Dans L Oasis de pierre
180 pages
Français

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Dans L'Oasis de pierre , livre ebook

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Description

La nuit tombe sur les rues de Paris couvertes de neige.



Lili Milles est retrouvée, assassinée.



Les jours suivants, le meurtre de la jeune femme bouleverse le destin de nombreux personnages : un groupe de musiciens amateurs, un couple au bord de la rupture, deux frères tenanciers d’un café-restaurant, un trio d’enquêteurs de la police judiciaire...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mai 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414576838
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-57684-5

© Edilivre, 2015
En aparté
La nuit, le silence et la neige sont tombés sur le Carreau du Temple. La grande halle dort, ensevelie sous un lourd et lumineux voile blanc. Une épaisse et confortable couche cotonneuse tapisse les trottoirs, la chaussée, le pied engrillagé des arbres. Sur le corps inanimé de Lili Milles, le tranchant d’une lame a dessiné les contours douloureux d’un drame.
Avec la nuit, les échos de la dispute et de l’empoignade se sont éteints, tout comme ont disparu sous la pellicule de neige toutes traces de fuite. Seul demeure le cadavre de la jeune femme allongée sur le sol, sur son lit de flocons.
***
Fayed « Djinn » Djediane monte quatre à quatre l’escalier qui mène au palier de son appartement – peut-être l’effort de trop après un footing de plus d’une heure. Il appuie son épaule au chambranle de la porte et presse la sonnette. Lorsque Dina Katzenstein lui ouvre, il fait quelques pas à l’intérieur de l’appart’, s’assoit, se déchausse, toujours haletant, le dos courbé, la tête baissée : « Il faut que je prenne une douche… Il fait froid. Et puis la neige commence à verglacer. Ça glisse… »
Dina regarde la silhouette longiligne de son compagnon, son visage maigre, encadré d’une tignasse de cheveux clairs en broussaille et d’une barbe longue d’un petit centimètre, impeccablement taillée. Fayed retire son coupe-vent, son haut de survêtement, son t-shirt, et les jette sur le dossier de la première chaise à sa portée : « Je vais prendre une douche…
Dina – Ton téléphone a sonné. »
Fayed lève sur elle un regard interrogateur, puis récupère son téléphone pour consulter les appels en absence – La Sarde, à une heure pareille ! Il esquisse un pas de deux hésitant, ne sachant s’il doit se doucher d’abord, la rappeler ou ménager la susceptibilité de Dina en la rejoignant sur le canapé. « Ecoute, fais comme tu veux. Si tu dois lui téléphoner, ça ne me dérange pas. Mais va dans la chambre ou dans la cuisine : j’aimerais voir la fin de mon film tranquille ! » Fayed obtempère et se réfugie dans la cuisine. Une seconde plus tard, la voix autoritaire de Carla Lecca sature le téléphone et lui ordonne de rappliquer au Carreau du Temple, le plus vite possible. Fayed soupire : « Dina. Je dois retourner bosser. On a un macchabé sur les bras…
DINA – A cette heure-ci ?
FAYED – Ben quoi ? Il est bientôt minuit. L’heure du crime, à ce qu’on dit…
DINA – Très drôle… »
***
Dina se retrouve seule, et légèrement agacée. Elle a éteint la télé, lassée par le film qu’elle essayait péniblement de suivre malgré les va-et-vient incessants de Fayed à la recherche de son blouson, de ses papiers, de ses clés ou de son flingue de service. Il n’aura pas passé plus d’une heure avec elle ce soir, tout comme la veille, et le jour précédent. La semaine d’avant, c’est elle qui s’était imposée plusieurs nocturnes au bureau : un des plus importants clients de son cabinet devait boucler en urgence l’acquisition d’une société…
Dina joue avec le bracelet qui enserre sa cheville droite – une petite chaine dorée, en mailles fines, ornée d’une perle nacrée – comme pour se distraire. Une manie que Fayed, dans les premiers jours de leur vie commune, lui avait avoué adorer. Cela fait quelque temps qu’il ne lui dit plus ce genre de chose… La fin de leur histoire ? Déjà ? Dina se sourit à elle-même : elle ne s’est pas investie à ce point dans leur relation, pour qu’ils s’éloignent l’un de l’autre en si peu de mois.
Fayed n’avait presque plus d’attaches familiales lorsqu’ils se sont rencontrés : plus de parents et deux frères en perdition – un quasi délinquant juvénile et un boxeur enfermé dans sa solitude. Elle, en revanche, avait dû supporter les moqueries, les remarques acerbes, puis les critiques ouvertes de ses proches sur ce mec qui n’appartenait ni à leur classe – un banlieusard ! –, ni à leur milieu – un flic ! –, ni à leur sang – un arabe ! Jusqu’à ce qu’elle s’installât avec lui et coupât les ponts avec sa famille. Seul son oncle maternel, toubib dans les beaux quartiers, n’avait pas cessé de la voir.
Dina, pensive, continue de tripoter son bracelet de cheville tout en contemplant son salon, et l’incohérence du mobilier qui lui avait toujours paru être un fidèle reflet de leur couple : le canapé, la table à manger et une commode proviennent du studio qu’occupait Fayed lorsqu’il était célibataire ; l’armoire, la table basse et le reste de la déco appartenaient à Dina avant qu’ils ne décident de s’installer ensemble.
