Cinquante nuances de bleu
238 pages
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Cinquante nuances de bleu , livre ebook

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Description

Nicosie, Sarajevo, la Cité du Vatican, Séoul, Panmunjom, Pyongyang, Genève et Monte-Carlo ; trois soldats, un banquier, deux fonctionnaires internationaux de l’ONU. Quel point commun va unir Ramón, Horst, Laurent, Isabelle, Yves et Pascal ? Alors que rien ne les prédestinait à travailler ensemble, ils vont rapidement être lancés dans un projet insensé : faire évader une quarantaine de Nord-Coréens de leur pays ! Tout cela par pure conviction, dans le seul souci altruiste d’aider son prochain. Un roman captivant mêlant le monde de la finance internationale, de la géopolitique à celui de la diplomatie et de l’espionnage, un hommage vibrant aux lanceurs d’alerte et au fabuleux travail effectué de façon quotidienne par les forces de maintien de la paix des Nations Unies à travers le monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414043385
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-04336-1

© Edilivre, 2017
Avant-propos
L’armée et les militaires ne sont pas uniquement synonymes de guerre, de sang et de larmes. Ils peuvent aussi être nécessaires pour assurer la sécurité et la paix. Vous allez effectuer un voyage au sein des soldats de la paix, tels que les fameux Casques bleus des Nations Unies, ou encore les Gardes suisses assurant la sécurité du Saint-Siège. Sans oublier des civils, des personnes qui croient en un Monde meilleur et qui n’hésitent pas à prendre des risques et à mouiller la chemise afin d’y arriver.
Pour le confort de lecture, les nombres ont été écrits sous leur dénomination suisse : septante, huitante et nonante pour soixante-dix, quatre-vingts et quatre-vingt-dix.
Chapitre premier
Ramón Barreiros arrêta sa Jeep sur le bord du chemin, grimpa sur le capot de celle-ci et sortit sa paire de jumelles. Il parcourut ainsi la plaine, de l’ouest vers l’est, puis tourna sur lui-même et balaya à nouveau l’horizon du levant vers le ponant. Rien à signaler, tout était calme. Le soleil était encore haut dans le ciel. L’immense drapeau chypriote-turc dessiné dans la montagne était bien visible, avec son inscription en lettres toutes aussi géantes : « Önce vatan » 1 . Il redescendit de son poste d’observation, chassa de la main une mouche un peu trop insistante et se rassit au volant, puis redémarra son véhicule tout terrain. Prochaine destination : Pyla, pour sa visite quotidienne au commandement des Nations Unies, puis demi-tour pour retraverser une grosse partie de la ligne Attila en direction de Nicosie, ou plutôt Lefkosia en grec, afin de rejoindre sa caserne pour la nuit.
Ramón était soldat Casque bleu dans la Force UNFICYP (United Nations Peacekeeping Force in Cyprus). Il avait quitté sa ville de Rosario en Argentine plus d’un an auparavant afin d’effectuer sa mission militaire à Chypre. L’essentiel de son travail était de patrouiller le long de la Ligne Verte – le nom provenait de la couleur du crayon qui avait servi à tracer la frontière après l’invasion turque de 1974 –, zone démilitarisée séparant la République de Chypre de la RTCN, la République turque de Chypre du Nord, reconnue uniquement par la Ankara. La journée, il partait le long de la zone tampon pour observer d’éventuels incidents le long de la frontière, visiter les habitants des villages de Deneia, Athienou et Troulloi, tous situés dans la zone réglementée, et bien sûr Pyla, seule ville sous administration entièrement onusienne où Chypriotes grecs et turcs cohabitaient, car située pile au cœur de la zone tampon. Ce corpus separatum était l’un des deux villages sur la Terre administrés par l’ONU, le second étant Tae Sung-dong dans la zone démilitarisée entre les deux Corée. Il y avait deux bars-restaurants, un pour chaque communauté, deux écoles, une grecque et une turque, une mosquée et une église orthodoxe, et un seul poste de police géré par l’ONU. Parfois, il poussait jusqu’à la base militaire britannique de Dhekelia afin de rendre une visite de courtoisie à ses homologues de la Couronne.
Durant ses heures libres, il profitait de la plage et de visiter l’île. Il aimait bien les stations balnéaires proches de Famagusta, ou plutôt Ammochostos en grec, comme celles d’Ayia Napa. Il se rendait également régulièrement à Limassol, ou plutôt Lemesos en grec, la deuxième ville grecque de l’île, et en profitait alors pour rendre une visite inofficielle aux militaires anglais d’Akrotiri. Une fois qu’il était là-bas, il ne manquait jamais de faire un détour par un monastère unique : Agios Nikolaos ton Gaton, un monastère orthodoxe hébergeant des centaines de chats ! La légende disait que l’impératrice romaine Hélène avait fait venir les chats à Chypre pour se débarrasser des serpents. Les félins étaient dès lors légion sur l’île, et la crise financière récente avait hélas coupé les subventions pour la stérilisation des petits chatons, entraînant ainsi leur multiplication.
Mais son coup de cœur allait vers la ville de Kyrenia, située dans le secteur turc de l’île, aussi appelée Girne par les Turcs. Les Chypriotes grecs étaient bien obligés d’admettre que la plus belle partie de l’île était située en zone turque. Depuis l’ouverture de la frontière en 2004, il lui était facile de s’y rendre, à une demi-heure de Nicosie par une superbe route qui avait été financée par l’Arabie Saoudite.
