Chèvre aux champignons
354 pages
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Chèvre aux champignons , livre ebook

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Description

Que le commandant Antony Castang, en poste à la Crim' de la P.J. de Versailles, prenne comme collaboratrice une brigadière impliquée dans la mort d'un gardien de la paix, passe encore.
Mais que des voitures identiques aux véhicules de service de cet enquêteur apparaissent sur divers braquages dont il est chargé, a de quoi inquiéter un peu plus.
Quand Castang et le redoutable chef de gang qu'il recherche dansent sur la même corde raide menant à un témoin intéressant trop de monde, on s'interroge sur celui qui tombera le premier.
Dans cette course à une troublante vérité, goûter à la chèvre aux champignons révèlera des saveurs détonantes...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mars 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332686978
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-68695-4

© Edilivre, 2014
Dédicaces


Cette histoire, pâle approche d’une réalité ayant depuis longtemps dépassé la fiction, est dédiée à toutes celles et ceux qui ont donné, donnent et donneront beaucoup pour nous assurer une meilleure sécurité.
Le groupe
1 Cité Caillera Les Yvelines, nuit du dimanche au lundi et matinée du lundi
Tout y était triste, gris, puant, désespérant. Tout y dégoulinait d’ennui. Tout y dégoulinait sous la pluie.
A Cité caillera, ne reste pas !
Si tu y vas, t’y crèveras !
A force de le clamer, nul ne savait plus le vrai nom de la cité.
Comme tous ici , José ne pouvait s’empêcher de répéter ce r.a.p . en boucle. A son arrivée trois ans plus tôt, le jeune landais pensait à un illustre inconnu ayant permis de baptiser l’endroit, genre Jean Baptiste Caillerat, poète ignoré ou donateur altruiste. Il avait vite saisi sa méprise.
Le couplet était un peu Rythm And Poetry, beaucoup Rock Against Police et passionnément Rage Anti Police. Vraiment. Dans toute l’acception du terme.
A interpréter de préférence en aboyant d’une voix cassée, avec bonnet ou cagoule sur le nez, à la rigueur casquette sur le côté mais sans oublier de chalouper, les doigts menaçants et l’œil méchant. Ici, on ne discutait pas, on hurlait. On crachait sa Très Grande Violence : on parlait en T.G.V .
Insidieux et lancinant, ce foutu refrain de rap médiocre avait fini par s’imposer. Belle devise locale. Merci à l’artiste autochtone. Merci pour cette menaçante litanie.
Sombre vérité pour ceux qui y vivaient. Triste menace pour ceux qui y passaient. Entre c houf avenue , deal street, shit plazza, chnouf alley, baston square et tournante cave, peu d’alternatives pour les jeunes habitants. Quant aux jeunes habitantes, les plus respectées restaient les drug queens. Malgré tout, parmi ceux qui n’avaient pu s’en extraire et se résignaient à y rester, certains parmi les plus jeunes finissaient par s’ennuyer.
Ainsi, las de cette monotonie, quelques résidents décidaient d’incendier les poubelles pour donner de l’ambiance.
Mais ce n’était bien sûr possible qu’après accord du véritable comité d’animation de la cité. José avait rapidement compris que seuls les caïds locaux – plutôt « locos » disaient ses racines hispaniques, constatant comment cette bande de fous crachait avec autant de violente générosité les insultes que les rafales d’AK 47 (le fusil d’assaut que Mikhaël Kalachnikov avait mis au point en 1947 en s’inspirant du Sturmgewehr StG44 de tonton Adolf était un outil de travail fort apprécié, autant pour son efficacité sans faille lui permettant de cracher à la cadence de 600 coups minute des balles de 7,62 mm x 39 mm sans s’enrayer, que pour son bas prix au marché noir) – donnaient le feu vert à ces festivités.
Pas question de bouger n’importe quand ni n’importe comment : les caïds y veillaient. Un impératif : que le territoire mis à feu se trouve hors zone de deal pour ne pas casser le commerce local dominant. Pas de livraison de came à cet endroit ce jour-là.
Les rares inconscients ayant négligé ces autorisations préalables survivaient rarement.
Cette nuit, pas de livraison. Ce feu vert occulte amenait comme d’habitude les pompiers à intervenir. Parfait ! La réaction en chaîne s’enclenchait. Il suffisait alors de les caillasser pour appâter la flicaille.
Et sitôt les bleus arrivés, un savant cocktail – voitures brûlées – jets de pierres – tirs divers – assurait un final en apothéose.
A Cité caillera, ne reste pas !
Si tu y vas, t’y crèveras !
Lassées par ce scénario répétitif, les Hinstances – comme les moquait José, insistant sur le H soulignant leur Hauteur – avaient fini par comprendre l’émotion locale. En cette fin d’été, les clients habituels, de retour de vacances, avaient repris les hostilités. Ainsi, la nuit dernière avait vu un match un peu mieux équilibré opposant une compagnie de CRS renforçant les policiers du secteur, à l’équipe des cagoulés de la cité. Comme ses collègues du commissariat, José avait apprécié.
Pour ne pas alarmer l’opinion publique, le bilan de la soirée resterait secret et à usage unique des autorités : huit conteneurs à ordures et une dizaine de voitures incendiés, vingt impacts de balles sur deux fourgons de police et six représentants de l’ordre au tapis d’un côté. Quant à l’équipe adverse, on essayait de l’arrêter avant son retour aux vestiaires. Mais elle courait vraiment très vite…
