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Description

C'était mieux avant.


Et si ce sentiment enfoui dans la conscience populaire n'était pas juste une vieille rengaine ? Et s'il était déjà trop tard pour faire marche arrière ? Inès de Viild en est convaincue, elle qui subit son époque plus qu'elle ne la vit, condamnée à errer dans un monde qui ne lui ressemble pas.


C'était mieux avant.


Et toujours ce clic dans sa tête, le clic mécanique d'une cassette audio en bout de piste dans un vieux walkman des années 80.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 avril 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332894830
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-89481-6

© Edilivre, 2016
Et Carvalho eut une vision, celle de Jésus qui, juste avant d’ouvrir le feu sur eux à l’aide de deux Sieg-Sauer flambant neufs, portait des rouflaquettes et une putain de paire de Ray-Ban.
Livre 1 Devil inside
Chapitre 1 Inventaire
Une épaisse enveloppe brune aux coins jaunis par le temps qu’on avait soigneusement fermée à l’aide d’une ficelle, de l’argent liquide – elle n’en avait jamais vu autant –, un livre à la couverture craquelée, un pistolet et une clé USB, c’était là l’unique contenu du coffre portant le numéro 129, un casier métallique coulissant grand comme trois boîtes à chaussures.
Les coffres, numérotés de un à mille par d’élégants chiffres dorés, formaient une demi-couronne scintillante autour d’une large table circulaire en noyer, seul mobilier de la pièce autour duquel on avait disposé de confortables fauteuils recouverts de velours. Tous ces objets inconnus lui avaient été présentés un par un puis méticuleusement alignés avec la lenteur solennelle inhérente à la procédure.
Peu avant dix heures, en cette douce matinée, Inès de Viild avait emprunté le chemin gravillonné contournant l’hôtel particulier par son flanc droit, celui conduisant à l’entrée principale, réservée à la clientèle. Tout juste assez large pour laisser passer une grosse voiture, il longeait un jardin soigné et se terminait en point d’interrogation, derrière le bâtiment, en une petite cour ombragée qui faisait office de parking. Inès y avait laissé la petite Volkswagen et jeté un œil averti à une Aston Martin noire qui semblait à peine sortie de production.
Ce qui évidemment n’avait plus aucun sens.
Elle détourna finalement le regard des courbes félines de la voiture anglaise et se décida à traverser la cour jusqu’au porche de la banque, accompagnée par la brise tiède de cette fin d’été et par le crissement lancinant de ses pas s’enfonçant dans les graviers. L’élégante sonnerie du mécanisme d’ouverture à distance lui indiqua qu’elle pouvait entrer au moment même où elle levait la tête vers la cellule optique d’un œil électronique inquisiteur. L’instant d’après, elle se laissait avaler par une atmosphère fraîche et confinée au milieu de laquelle le gardien des lieux, un homme élégant aux manières polies, l’attendait armé d’un sourire convenu.
On avait rarement fait preuve d’autant de prévenance à son égard, si bien qu’elle se sentit rapidement un peu gênée et ne se détendit que lorsqu’elle trouva chez son hôte quelques similitudes physiques et gestuelles avec le majordome de Moulinsart de la bande dessinée Tintin.
Après avoir consciencieusement vérifié son identité, le Nestor en costume Armani referma un épais registre relié de cuir et la guida jusqu’à ce qu’elle supposa être une ancienne bibliothèque, agencée de manière à recevoir les clients de la banque.
Inès prit place dans un fauteuil dont le tissu était orné des armoiries de la famille. Un lustre ancien surplombait une longue table en bois massif. Les sous-main sentaient le cuir. Sur sa gauche, un ordinateur en veille attendait sagement sous une peinture impressionniste, témoin muet de la flamboyante réussite d’une lignée de banquiers luxembourgeois.
Toute la longueur du salon donnant sur l’extérieur était habillée de hautes fenêtres, ce qui en faisait une pièce très lumineuse à la différence de l’entrée. La jeune femme songea que l’endroit se prêterait parfaitement à la lecture, ce qui renforça sa conviction à propos de l’utilisation première qui devait en avoir été faite. Le bois sombre dont on avait fait usage pour les chambranles était le même que celui qui ornait les murs et plafonds.
Subjuguée par la richesse de la décoration d’époque, elle ne s’aperçut pas tout de suite de la présence de l’homme qu’elle attendait. Costume sombre sur mesure, cravate mêlant des arabesques baroques rouges et ocres sur une chemise blanche ornée de boutons de manchettes dorés, le visage émacié du quinquagénaire inspirait confiance tout en dégageant une autorité légitime.
Markus Liebherr se présenta comme la personne qui l’avait contactée la semaine précédente, quelques jours seulement après que le décès de son oncle Willy fut porté à sa connaissance. Après de sommaires explications auxquelles Inès ne prêta guère attention, il lui fit signer plusieurs documents et l’accompagna dans la salle des coffres. Ils empruntèrent un vieil escalier en marbre beige pour se rendre au sous-sol où le banquier promena silencieusement sa longue silhouette à travers les couloirs de la demeure centenaire. Au sol une épaisse moquette bleue buvait leurs pas et elle comprit alors d’où provenait cette étrange sensation d’ambiance feutrée, cette atmosphère si particulière dans laquelle elle ne se sentait pas à sa place. Pas réellement mal à l’aise, mais le silence omniprésent lui donnait envie de se mettre à hurler.