En fait, la situation de la frontière était quelque peu incompréhensible pour les béotiens : il y avait un « mur », ou plutôt un amas de gravats, de barbelés et de bidons rouillés sur des terrains vagues, une zone démilitarisée, mais la quasi-totalité des gens pouvaient librement se déplacer entre les deux zones. À quoi servait donc cette frontière, si ce n’était que pour empêcher l’entrée des colons turcs venant du continent en République de Chypre ?
Ramón aimait comparer la situation entre Nicosie et Berlin. À l’époque, dans la capitale allemande, on pouvait affirmer qu’il y avait un côté « libre » face à un autre « opprimé », où naturellement les derniers désiraient avoir le droit de voyager afin de se rendre du côté « libre ». Mais à Chypre, chacun était content de son sort. On ne pouvait pas parler d’oppression, de restrictions de libertés, et en l’absence de pression populaire, la situation pouvait très bien s’éterniser. Il en allait de même durant la Guerre du Liban où Beyrouth avait été divisée. Le fameux passage du Musée était le seul point permettant de relier Beyrouth-Est la chrétienne à Beyrouth-Ouest la musulmane, si on parvenait à éviter les balles des snipers. Là encore, tout le monde était plus ou moins heureux de chaque côté…
Ramón comprenait parfois la position d’Ankara et ne la condamnait pas : en 1974, devant la menace de la Grèce des Colonels de mettre main basse sur la communauté chypriote turque en unifiant l’île à la Grèce, opération plus communément appelée Ένωσις 2 , il était logique que les forces armées aient pris possession de la zone nord de l’île afin de défendre leur communauté face à cette épée de Damoclès en provenance d’Athènes et de leur réserver un territoire. Mieux valait prévenir que guérir… La Résolution n° 353 des Nations Unies votée le 20 juillet 1974, en plus d’affirmer que les forces turques devaient mettre fin à l’occupation, mentionnait également mais plus implicitement que toute tentative d’unification par les dictateurs grecs devait être proscrite. La Turquie se trouvait en quelque sorte en état de légitime défense.
Il était également parfois irrité par l’entêtement des Grecs à vouloir absolument le retour à la situation d’avant 1974. Ceci était tout à fait impossible, tant d’eau ayant coulé sous les ponts. Les Grecs avançaient l’argument des disparitions massives de Chypriotes grecs lors de l’invasion turque et des mouvements de population qui avaient suivi, mais gardaient bien sous silence les disparitions des Chypriotes turcs au même moment… En fait, il sentait que la Turquie essayait de faire avancer le dossier, en ayant voté par exemple par l’affirmative lors du référendum qui avait eu lieu dans les deux côtés de l’île en 2004 : Les Turcs avaient accepté le Plan Annan, mais fidèles à leur entêtement, les Grecs l’avaient rejeté. Il était clair que rien ne pouvait avancer si on continuait ainsi !
Ramón retourna au Ledra Palace, ancien hôtel de luxe devenu caserne pour les Casques bleus situé pile sur la ligne de démarcation. L’intérieur n’avait plus du tout l’image d’un palace mais ressemblait plutôt à une auberge de jeunesse. De sa chambre, il voyait à gauche le poste de douane chypriote-turc, avec un grand drapeau représentant le croissant et l’étoile rouges sur fond blanc, et un gigantesque panneau bilingue turc-anglais souhaitant la bienvenue en RTCN, juste derrière un premier écriteau indiquant en lettres blanches sur fond bleu « Kuzey Kıbrıs Türk Cumhuriyeti » 3 . À droite, le chemin continuait en direction du poste de contrôle grec. Il n’y avait pas beaucoup de bruit, car uniquement les piétons et les cyclistes avaient le droit d’emprunter ce poste de douane. Seuls les diplomates avaient le droit d’y amener leurs voitures mais préféraient souvent d’autres postes.
Avant 2004, c’était encore plus tranquille ; c’était le seul et unique poste-frontière de l’île, et seulement les touristes et les diplomates avaient le droit de le franchir, généralement à pied, pour une visite d’un jour à Nicosie-Nord, un peu à l’image des visas d’un jour octroyés à l’époque pour visiter Berlin-Est. De nouveau, ce n’était pas les Turcs qui bloquaient le passage, mais bien les Grecs. De plus, vu que les Grecs avaient décrété que le fait d’arriver sur l’île par un aéroport chypriote turc était illégal, un touriste qui avait par exemple atterri à Ercan n’avait pas le droit de venir visiter Nicosie-Sud, même pas pour une journée.
Voler sur Ercan restait toujours compliqué : les vols directs depuis le reste du Monde étant interdits, non-reconnaissance de la RTCN par l’IATA 4 oblige, il fallait impérativement changer d’avion en Turquie. Il y eut néanmoins des tentatives de faire voler la KTHY 5 , la compagnie nationale chypriote turque, entre Londres-Stansted et Ercan, mais avec toujours une escale obligatoire en Turquie, et ce jusqu’en 2010, année de la faillite de la compagnie.
Plus récemment, au bout de Ledra Street, la grande rue piétonne qui traverse le centre de Nicosie-Sud, les Turcs avaient tout mis en place pour créer un nouveau poste-frontière qui évitait de faire un détour par le Ledra Palace. On pouvait lire en plusieurs langues : « Bientôt un nouveau point de passage ! » Ceci causa l’ire des Grecs. Ramón n’en comprenait

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