Café noir
142 pages
Français

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Description

Des personnages simples, accessibles, qui nous ressemblent forcément quelque part. Des histoires souvent empreintes de doutes, de questionnements, de remise en question. Des histoires où l'humain se décline allègrement en mille facettes de ce qu'est l'humanité : simple, compliquée, drôle, violente, tendre, absurde...
Ici les personnages ne sont pas des héros aux supers pouvoirs complexes, sûrs d'eux et arrogants. Ici il n'y a pas d'effets spéciaux pour enjoliver la réalité. Ici il n'y a que la vie et ceux qui la vivent. Parce qu'ici comme ailleurs, on vit, on meurt... Et entre les deux, on espère...
.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 décembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332660275
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright














Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-66025-1

© Edilivre, 2014
Adventis
Le bar était vide… ou presque. Nous, nos silences qui ne disaient rien qui vaille… De quoi aurions-nous bien pu parler ? De nos vies ? De nos vies si creuses, si hésitantes ? De ce début de l’existence qui déjà nous ouvre les portes d’un avenir qui n’existe pas ? A quoi bon ? Au fond du vide de nos verres, seul se reflétait le vide de nos existences… Et c’est pourquoi nous nous taisions… Parler ne pouvait que combler le silence. La nature a horreur du vide paraît-il. Tant pis pour elle. Silence… La pendule… Tic tac toc… Le temps… Tic tac toc… Et nous… Rien… Nous étions comme figés… Tic tac toc… Suspendus à quelque chose d’improbable… Que pouvions-nous espérer ?
Et puis elle est entrée. Nos regards se sont dirigés vers elle… Un sourire… Ce n’est pas nocif, un sourire. Un demi… Je me souviens, elle a commandé un demi. Ou peut-être un café. Il faisait gris et froid, dehors… Comme dedans… J’ai baissé les yeux. Alors j’ai deviné son ombre se déplacer dans la salle vide. Elle a tiré une chaise… « Je peux m’asseoir ? ». Pascal et les autres m’ont regardé. Leurs yeux souriaient… Michel m’a fait un coup d’œil… A mon tour j’ai souri… « Je m’appelle Orianne ». Elle m’a tendu la main. « Salut. ». Je ne sais même pas si elle était jolie. Oui, sûrement. Les filles qui te sourient et te disent « Salut » sont toujours jolies. Je n’ai pas répondu tout de suite… Et puis je lui ai dit « Bonjour… Moi c’est… » Je lui ai dit mon nom. Les autres n’ont pas réagi. Kévin lorgnait le bout de ses baskets, un rictus au coin des lèvres. Il devait penser à Marie ou à Jade peut-être qui ne seraient pas contentes de savoir qu’une nana m’accosterait comme ça, sans manière, dans un bar miteux de la ville… Mais bon, ce sont des copines, Marie et Jade… De chouettes copines, point barre ! Les autres aussi se sont présentés : Michel, Pascal, Kévin… Mes potes, mes frangins…
Et puis elle a parlé : « C’est calme, ici… » Pascal a dit que oui, c’était calme, toujours calme, beaucoup trop peut-être… Mais que c’était cool aussi. Je crois que c’est Michel qui a dit ça… Orianne nous a regardés, bien droit dans les yeux… Comme ça, sans ciller. C’était bizarre comme sensation. Elle avait de très beaux yeux, ça j’en suis sûr ! Noirs. Profondément noirs. Deux petits lacs ombrageux, mystérieux… C’est drôle, mais lorsqu’elle m’a regardé, j’ai ressenti un grand froid en moi… Pourtant son sourire… Il y a des sourires plus souriants que d’autres, non ? « Et demain ? ». Demain ? Rien. Pareil. Le silence. Demain n’existe pas. Ou alors par intérim… J’étais en