De profundis
128 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
128 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Qui se cache dans les profondeurs ?


Agnès Belleville est une jeune horlogère de renom. Lorsqu’elle retourne sur l'île bretonne de son enfance pour le travail, nul doute qu’elle devra garder la tête froide pour affronter sa famille avec laquelle elle est restée en mauvais termes. Mais d’inquiétants événements se succèdent bientôt sur l’île et Agnès se retrouve à mener une enquête mêlant présent et passé.


Elle n’est pas au bout de ses surprises et l’ambiance tourne au cauchemar. Une chose est sûre, secrets de famille et légendes locales ne font pas bon ménage et la rationalité d’Agnès pourrait bien en prendre un coup...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 6
EAN13 9782493087249
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De profundis
Contenu sensible, index par chapitre
Bien que tout public, ce roman contient quelques éléments susceptibles de heurter la sensibilité de ses lecteurices. Pour préparer votre lecture, vous pouvez prendre en compte les thèmes suivants :

Coups de feu : 27
Crise de panique : 7
Enterrement : 10, 28
Hallucinations auditives/voix mentales : 5, 9, 10, 12, 16, 18, 19, 22, 24
Kidnapping : 25, 26, 27
Mort et mention de mort : prologue, 8, 9, 10, 16, 19, 20, 27, 28
Noyade : prologue, 15, 16, 21, 27
Profanation de tombe : 18
Saccage : 12, 14, 23, 25
Pour Rémy. 
" Il n'y a pas de meilleur miroir qu'un véritable ami. "
(Proverbe japonais)
« C’est un univers morne à l’horizon plombé,
Où nagent dans la nuit l’horreur et le blasphème ;
[…]Or il n’est pas d’horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos. »
Charles Baudelaire, De profundis clamavi, Les Fleurs du Mal.
Prologue
Le petit groupe prit place autour de la table. Seul le bruit des tabourets de bois tirés sur le sol trancha le silence. La taverne semblait endormie, une fois les derniers hommes saouls rentrés au bercail pour cuver leur vin. Gregor se racla la gorge.
— Mes amis, il semblerait que nous ayons réussi. Nous nous en sommes débarrassés.
Les hommes et l’unique femme présente se congratulèrent. Le cauchemar se terminait enfin.
— Ne vous réjouissez pas trop vite. Ça pourrait recommencer. Et Grace ne sera plus là pour nous venir en aide.
— Est-ce qu’elle repose en paix, à l’endroit dont nous avons parlé ?
— En paix, je l’ignore, mon bon ami, mais son corps a été décemment enseveli.
La femme se signa, horrifiée.
— Cette mort atroce…
— Nous ne devons jamais oublier. De génération en génération, nous devrons raconter jusqu’où ces misérables nous auront poussés. C’est pourquoi je vais vous lire ce que mon cousin Le Goff m’a dicté avant de perdre la tête.
Gregor déroula un morceau de parchemin de mauvaise qualité.
« Le jour déclinait lorsque nous sommes allés la chercher. Nous avons traversé la lande, des flambeaux à la main. Elle nous aura sûrement vus venir, et aujourd’hui encore, je me demande pourquoi elle n’a pas tenté de fuir. Grace nous attendait sur le seuil et certains d’entre nous l’ont forcée à avancer, vers la falaise. D’autres, hystériques, voulaient brûler sa cabane sur-le-champ. Poussé par un instinct inconnu, je prétextai une fouille rapide pour trouver des objets de valeur qu’elle aurait pu dérober. Par miracle, on me laissa faire, et je trouvai ce cahier caché sous sa couverture. J’ignore pourquoi, mais je l’ai dissimulé sous ma chemise. À peine sorti, on me rabroua et quelqu’un jeta sa torche sur le bois. Je jure avoir entendu Grace hurler en voyant son modeste logis se consumer. Mais ceci n’était rien. Une fois arrivés dans la grotte que nous avions aménagée, Grace se cabra de toutes ses forces pour ne pas être enfermée derrière les barreaux. Elle était loin d’être bête, mais un villageois se délecta à lui expliquer le sort qu’on lui réservait. Je la revois hurler, pleurer, supplier. Quand nous sommes repartis, la marée entrait déjà en vaguelettes fébriles. Je me suis retourné, et le désespoir et l’horreur que j’ai lus dans son regard m’ont saisi à la gorge. Que faisions-nous ? On m’entraîna sur la plage, ses cris résonnant du fond de la grotte. Pourquoi ? Pourquoi ? »
Gregor marqua une courte pause avant de regarder chacun d’entre eux dans les yeux.
— Plus jamais.
— Plus jamais !
Ils répétèrent à l’unisson, tandis que Gregor brûlait le parchemin à la flamme d’une bougie.
« Quand ils comprendront la vérité, il sera sûrement trop tard. Et j’en payerai le prix fort. »
Grace Peabody, extrait de son journal, le 5 octobre 1828.

