Bienfaiteur malgré lui
50 pages
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Bienfaiteur malgré lui , livre ebook

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Description

Mister NOBODY, le gentleman cambrioleur, vient de lire dans les journaux une bien triste nouvelle : Flora Bradkins, une jeune femme qu’il connut intimement jadis, s’est suicidée.


Elle aimait trop la vie, et si réellement elle s’est tuée, il devait y avoir une raison grave.


Par un courrier adressé poste restante à l’un de ses noms d’emprunt, Mister NOBODY apprend que la belle Flora fût poussée au désespoir par un riche homme d’affaires véreux, le genre de type pour qui la fortune passe avant tout.


Mister NOBODY décide alors de le punir par là où l’individu a péché, ce qui lui permettra d’obtenir vengeance et de renflouer ses caisses en même temps...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070037560
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BIENFAITEUR MALGRÉ LUI

Par
Edward BROOKER
CHAPITRE PREMIER
LE SUICIDE DE FLORA BRADKINS
 
Une fois de retour à Londres, le premier soin de Mister Nobody fut d'abandonner l'appartement de Mrs Violet Mackenzie et de louer à Kensington-Park Road, une petite, mais charmante villa, de construction récente, qui possédait tout le confort désirable et un spacieux garage pour la Cadillac. Trois jours après la signature du contrat de location, l'aventurier et son inséparable Jonas Cobb étaient installés et se montraient fort satisfaits de leur nouvelle demeure. Ici, au moins, ils habitaient seuls, sans crainte de la curiosité maligne de voisins ou la surveillance d'un concierge, les habitations les plus proches s'élevaient à une certaine distance, vu qu'un assez grand jardin entourait la maison, enfouie pour ainsi dire dans la verdure. Son ancien propriétaire l'avait baptisée d'un nom classique, dénué de toute recherche et de prétention : « MY HOME ».
Quoi qu'il en soit, la villa était fort agréable, son loyer guère plus cher qu'en plein centre de Londres et l'on pouvait se croire à la campagne en apercevant, dans ses alentours, les arbres touffus, les pelouses vertes, les allées ombreuses, les parcs entourant les propriétés voisines, qui, d'après leur aspect, devaient appartenir à des gens cossus, raison qui rendait ces derniers fort intéressants aux yeux du gentleman-cambrioleur. Le quartier, si l'on peut l'appeler ainsi, était fort calme et tranquille, à peine si, de temps à autre, on entendait le bruit d'une voiture filant rapidement. Ses habitants, certes, aimaient le repos et la quiétude et le jeune homme ne pouvait que les approuver.
En dépit des divers agréments de « MY HOME », Mister Nobody prit la sage précaution de garder son appartement de Helbern Street, à toutes fins utiles ; dans son métier, il fallait toujours avoir un second gîte sûr et ce dernier lui présentait toutes les garanties désirables.
Ayant revêtu sa robe de chambre aux couleurs criardes, chaussé des pantoufles, l'aventurier, une pile de journaux sur ses genoux, devisait avec son complice. Jonas était assis en face de lui et, entre eux, se trouvait une petite table roulante fort bien garnie de bouteilles de whisky, gin, brandy et autres boissons plus ou moins alcoolisées. Exceptionnellement, Cobb pouvait s'ingurgiter un verre, tout en soutenant une conversation animée avec son maître.
— Et moi, mon bon Froggy, je vais vous dire une chose : le monde se compose de cinquante pour cent de fous et de quarante pour cent de criminels, que vous le croyiez ou non.
Jonas clignota ses paupières alourdies par la consommation de whisky et, d'une voix mal assurée :
— Dans quelle catégorie classez-vous les dix pour cent restants, Monsieur ?
— Ce sont des fous criminels, répliqua le jeune homme, imperturbable.
— Heu... peut-être avez-vous raison...
— Pour sûr que je n'ai pas tort, mon vieux, quand vous aurez mon expérience, vous en conviendrez facilement, seulement, vous en êtes loin, et voici pourquoi vous en doutez quelque peu. Patience, je ne désespère pas de vous voir bientôt vous rallier à mon opinion. Diable, avec toute notre discussion, le temps passe sans que je m'en aperçoive, je n'ai point eu le loisir de parcourir les journaux de ce soir. Si vous alliez vous coucher, old boy, au lieu de boire, hein ?
— Oh ! je n'ai bu que fort peu, Monsieur, tout juste deux verres.
— Très curieux, mon cher, on dit qu'un homme saoul voit double, mais, en ce qui vous concerne, c'est le contraire. Moi, qui vous observe, je constate que vous n'avez pas absorbé deux verres, mais bien quatre...
— Oh ! Monsieur...
— Parfaitement, quatre, et en le prétendant, je me tiens encore en dessous de la vérité, car il me semble vous avoir vu lamper le cinquième. Franchement, je me demande comment vous pouvez tenir debout avec cette quantité d'alcool dans l'estomac.
— L'habitude...
— Drôle d'habitude qui vous conduira un jour au tombeau...
— Hélas ! Monsieur, nous pénétrerons tous dans cette sombre demeure...
— D'accord, mais vous, bien avant l'âge et cela est infiniment triste. La vie est belle, Froggy, ah ! qu'elle semble bonne quand on a son portefeuille bien rembourré, comme nous l'avons en ce moment. Le coup de Mrs Harriet Wookey nous rapporta dans les quinze mille livres, pas mal, que diable !
— Splendide, mais qui aurait pu supposer qu'une dame d'allure aussi respectable... (1)
Mister Nobody n'écoutait plus les commentaires de son compagnon. Ayant pris le premier journal de la pile qu'il tenait sur ses genoux, il le parcourait d'un œil distrait, tout en réprimant un bâillement.
— Quelle heure est-ce, vieux ? interrogea-t-il tout à coup.
— Bientôt minuit...
— Quoi, si tard, déjà, et moi qui me couchais tôt tous ces derniers temps, décidément, il suffit que je revienne à Londres pour redevenir noctambule.
— En effet.
— On va aller se mettre au lit, mon ami...
— Laissez-moi terminer mon verre...
— J'ai dit que... cinq...
L'aventurier se tut soudain, les yeux rivés sur la feuille qu'il lisait, comme si chaque lettre imprimée l'hypnotisait.
Voyant l'attention de son maître retenue au point d'oublier totalement ce qui se passait autour de lui, Cobb en profita pour vider le reste du whisky, puis, renfoncé dans son fauteuil, sourit béatement. Après un instant, il s'étonna de l'attitude du jeune homme qui continuait à lire les nouvelles avec un intérêt passionné, et il hasarda :
— Que trouvez-vous donc de si intéressant dans ce canard, Monsieur ?
Aucune réponse. Le gentleman-cambrioleur semblait s'être transformé en statue de cire, le mot était bien exact, tant la pâleur couvrant ses joues était grande...

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