La gorge encore brûlée par les vapeurs chlorées des incendies de poubelles et les résidus de gaz irritants, José toussait en un défi permanent à Marguerite Gautier.
Qu’est-ce qu’on leur a mis !… Mais on a bien pris aussi. Et ces grenades de désencerclement qui te mitraillent sans discernement !
Passe encore les bagnoles grillées. On s’y habituait. Mais SON Scénic de Police perforé au fusil à pompe et achevé aux blocs de ciment, d’où trois copains hors service, ça commençait à lasser ! Deux nuits d’affilée avec la même intensité : la saturation approchait.
Gardien de quelle Paix se demandait-il ? Tu parles d’une paix ! La merde, oui ! Et au pays de la merde, les voyous en vendaient logiquement : le shit coulait à flots. En amateur du ballon ovale, il avait rêvé d’affrontements virils mais corrects. Mais ça, c’était avant… Quoique, côté correction, il reconnaissait avoir subi d’innombrables plaquages lui ayant bien secoué le crâne. Mais il s’avouait qu’une mêlée n’avait rien à voir avec une embuscade.
Les dégâts des gerbes de chevrotines de calibre douze faisaient passer les coups de chaussures à crampons pour de douces caresses. Et dans les cités, l’équipe d’en face, méprisant toute forme de règlement, se déplaçait à bien plus de quinze, sans compter la fourmilière des remplaçants. Et pas d’arbitre pour calmer le jeu.
Une quarantaine de grenades – surtout des MP 7 lacrymogènes – généreusement distribuées au Cougar par les CRS, quinze tirs de lanceurs de balles de défense caoutchoutées par José et son équipe et une dizaine de neutralisations au pistolet à impulsion électrique taser 26 avaient répondu aux gentils animateurs, permettant d’en appréhender douze. Super soirée en vérité.
La tête de José frisait par moment l’explosion, en retournant au commissariat. En y arrivant il prit un verre d’eau pour avaler un Relpax 40, espérant ainsi calmer ses céphalées.
Maintenant, dans les cages de garde à vue, toujours pas calmés, les émeutiers rapaient encore, provocants :
A Cité caillera, ne reste pas !
Si tu y vas, t’y crèveras !
Aux enquêteurs d’essayer d’en présenter au moins deux aux magistrats. Relâchés ou pas, les douze apôtres de la violence – pour lesquels la Cène se passait en banlieue – étaient tous satisfaits de ces certificats d’arrestation. Ils y voyaient leurs galons de bastons.
A Cité caillera, ne reste pas !
Si tu y vas, t’y crèveras
Son audition terminée – « bien qu’en état de légitime défense, je n’ai utilisé que le flash - ball et pas mon pistolet pour neutraliser nos agresseurs, – en quittant le commissariat, José entendait encore ce nouveau chant des partisans.
Pour cette fois, en musikal, kheufs et kaillera, même kombat.
Il roula en automate jusqu’à Versailles, ne prêtant aucune attention à un éventuel véhicule suiveur, lui qui d’ordinaire y restait sans cesse attentif. L’esprit ailleurs, il flashait sans cesse sur le caléidoscope des images de sa dernière soirée.
Elle avait commencé par une entrevue catastrophique avec le patron de la Crim’ Versailles au 19 avenue de Paris, ce petit commissaire au bizarre costume vert. S’en était suivie une dispute cataclysmique avec Laetitia, en passant dîner à leur appartement, avant d’enchaîner avec cette nuit spécial banlieue d’anthologie. La migraine ne le lâchait plus.
Il ne voyait plus le paysage. Désormais, soleil ou pas, pour lui tout était gris. Il était triste, puant. La tête en vrac, il dégoulinait sous cette pluie désespérante en fermant sa voiture.
Vidé ! Fini, lessivé, cuit, raide de fatigue, les yeux larmoyants, un tambour dans la tête, il tituba en toussant jusqu’à la porte d’entrée de la résidence de la Roseraie. Arrivant dans le hall commun, toujours préoccupé, il bouscula sans le vouloir son voisin qui s’apprêtait à sortir en tenue de jogging.
Echange de regards durs. Pensées en éclairs.
– Toujours belle gueule le connard de la rousse du 3 ! Il ferait mieux de courir avec sa meuf que derrière Laeti !
– Vraiment sale gueule le fliccard de la brune du 1 ! Il ferait mieux d’aller courir avec sa nana que derrière les malfrats !
José arriva au premier. Il jeta un coup d’œil réflexe au poignet droit : neuf heures déjà.
Inutile de sonner, Laeti n’était plus là. Après ce qui s’était passé hier soir, il valait bien mieux comme ça !
Un tour de clé, et sans s’occuper de claquer la porte, il bascula dans le canapé jouxtant l’entrée. Finissant de s’affaler, il grimaça aussitôt de douleur :
Ce putain de pistolet m’a encore défoncé le côté !
Se soulevant un peu, il dégagea l’arme de l’étui. Le Sig 2022 de service, matériel fiable et sérieusement fabriqué en France sous contrôle des Suisses, était toujours prêt à cracher ses 15 cartouches de 9 mm parabellum. L’arrachant rageusement de sa ceinture, il le jeta sur la table basse à sa gauche. Le pistolet y atterrit avec un « klang ! » sec.
La tête en feu, l’esprit ailleurs, on ne peut plus vaseux, il s’écroula à nouveau dans le canapé, se défonçant les fessiers sur la télécommande HiFi sournoisement silencieuse. Il l’agrippa alors méchamment, mais l’objet insensible se contenta d’allumer la radio locale.
Jean Jacques Goldman pour la millionième fois y interprétait Encore un matin.
Ça tombait bie

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