1
Les cheveux au vent, Agnès appréciait les senteurs iodées qui tourbillonnaient dans le sillage du Navibus. Ces dix minutes de traversée représentaient pour elle l’occasion de se détendre après une journée harassante. Il lui suffisait de quitter le tumulte de Nantes et d’apercevoir Trentemoult, de l’autre côté de la Loire, pour que son cœur batte un peu plus fort. Ancien village de pêcheurs, il était aujourd’hui un refuge pour de nombreux artistes qui aimaient ces quartiers aux maisons colorées. Les habitants perpétuaient ainsi la tradition selon laquelle les pêcheurs décoraient les façades de leurs demeures avec les restes de peintures des embarcations.
Une fois à terre, la jeune femme se faufila dans les ruelles éclairées par la douce lueur du crépuscule. À l’entrée d’un passage étroit, une pancarte en bois signalait la direction d’une horlogerie d’une écriture ronde et appliquée. Elle s’y engagea sans hésitation, saisie un instant par la fraîcheur de ce couloir. Et elle déboucha sur une petite cour adorable au sol pavé, envahie de nombreux pots garnis d’arbustes divers. Une table blanche et ronde se trouvait dans un coin avec ses deux chaises assorties. De l’autre côté, un banc en bois et fer forgé leur disputait le privilège d’offrir un peu de repos aux visiteurs. Des plantes grimpantes s’épanouissaient sur un support mural et participaient à rendre ce lieu accueillant et chaleureux. Agnès admira comme toujours la grande baie vitrée qui permettait d’exposer un présentoir garni d’horloges, de petits modèles. Il n’y avait rien de plus agréable que d’admirer les vieux coucous suisses quand la lumière de l’après-midi envahissait le magasin ! On y entrait par une porte en bois, rouge avec une élégante poignée dorée, au-dessus de laquelle un lampadaire venait de s’allumer. Quand elle franchit le seuil, une clochette tinta délicatement et un homme au visage juvénile se tourna vers elle en souriant.
— Bonsoir !
Elle le salua à son tour d’un geste de la main. Octave terminait de renseigner un client d’un certain âge, une montre à la main. Il était grand et mince, sans doute un peu trop. Il s’obstinait à s’habiller dans un style vieillot qui contrastait avec ses faux airs d’adolescent : pantalon en tissu au pli marqué et impeccablement repassé, un gilet sur sa chemise. Il aimait porter un pin’s sur le col de celle-ci. Seules ses éternelles Converse apportaient un peu de modernité à sa tenue. Ses cheveux bruns coupés plutôt court gardaient quelques mèches folles qui bouclaient au sommet de sa tête. Ses yeux vairons, l’un marron, l’autre vert, portaient un regard malicieux sur la montre au bracelet fraîchement remplacé et il sourit chaleureusement quand le vieil homme lui fit une remarque à ce sujet. Visiblement convaincu, le client se dirigea vers la caisse enregistreuse d’un autre temps. Elle tintinnabula à l’ancienne, pour le plus grand plaisir de l’acheteur qui se fit raccompagner vers la sortie.
— Au revoir, monsieur Bertrand, bonne soirée et vous verrez, le cuir va rapidement s’assouplir !
Octave serra la main du client avant de lui ouvrir la porte dans une attention élégante. C’était tout à fait lui, ces manières d’un autre siècle. Il traitait chaque visiteur comme un ami et ça participait sans doute au succès de leur horlogerie de quartier, sans parler de ses conseils pertinents et de son habileté à dénicher exactement ce que vous aviez en tête en venant le voir.
Une fois seul avec Agnès, le jeune homme se tourna aussitôt vers elle.
— Alors, comment s’est passée la réparation ?
— À merveille ! J’ai bien fait de me rendre sur place, l’horloge était vraiment aussi imposante que dans la description de la cliente. Un déplacement aurait très facilement pu l’abîmer. Une pièce pareille, tu imagines ?
Volubile, elle parlait de sa journée tout en feuilletant le livre des ventes.
— Non ! Tu as vendu la pendule du 16e qu’on avait retapée ! Dire que j’ai manqué ça ! Comment est son nouveau propriétaire ?
Voilà maintenant quelques années qu’Agnès et Octave tenaient ensemble le magasin. L’immeuble appartenait au grand-père de ce dernier, qui le leur louait avec joie. Au premier étage se trouvait l’appartement d’Octave, et au second, celui de la jeune femme. Amoureux du temps qui passe et des instruments qui le mesurent, ils rêvaient de ce projet commun alors qu’ils n’étaient encore que deux étudiants. Même si vivre d’un tel commerce n’était pas évident, les deux amis disposaient d’une botte secrète pour maintenir à flot le magasin sans trop de difficultés.
— Je te rassure tout de suite, l’heureux élu en prendra grand soin. On n’aurait pas pu trouver meilleur candidat ; figure-toi qu’il en avait une comme ça quand il était enfant, mais ses parents l’ont vendue. Il l’a toujours regretté et il était si ému d’en trouver une copie presque exacte !
Agnès soupira, ravie.
— Parfait, vraiment parfait !
— Et donc, cette horloge ?
— Quels rouages ! Un mécanisme magnifique, pas aussi ancien que je l’avais espéré, mais tout de même une très belle pièce. Ça a été long, mais rien de bien compliqué finalement.
Agnès s’enthousiasmait dès qu’elle parlait d’horlogerie, la spécialité au cœur de leurs études passées et qui leur valait d’être régulièrement contactés pour des réparations de toutes sortes. Un service et une expertise qui remplissaient la caisse de leur commerce, plus encore que la simple vente de leurs créations. Même si le travail du bois par le jeune homme avait aussi une certaine réputation. Octave profita de la bonne humeur de son amie pour agiter une lettre sous son nez.
— Ça vient de ta mère.
La pièce sembla perdre quelques degrés et tout sourire s’effaça du visage de la jeune femme.
— Allez, on ferme. Viens manger chez moi, j’ai fait des lasagnes. Et il y a du vin au frais.
Il faudrait au moins ça pour lui donner le courage d’ouvrir l’enveloppe.


Quand Octave Conticini vous invitait, il était impossible de refuser, du moins si vous aviez déjà goûté à ses plats. Et Agnès était prête à traverser tous les cercles de l’enfer pour déguster ses pâtes maison qui étaient à se damner. Elle déposa la lettre sur le comptoir de la cuisine et se dirigea vers la salle de bains. Refermant doucement la porte, e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents