Coco l'Argentin , livre ebook

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M. Radenet, joaillier parisien, doit se rendre avec ses plus belles pièces en Écosse où le richissime M. Radfort l’attend pour acquérir un collier de prix qu’il compte offrir à sa fille à l’occasion de son mariage.


Et, comme M. Radfort ne regarde pas à la dépense, il a envoyé au Bourget son avion privé afin de transporter le bijoutier rapidement et sûrement.


Pourtant, l’appareil disparaît mystérieusement, avec son équipage, son passager et, surtout, la mallette de Radenet...


Alors que l’inspecteur GIRARD débute son enquête dans l’aéroport, un technicien l’aborde en criant qu’il vient de trouver deux morts dans les vestiaires.


Dans le local, l’inspecteur GIRARD découvre effectivement des hommes ligotés... mais encore en vie bien que sous l’effet de narcotiques.


Il s’agit des pilotes personnels de M. Radfort.


Dès lors, il ne fait aucun doute pour l’inspecteur GIRARD que l’affaire bascule d’un éventuel accident à un détournement crapuleux...


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EAN13

9791070039243

Langue

Français

INSPECTEUR GIRARD
COCO L'ARGENTIN
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
L'AVION D.-40

Ce matin-là, à huit heures, M. Radenet, joaillier, se trouvait déjà dans ses bureaux de la rue de la Paix. Le magasin était encore fermé ; le personnel ne devait commencer son service qu'une heure plus tard, comme d'habitude. La femme du négociant avait accompagné son mari :
— J'ai hâte de te voir revenir, fit-elle en s'asseyant.
M. Radenet, qui était absorbé dans les préparatifs du départ, la plaisanta :
— C'est gentil à toi de ne pouvoir te passer de ton époux une seule journée.
Elle soupira :
— C'est plus fort que moi ; à chacun de tes déplacements, je ne vis pas.
— Ne reste pas dans ces pensées et distrais-toi. Inutile de demeurer dans la boutique, le gérant est un vieil employé de confiance et nous pouvons nous en rapporter à lui : il connaît la clientèle.
— Je sais, mais...
— Allons, sois raisonnable et ne t'inquiète plus : cet après-midi, tu me feras le plaisir d'aller au cinéma avec ta cousine Laure et quand tu rentreras, l'heure de mon retour ne sera plus très éloignée.
Tout en parlant, il avait ouvert son coffre-fort : une véritable petite forteresse d'acier qui renfermait des millions de bijoux. Avec précaution, il saisit trois écrins préparés la veille et après en avoir vérifié le contenu, caressant de l'œil les pièces rares qu'ils contenaient, il les plaça dans une épaisse serviette de cuir marron garnie d'une serrure de sûreté.
— Je crois qu'ils seront contents de ce choix, murmura-t-il.
Sa femme interrogea :
— Tu emportes le collier de 33 perles ?
— Évidemment, c'est ma pièce capitale, une petite fortune, et j'espère bien ne pas la rapporter. Il y a aussi quelques bagues en brillants et platine qui, je crois, leur tireront l'œil.
— Certes, convint-elle, cela vaut le dérangement.
Il ferma la serrure et glissa la clef dans la poche de son gilet, puis se frotta les mains :
— Nous aurons gagné notre journée, ma chère Thérèse, et demain tu pourras passer chez le fourreur faire l'acquisition de ce manteau de vison dont tu as envie.
Elle sourit, mais avec une certaine contrainte ; on devinait que les appréhensions ne la quittaient pas malgré les assurances de son mari.
— C'est bien à neuf heures que tu prends l'avion ?
— Oui, ma chère, et à onze heures, je débarquerai en Écosse. J'aurai mes aises ; c'est un « zinc » particulier.
— Lord Radfort fait bien les choses.
— Il n'a qu'une fille et lorsqu'on marie son héritière, on ne regarde pas à la dépense, surtout lorsqu'on s'appelle lord Radfort et qu'on dispose d'un revenu de quelques centaines de millions.
