Denise la secrète
51 pages
Français

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Description

Le jeune inspecteur Laurent Dumas pensait obtenir les félicitations de son chef, le commissaire ROMBAL, en arrêtant Denise Duboin, une femme soupçonnée de détention, consommation et trafic d’opium à la solde du « Navigateur », un marin important la drogue d’Orient.


Or, ROMBAL, loin de le congratuler, lui reproche son acte, car il connaît la suspecte pour l’avoir fréquentée lors de l’enquête sur le suicide du frère de Denise.


Le commissaire ROMBAL n’a jamais cru à cette thèse, mais, faute de preuve, il avait dû faire son deuil de la vérité.


Aussi est-il bien décidé à profiter de l’affaire actuelle pour dévoiler les fantômes du passé en forçant Denise Duboin à avouer tous ses secrets...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070038284
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COMMISSAIRE ROMBAL


DENISE LA SECRÈTE

Par
E. L. RICHARD
I

— Tu l'as arrêtée, tu es content… Eh bien, je vais te dire quelque chose : tu viens de faire le malheur de toute une famille qui ne méritait pas cela… Un savant, l'un des découvreurs de l'Afrique équatoriale, un type épatant, en sera déshonoré. Et il n'y est pour rien… Il ne sait rien…
Rombal allongea sa jambe malade sur une chaise et regarda la file glapissante des voitures qui montait et descendait la rue de Rome.
Le jeune inspecteur, Laurent Dumas, assommé par ce petit discours imprévu, regarda le commissaire spécial de la gare Saint-Lazare. Comment ? On l'avait lancé sur une piste intéressante et, lorsqu'il mettait la main sur une femme dont la culpabilité était certaine, on le douchait avec des propos désabusés… Non ! Les vieux avaient de ces idées !...
— Je sais bien ce que tu vas me dire, reprit le commissaire spécial : trafic, détention et transport de drogue… La loi est formelle. C'est un délit grave.
« Eh ! Oui !... C'est même si grave que si l'on n'y met ordre, la moitié de Paris sera empoisonnée… Seulement… Seulement… Je vais te raconter une histoire.
« Tu t'y attendais ?... Bon. Alors, garde un peu de patience… D'ailleurs, ça peut te servir pour cette affaire-là… comme pour les autres…
« En 1924, en juillet ou août, je remplaçais le commissaire du VI e . Un soir, on vint me prendre pour constater un décès suspect. C'était rue Gay-Lussac, au-delà de la rue Saint-Jacques si je me souviens bien… Au 6 e étage… j'arrivai : une jeune femme m'ouvrit. Elle avait vingt-six ou vingt-sept ans, taille moyenne, pâle, très pâle, des yeux bruns, des cheveux noirs avec quelques mèches plus claires… Ses traits un peu mous avaient quelque chose d'amer, cependant.
« Je remarquai cependant qu'elle avait l'œil sec, qu'elle serrait les dents et se tenait roide. Elle me conduisit au fond de l'appartement, dans une petite chambre. Là, sur un lit, un jeune homme, un enfant, gisait. Sa main tenait un petit pistolet. J'examinai tout avec soin, sans rien toucher. On ne sait jamais !... Je remarquai que la serrure de la porte pendait, arrachée ; un marteau était demeuré sur le parquet.
— Suicide, évidemment ! pensai-je… C'est vous qui avez téléphoné ? demandai-je… vous êtes…
— Sa sœur !... fit-elle, vivement...
— Comment cela s'est-il passé ?...
— Je n'étais pas là !... Je vous l'ai dit au téléphone…
« Elle parlait avec une gorge serrée. Les mots sortaient de sa bouche en sifflant. J'attribuai tout cela à la peine contenue.
— Soupçonnez-vous les raisons de cet acte ?
— Non…
« Tout à coup une odeur me surprit.
— Mais… Mais, cela sent l'opium, ici, m'écriai-je.
— C'est ça, c'est bien ça… répondit la jeune femme, avec une certaine satisfaction. De l'opium !... Je me demandais… depuis que je suis arrivée…
