D’amour, de larmes et de sang
356 pages
Français

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D’amour, de larmes et de sang , livre ebook

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Description

Il aura suffit d’un bristol tombé de l’imperméable de son mari, le grand docteur Bernier, pour qu’Anna se sente pousser des ailes. Grâce à l’adresse du cabaret de strip-tease étalé sur le carton blanc, elle tenait enfin la preuve des turpitudes de son mari tant détesté. Mais lorsqu’elle réalise que sa rivale est mariée à l’homme qu’elle aime secrètement, c’est la boîte de Pandore qui s’ouvre... Une spirale d’histoires imbriquées les unes aux autres reliées par des secrets de famille et des manipulations hitchcockiennes ; le tout porté par une écriture incisive et bien rythmée. Alin Cheraud signe un roman haletant presque hypnotique dans lequel les rebondissements ne laissent aucun répit au lecteur. Une seule crainte : quitter ces personnages dont les existences s’enchevêtrent pour mieux se délier. à lire de toute urgence !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782748377651
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D’amour, de larmes et de sang
Alin Cheraud
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
D’amour, de larmes et de sang
 
 
 
À Josie qui, par son amour, m’a soutenu et aidé pour l’élaboration de cet ouvrage
 
 
 
Chapitre 1. Novembre 1995
 
 
 
En sortant un gant de la poche de son imperméable, le docteur Barnier laissa tomber sur le tapis un petit rectangle de bristol, mais son épouse le ramassa à son insu. La servante, Marie, avait desservi, et le médecin quitta les lieux. Après s’être assise dans un fauteuil du salon, Anna, sa femme, examina le carton à l’en-tête d’un cabaret de Beauvais, « Le Milord ». Elle retourna le bristol et lut : « Emma », suivi d’un numéro de téléphone. Elle se mit à réfléchir.
Charles Barnier, quant à lui, malgré son hédonisme notoire, sentait qu’il avait abusé quelque peu de ce succulent repas et le Château Margaux lui caressait encore le palais alors qu’il quittait sa demeure de Senlis au volant de son cabriolet Porsche pour se rendre à sa clinique psychiatrique de Vincennes. Il ne se doutait pas qu’Anna était en train de tourner et retourner ce maudit carton sans lequel tout ce drame ne se serait produit.
― Emma ! Voyons, c’est impossible, s’exclama-t-elle. Pas elle, ce serait trop beau.
En ce jour de novembre 1995, Anna pressentait qu’elle allait trouver la faille dans le rouage trop bien huilé de son conjoint. Si ce qu’elle venait de découvrir s’avérait exact, elle allait pouvoir achever de tisser sa toile et piéger ce mari qu’elle haïssait. Anna était connue pour être une battante. Elle avait pour habitude de ne jamais s’aventurer dans une situation sans y avoir mûrement réfléchi. C’est pourquoi, avant de pavoiser, il lui fallait vérifier ses déductions. Après tout, il pouvait s’agir d’un homonyme et rien pour l’instant ne lui permettait d’abattre son jeu.
Elle demanda à Marie de lui servir un moka bien serré et ferma les yeux pour mieux se concentrer sur ce qu’elle allait entreprendre… Bien sûr, cela faisait des années qu’elle ne se berçait plus d’illusions sur les turpitudes de Charles – il la trompait sans vergogne – si bien que le fait de fréquenter de tels endroits ou le stupre et le vice étaient monnaie courante, ne l’étonnait pas. Ses sentiments envers lui se limitaient au mépris et confinaient à une inextinguible soif de vengeance. Son cœur de femme bafouée battait pour un autre homme d’un amour platonique, situation dont elle se délectait avec une pointe de masochisme, espérant que peut-être un jour…
Ce petit rectangle de carton comblait son attente. Elle était persuadée que cette publicité lui donnerait le moyen de confondre son époux et de se défaire d’une rivale. De plus, elle verrait des années d’humiliations vengées, et en apothéose, la fin du « Grand Charles Barnier ». D’aucuns parmi leurs amis se demanderaient pourquoi tant de haine et pourquoi ne pas divorcer. Pour Anna, divorcer serait infliger à Charles une peine bien trop légère, puisqu’elle n’altérerait que son image sociale. Et encore, le divorce n’avait plus rien d’infamant. Ce qu’elle concoctait depuis plusieurs années était bien plus machiavélique, et si on lui reconnaissait de grandes qualités de cœur, elle admettait volontiers qu’elle était rancunière. Une anecdote d’enfance illustrait ce trait de caractère : un petit camarade de classe avait un jour gribouillé sur son cahier. Elle n’avait pas réagi sur le champ ; au contraire, elle s’était contentée de le mettre en confiance, et quelques semaines plus tard, le pauvre avait retrouvé l’intérieur de son cartable imbibé d’encre.
Cet après-midi-là, elle but son café brûlant à petites gorgées et cogita, jubilant à l’idée que son hypothèse puisse être vraie. Pourtant une telle coïncidence lui semblait improbable. Elle ne voulait pas se réjouir trop tôt. Il lui parut évident qu’elle allait devoir se rendre dans ce cabaret, mais elle ne pouvait y aller seule. Elle pensa à Cécile, sa cadette, presque sa jumelle, tant leurs caractères et leurs idées se ressemblaient. Celle-ci avait eu la sagesse, aimait-elle dire, de ne pas s’encombrer d’un mari, mais au gré de ses fantaisies, de butiner comme une abeille, le mâle du moment, ainsi qu’elle se plaisait à l’affirmer elle-même. Anna et elle, s’adoraient et rien ne les opposait jamais, ni querelle, ni malentendu, bien au contraire, elles maintenaient toujours tenace le besoin de s’entraider et de se rendre disponibles.
Anna décida de l’appeler et dut passer par trois standards avant d’obtenir sa sœur. Cécile occupait un important poste de secrétariat de direction. On ne dérangeait pas mademoiselle Lemontel pour rien. Par chance, elle n’était ni en conférence, ni en rendez-vous, et le dernier cerbère faillit trouver un prétexte pour ne pas passer la communication. Anna haussa le ton et déclina son identité et sa parenté avec Cécile, menaçant d’en référer à sa sœur si elle ne la lui passait pas sur le champ. Cerbère s’exécuta à contrecœur.
― Alors Nanna, qu’est-ce qui t’arrive pour m’appeler à cette heure-ci ? Ca me fait plaisir, mais c’est donc si urgent ?
Nanna était le surnom affectueux dont Cécile avait affublé son aînée.
― Cécile, mon petit, j’ai besoin de toi.
― Qu’est-ce qui se passe ? T’as un problème ?
― Peux-tu te libérer ce soir, il faut que nous nous voyions.
― Tu m’intrigues, ma chérie !
― Ne t’inquiète pas, rien de grave. Je passe te prendre vers 19 heures.
― D’accord. Je m’habille comment ?
― Jean’s griffé, chemisier, blouson chic et talons aiguilles. Et maquillage forcé.
― OK ! Mais tu attises ma curiosité. Enfin, je patienterai jusqu’à ce soir. Je t’embrasse, Nanna.
 
