Autobiographie d un virus
328 pages
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Autobiographie d'un virus , livre ebook

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Description

« Nous sommes primitifs. Primitifs. Nous étions là avant vous; nous vous survivrons. Nous ne sommes pas vivants; nous ne sommes pas morts non plus. Nous n’avons pas d’avant, pas d’arrière; pas d’endroit, pas d’envers. Sous tous les angles, nous sommes les mêmes. Que nul ne s’y trompe ! Nous sommes des prédateurs. » Quel est cet ennemi invisible qui menace l’humanité ? C’est ce que va tenter de découvrir le Dr Max Journo, au péril de sa vie, mais aussi de celle de ses semblables.Éric Nataf est médecin, radiologue, échographiste spécialisé en gynécologie, chargé d’enseignement à l’hôpital Cochin. Autobiographie d’un virus est son premier roman.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 août 2004
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738184092
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
Le Mal par le mal , 2006.
Régime mortel , 2008.
© O DILE J ACOB , 2004, 2006, AVRIL  2008
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8409-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Pour Isabelle
Esprit

Nous sommes primitifs.
Primitifs.
Nous sommes anciens.
Nous étions là avant vous ; nous vous survivrons.
Nous ne sommes pas vivants ; nous ne sommes pas morts non plus. Nous nous situons entre deux rives, installés là, au confluent de l’inerte et de l’animé.
C’est vrai : nous hésitons à choisir notre camp.
Même lorsque notre engagement paraît total, nous ne nous prononçons pas.
Nous sommes simples ; très simples.
Nous n’avons pas d’avant, pas d’arrière ; pas d’endroit, pas d’envers. Sous tous les angles, nous sommes les mêmes, désespérément semblables ; identiques jusqu’à la nausée, jusqu’au non-sens. Tant de monotonie pourrait passer pour des innocents. inspirer l’indifférence ; nous pourrions même
Mais que nul ne s’y trompe ! Nous sommes des prédateurs.
Nous savons comment semer la mort et le chaos, çà et là, au gré de nos rencontres.
Fin

Julia est morte. Je l’ai accompagnée hier là où il fallait. Ils m’ont autorisé à le faire.
Nous étions seuls, mon fils et moi. Enfin, quand je dis mon fils, c’est une vue de l’esprit. Tous se sont éteints peu à peu, pétales d’une marguerite funeste ; tous ont trouvé la mort dans des conditions étranges, brutales ; le dernier d’entre nous a disparu il y a des années maintenant. Aussi étaient-ils nombreux, les fantômes des anciens collègues, des amis, à flotter au-dessus de l’excavation brune ; ils étaient là.
Je la rejoindrai moi-même bientôt. Perclus de rhumatismes, rongé par ce mal incurable, me voici seul. Je rôde, je furète. Je tourne dans cette maison où nous avons vécu ensemble tant de moments forts. Ma compagne est morte.
Et dire que je croyais la connaître, l’intime connaissance d’un époux, d’un ami. Foutaises !
J’ai mis de l’ordre dans ses affaires, classé, archivé sa vie. J’ai fait des petits tas d’elle. Et puis je suis tombé sur cette liasse de papiers jaunis ; j’ai lu, j’ai lu ; au début, je pensais avoir affaire à un quelconque journal d’adolescente ; la trace d’un amour de jeunesse dont elle aurait conservé les reliefs. Mais non. Page après page, ma lecture s’est faite plus avide ; des carnets intimes ; ceux d’un homme ; d’un homme, enfin, si l’on peut dire.
C’est alors que mon regard a croisé une écriture différente, la trace de quelqu’un d’autre, une personnalité multiple, mais unique, un être regroupé, voilà le terme adéquat. Des pensées ; presque des codes ; des phrases formulées de manière étrange, non datées, l’Esprit du Mal, on peut le dire ; je préfère ignorer de qui sont ces lignes, ou plutôt je préfère ne pas me l’avouer. Car je pressens l’indicible ; cette écriture ne m’est que trop familière.
Ma vie s’échappe par mes orifices. Mon passé m’appartient moins que je ne l’aurais pensé ; non, je n’ai jamais rien compris au sens réel de cette histoire, pourtant véritable pierre de Rosette de mon existence.
Il y a plus grave, cette impression d’avoir vécu cinquante ans avec une inconnue.
Je ne suis pas écrivain ; on peut même dire de moi que je suis l’inverse. J’ai toujours écrit pour démontrer, prouver, contredire. Jamais pour conter, laisser penser sans dire. Le scientifique évolue dans l’utile, il traque le mystère à la lampe forte, l’inconnu l’effraie, il le nie.
Mais dois-je pour autant m’interdire de me lancer dans l’énoncé des faits, du récit de ce moment où tout s’articule, de cette brève période juchée en haut du troisième millénaire et qui regarde en direction du futur d’un œil glauque ?
Je ne vais pas me laisser mourir sans émettre un cri. Mon témoignage, une bouteille lancée par-dessus le bord d’un rafiot coulant, un ultime espoir à l’intention d’improbables survivants, des êtres ancienne formule. Non content d’être seul, me voilà Unique.
C’est vrai, cette histoire concerne l’humanité, ou tout au moins ce qu’il en reste. Ses ramifications m’apparaissent enfin dans toute leur complexité ; les éléments manquants se mettent progressivement en place dans ma pensée restante.
Je n’ai plus que quelques mois à vivre ; peut-être une année. Ils ne m’ont laissé comme compagnon que ce vieil ordinateur des années 2030. La maladie touche maintenant mon larynx, et le système de dictée vocale ne reconnaît même plus ma voix. Je ne peux plus émettre de vibration, le Net est déconnecté. Silence. Il ne me reste que mes doigts violacés, mon cerveau usagé, et ce clavier dont la touche « effacer » a renoncé.
Mais je vais le faire. Même si je dois souffrir, même si je suis jaloux par-delà la tombe. Même si je dois reconstituer des scènes auxquelles je n’ai pas assisté, redonner la vie à des sentiments qui ne sont pas les miens. Même si je sais qu’Il écrasera les données.
Parce que je n’ai plus rien à perdre.
Parce que je n’ai plus rien.
Paris, novembre 2050.
Première partie
Max
Max

