D où viennent les âmes ?
300 pages
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D'où viennent les âmes ? , livre ebook

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Description

La vie de Bernard ne tient plus qu'à un fil, son existence a perdu toute saveur. Son travail, son fils et ses amis : c'est tout ce qui lui reste. L'un de ses camarades de désespoir, Antoine, est traumatisé par la disparition précoce de sa sœur, dont il se sent responsable. Torturé et avide de vengeance, devenu capitaine de police, il enquête sur une série de crimes horribles et l'enlèvement d'une jeune fille, tandis que Bernard, lui, voit son quotidien monotone bouleversé par sa rencontre avec Dora, employée dans un château qui abrite un terrible secret... Pulsions, folie, vies antérieures... Comment faire face à l'énigme de la conscience humaine ? Avec ce récit à trois voix, Arthur Werka livre un roman noir et troublant qui nous entraîne dans les méandres de la psyché criminelle, sur la piste de destins brisés par la violence.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342152029
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D'où viennent les âmes ?
Arthur Werka
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
D'où viennent les âmes ?

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Bernard
 
Chapitre I. La Genèse selon Bernard
Au début était le verbe, paraît-il.
Après aussi.
Je crois que cela s’appelle la vie sociale. Une chose pour laquelle je ne suis pas très doué.
J’étais pourtant entre amis, mais Antoine avait invité un couple. Un mec de sa brigade et sa femme. Aurais-je pu les trouver sympas, en d’autres circonstances ? Sans doute. En l’occurrence, j’avais juste envie qu’ils s’étouffent avec le fromage à raclette. Qu’ils cessent de sourire et de s’embrasser tout le temps, surtout, car ils rayonnaient d’un bonheur de vivre indécent.
Antoine, pareil à lui-même, parlait peu et souriait beaucoup, posant des questions ; répondant rarement à celles des autres. Mais personne ne le remarquait, parce qu’il savait écouter. C’était un don chez lui : l’empathie. Le secret – je le comprends aujourd’hui – est de s’intéresser vraiment aux autres. Il était mentalement disponible à chaque instant et jugeait invariablement ce moment absolument réel, donc inaltérable. Chaque instant de sa vie restait vivant à jamais pour lui, comme si le passé n’était qu’un éternel présent et le futur un présent à venir.
Oui, j’avais un peu goûté l’herbe de Virgil qui lui, poisson dans toutes les eaux, rivalisait d’une affreuse bonne humeur. Il enchaînait les traits d’esprit, les anecdotes sur ses voyages aux quatre coins du monde, les soliloques aussi, que c’en était écœurant à force.
Ce n’était pas contre lui, et sans doute que j’enviais un peu son aisance dans ses rapports avec les gens. De toute manière, on ne pouvait pas nourrir de ressentiment durable contre Virgil, et cela pour une raison très simple : c’était un mec gentil. Je veux dire : foncièrement gentil.
Tout le monde avait un fond trouble, une part de ténèbres si l’on veut, mais pas Virgil. Je sentais bien la mienne, inaboutie, immature sans doute à tout jamais. Un fœtus mort-né de volonté… Mais lui n’accordait d’importance qu’aux choses futiles et, en revanche, traitait les choses importantes avec une totale désinvolture.
Je n’aurais pas dû boire. Ou n’aurais-je pas dû fumer le joint de Virgil ? Peu importe : je dérivais sur les eaux limoneuses de mes pensées.
Il y a des paroles sourdes.
Au début… Les premières paroles devaient être des paroles d’amour, je suppose.
J’espère.
Pas des paroles de pouvoir qui contraignent, non, des paroles de liberté, de celles qui créent la vie, des paroles d’épanouissement. Ou alors juste un « oh, merde », peut-être, lorsque Dieu vit la boulette qu’il avait faite en créant le premier homme : Adam.
Adam : le glandeur absolu. Trop fainéant pour lever la main et cueillir un fruit, il se contentait de ramasser ceux tombés au sol. Que faisait-il le reste du temps ? Qu’avait-il à faire, du reste ? Rien. Strictement rien du tout. Il pouvait se prélasser à l’ombre d’un cèdre toute la sainte journée s’il en éprouvait l’envie. Pas de maison à entretenir, pas même une hutte. S’il pleuvait parfois, il devait probablement s’abriter dans une grotte qu’il avait aménagée à proximité.
Adam, le premier troglodyte. C’est assez plausible.
Sinon, il y avait le lac avec la petite cascade où il prenait sa douche et faisait ses ablutions matinales.
Mais il revenait toujours à son arbre pour méditer sur toutes les beautés de la Création. Non, je déconne. Il dormait beaucoup. Surtout depuis qu’il avait découvert les vertus du raisin fermenté. Il s’ennuyait ce jour-là. Étant frugivore, il avait goûté à tous les fruits du jardin d’Éden (hormis ceux de ce fameux arbre interdit, mais c’étaient des pommes et il n’en raffolait pas, de toute manière), avait établi des préférences, mais au bout de quelques siècles, il en était venu à rechercher des goûts inédits, à expérimenter de nouvelles saveurs.
Après les mésaventures rencontrées avec les champignons et les herbes – hormis la merveilleuse surprise due au peyotl et au cannabis –, il revint aux fondamentaux : les fruits.
