Cerro Rico
299 pages
Français

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Description

Thierry BERLANDA


CERRO RICO



Justine Barcella, agent du commando de liquidateurs Titan, vit retirée en Toscane, après le coup sévère qu’elle a porté aux Cercles (cf Jurong Island), consortium supranational visant une domination planétaire.


Pourtant les Cercles ne cessent d’étendre leur emprise. Les informations que le journaliste Antoine Dupin publie dans les quelques médias qui échappent encore à leur contrôle gênent à peine leur expansion... jusqu’au jour où il révèle un plan illicite d’acquisition de la plus importante réserve de lithium en Bolivie. Jane Kirpatrick, l’âme du cartel, déclenche alors son agent le plus redoutable, Le Python, afin d’anéantir le journaliste et son réseau d’informateurs.



Seule Justine, pourrait le contrer.


Qui pourra la décider à quitter son havre de paix et à reprendre ce combat à mort ?



La réponse semble celée dans les entrailles du Cerro Rico, théâtre ultime de la lutte implacable que mènent les Cercles pour accomplir leur ambition totalitaire.




Thierry Berlanda mène de main de maître ce techno-thriller intense, dernier volume de la Trilogie des Cercles (après Naija et Jurong Island), jusqu’à l’imprévisible dénouement.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782382110829
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cerro Rico
Du même auteur, aux éditions M+
Naija , 2021
Jurong Island , 2022
 

Thierry Berlanda
Cerro Rico
M+ ÉDITIONS 5, place Puvis de Chavannes 69006 Lyon mpluseditions.fr

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
© M+ éditions Composition Marc DUTEIL ISBN 978-2-38211-082-9

Avant propos
Cinq monopoles de rang mondial réalisent jour après jour leur projet d’emprise planétaire. Contrôlant désormais l’ensemble de la production de biens et de services, ils ne sont pas gênés par la résistance active d’une poignée de lanceurs d’alertes et de quelques militaires incorruptibles décidés à les abattre.
Après les échecs provisoires que leur ont infligés Justine Barcella, le général Obernai (ex-patron des services secrets français) et leurs compagnons 1 , les firmes – Tian, Adani, Cramon, Histal, et Lamar Corp. – liguées sous le nom officieux de « Cercles » semblent devenues plus que jamais capables d’atteindre leur but : abolir la souveraineté des États et la tutelle du droit international, derniers freins à leur rapacité sans mesure.
Jane Kirpatrick, âme du cartel et dirigeante de la société Histal, étend désormais ses pouvoirs sur l’ensemble du monde.
GUETTEURS
1
Tirana, Albanie, 10 mars, vers midi.
 
