Blockbuster
201 pages
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Description

Quel est le lien entre un étudiant parisien en médecine, un biostatisticien munichois, un retraité londonien et un proxénète hollandais ? A priori, aucun. À un détail près : tous sont décédés après avoir ingurgité un médicament contre les pannes d’érection. Banals accidents, effets secondaires ou meurtres déguisés ? C’est ce que Clara, étudiante en médecine et victime collatérale, aidée par un ami journaliste, est bien décidée à découvrir. Pendant que l’une s’infiltre dans le laboratoire qui développe le médicament, l’autre réussit à pénétrer la secte fondamentaliste soupçonnée d’être mêlée à ces décès. Guerres économiques, espionnage industriel, stratégies implacables, intrigues et manipulations : l’industrie pharmaceutique est tout sauf un monde tranquille… Pierre Frot est consultant international en gestion et management, notamment dans l’industrie pharmaceutique. Il vit en Allemagne. Claudine Jouannelle vit aux États-Unis et travaille dans le domaine de la santé publique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2008
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738197825
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, 2008, JUIN 2010
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9782-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Zoé, Maïotte et Guy . Claudine À Carolin . Pierre
Première partie
Mars 2004
Délicatement, il saisit la pipette et fit jouer quelques instants le liquide ambré sur les parois cristallines. Avec d’infinies précautions, il approcha le tube en verre de son nez et respira. La violence du choc olfactif le saisit comme une gifle. Sous le coup, il détourna la tête, le visage crispé. Pestilentielle ! L’odeur qui venait de se révéler à lui allait au-delà de tout ce qu’il avait pu imaginer.
Heureusement, ils ne sentiraient rien. Absolument rien…
Un sentiment de fierté l’envahit. Pris individuellement, tous les composants de son mélange étaient parfaitement inoffensifs. Il ne s’était procuré aucun produit compromettant. Les outils de laboratoire qu’il avait utilisés dataient de ses études et avaient été achetés voilà plus de vingt-cinq ans.
Tuer des hommes ne lui plaisait guère, mais il n’avait pas le choix. Aussi, il le ferait à sa manière. Minutieusement, méticuleusement.
Rien n’avait été laissé au hasard. La police n’avait aucune chance de le retrouver.
Prologue

