Dans l ombre des miroirs  Livre V
210 pages
Français

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Dans l'ombre des miroirs Livre V , livre ebook

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Description

« Une foule dense, bariolée, agitée, frénétique, couvrait l’espace. Les fenêtres mêmes étaient occupées de personnages grimés agitant drapeaux et rubans. Des flots de musique s’entrechoquaient ! Des mains nous saisissaient, nous entraînant dans des tarentelles endiablées.


- Buona sera sior maschera ! »


Le lieutenant Adémard de Prensac, mousquetaire du roi, est chargé d’une nouvelle enquête, délicate par ses implications politiques et diplomatiques.


Trois morts suspectes dans le monde mystérieux des verriers l’obligent à rejoindre Nevers, puis la Sérénissime République de Venise pour démêler cette sombre affaire.


Adémard de Prensac, bientôt sur la lagune vénitienne, découvre les dangers de sa mission et la magnificence, les plaisirs, de la Cité des Doges.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2022
Nombre de lectures 9
EAN13 9782342360202
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par Mon Petit Éditeur
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
http://www.monpetitediteur.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-36019-6

© Mon Petit Éditeur, 2022
Du même auteur

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La mandragore pourpre,
Mon petit Editeur 2017

Mortelle créance,
Mon Petit Éditeur, 2016

Les Trépassés du bois des Cormeilles,
Mon Petit Éditeur, 2015

L’Été 1642,
Mon Petit Éditeur, 2014
Remerciements à Jeanne, Corinne, et Chantal , mes lectrices avisées et vigilantes, et à Annette pour le graphisme.
« Plus un secret a de gardiens, mieux il s’échappe. »
Jacques DEVAL
I
Le 7 mai 1644
… Oh ! Ce n’était pas un monstre bien sûr, mais cette masse de poils bruns aux rayures sombres, hirsutes et drus, qui pendait à l’extrémité d’une rangée de dépouilles de lièvres alignées comme une frise de fourrures claires au-dessus de l’étal du boucher, impressionnait les chalands. La foule bigarrée, mouvante, s’éloignait prudemment de la bête, faisant un détour en cheminant sur le pavé de la rue Mouffetard, regards inquiets, scrutant intrigués, la longue hure noire de ce gros sanglier qui semblait humer le pavé. Puis, elle poursuivait sa lente déambulation devant les étalages variés et colorés, hélée bruyamment, ici et là, par les annonces alléchantes des commerçants hâbleurs et des bonimenteurs.
En cette fin d’après-midi balayée par une brise tiède qui faisait lentement onduler la grande toile tendue de la taverne « Aux Trois Pistoles », accoudés devant nos chopes de cidre frais, Nicolas et moi observions amusés, le déroulement de ces scènes pittoresques, dans une certaine indolence. Un gros soleil rayonnait dans son infini bleuté, impassible devant ce grouillement populaire, annonçant déjà les prémices de l’été.
De retour depuis hier soir d’un voyage harassant et chaotique dans l’Orléanais, au milieu de cette agitation, je me laissais glisser dans une semi-léthargie. J’avais été missionné pour procéder à l’arrestation et au transfert du sénéchal d’Orléans ; un Marquis par trop vénal, qui n’hésitait pas à dépouiller ses justiciables, et confondait sans vergogne le trésor royal et sa propre cassette.
Ce petit homme rond et coquet, serré dans son pourpoint rouge, enrubanné de toutes parts, n’inspirait au premier abord qu’honnêteté et affabilité. Mais, pris la main dans le sac, il s’obstinait malgré cela à crier son innocence tout au long de notre voyage de retour ! Le temps passant, ses lamentations se perdirent dans le bruit infernal des fers de roues et des craquements de la voiture.