Filtré par le store aux lames cariées, un jour pâle atténue le rouge aux joues de Mila, mais pas la vivacité de son regard. Elle vient d’entrer dans la taupinière de la rue Sadik Petrela, aussi fièrement que quinze ans plus tôt dans la Chapelle aux Miroirs du Klementinum, quand elle avait donné son premier récital pour la trentaine de vieux Praguois qui aimait encore les concerts classiques à cette époque. Aujourd’hui, son seul public est un type assis derrière un fossile de bureau métallique, ses cheveux jaunes dans tous les sens.
Elle s’éclaircit la voix, puis elle engage :
– On a reçu ça tout à l’heure.
Antoine Dupin lève lentement les yeux sur elle. Pour saisir la feuille que Mila lui tend, la poser à plat devant lui, sortir sa loupe d’une des poches ventrales de sa parka râpée, ses gestes sont ceux d’un insecte tombé dans le sirop. Mila se dit qu’il ferait mieux de porter des lunettes, mais elle ne le lui fait pas remarquer. Inutile de le fatiguer pour rien. Elle connaît la chanson : le dernier opticien de Tirana à plier boutique s’est mis au commerce ambulant de fruits et légumes, comme le dernier médecin, le dernier électricien, et même le dernier imam. Ou bien il sera devenu l’un de ces mbledhësit , des «  ramasseurs », qui patrouillent de nuit au volant de vieux combis pour y entasser les cadavres abandonnés sur les trottoirs. Quelques lekë par tournée, versés par l’administration locale, leur permettent à peine de manger et de payer leur essence, mais c’est davantage que n’aurait rapporté la vente de lunettes, ou d’à peu près quoi que ce soit d’autre, excepté le crack.
Antoine baragouine assez d’espagnol pour déchiffrer la petite annonce surlignée en rouge par Mila.
–  Correo del Sur  ?
– C’est un journal bolivien.
Comme chaque fois qu’il inspire beaucoup d’air pour prendre la parole, il se met à tousser. Mila attend que la crise passe, puis la conversation reprend, limitée aux phrases courtes et prononcées mezzo voce  :
– Il existe encore des journaux en Bolivie ?
– La preuve !
– Qu’est-ce qui t’a alerté dans ce message ?
– Ça dit à peu près : « Femme cherche guide pour visiter le département. »
– J’ai traduit pareil. Et alors ?
– Femme…
– C’est le code pour « Jane Kirpatrick  », je sais. Mais ça peut aussi vouloir dire « femme », tout simplement.
Mila a beau baisser le nez, Antoine devine qu’elle ne renoncera pas facilement à son intuition :
– L’annonce a paru dans l’édition de Potosi. Elle ne dit pas « visite de la ville », mais « du département ». C’est bizarre.
– Qu’est-ce qui est bizarre ? On ne la visite pas, cette région ?
– On peut toujours…
– Mais ?
– C’est un désert perché à quatre mille mètres, pollué aux métaux lourds. Pas vraiment l’endroit rêvé pour le tourisme.
Antoine sourit en secouant la tête. L’accent tchèque peut toujours enrouler joliment sa glycine autour des paroles de Mila, il en faut davantage pour vaincre les doutes d’un ex-journaliste enterré vivant dans un taudis albanais.
– C’est quoi ton hypothèse ?
– L’aéroport de Potosi est hors d’usage depuis dix ans, plus aucun appareil ne s’y pose. Pas plus ceux de l’AASANA Bolivia que ceux des autres compagnies. On atterrit à Sucre, à cent cinquante kilomètres de là. Il faut ensuite se taper trois heures de bosses à travers la Cordillère. Et après, reprendre une route impossible, depuis Potosi jusqu’à destination.
– Un vrai pèlerinage expiatoire ! Raison de plus pour que Jane ne soit pas du voyage.
– C’est aussi ce que j’ai pensé. En tout cas, au début…
Antoine prend l’air de supplier, pour se moquer de son propre état et tenter de décrocher un sourire à la jeune femme :
– Arrête de faire des mystères, Mila. Tu viens de me dire « depuis Potosi jusqu’à destination ». Pourquoi ce ne serait pas seulement Potosi, la destination ? Et sinon, ce serait quoi ?
– Une mine d’or. Je veux dire la plus grosse mine d’or du monde.
Antoine frictionne ses épis d’un geste nerveux :
– Non, je ne vois pas Jane en excursion sur l’Altiplano. Si une mine d’or l’intéresse, même la plus grosse, il lui suffit de passer un ordre de Bourse depuis Lagos ou New York.
Mila a gardé son atout maître pour la fin :
