Laisse-moi te dire que demain, les journaux vont avoir une méchante histoire à raconter. C’est juste de valeur qu’ils vont tous écrire du grand n’importe quoi. Je les blâme pas, parce que pour vendre des copies ça prend du sensationnel, pis c’est juste ça qu’ils vont avoir retenu. Rien d’autre. Ça me fait chier de savoir que les détails passeront inaperçus ou seront effacés à grands coups de delete sur le clavier d’un journaliste pour satisfaire aux exigences des cotes de lecture.
Anyway , j’ai rencontré Cassandre dans un Couche-Tard de la rue Wellington, à Verdun, il y a cinq ou six jours… je pense… Fuck , j’ai l’impression que ça fait une éternité… Mes souvenirs sont tellement brumeux, comme si je venais de me réveiller d’un cauchemar.
Peut-être que j’y suis toujours… dans mon cauchemar, je veux dire. Ciboire que j’ai hâte d’en finir !
MERCREDI
J’ai tout de suite eu l’impression de la connaître depuis toujours. C’est comme ça avec les âmes sœurs, elles savent se reconnaître… J’imagine. Elle aurait pas dû faire partie de mon histoire. Ç’aurait été tellement plus simple si je m’étais arrêté deux coins de rue plus loin. Si j’avais choisi un autre dépanneur. Si j’avais pas eu si soif. Mais bon, depuis un bout de temps, ça se passait rarement comme je voulais.
Mon plan était pourtant simple : entrer dans le dépanneur pour m’acheter un paquet de cigarettes pis un six-pack de bière que je voulais boire sur le bord du Saint-Laurent, question de décompresser un peu avant de reprendre la route, traverser le pont Champlain, pis me trouver un petit motel miteux sur la Rive-Sud. Même si les golden years des motels sont loin derrière nous, on en trouve encore une couple de pas trop chers sur Taschereau. Le lendemain, je me serais trouvé une banque quelconque pour… mais la vie est pleine de surprises.
Elle était derrière la caisse, les yeux rivés sur son iPhone. Maudite génération branchée… Toujours le nez planté dans son maudit cellulaire. Tu vas au restaurant, pis tout ce que tu vois c’est des doigts qui pitonnent sur des écrans. Personne se parle ! Ça se regarde même pas. Le pire, c’est que cette maudite génération-là a commencé à nous servir dans les hôpitaux, à la SAAQ, pis aux services à la clientèle de toutes les ciboires de compagnies qui te font attendre au bout de la ligne en te disant que ton appel est important ! Penses-tu vraiment qu’ils sont en train de régler les problèmes de quelqu’un d’autre pendant que t’écoutes la petite musique country-pop-classico-bonbon ? Ben non, ciboire ! Ils sont en train de mettre leur dernière photo sur Facebook ou de jouer à Angry Birds .
Je l’ai dévisagée un instant en espérant qu’elle m’aperçoive, mais je serais invisible que j’aurais eu le même effet. Fuck it ! Je me suis rendu à l’arrière du dépanneur. Ma soirée commençait mal. Il y avait plein de petits cadenas sur les portes des frigidaires à bières. Je voulais ma bière. Je suis retourné au comptoir, en beau joual vert, pis j’ai posé la main sur l’écran de son ciboire de cellulaire. Son regard a enfin rencontré le mien, pis sur un ton on ne peut plus ennuyé, elle m’a dit :
—  Y’a rien de bon sur Facebook de toute façon.
—  Donne-moi un paquet de Pall Mall King Size Bleu, pis…
—  Sais-tu que ça donne le cancer, ça ?
—  Tu sais pas, si ça se trouve, je l’ai déjà… Anyway , Pall Mall King Size Bleu s’il te plaît, pis donne-moi la clef pour les frigidaires à bières.
Son soupir était tellement profond que je me sentais presque mal de l’avoir sortie de son important travail psychosocial facebookien. Presque. Sans se lever de son tabouret, ni même détourner les yeux de mon regard… fuck , ses yeux étaient d’un bleu… pis moi qui tripe sur les femmes aux yeux bleus. Je me demande encore comment j’ai fait pour pas me mettre à bégayer drette-là devant ses cheveux foncés, son teint pâle pis sa petite moue. Anyway , elle s’est étiré le bras pis a fait apparaître mon Pall Mall.
—  Tiens, tu peux nourrir ton cancer si tu veux, mais je peux pas te donner la clef pour la bière. La clef pour les toilettes, ça, y a pas de problème, la clef de mon logement, ça, c’est toujours négociable, mais la clef pour la bière après onze heures, je peux pas. La loi, c’est la loi.