Pour nous distraire de l’ennui de ces longs voyages, j’avais sorti mon jeu d’échec que Louis, mon palefrenier, avait astucieusement adapté pour résister aux secousses des mauvais chemins pendant mes voyages au long cours. Chaque carré de l’échiquier était percé d’un petit trou, dans lequel pouvait se loger les petites chevilles de bois fixées sous les pièces. La partie s’avançait, Nicolas, joueur expérimenté, semblait enfin en difficulté et à ma portée quand, sur la route de Châtre, il y eut soudain la détonation d’un tir de mousquet, suivie d’éclats de voix. Les roues de la voiture se bloquèrent subitement, dérapant un instant encore sur les cailloux et la terre battue. Les plaintes lancinantes de notre homme cessèrent aussitôt.
Aux échos des voix, d’un échange de regards avec Nicolas, nous comprîmes qu’une poignée de coupe-jarrets avait certainement arrêté notre voiture pour nous rançonner. Nous sautâmes chacun sur notre siège, debout un pistolet à la main, nous dissimulant dans la pénombre des angles de la voiture. La portière droite s’ouvrit soudainement. Un rai de lumière embrasa violemment le brocatelle pourpre piqué d’or de l’habit du Marquis, enfoncé sur son siège, les yeux exorbités, muet de sidération. Puis l’autre portière s’ouvrit violemment. L’éclat métallique d’un canon d’arquebuse qui s’avança à l’intérieur, m’aveugla alors un instant. Là, sans attendre, chacun de son côté, nous tirâmes de concert à l’aveugle une charge de pistolet, qui fut aussitôt suivie de hurlements déchirants. Nous sortîmes d’un bond de la voiture enfumée. Devant moi, la nuée blanche se déchira sur un corps qui gisait, le visage à demi emporté, baignant dans une mare de sang. Je dégainai rapidement mon fer, cherchant d’un regard circulaire ses acolytes. J’aperçus deux flandrins aux visages blafards, couverts de feutres aux formes incertaines et de hardes disparates, qui me dévisageaient, leur broche en main. Ils semblaient attendre. Dès que Nicolas m’eut rejoint, nous nous avançâmes vers les deux bougres. Bravaches, ils nous firent face un instant, puis, avant que nous fussions arrivés à distance, ils prirent leurs jambes à leur cou et détalèrent à travers pré, disparaissant dans le bois tout proche.
Figé de peur, le marquis n’avait pas bougé de son siège. Le visage livide, brillant de sueur, il resta muet jusqu’à notre arrivée rue du Bacq et, quand la lourde porte de sa cellule à pistole 1 se referma sur lui, il parut enfin rassuré !
La pénombre avait gagné maintenant la rue Mouffetard. Les échoppes une à une fermaient leurs volets. On alluma la grosse lanterne devant l’auberge « Aux Trois Pistoles », fanal guidant des petits groupes de manouvriers bavards vers les grandes tables dressées sous la toile dans les fumets de volailles rôties. Il était temps pour nous de quitter les lieux afin d’échapper au tumulte assourdissant des convives braillards. Je saluai Nicolas et m’enfonçai dans l’ombre de la rue du Pot de Fer faiblement éclairée par la seule lanterne à l’angle de la rue Neuve. Un ciel noir piqué d’étoiles recouvrait maintenant les toits, et malgré le silence ouaté qui avait gagné les ruelles, subsistait encore dans mon ouïe le grondement de la voiture et, sur mes os endoloris, la mémoire de ses vibrations.
J’empruntai la rue Neuve et déambulai lentement pour rejoindre mon logis, profitant de la douceur de la nuit. Une brise tiède caressait mon visage et seul l’écho du tintement de mes éperons dans la ruelle rythmait mes pas quand, surgissant d’un porche obscur, deux hommes, le visage dans l’ombre de leurs larges feutres, me firent face. Un frisson me parcourut alors l’échine. À première vue, ces deux gaillards en pourpoint sombre et grand manteau, n’avaient rien de commun avec les marauds que je venais de quitter. L’un d’eux dégaina aussitôt sa rapière et m’interpella, menaçant.