— Vous m'avez dit, au téléphone, repris-je, que vous étiez infirmière : comment n'avez-vous pas reconnu cette odeur ?...
— C'est vrai ! Je ne l'ai pas reconnue tout d'abord. Je l'avoue, sans doute, l'émotion…
« Je la regardai de côté. Elle ne mentait pas. Cependant, j'inspectais la chambre ; j'ouvrais des tiroirs, des placards, un secrétaire.
— Tiens ! dis-je : voilà un bambou qui m'a l'air d'une pipe chinoise.
« Je flairai l'objet. C'était bien ça. Il y avait là d'ailleurs tout l'attirail du fumeur : la lampe, l'aiguille et la boîte où l'on serre la drogue.
— Et vous ignoriez ? demandai-je.
— Je ne suis là que de temps en temps. Je vis à la clinique, à Neuilly. Il était facile de me cacher tout cela.
« Nous demeurâmes un moment silencieux.
« On frappa. La porte s'ouvrit tout de suite et un homme entra. Il était gros, brun, la tête un peu penchée sur le côté. Il restait là, comme frappé de stupeur.
— Bonjour ! dis-je. Je suis le commissaire du quartier ; ne vous étonnez pas si je vous pose quelques questions. Pourquoi venez-vous ici ? Qui êtes-vous, d'abord ?
« Il hésita un moment et puis déclara :
— Maratier, Ernest, préparateur en pharmacie à la clinique Beck de Neuilly ; je suis envoyé par le « patron » pour assister M lle Denise Duboin dont nous venons d'apprendre le malheur…
« L'interrogatoire se prolongea. Le préparateur, qui paraissait déprimé, qui ne quittait pas des yeux l'infirmière, répondait sans plaisir à mes questions.
« Je les laissai un moment, avec un inspecteur, en leur recommandant de se tenir dans la pièce qui servait d'antichambre et j'allai chez la concierge où je fis appeler les voisins. Ceux-ci déclarèrent qu'ils avaient entendu des appels, au cours de l'après-midi, et même un bruit prolongé ainsi que des heurts violents.
— C'est bien ça ! pensai-je, avant le suicide… ou peut-être le meurtre… il y a eu bataille…
« Un visiteur était venu dans la maison. Il n'était demeuré que quelques instants. Les uns l'avaient vu blond, les autres brun. La concierge l'ignorait totalement.
« J'étais étonné aussi du fait que l'infirmière fut demeurée près de deux heures auprès de ce cadavre sans appeler à l'aide. Au surplus, elle ne paraissait pas extraordinairement émue.
« Je remontai rapidement, car je voulais être là lorsque le médecin que j'avais prévenu arriverait.
— Ce jeune homme, demandai-je, en feuilletant un livre de sciences, qui traînait, a-t-il eu des déceptions dans ses examens ?
— Non ! dit la demoiselle, sans plus.
— Une histoire… d'argent, peut-être ?... D'amour ?...
— Je ne pense pas ! murmura Denise Duboin.
— Il ne se confiait pas à vous ?
— C'est-à-dire que… depuis quelques mois, il se montrait réservé… J'étais pourtant comme une maman pour lui.
— Ce revolver… Vous le connaissiez ?
— Oui ! Je l'ai vu une fois dans ses mains.
— Quand ?...
— Oh ! Je ne me souviens plus…
— Tâchez de vous souvenir… Il y a longtemps ?
Elle perdit pied tout à coup et laissa s'ouvrir une brèche dans sa défense :
— Je ne sais plus… Laissez-moi…
— J'ai absolument besoin de ce détail.
— Je ne me souviens plus… Je ne répondrai plus.
— Eh bien ! je vous arrête…
— J'aime mieux ça… Monsieur Maratier, prévenez le Docteur Beck… et mes amis.
« Je n'étais pas très satisfait de tout cela.
II
 
« J'appris dans la suite qui étaient les Duboin. C'était les enfants d'un professeur du Lycée de Saint-Germain. Comme la jeune fille prenait ses dix-huit ans – huit ans plus tôt – et le garçon, Claude, ses douze ans, le professeur avait perdu sa femme. Désemparé, il avait épousé bientôt une amie de la famille. Les enfants n'acceptèrent pas de bon gré l'intruse qui prétendait avec insistance remplacer leur mère.
« Or, le père ne souffrait pas – par profession – que l'on contredît à ses desseins : il emmena Denise et Claude...

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