Et toutes deux raccrochèrent. Anna appela son mari pour lui annoncer qu’elle serait absente le soir : elle dînerait avec Cécile à l’extérieur. Qu’allait-il se passer si ce qu’elle pensait s’avérait être exact ? Si cette Emma était bien « son Emma », et qu’elle travaillait dans ce night-club, cela lui permettrait de progresser sur sa toile vers sa proie. Elle jubilait à l’idée de gagner sur tous les plans et elle voyait une nouvelle vie s’ouvrir devant elle. Encore deux ou trois heures à attendre, et elle serait fixée. Elle en profita pour se détendre quelques instants et alluma une cigarette. Elle songea à profiter de ce temps libre pour se consacrer à un travail de recherche sur l’influence de Platon dans l’œuvre de Philon d’Alexandrie, notamment le Commentaire Allégorique de la Genèse – en vue d’une épreuve qu’elle réservait à ses élèves – et en particulier la notion de l’âme humaine dont l’homme n’aperçoit sur terre que les apparences, toujours selon Platon, au travers des dialogues de Socrate.
Mais le temps passa si vite, plongée dans ce qui était sa passion, qu’elle faillit oublier de se préparer pour son rendez-vous. Elle prit une douche et se maquilla, lissant ses traits fins d’une crème de marque, rehaussant d’un rouge à lèvres sa bouche à la pulpe douce et lisse. Chacun reconnaissait qu’elle avait le port altier, un corps gracile juché sur de longues jambes.
Elle quitta son domicile au volant de son cabriolet et fit route vers Beauvais où habitait Cécile, dans un loft décoré avec les matières et les couleurs les plus extravagantes. Anna prit place dans un fauteuil recouvert de peau de zèbre. Cécile servit un cognac, et alla se changer. Anna alluma une cigarette.
― Alors mon poussin, raconte. Je suis impatiente.
― Tiens, regarde ça, dit Anna, et dis-moi ce que tu en penses.
 
Elle prit connaissance du bristol : il s’agissait d’une boîte de strip-tease à Beauvais. Elle le retourna machinalement, tira une bouffée de sa cigarette et jeta sur sa sœur un regard interrogateur :
― Emma ! Et alors ? Où as-tu trouvé cette pub ? Pas dans une poche de ton mari, tout de même ?
― Eh si, ma jolie, ou plutôt est-elle tombée de son pardessus sans qu’il ne s’en aperçoive.
― Que Charles fréquente de tels endroits, ça, ça ne m’étonne pas du tout. Je l’imagine bien, pardonne-moi ma chérie, en train de forniquer avec une pute dans ce genre de boîte.
― Cécile, j’ai peur.
― Peur de quoi ? Après tout, des Emma, il doit y en avoir des centaines en France. Et puis, ce n’est pas nécessairement un rendez-vous galant. Et quand bien même, tu connais ton Charles mieux que quiconque. Il y a mille et une explications.
― Évidemment, ce n’est pas son comportement adultère qui m’effraie. Tu sais bien que ça fait belle lurette que je m’en contrefiche. Il peut s’envoyer en l’air avec la première putain qu’il rencontre, ça ne me touche plus. Ce qui me préoccupe, c’est la frayeur de découvrir une vérité qui m’interdira de me dérober devant ce que je n’ai parfois osé qu’imaginer, sans peut-être le souhaiter réellement, parce que commettre un crime sous quelque forme que ce soit n’est jamais réjouissant.
― Qu’est-ce que ce charabia ? Tu veux commettre un crime, maintenant ? Et tu veux tuer qui ? Tu n’es même pas capable d’écraser une punaise. C’est du délire, Nanna !
 
Le regard perdu dans une rêverie, Anna n’entendait plus Cécile. Cette dernière perdait un peu patience devant ce qu’elle percevait comme des élucubrations de la part de sa sœur.
― Tu m’écoutes, dis ? Enfin cette Emma que nous connaissons travaille bien en tant qu’hôtesse d’accueil dans une grosse société japonaise où Charles possède des actions. Tu l’as eue toi-même au téléphone l’autre jour. C’est une boîte qui vend du matériel médical, si je ne me trompe.
― Tu as sans doute raison, répondit Anna, mais j’ai un pressentiment grand comme l’Empire State Building.
― Bravo l’hyperbo

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