colère. Pourquoi demain ? Il n’y a rien demain ! Elle a posé sa main sur mon bras. « Si, demain existe. A toi de le voir. De le vouloir… ». Je n’avais rien dit. Comment… Comment pouvait-elle connaître le tréfonds de mes pensées ? « Tu ne crois en rien ? Pas même en toi ? En tes amis ? Mais alors, es-tu sûr d’exister ? De vivre ? ». Pascal a froncé les sourcils. Il a posé un regard interrogateur sur ce qui l’entourait. Il a ouvert la bouche. Il allait parler… Orianne a fait un geste furtif de la main. « Tout ceci n’est qu’illusion. Tout ceci… n’est que consommation… Le vrai, l’avez-vous rencontré au moins une fois dans votre vie ? ». Elle ne s’adressait plus à moi seul. J’en étais presque dépité… « Non, ne dites rien… Réfléchissez… Je vous entendrai… ».
Mais qu’est-ce que le vrai ? Où est-il ? Ici ? Dans nos silences obsédants ? Dans nos espoirs désespérés ? Dans nos utopies vacillantes ? Il faut bien croire en quelque chose, non ? Dieu ? Le diable ? L’amour ? La haine ? La gloire ? Fric, honneur et autres colifichets ? Le vrai… Mais nous sommes entourés de mensonges ! Des peuples crèvent de faim, nous sommes repus. Des hommes, des femmes deviennent martyrs pour des causes où la liberté des uns passe par la soumission des autres… Des vies anonymes et animales sont broyées pour nous apporter à nous, humains, l’illusion d’être supérieurs… Des hommes toujours et encore qui regardent d’autres hommes, mais qui refusent de les voir, des les entendre… Ils sont sourds et aveugles… Ils se protègent derrière de vaines paroles… De vagues promesses qui s’effritent en un battement de cils… Et la conscience de tout ça ? Des mots écrits, des mots parlés quelque part dans des pages glacées sur papier glacé ou des miasmes télévisuels… Nous ne sommes rien… Que des nombres, des verbes peut-être… Encore les verbes se conjuguent-ils, mais nous… Nous ne sommes que des produits préfabriqués par l’industrie faussement paternaliste de nos propriétaires ancestraux : les marchands de courants d’air… Et demain… Non, demain, il ne peut rien y avoir…
« Demain, il y a toi. ». Moi ? Mais que suis-je ? Où veux-tu que j’aille ? Que veux-tu que je fasse ? Je resterai là, à attendre… Et au bout : rien !
« Ouvre les yeux. Ouvre ton cœur. Il bat. Tends la main. Le soleil te la réchauffera. Saisis le temps d’être libre. Puisque rien n’appartient à personne, sers-toi et partage. Mets des visages sur tes rêves. Donne-leur un nom. Ecris des paroles nouvelles sur les murs qui entourent tes interdits. Eclabousse le monde de tes espoirs les plus insensés. Sois le feu ! La lumière ! Sois la vie ! Tu es la vie, puisqu’on te l’a donnée ! ».
Je ne savais que dire. Je regardais mes amis. Eux aussi semblaient perplexes. Pourtant… Oui pourtant je sentais une douce quiétude m’envahir peu à peu… Ainsi je serais donc vivant ? Ainsi je pourrais donc choisir et non plus subir ? Oui mais… Ne m’avait-on pas dit que je devais… attendre ? Etre patient ? Oui bien sûr, un jour mon heure viendrait, mais en attendant… Attendre… Voilà ce que l’on m’avait dit… Je m’en souvenais parfaitement. Il n’y avait pas d’autres règles. Quelqu’un, quelque part pensait à moi, s’occupait de moi… Je ne devais pas chercher à savoir qui, cela n’avait aucune espèce d’importance ! Je devais avoir confiance ! Une confiance absolue ! Et si soudain je bousculais l’ordre établi ? Et si soudain je devenais… MOI ?