« Au carillon, il sera 7 heures. Le journal avec Patrick Ulmer. »
« Visite officielle à Paris ; le Premier ministre britannique sera reçu à déjeuner à l’Élysée. Ce minisommet devrait avoir raison de la crise latente qui couve entre les deux pays depuis près d’un an : divergences chroniques concernant les politiques étrangères, et surtout empoisonnant dossier de la vache folle, dont les récentes péripéties viennent d’envenimer de nouveau les relations. Mais la question qui inquiète le plus les deux capitales est celle du bioterrorisme, la menace venue du Proche-Orient se précisant d’autant plus après les tracts reçus récemment par Scotland Yard et suite à la récente fausse alerte dans le métro de Londres. Notre envoyé spécial, James Anglade, est en direct de Roissy… »
Voici, à quelque chose près, quelles étaient les nouvelles, en ce matin de mai, année de mes 30 ans. J’ouvre un œil ; 7 heures 02 ; une fois de plus, j’ai calculé trop juste. De toute manière, je n’ai jamais été du matin. Même à présent, je ne me résigne pas. J’ignore la plupart des vieillards de mon âge, levés à l’aube et errant sans but, attendant le soleil comme un nouveau sursis, se heurtant dans la pénombre à leurs souvenirs. Aujourd’hui, malgré le poids des ans, je ne rechigne pas au plaisir d’une grasse matinée. Pourquoi se lever ?
L’impétuosité de la jeunesse me fit me redresser d’un coup. Une journée encore vierge et déjà en retard. J’avais eu une nuit agitée, emplie d’inquiétude et de mauvais rêves. J’aurais dû regarder l’insomnie en face. Regrets, amertume. J’aurais pu retoucher mes notes, écrire un paragraphe de plus, que sais-je, me mettre en condition. Mais je n’étais qu’un misérable velléitaire, un épouvantable flemmard, un paresseux contrarié. Et puis, je dois l’avouer, cette stupide et inébranlable confiance en moi m’avait inéluctablement maintenu rivé au lit. J’affrontais avec les moyens du bord cette culpabilité flottante. De toute façon, il était trop tard.
À côté de moi, une place vide, froide ; Julia était partie. Elle m’avait quitté peu de temps auparavant, ce devait être en avril. Bon débarras ! Durant les derniers mois de notre liaison, la vie était vraiment devenue impossible. Nos antagonismes, au départ moteurs, s’étaient finalement retournés contre nous. Je me souviens d’avoir participé, non sans un certain cynisme, à la détérioration, rajoutant çà et là un peu d’huile sur le feu. Quand j’y repense, j’ai dû tirer quelque jouissance de ce naufrage. J’y ai sans doute laissé quelques plumes, la première morsure de la vieillesse, déjà. Qu’importe à présent. Tout me semble si dérisoire, seule la description du cataclysme que nous allions traverser compte. Finissons-en : ce fut Julia qui prit l’initiative de la rupture, je ne fis rien pour la retenir.
Je travaillais alors au CECOS 1 de l’hôpital Necker, à l’endroit même où se dresse actuellement l’austère bâtisse du musée des Enfants. J’avais accédé depuis peu au poste envié de chef de travaux. Je me rappelle ce jeudi du mois de mai comme si je venais de le vivre. La mémoire ne respecte rien, pas même le temps. L’Angleterre venait à Paris ; j’allais à Londres. Moi, Maxime Journo, Max pour les intimes, jeune biologiste tout juste sur le point de perdre son pucelage scientifique, j’étais convié à un symposium ultra-secret. Ma mission : exposer devant l’élite internationale des spécialistes du sperme les résultats de mois de travail, d’observations et de recoupements. J’avais déjà une petite habitude des congrès, ce mal nécessaire, comme se plaisait à dire Willy Cleg, un collègue. Habituellement, on n’y apprenait pas grand-chose, car rares étaient les communications qui n’avaient pas fait l’objet de publications préalables. L’ennui y régnait en maître, on y croisait toujours les mêmes équipes, les mêmes egos qui se pavanaient.
La réunion à laquelle on m’avait convié était d’un tout autre genre. Elle promettait même d’être tout à fait insolite. C’était bien la première fois que j’entendais parler d’un congrès qui se déroulerait à huis clos, sans le moindre journaliste scientifique ou délégué pharmaceutique à se mettre sous la dent. Difficile de me replonger dans cet état d’esprit qui était alors le mien, mais je crois que j’étais terriblement excité, un mélange de trac et de vanité. En fait, je n’avais

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