Il s’aperçut rapidement que la consommation de certaines espèces (notamment le raisin et les prunes), prises à un stade de maturation avancé, procurait des effets amusants. Bien sûr, être immortel confère des avantages, surtout si l’on chute de 35 mètres sur de la pierre ou que l’on ingère 300 grammes de peyotl. Sinon, la routine, justement.
Se balader à poil (même si les orties, les cactus, les ronces, tout cela était un peu irritant parfois) était plutôt sympa. Tous les animaux étaient gentils, évidemment. Les lions ne mordaient pas, les serpents n’avaient pas de crochets et mangeaient de l’herbe, les araignées n’existaient pas et les moustiques se nourrissaient du nectar des fleurs. Le paradis, quoi.
Il parlait avec les animaux, car il parlait leur langage, avait de longues conversations avec le fennec, la tortue et l’orignal, dont il appréciait beaucoup la sagesse. Parfois, avec Dieu aussi, mais c’était rare, parce qu’il était souvent occupé, à peaufiner l’Univers sans doute.
Les siècles passant dans une forme de routine confortable, certes, quoique répétitive, Adam finit par éprouver une sorte d’engourdissement de la volonté, de lassitude. Il regardait les choses et n’éprouvait plus de plaisir à les voir. Il se morfondait.
Soucieux de sa détresse, Dieu réfléchit. Il avait déjà créé de nouveaux arbres, de nouveaux fruits, de nouveaux animaux – même des dinosaures ! –, mais visiblement, ça ne suffisait pas. Il fallait innover. Mettre un peu d’action. Une idée germa lentement. Créer un autre homme étant tentant, mais Dieu comprit rapidement les conséquences probables de cette solution. Au début, tout irait bien. Ils s’amuseraient. Mais dans mille ans ? Retour à la case départ.
Non, ce qu’il fallait, c’était un élément nouveau. Vraiment nouveau.
Après plusieurs siècles de réflexion (un clignement de paupières pour lui), Dieu ne s’écria pas « eurêka », puisque la langue grecque n’existait pas encore, et de surcroît, il aurait eu tort de se réjouir trop vite.
Il voulait mettre un peu d’action. Autant dire qu’il ne fut pas déçu du résultat. Il décida de subdiviser chaque espèce en deux genres : mâle et femelle, avec pour pulsion primale de se reproduire. Bref : il créa la sexualité.
Une idée étrange, qu’il allait amèrement regretter par la suite.
Il pencha pour « Ava » dans un premier temps, avant de se décider pour « Ève ». « Adam et Ava », c’était discordant. La voyelle suivante était « e ». Logique.
Mais Dieu avait d’autres problèmes à régler, notamment une insurrection d’anges félons sur les bras, ce qui explique peut-être pourquoi il ne prêta pas une attention parfaite à sa seconde création. Mais comment savoir ?
Baal-Zébud fut vaincu et jeté hors du domaine divin. Dès lors, il prit le nom de Satan, le menteur, le prévaricateur de l’âme humaine. Car il avait élaboré un moyen de se venger. Puisqu’il ne pouvait pas s’attaquer au Créateur, il allait s’attacher à corrompre son œuvre.
Le fait est qu’Adam recouvra une seconde jeunesse tout en s’étonnant des aptitudes naturelles de sa compagne à satisfaire aussi bien ses désirs. S’il avait été un peu plus vigilant, il aurait remarqué qu’Ève était toujours particulièrement émoustillée en revenant du pommier interdit. Insatiable. À chaque fois, elle lui rapportait une pomme, bien que sachant pertinemment qu’il n’en raffolait pas.
Jusqu’au jour où…
Pauvre Adam, si crédule, si naïf. Premier cocu de l’histoire, et par un serpent en plus ! Bon, il fallait avouer que ce dernier avait un avantage dès le départ, puisqu’il savait aussi flatter. Affamé, langoureux, distrait, Adam succomba. L’ire de Dieu s’abattit alors sur lui, telle la lame implacable d’un massicot sur une rame de papier.
On pourrait croire au courroux de Dieu, par le ton et le sens de ses paroles, mais ce serait sans compter son côté facétieux. En fait, Dieu jubilait, se disant : « Enfin un peu d’action ! ».
Il déchanta rapidement.
Chassés de l’Éden, les Hommes proliférèrent. Ils se tuaient – ça, c’est normal –, mais plus humiliant : ils ne se rappelaient plus de Lui, hormis quelques-uns comme Abel, Mathusalem ou Noé, mais si peu, eu égard à leur multitude. Sans compter les anges qui venaient forniquer avec les humains… Là, c’en était trop – surtout qu’ils avaient déjà pris les plus belles.
Alors, que faire ?
Il tenta bien de remettre les pendules à zéro en déclenchant le déluge. Tardive lucidité, dont les raisons m’échappent encore. Tout cela parce que les anges venaient copuler avec les humains et que ces derniers ne priaient pas assez ? Un peu radical, mais admettons… Ce devait être le côté androgyne/féminin de Dieu qui s’exprimait. Bon, mais jaloux, si l’on se détournait de lui.
Malheureusement, dans sa précipitation à vouloir changer les choses, il commit une erreur funeste : il sauva des femmes. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été échaudé, sans compter le fait aggravant qu’il connaissait l’hermaphrodisme, puisqu’il avait déjà créé l’escargot, pour ne parler que de lui. Alors, pourquoi persista-t-il dans son fourvoiement initial ? S’était-il déjà sublimé dans une autre dimension pour échapper aux conséquences de ses actes ? À moins qu’il n’ait vraiment créé Adam à son image et dans ce cas, la logique des événements s’expliquerait mieux.

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