Munich, jeudi 11 mars
 
En ce début mars, le fœhn, vent chaud venu des montagnes, offrait aux habitants de Munich des journées presque estivales, contraste saisissant avec le froid sec et persistant du mois de février. Comme par enchantement, la température s’était subitement adoucie et la vie sociale munichoise, fidèle à ses rites, s’était déplacée des bars estudiantins du quartier de Schwabing vers les terrasses animées des cafés du centre-ville.
Au quatrième étage d’un petit immeuble de Martinsried, une des banlieues sud de la capitale bavaroise, immobile face à la fenêtre de son bureau, Jürgen Pollmann contemplait, le regard perdu, les sommets enneigés des Alpes. Leurs contours embrumés s’estompaient doucement dans la pénombre de cette fin d’après-midi. Machinalement, il but une gorgée de son café presque froid, esquissa une petite grimace et soupira en pensant au travail qui l’attendait. Le cœur lourd, il savait qu’il lui faudrait renoncer à son week-end de ski.
Toute proche de la capitale bavaroise, Garmisch-Partenkirchen, la station fétiche des Munichois, lui permettait d’échapper pour quelques jours à l’ambiance trop pesante du bureau. Le stress ressenti chez Ispatech, la société pour laquelle il travaillait, l’asphyxiait lentement, aussi accueillait-il ses courtes escapades montagnardes avec soulagement, comme autant de bulles d’oxygène apportées à son quotidien.
Il s’éloigna de la fenêtre et poussa un petit grognement de mécontentement en s’asseyant devant son ordinateur.
– Déjà cinq heures du soir et j’ai encore plusieurs heures de travail devant moi, maugréa-t-il. Tout ça parce que Rockhart ne supporte pas les mauvaises nouvelles.
Le patron de Jürgen n’était pas l’unique cause de sa mauvaise humeur. Il pestait aussi à l’idée de devoir, une fois de plus, se justifier auprès de Petra. Sa femme refusait de comprendre pourquoi il rentrait si tard ces derniers temps. De toute façon, elle ne comprenait jamais rien. Depuis qu’il avait quitté Hanovre cinq ans auparavant pour prendre cette place de biostatisticien chez Ispatech, sa vie allait de mal en pis. Il n’avait jamais réellement réussi à intégrer sa nouvelle fonction, et chaque journée était un calvaire. Petra, elle non plus, ne s’adaptait pas à la vie bavaroise. Trop éloignée de sa famille à son goût, et surtout de sa mère, elle faisait régulièrement la navette entre Munich et Hanovre. Au fil des années, la fréquence des voyages avait constamment augmenté, si bien que Jürgen avait parfois l’impression qu’ils menaient des vies parallèles.
Machinalement, du bout de son index, il ajusta ses lunettes sur son nez tout en pensant à la dérive de leur mariage.
Il avait un temps espéré que la proximité des montagnes et des lacs leur permettrait de mener une vie agréable et de se rapprocher l’un de l’autre. Mais incapables de s’acclimater à leur nouvel environnement, leur couple déjà chavirant était maintenant au bord du naufrage. Trop « prussiens » pour les Bavarois, et trop allemands pour la petite communauté internationale s’épanouissant autour du microcosme des sociétés de biotechnologie de Martinsried, les Pollmann ne se sentaient nulle part chez eux.
Jürgen prit le tube de tablettes vitaminées posé sur sa table de travail et l’ouvrit d’un geste du pouce. Depuis que son groupe travaillait pour Cortalis, l’un des grands laboratoires pharmaceutiques américains, les membres de l’équipe Phérodon auquel il appartenait étaient inondés de vitamines, pastilles contre la toux et boissons amincissantes, tous produits par la filiale grand public de leur client. Jürgen jeta le comprimé effervescent dans un verre d’eau gazeuse et le regarda pensivement se dissoudre dans une tempête de mousse orange.
Tout en buvant, il observa d’un œil désabusé son reflet dans la fenêtre. En cinq ans, il avait pris du poids, beaucoup trop au goût de sa femme. Quant à sa calvitie, les dégâts étaient tels qu’il avait renoncé depuis longtemps à tenter de la cacher. Une fois de plus, il soupira profondément. Comment oserait-il avouer à Petra les raisons de ses absences prolongées ? Et pourtant la décourageante vérité s’imposait à lui : s’il n’améliorait pas ses résultats rapidement, il perdrait son poste.
Il regrettait maintenant d’avoir laissé tomber son tranquille travail d’assistant dans le département de statistiques de l’Université de Hanovre. À l’époque, Ispatech lui avait fait une offre qu’il n’avait pas pu refuser. Espérant ainsi prendre un nouveau départ dans une vie qui, à presque trente-neuf ans, ne lui avait encore rien apporté de ce qu’il attendait, il s’était lancé avec fougue dans l’aventure du privé. L’idée d’avouer son échec et de perdre la face devant sa femme lui était insupportable ; et c’était avec l’énergie du désespoir qu’il s’accrochait à ce travail qu’il avait fini par détester.
Cela n’avait pas toujours été le cas. À ses débuts, il avait vraiment été emballé de quitter la théorie de la faculté pour travailler sur des thèmes pouvant changer la vie de milliers, voire de millions de malades. Des médecins participant à des essais de nouveaux médicaments envoyaient leurs informations à Ispatech. Son travail de biostatisticien consistait alors à donner un sens à cette manne de données. Il avait découvert comment les sociétés pharmaceutiques procédaient. Afin de tester l’efficacité et l’innocuité des substances chimiques qu’ils souhaitaient introduire comme médicament sur le marché, les laboratoires utilisaient des milliers de volontaires, encadrés par des centaines de médecins. Ispatech organisait toute la logistique des essais cliniques : depuis le recrutement et la formation des médecins participant à l’étude, jusqu’à l’analyse des données recueillies. Si tout se passait bien, Jürgen, grâce à ses calculs statistiques, pouvait prouver que la nouvelle substance était supérieure aux produits déjà existants : plus efficace, moins chère ou bien ayant moins d’effets secondaires indésirables. Un travail intéressant, certes, mais aussi extrêmement stressant. Cela, malheureusement, il l’avait découvert trop tard.
En quelques clics de souris, il ouvrit les bases de données de son ordinateur, afficha les dernières informations sur le Phérodon et entreprit de les comparer aux résultats du produit concurrent. Le Phérodon devait traiter les dysfonctions érectiles. Joli euphémisme pour désigner des problèmes d’impuissance masculine. Jürgen ne pouvait s’empêcher de ricaner intérieurement chaque fois qu’il entendait ce terme. À l’heure actuelle, le seul médicament équivalent sur le marché était le Siturex, petit prodige du laboratoire suisse Mueller KG. Son lancement, trois ans plus tôt, avait provoqué un raz de marée médiatique sans précédent. Rapidement, le médicament s’était affirmé comme un des plus grands blockbusters de tous les temps, un de ces produits vedettes générant chaque année plus d’un milliard de chiffre d’affaires. Véritable phénomène de société, le Siturex était aujourd’hui l’aphrodisiaque le plus vendu au monde. Bombardés de courriers électroniques, des millions de gens se voyaient proposer quotidiennement de mauvaises copies fabriquées en Asie. Le marché parallèle qui permettait de se procurer des pilules sans ordonnance n’avait jamais été aussi florissant. Cortalis, à l’instar de son concurrent suisse, espérait tout simplement que son Phérodon remporterait un succès aussi retentissant, faisant entrer de fabuleux revenus dans les caisses déjà bien remplies du laboratoire.
Les résultats des dernières études statistiques défilèrent rapidement sur son écran, agrégation de milliers de données brutes que seuls les spécialistes comme Jürgen pouvaient interpréter.
Lorsqu’un patient était enrôlé dans un essai clinique, les médecins investigateurs consignaient chaque détail le concernant dans un dossier qu’ils complétaient au fur et à mesure de l’avancement de l’étude pharmaceutique. Toute information était scrupuleusement notée, disséquée, analysée : données démographiques et médicales, habitudes de vie, évolution de la maladie et surtout les moindres troubles pouvant être liés à la prise du

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