— Vous avez fait jeter un gentilhomme dans un cul de basse fosse et porté l’opprobre sur une mémorable dynastie, Monsieur, vous en souvient-il ?
— Je ne fais que ce pourquoi je suis mandaté, Monsieur !
— Vous devez à cette heure lui en rendre raison et payer de votre vie cet affront !
— Vous savez ce que vous encourez à menacer un mousquetaire du Roi ?
— Personne ici pour l’en informer, je crois ! dit-il, se tournant vers son compère, en éclatant de rire.
… L’affaire me parut soudain mal engagée. En un éclair, je dégainai à mon tour mon fer et mon pistolet, espérant que celui-ci garderait à distance le complice. Cela fit son effet et les sourires s’estompèrent. Mais mon interlocuteur, bien décidé d’en découdre, s’avança en garde. Sitôt à ma mesure, répondant à cette approche, sans attendre, je lui envoie dans une longue fente un estoc au cœur qu’il pare de justesse en quarte avant de rompre la mesure pour se reprendre. S’ensuit une interminable phrase d’armes qu’observait d’un regard inquiet son acolyte.
J’avais à faire à un bretteur expérimenté ; attaques, ripostes, contre-ripostes se succédaient sans qu’à aucun moment mon adversaire m’offrît un espace pour le toucher. « Il n’est pas bon de laisser s’éterniser un combat », me répétait souvent mon Maître d’armes, la longueur d’un échange amplifie les dangers, il me fallait conclure au plus vite ! Feignant de céder à ses assauts, je rompis brusquement et l’obligeai ainsi à s’avancer. Je me repris aussitôt et fis suivre ce retrait d’une subite contre-attaque. Par un rapide enveloppement je me saisis de sa lame, et dans un coulé suivi d’un ultime bond en avant, ma broche glissa le long de son fer, et je lui plaçai ma botte d’Esquerrer.
La surprise fut telle que mon fer traversa de part en part la gorge du gaillard. L’éclair métallique de ma lame illumina un instant ses yeux grands ouverts, qui se brouillaient déjà, et sa bouche béante qui semblait hurler en silence ne laissa échapper qu’un gargouillis macabre.
Dégageant prestement ma lame pour éviter qu’elle ne fût brisée dans sa chute, je libérai un jet de sang qu’il chercha vainement à tarir de sa main, inondant le pavé ; puis il s’effondra lourdement sur le flanc. Son compère, devant mon pistolet, hésita un instant à dégainer, puis tourna les talons et disparut dans l’ombre de la ruelle. Ce corps qui baignait maintenant dans une flaque noire était encore agité comme par les tremblements d’un ultime sanglot. Conscient d’avoir une fois encore échappé au pire, je l’abandonnai aussitôt à la nuit et aux gadouards 2 , et le sang battant dans mes tempes, je rejoignis promptement mon gîte.
À peine la porte fut-elle refermée, que Magdeleine apparut au haut de l’escalier. Serrée dans son tablier blanc, les mains sur les hanches, inquiète, elle m’observait gravir lourdement les marches de bois. Sous ses cheveux gris parfaitement remontés en un petit chignon, sa mine était grave. À l’aune de son émoi, je devais avoir la pâle apparence d’un ectoplasme échappé de l’enfer ! Je traversai comme un automate le salon et me jetai dans un fauteuil. Sans attendre, elle s’approcha avec un plateau et me présenta un petit verre d’Armagnac.
— Tenez, Monsieur, une gorgée d’eau de vie vous ramènera dans le monde des vivants ! me dit-elle en se signant.
La coulée chaude de ce nectar blond réveilla mes papilles, et calma enfin mes sens.
Après une bonne nuit, je retrouvais le Capitaine Lieutenant le lendemain, à l’Hôtel des Mousquetaires de la rue du Ba

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