—  Hey, come on , y’est même pas onze heures et dix, pis j’ai soif.
—  Sorry mister , si c’était juste de moi…
C’est en plein là que le voleur a décidé d’interrompre notre conversation. Il était à peine entré qu’il pointait son revolver dans ma direction, pis vers elle, pis encore vers moi. Plus nerveux que ça, je pense pas que ç’aurait été possible. Je me souviens que j’ai vraiment dû faire un effort pour pas lui éclater de rire en pleine face.
—  Donne le cash pis t’auras pas de trouble !
—  Euh, j’ai juste ma carte de débit.
—  Pas toé, épais, elle !
Il a redirigé son arme vers la facebookienne, pis ça, ç’a vraiment pas fait mon affaire. Sa main tremblante pis son visage couvert de sueur m’ont vite fait comprendre que ce gars-là était à des années-lumière d’être un pro. Il avait peut-être besoin d’un peu d’argent pour payer son loyer, mais j’en doute, parce qu’on était encore à une vingtaine de jours de la fin du mois. Son pusher devait l’attendre dans une ruelle pas trop loin de là. J’ai profité de son inattention pour glisser lentement la main droite à l’intérieur de la poche de mon blouson de cuir. Délicatement, j’ai ouvert la lame de mon couteau… Rien d’impressionnant, pas illégal du tout, un simple canif avec une toute petite lame à peine plus longue que la paume de ma main. Je l’utilise normalement pour ouvrir mon courrier ou des trucs comme ça… Même pas assez long pour tuer… mais juste parfait pour neutraliser un homme si tu sais comment l’utiliser.
—  Hey, qu’est-ce tu fais là, toé ! Sors ta main de là !
Il a dirigé le canon de son revolver vers mon visage, pis fait un pas vers moi… Il voulait m’impressionner, j’imagine. Son erreur. Maudit amateur. Mon bras gauche a entamé un arc de cercle comme on en voit souvent dans les films d’action. De toute évidence, c’était pas son genre de films, parce qu’il m’aurait vu venir avec ma tactique d’autodéfense. Pas son jour de chance non plus, parce que moi, je suis un amateur fini de ce genre de films et j’ai déjà suivi une formation… d’autodéfense, je veux dire. Mon séjour dans l’armée a été court ; problèmes avec l’autorité. J’étais jeune et rebelle, mais j’ai tout de même eu le temps de faire mon training de base. C’est certain qu’en me faisant expulser de l’armée, j’aurais jamais pensé atterrir là où j’ai fini. Eux autres aussi m’ont formé, pis pour le reste, ben c’est la vie qui s’en est chargée.
Anyway , mon bras gauche a complété son mouvement pis je l’ai frappé au poignet. Il a presque échappé son revolver. Au même instant, ma main droite est sortie de la poche de mon blouson de cuir, le tranchant de la lame dirigé vers lui. Il l’a pas vue venir, celle-là non plus. La lame a égratigné la peau de son visage au niveau de la mâchoire, pis continué son chemin jusqu’à l’extrémité extérieure de son œil gauche. Je lui ai pas vraiment fait mal. Une petite entaille de rien du tout, juste assez pour le surprendre. Je suis même pas certain qu’il aura besoin de points de suture. Mais là, il a laissé tomber son maudit gun . Le mouvement de mon bras était déjà bien entamé avant que son revolver touche le sol. Comment je pouvais savoir, moi, qu’il le lâcherait aussi facilement ? Tu peux pas prendre de chance dans des situations comme ça. Pis en plus, la vie de Beaux Yeux Bleus était en danger. Fait que, les six centimètres de la lame sont entrés dans sa cuisse, pis je l’ai tournée sur quatre-vingt-dix degrés. Finalement, il va avoir besoin de points de suture.
Il s’est effondré comme une poupée de chiffon. Son visage était couvert de sang pis tordu de douleur. C’est à ce moment qu’il a décidé de se mettre à crier. J’avais jamais entendu quelqu’un se lamenter comme ça. J’avais l’impression que mes oreilles allaient se mettre à saigner. Les sons aigus m’agressent sans bon sens. Je suis juste pas capable. J’avais pas pensé à ça, moi, avant de lui planter mon petit couteau dans la cuisse. C’est pas comme s’il l’avait pas mérité, mais là, c’est moi qui souffrais. Il allait me péter les tympans s’il se la fermait pas. Fuck it , je lui ai balancé un coup de botte au visage qui l’a mis knock-out subito.
—  T’inquiète pas. Il est pas mort. Appelle le 911, pis explique-leur ce qui s’est passé. Tout va bien aller. Il est juste légèrement blessé.
J’ai sorti ma liasse d’a

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