— Ce sera un beau mariage.
— On en parlera dans toute la Grande-Bretagne.
— La cérémonie sera célébrée dans leur château des environs de Glasgow.
— Une propriété splendide, dit-on, et je ne suis pas fâché de la contempler de près. Il paraît que le grand salon ne mesure pas moins de soixante mètres de long sur vingt de large et plus de vingt-cinq fenêtres dispensent le jour dans cette immense pièce.
— Ellys Radfort peut être considérée comme la plus heureuse jeune fille du monde.
— Elle est charmante et très simple, je t'assure. J'aurais voulu que tu la voies, l'autre jour, dans ce bureau même, avec son père.
— Elle aurait bien pu se décider tout de suite.
— Quand il s'agit d'une commande d'un ou deux millions, on peut admettre l'hésitation du client, et puis il faut que la famille donne son avis ; une vieille tante à héritage qui habite Manchester doit venir tout exprès pour fixer son choix : c'est elle qui offrirait le collier de 33 perles ; une paille, un cadeau de cent mille francs !
— Au taux du change, elle peut se livrer à ces largesses.
Cette appréciation émise avec une pointe d'aigreur accentua le sourire de M. Radenet :
— Décidément, tu ne peux digérer ce placement !
— C'est plus fort que moi.
— Tais-toi, tu vas me porter la guigne.
Il s'esclaffa pour signifier qu'il n'exprimait pas sa pensée. En réalité, il partait plein de confiance, en heureux négociant qui allait traiter une bonne affaire.
— Déjà 8 heures 15 ! fit-il en consultant son chronomètre.
— La voiture est à la porte et tu n'as guère qu'un petit trajet de vingt-cinq minutes d'ici au Bourget.
Il endossa son pardessus, coiffa son feutre et s'empara de la précieuse serviette :
— Il y en a pour une dizaine de millions là-dedans, dit-il en la soupesant.
— Surtout, n'attrape pas froid, lui recommanda-t-elle avec une sollicitude touchante.
— Et fais attention aux bandits, compléta-t-il en riant. On ne sait jamais ; il peut s'en trouver dans le ciel !
— Que tu es bête ! Tu te moques toujours de moi.
— Mais non, fit-il en l'embrassant, crois bien que je suis touché de ces marques d'affection après quinze ans de mariage.
Il se dirigea vers la porte qui donnait sur le couloir desservant l'immeuble. Elle l'accompagna jusqu'au seuil.
— À ce soir, lui dit-elle.
— Pour dîner, j'espère bien. Au revoir !
En apercevant son maître, le chauffeur ouvrit la portière. M. Radenet s'affala sur les coussins ; la serviette de cuir sur ses genoux. L'auto prit la direction du Bourget où elle arrivait dix minutes avant neuf heures. Un employé lui indiqua l'emplacement de l'aéroport où attendait l'avion ; il s'y rendit aussitôt.
Devant l'avion particulier qui devait emmener le joaillier à Glasgow, les deux pilotes faisaient les cent pas, prêts au départ, le casque sur la tête et revêtus de leur combinaison dont ils avaient relevé le col, car le vent soufflait âprement ce matin-là. L'un d'eux, apercevant le voyageur, s'empressa d'ouvrir la porte de l'appareil ; l'autre sauta à son poste de commande.
— Bonjour, Messieurs, salua M. Radenet en pénétrant dans la carlingue où il s'installa dans un confortable fauteuil ; sa main ne quittait pas la poignée de sa serviette.
— Nous partons, Monsieur, annonça en un français correct le pilote pendant que son compagnon s'installait à côté de lui.
L'hélice tourna, vrombissant, déplaçant l'air autour d'elle, et quelques secondes après, l'appareil décolla et prit rapidement de la hauteur. Bientôt, ce ne fut qu'un oiseau dans le ciel où couraient quelques nuages bas.
Quatre heures plus tard, c'est-à-dire à une heure de l'après-midi, un télégramme assez étrange parvint au commissariat spécial de l'aéroport du Bourget. Il était ainsi conçu :