– Celle dont je te parle est une mine d’or un peu spéciale : c’est le salar d’Uyuni, le plus important stock de lithium de la planète.
– Du lithium ?
– Jusqu’à ces derniers temps, le salar était la propriété de l’État bolivien.
Mila dégaine un papier de la poche arrière de son jean :
– Regarde ça, s’il te plaît ! Ça vient d’EFE.
– Tes chères agences de presse espagnoles !
– Un peu plus fiables…
Antoine prend la dépêche dans la main de Mila, et la lit à haute voix :
– « La dette souveraine de la Bolivie frôle les 250 % du PIB. Le mois dernier, le FMI a fait injonction au président Félix Alarcon Orihuela de céder un véritable trésor national : le salar d’Uyuni. » Bon sang, Mila !
– Continue !
– « Le président a refusé le principe d’une vente, mais il aurait accepté de signer un bail de 99 ans avec un acquéreur crédible, dont le nom n’a pas été dévoilé. »
–  Tu en penses quoi ?
Antoine se lève en grimaçant. Il n’a pas encore l’âge des rhumatismes, mais le manque d’exercice physique l’a rouillé. Son anémie insidieuse aussi.
– C’est quoi ce truc, là… ce salar  ?
– Je te l’ai dit : une énorme réserve de lithium.
– Énorme, c’est quoi ?
– Dix mille kilomètres carrés à ciel ouvert. Un tiers de la surface de l’Albanie, ce charmant pays sans foi ni loi où tu as trouvé malin de nous planquer, et où la moindre angine peut finir par nous coûter la vie !
Mila excelle dans l’ironie, mais si elle frôle parfois le sarcasme, elle ignore la malveillance : quand elle lance une flèche, elle compense par un rire joyeux, qui guérit instantanément la blessure provoquée par la flèche.
– Un tiers ?
– Un peu plus, même. Et le lithium, tu vois le truc ?
– Oui, j’en ai pris pendant des années. Pourquoi Jane s’intéresserait-elle à un produit pharmaceutique ? Sa firme est déjà championne du monde de ces saloperies-là !
– Le cours du lithium a atteint les 25 000 dollars la tonne, en début d’année…
– Un peu cher la pilule !
Mila fait osciller son index comme un métronome, et pince les lèvres avant de décocher le trait décisif :
– Tu n’y es pas. Le lithium est un élément fondamental dans la plupart des domaines stratégiques : aéronautique, astronautique, production nucléaire, balistique des missiles, confection de batteries, dépollution de l’air…
– Tu es vraiment pianiste, toi ? On te croirait plutôt sortie de l’université de Berkeley avec un maximum de barrettes !
Elle pirouette pour s’assoir sur le bureau. C’est un peu moins facile pour elle qu’à vingt ans, mais l’habitude lui en est restée :
– Jarek et moi, on reçoit au moins dix infos intéressantes par jour : si on devait te les remonter toutes, tu serais d’encore plus mauvaise humeur que d’habitude.
Antoine ne commente pas. Il est devenu grave :
– Je ne comprends toujours pas pourquoi Jane aurait trouvé indispensable de faire le déplacement. Elle ne vit qu’entourée de capteurs biométriques, toujours un bain de nanos à portée de main… Tu la vois barouder dans la puna pendant des jours, avec steak de vigogne aux patates à tous les repas ?
– Le président Orihuela n’a plus aucun pouvoir réel, mais on le dit chatouilleux sur les symboles. Il pourrait consentir à signer un bail avec Jane, mais à la condition que la déesse Chasca accepte de descendre de son palais d’azur pour venir le rencontrer.
Antoine approuve cette analyse en battant trois fois des mains, au ralenti :
– Pas question de perdre la face en se rendant lui-même chez celle qui s’apprête à lui sucer jusqu’au dernier millilitre de moelle, c’est ça ?
Il se laisse tomber dans son siège, dont le cri de souffrance laisse augurer la fin prochaine :
– Même plus moyen de trouver de quoi huiler la mécanique d’un fauteuil, dans ce pays de dingues ! Bon, on a qui sur place ? Rada ?
– Ariana Rada, oui. Elle était prof à Potosi avant la privatisation de l ’ enseignement secondaire. Maintenant, elle sert des cafés dans le carré VIP de l ’ aéroport international de Sucre. C ’ est un de nos meilleurs relais. Rien ne lui échappe .
– Quand est-ce qu’elle a fait paraître l’annonce que tu m’as montrée ?
– Il y a une semaine.
– Alors il y a l

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