Ses yeux noirs ont plongé dans mon âme : « Tu as tout compris. Il suffit de savoir que tu existes, que tu es un être… unique. Tout ne fait qu’un. Ce qui t’entoure, les gens, les choses, les animaux, la nature, la musique, la poésie, le chant du monde et des hommes, les couleurs, les rêves… Tout peut se mélanger, se connecter l’un à l’autre et toi, oui toi, tu peux être la source même de cette force régénératrice… Ou alors contente-toi de subir et demain sera comme aujourd’hui, comme hier, comme toujours… Comme ton éternité… ».
Elle s’est levée. Je l’ai suivie du regard… Mes amis avaient quelque chose de neuf sur leurs visages. Un éclat inattendu de vie, d’intensité. A mon tour je me suis levé. Michel, Pascal, Kévin se sont levés eux aussi. Orianne s’est retournée vers nous. D’un signe de tête elle nous a montré la rue : le soleil inclinait ses rayons jusque sur le trottoir afin que nous puissions bénéficier des derniers instants du jour. Entre les nuages j’aperçus un coin de ciel bleu. Nous venions de déchirer la fatalité de notre existence…
Orianne s’arrêta sur le bord du trottoir. Pivotant vers nous, elle nous dévisagea l’un après l’autre puis, de sa voix étrangement calme et posée, elle nous invita à observer en notre intérieur. Mais comment définir l’intérieur si tu n’as pas la source lumineuse qui te permet de voir clair en toi ? Orianne a secoué la tête de droite à gauche, de gauche à droite. « Ne t’inquiète pas. Tu as le temps de voir. Prends le temps de t’interroger. Ne t’occupe pas des réponses. Seules les questions ont un sens. Vous aimeriez savoir qui je suis, n’est-ce pas ? Cela est-il vraiment important ? Vous aimeriez avoir des certitudes… Y a-t-il une seule certitude qui ne soit jamais rien d’autre qu’une vérité inachevée ? Y a-t-il une seule certitude qui ne demande à être décodée ? Posez-vous les bonnes questions et vous découvrirez ce qu’il est nécessaire de découvrir… Je dois partir, mais sans doute reviendrai-je… Non, ne dites rien. Ne me demandez rien. Oui, je reviendrai. ». Nous la regardâmes s’éloigner dans le jour finissant. Aucun ne songea à prononcer la moindre parole… Je me pris alors à réaliser que je n’avais fait qu’entrevoir que quelques possibilités de ma liberté… Car j’étais libre… Libre d’être MOI au milieu des autres… Orianne reviendrait, elle l’avait dit sans le promettre. Mais je savais que je pouvais avoir confiance en sa parole…
Je suis rentré directement chez moi. Mes amis voulaient aller au ciné. Ou peut-être même aller voir un groupe de rock dans un bar du côté de la place du Peuple. Bof, ça ne me disait rien… J’avais envie d’être seul. Seul avec Orianne… Enfin, avec ses paroles… Etre seul avec mes questions… Je suis rentré et je me suis assis sur le canapé fatigué de ce qui me faisait à la fois office de salon, de salle à manger et de cuisine… Machinalement j’ai pris un CD qui traînait sur la table et je l’ai mis dans le lecteur. Mais je n’ai même pas pensé à monter le son… Je ne savais pas ce que j’écoutais. Aucune importance ! Quelques paroles d’Orianne me revenaient en mémoire : demain, le vrai, que j’existe, que je suis un être… unique… Oui, c’est bien ce qu’elle avait dit : « Un être unique… ». Etre soi, ne plus penser par les autres, ne plus vivre par intérim… Ouais, beau programme ! Belle prophétie ! Par la fenêtre entrouverte j’entendais monter le murmure des voix de quelques passants. Parfois un rire plus aigüe suivi par un autre, plus grave, plus masculin… Une sirène de police vint planter son ululement malsain dans le crépuscule urbain. Quelque part, dans le dédale de la ville, une tranche de vie glauque allait sans doute connaî

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