***
A l’angle des rues Dupetit-Thouars et Eugène Spuller, entre l’Ecole d’Arts Appliqués et le Carreau du Temple, l’écartement des bâtiments et la double rangée d’arbres qui longe l’ancien marché aux vêtements dégagent un recoin, comme une petite placette. Les lumières bleues et rouges des gyrophares balayent alternativement les façades crépies des immeubles, tout comme la haute carcasse métallique au charme industriel. Un petit attroupement s’est formé autour du cordon de sécurité établi par les policiers et les pompiers : une vingtaine de badauds transis, collés les uns aux autres comme pour mieux résister aux attaques du vent froid et humide.
Fayed arrive à la hauteur du premier policier en faction, manque de tomber de son scooter en sortant sa carte de flic de la poche intérieure de son blouson aviateur, redémarre et roule quelques mètres pour ranger sa bécane – une Vespa Primavera rouge vif – le long du Carreau du Temple. Au moment de couper le contact, il dérape une nouvelle fois mais parvient à rester debout, et abaisse la béquille. Il reste un instant perché sur la selle de son scooter. Pour se donner une vision d’ensemble de la scène. Peut-être aussi pour penser à Dina qu’il regrette d’avoir laissée seule, une soirée de plus.
De loin, il aperçoit sa chef, la capitaine Carla « la Sarde » Lecca, qui gesticule, appuyant chacun de ses ordres d’un petit mouvement du bras ou de la main : des mouvements autoritaires, secs et précis. Fayed connait par cœur cette gestuelle énergique avec laquelle elle dirige l’étrange ballet des médecins légistes, des infirmiers, des flics et des pompiers : une chorégraphie bizarre – uniformes sombres et blouses blanches entremêlés – librement organisée autour du corps de Lili, recouvert d’un épais drap blanc. Au milieu de sa troupe, Carla oriente, organise et orchestre, emmitouflée dans un épais manteau d’hiver bleu nuit dont seul dépasse son carré de cheveux châtains désordonné par les violentes bourrasques de vent.
Coincée entre le camion de pompier et l’ambulance, une équipe du Samu Social entoure deux clochards enveloppés dans des couvertures de survie, l’air hagard et le visage dévoré de tics. L’un porte un bonnet noir, l’autre un bonnet rouge.
Plus loin, le public – improbable à près d’une heure du matin – curieusement paisible et muet, comme tétanisé. Une tête dépasse de la foule des indiscrets : celle d’un grand rouquin maigrelet, les cheveux en pétard et la barbe hirsute.
Fayed descend de sa Vespa, s’approche du cadavre de Lili, se penche et soulève l’étoffe blanche sous lequel est étendu le corps inanimé, vautré et mutilé. Ce corps qui, de loin, semblait dormir, couché sur le trottoir enneigé comme sur un drap immaculé et pudiquement revêtu d’un suaire de fortune, Fayed ne pouvait l’imaginer à ce point abimé. Le visage est coupé en deux : une large entaille dessine une diagonale ensanglantée de la tempe droite au coin gauche des lèvres. Plus de nez et presque plus de bouche, juste une plaie profonde, rouge vermillon, boursouflée et suintante qui aurait pu réveiller chez Fayed le souvenir d’autres sourires célèbres s’il lui avait plu de jouer au jeu des citations-collages et de se laisser aller d’associations d’idées en coïncidences : du masque puissant et profond de Gwynplaine, sculpté par la science mystérieuse 1 des comprachicos à celui du Joker sous les traits carnassiers, hauts-en-couleurs et cabotins de Jack Nickolson, puis sous les traits plus tourmentés et psychotiques d’Heath Ledger ou ceux, ultra-réalistes et glaçants, de Joaquin Phoenix. Mais il est trop tard pour que Fayed repense au slashed-mouth smile 2 du Dahlia Noir et il fait trop froid pour qu’il cherche au fond de sa mémoire l’image de la grimace de l’ Idiot de Goya celui qui crie et tord son épaule pour échapper au néant qui l’emprisonne 3 . Ce visage lacéré n’éveille aucune réminiscence dans l’esprit de Fayed, mais il le saisit aux tripes. Une tache rouge et indélébile – réplique impressionniste du contraste de la tache de sang sur l’étendue blafarde du drap et de la neige – s’imprime sur ses rétines. Il le replace sans rien voir d’autre du corps de Lili : ni les lambeaux de chairs sous les vêtements déchirés par les coups de couteau, ni les articulations vrillées par la chute, ni les doigts brisés de s’être agrippés désespérément à sa vie qui s’enfuyait.
Fayed arrondit les épaules, fourre ses mains dans les poches de son cuir et rejoint Carla. « Djediane, enfin ! On a là une gamine a priori poignardée. Tout laisse penser que le meurtre a bien eu lieu ici. L’autopsie confirmera. Vous passerez récupérer le rapport du légiste au Quai de la Rapée demain à la première heure. Pendant ce temps, j’irai visiter son appartement. C’est à deux pas d’ici : rue de Saintonge. J’y ai déjà posté une patrouille en surveillance, qu’on n’aille pas se le faire fric-frac dans la nuit. Vous me passez la place et ses abords au peigne fin : même si la neige a été trop piétinée pour qu’on y retrouve quoique ce soit d’intéressant, on ne sait jamais… Vous suivez, Djediane ? »
Fayed se concentre pour ne rien perdre des derniers ordres de Carla : a

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