Le banquier avait stoppé sa lente progression devant une porte en verre blindé dissimulée derrière une épaisse grille et placée sous le contrôle de systèmes de sécurité électroniques visiblement sophistiqués. Inès apercevait les coffres au travers de la tubulure métallique.
– Nous y sommes Mademoiselle de Viild, dit-il sur un ton complice tandis que sa main droite pianotait secrètement sur un petit clavier numérique avec la même solennité que s’il armait des missiles nucléaires.
Inès n’appréciait pas plus Markus Liebherr que le réceptionniste mais elle se surprit à ressentir une certaine forme de compassion à son égard. Elle songea qu’il était obligé de jouer un rôle à longueur d’année pour des clients fortunés et elle aurait aimé le rencontrer dans d’autres circonstances. Juste pour entrevoir son véritable visage.
C’est ainsi qu’Inès de Viild se retrouva en ces lieux inhabituels, absorbée dans la contemplation de ces différents objets soigneusement alignés devant elle. Parmi ceux-ci, la présence d’un ouvrage scientifique la surprenait à plus d’un titre. D’abord elle ne soupçonnait pas chez son oncle un quelconque intérêt pour les sciences, ensuite un coffre de banque lui semblait le dernier endroit imaginable pour ranger un livre. Elle décida pour le moment de se contenter d’en mémoriser le titre et l’auteur : Le cerveau, nouvelle interface numérique par le neurologue Pierre Lesven, maître de conférence à l’université de Rennes. Songeant qu’il ne lui serait d’aucune utilité dans l’immédiat, elle saisit une liasse de billets de banque, des petites coupures et se tourna vers Liebherr qui était resté un peu à l’écart à l’autre extrémité de la salle des coffres, faussement absorbé par la contemplation d’une sculpture qu’il feignait de découvrir.
– Il y a là un peu moins de neuf cent mille euros en différentes coupures, Mademoiselle de Viild.
Il avait perçu son mouvement, songea-t-elle. Le banquier poursuivit, devançant à nouveau la question de la jeune fille blonde accoudée à la table devant l’éclectique contenu du coffre loué par son oncle.
– Bien entendu, vous pouvez dès à présent prélever à votre guise tout ou partie de cette somme. Je ne saurais trop vous conseiller néanmoins, pour votre propre sécurité, de ne pas transporter trop de liquidités.
– Je prends ça et la clé USB, trancha Inès en poussant une épaisse liasse dans sa direction.
La jeune femme tordit sa bouche pour souffler sur une mèche rebelle, puis elle sembla hésiter pendant quelques secondes, et entreprit finalement de défaire la ficelle qui enlaçait l’enveloppe de papier kraft.
Des photographies. Le paquet renfermait une pile de photos de famille qu’Inès s’empressa de faire défiler dans ses doigts à la manière d’un joueur de cartes. Dans un coin de la salle, le banquier luxembourgeois constata que sa nouvelle cliente observait quelques pauses au cours desquelles elle s’arrêtait sur un cliché en adoptant un air étrange.
Ses yeux gris acier, très clairs, s’humidifiaient parfois derrière leur rideau blond, mais à aucun moment elle ne laissa les larmes la gagner. Il la trouvait jolie et avait senti à sa façon de lui répondre un solide tempérament forgé par les épreuves. Pourtant, elle n’avait semble-t-il consenti aucun effort vestimentaire particulier pour le rendez-vous, privilégiant une tenue fonctionnelle dans laquelle elle devait se sentir bien : tee-shirt noir sur un jean bleu foncé à large ceinture en cuir, casque audio autour du cou et lunettes de soleil vissées sur la tête. Même sa chevelure ébouriffée n’avait pas l’air en désordre alors qu’elle n’avait vraisemblablement pas pris le soin de se coiffer. Markus Liebherr devinait chez elle quelque chose d’animal qui le fascinait.
Alors que les pensées du banquier se perdaient peu à peu, Inès examinait une photo de son oncle qui datait visiblement de son service militaire. Il posait avec un camarade, fusil d’assaut en bandoulière. Aucune indication ne laissait toutefois présager de la date ou de l’endroit rocailleux où avait été pris le portrait des deux hommes.
Juste une phrase manuscrite au verso.
A Willy,
ton vieux frère d’arme reconnaissant,
J. Too.
Chapitre 2 Cortex
L’entrechoquement stupide des billes d’acier commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Le pendule de Newton, un gadget au design italien dont elle préférait ne pas connaître le prix, faisait partie d’une impressionnante collection d’objets hétéroclites dont l’unique but résidait dans l’édification d’une frontière impalpable entre le médecin, dépositaire du précieux savoir, et ses patients incultes. Parmi les plus attendus, l’arrogante collection d’ouvrages aux titres incompréhensibles jetés sans ordre sur des étagères fatiguées tenait une place prépondérante à côté de planches anatomiques

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