« L'avion de lord Radfort est-il parti ? »

Cette dépêche était signée du richissime Écossais.
Immédiatement, le commissaire s'informa et apprit que l'appareil en question avait bien quitté Le Bourget à neuf heures précises. Depuis une heure déjà il aurait dû atterrir dans les parages de Glasgow. D'ailleurs, aucune nouvelle de son voyage n'était parvenue.
— Assez étrange, commenta le commissaire.
Tout d'abord, on crut à un retard causé par quelque accident matériel, car on ne pouvait envisager que le mauvais temps eut entravé la marche de l'avion : les bulletins météorologiques ne signalaient aucune perturbation.
Le commissaire entra immédiatement en relations téléphoniques avec le directeur administratif du Bourget et ce dernier ne put que lui confirmer l'absence de nouvelles. Une heure s'écoula encore dans la perplexité. L'avion avait pu atterrir dans un endroit écarté et les pilotes s'étaient trouvés dans l'impossibilité d'expédier un télégramme.
— Allons déjeuner, avait déclaré le commissaire ; à deux heures de l'après-midi, il n'est que temps ! Nous aviserons tout à l'heure.
À son retour, il constata que l'affaire avait pris une singulière tournure. Le directeur l'attendait dans son bureau et, tout de suite, l'entretien commença, révélant la gravité des circonstances.
— Comme vous le savez, l'avion D.-40 appartenait à lord Radfort ! dit le directeur.
— Oui, je sais, lord Radfort, le multimillionnaire de Glasgow.
— Lui-même.
— Certes, voilà qui ne simplifie pas les conjectures qui se présentent à l'esprit.
— Comme vous dites, et ce que je vais vous apprendre ne contribuera pas peu à vous émouvoir.
Les deux hommes, assis en face l'un de l'autre, avaient soudain l'intuition d'une grave responsabilité. Le directeur acheva :
— Savez-vous ce que transportait l'avion de lord Radfort ?
— Aucune idée.
— La bagatelle de dix millions.
— Non ? sursauta le commissaire.
— C'est la vérité ; je viens de me renseigner : le passager qu'on est venu chercher n'est autre que le bijoutier Radenet de la rue de la Paix. Il allait présenter à la fille du lord, qui se marie, un choix de joyaux.
— Dix millions de bijoux ! répéta le commissaire.
Il s'était levé et, à présent, arpentait le bureau à larges enjambées.
— Cela me dépasse, déclara-t-il enfin.
— Il faut prévenir la Police judiciaire.
— En effet, et sans tarder.
Pourtant, il interrogea encore, la main au téléphone :
— Un banal accident de route n'est plus à envisager ?
— Nous serions prévenus depuis deux heures déjà, mon cher. Le parcours ne présente aucun aléa ; il est archiconnu, repéré, et les atterrissages forcés sur cette ligne nous ont toujours été signalés rapidement. Si le temps était mauvais, nous pourrions croire à une dérivation de parcours, mais le vent souffle modérément et le ciel n'est bouché à aucun point de l'horizon. Croyez-moi, aucune hésitation : alertez la Police judiciaire.
— Ne perdons pas de temps, vous avez raison. D'ailleurs, mon devoir strict, sans même envisager une hypothèse pessimiste, est de prévenir le Quai des Orfèvres.
— Il y avait dix millions à bord, ne l'oublions pas.
— Parfaitement d'accord.
Il décrocha le récepteur et composa le numéro.
— Allô ! La direction, s'il vous plaît ?... Oui, tout de suite, monsieur Durocq.
Il y eut un moment d'attente, puis la conversation reprit :
— Monsieur le directeur ?... C'est Bertin, le commissaire du Bourget, qui vous parle.
Il relata le départ, puis la disparition du D.-40, et fit part de ses inquiétudes, insistant sur le précieux chargement que transportait l'avion de lord Radfort. La réponse arriva :
— Je vous envoie immédiatement l'ins

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